LES QUESTIONS DU CANDIDE



APPRENDRE L'ARRANGEMENT - DEVENIR ARRANGEUR

Pour une meilleure compréhension du sujet, vous devez avoir pris préalablement connaissance du sommaire LES PRATIQUES MUSICALES où sont décrits les points en commun des différentes disciplines.


LES GOÛTS ET QUALITÉS

  • 1 – Posséder une bonne culture musicale ciblant les musiques d’aujourd’hui comme celles d’hier.
  • 2 - Posséder beaucoup d’idées pour faire face aux nombreux styles de musique qui peuvent se présenter.
  • 3 - Être polyvalent. Vous devez être capable de vous adapter rapidement aux nombreuses situations qui se présentent : forme d’orchestration, temps escompté…

LES DEVOIRS

  • 1 - Une excellente oreille.
  • 2 - De solides bases en harmonie et en contrepoint.
  • 3 - Connaître l’approche et les limites techniques de l’instrument pour lequel on écrit.
  • 4 - La pratique d’un instrument, tel que le piano, est un atout indéniable. C’est le compagnon idéal de l’arrangeur.

L’ARRANGEUR D’HIER

Jusqu’à l’avènement du microsillon, l’arrangeur est resté un artiste anonyme, un artiste d’arrière-plan, réalisant très souvent les basses besognes de l’écriture orchestrale. Ses idées personnelles étaient souvent rejetées ou ignorées. La consigne consistait à appliquer une méthodologie déjà éprouvée et approuvée par ses prédécesseurs. Le plus souvent, l’esthétique musicale devait confiner à des styles préexistants. Pour faire simple, une valse devait rester une valse, une mazurka… une mazurka et un fox-trot… un fox-trot. Il n’y avait pas de place pour les mélanges. L’arrangement ne devait pas être trop audacieux.

Sur le terrain, pour faire preuve d’originalité, il fallait que le hasard vous donne son petit coup de pouce : une rencontre avec un artiste de renom, quelques recommandations de haute volée, et l’arrangeur pouvait peut-être espérer une reconnaissance et une autre position dans l’échelle des valeurs artistiques.

L’autre opportunité, c’était quand les idées de l’arrangeur et du compositeur étaient habitées par une seule et même personne, formant un tout indissociable. Tout de suite, le regard porté sur le musicien devenait tout autre, surtout quand il démontrait sa grande force créatrice à travers des mélodies habillées de somptueuses harmonies. Sa ‘patte’, son style, devenaient alors une source de curiosité et d’intérêt.

À l’époque des grands orchestres de danse, celui qui faisait office d’arrangeur était souvent le chef d’orchestre. Comme il n’existait pas toujours de partitions disponibles, c’était lui qui s’occupait d’écrire les ‘scores’ en les adaptant à la formation. Mais quand il manquait de temps ou que ses dispositions en la matière étaient limitées, c’était fréquemment le pianiste qui s’en chargeait, plus à même de distribuer les rôles joués par les différentes voix de l’orchestre.

Dans les chansons, l’arrangement était d’autant plus important quand il marquait de son empreinte la couleur sonore de l’orchestre. L’arrangement était alors une carte d’identité, parfois un passeport qui venait en aide pour avoir le nom en haut de l’affiche et avoir un plus grand nombre de contrats. Au bout de la chaîne, comme par magie, les chansons à la mode sonnaient singulièrement, et d’autres, plus anciennes, succombaient au souffle des nouvelles écritures.

L’arrangement pouvait être provocateur ou stupéfiant, mais sans lui, de nombreuses chansons populaires n’auraient pas eu le succès qu’elles ont eu, de Piaf aux Beatles, jusqu’à Michael Jackson, le roi de la ‘Pop’ !


L’ARRANGEUR DES TEMPS PRÉSENTS

Si je vous dis : ‘Dans le domaine de la création, la composition est au centre et l’arrangement à la périphérie’, je ne fais qu’évoquer ce que les droits d’auteurs traduisent économiquement d’une autre manière. Ce n’est pas nouveau... même si sur le fond, le principe est très discutable. Mais oublions les droits d’auteurs… Aujourd’hui, les nouvelles technologies ont placé l’arrangeur (mais surtout le preneur de son) dans les ‘starting box’. Leur rôle en partage est devenu indispensable depuis que la musique est devenue un produit de grande consommation. De leur faculté à innover dépend souvent la réussite d’une chanson.

Dans certaines réalisations artistiques, le son et la technique sont devenus tellement importants qu’ils gomment de temps en temps les idées créatrices. On se soucie plus de l’esthétique sonore que de l’idée première qui la véhicule. Le sample (ou échantillonnage) est à la base de ce changement des comportements artistiques. Lors d'une utilisation intensive, la musique devient une succession de ‘collage sonore’, un montage fabriqué à la chaîne grâce à des emprunts subtilisés (ou simplement volés) à des artistes connus pour leur créativité. Cette attitude semble irréversible, car les enjeux économiques qui pointent le bout de leurs doigts disent généralement NON quand un projet devient trop audacieux - synonyme d’onéreux - ou trop hasardeux. Aujourd'hui, un arrangement original reposant pleinement et seulement sur un acte créatif et faisant appel à un grand orchestre devient de plus en plus rare. Toutes les formes musicales ont été plus ou moins contaminées par la technologie du sampling.

Contrairement aux débuts du 20e siècle où les révolutions sonores se faisaient à un rythme posé, l’enthousiasme du rock des années 50 a modifié considérablement l’attitude des musiciens, mais aussi précipité le comportement des consommateurs dans la surenchère. Tout est allé très vite. De nombreux styles de musique se sont télescopés, l’un chassant l’autre avant qu’il n’est eu le temps de dire : je vous ai tout dit !

De ces modes, qui se font et se défont, sont nées des sons, des couleurs sonores particulières dues aux arrangeurs : la rythmique basse/batterie mise en avant au temps du disco, les riffs de cuivres clinquants dans la soul music, les cordes qui portent la mélodie dans les slows, etc. Vous, moi, sans le savoir ou sans y prêter forcément attention, nous aimons ou nous avons aimé des musiques, des chansons, grâce à tout cet apport créatif et varié.

L’arrangeur laisse également des traces de son passage dans les partitions vendues dans le commerce. Celles-ci correspondent très souvent à une synthèse provenant d’un arrangement produit en studio. Contre-chant, ligne de basse, riff de cuivres, solo de guitare, etc. sont incorporés à la mélodie et aux harmonies, en partie ou totalité. Eh oui ! Même dans ce domaine, l’arrangement prend le dessus en conduisant les doigts de l’interprète, et à travers eux, les idées premières du compositeur !

IMAGINONS LE MÉTIER D'ARRANGEUR

Supposez un instant que vous êtes dessinateur et que vous vous apprêtez à exécuter un joli croquis sur une page blanche. Vous créez avec votre talent et votre fusain le décor, les personnages et le ton de l'œuvre, sombre ou bien optimiste sur un sujet concret ou abstrait. Mais une fois le dessin terminé, vous n’êtes pas satisfait du résultat et vous voulez lui apporter plus d'éclat ou une autre lumière. À l'aide de pinceaux et d'un peu de peinture, vous allez lui apporter une autre vie : celle de la couleur. De dessinateur, vous êtes devenu peintre et si vous projetez cet exemple au niveau de la musique : le dessinateur, c’est le compositeur et le peintre, l’arrangeur.

Certes, cette image est peut-être réductrice ou caricaturale, mais sur le fond, elle explique assez bien la complémentarité qui existe entre le compositeur et l'arrangeur. Cet exemple nous fait comprendre que l’arrangement est un maillon essentiel dans la construction des musiques ‘modernes’ depuis l’avènement du jazz. C’est-à-dire depuis le début du 20e siècle…


LES SERVICES RENDUS PAR L'ARRANGEUR

  • 1 - Réduction d’une partition orchestrale pour le piano ou tout autre instrument.
  • 2 - Remaniement d’une orchestration pour la conformer à un autre style.
  • 3 - Modifications de la structure de la composition, en coupant ou en rajoutant des passages pour en améliorer l'équilibre général.
  • 4 - Régénérer la composition en l’harmonisant. L’arrangeur la consolide en apportant des changements sur les accords et les rythmes utilisés. Il modifie la structure du morceau. Il est généralement chargé du choix des instruments et de l'harmonisation.
  • 5 - Il est, la plupart du temps, l’orchestrateur. Il habille l’œuvre en écrivant les différentes partitions des instruments, en fonction du style et du ton souhaité. L'arrangeur est en quelque sorte le caméléon de la musique. Pour mener à bien son travail, une étroite collaboration doit être conduite avec le compositeur pour respecter l’esprit original de l’œuvre. Un bon niveau d’échange, de compréhension et de dialogue mutuel est indispensable.

LE RÔLE TENU PAR L’ARRANGEMENT MUSICAL

Sans être un musicologue ou un historien avisé, faute d'un bon arrangement musical, de nombreuses mélodies devenues célèbres seraient tombées aux oubliettes. Il est donc légitime de s’interroger sur la place centrale occupée par la composition quand celle-ci réclame avec insistance la présence des appuis sonores de l’arrangement pour obtenir une plus grande force et une plus grande réussite.

Il existe bien sûr des musiques qui possèdent une totale efficacité sonore sans avoir recours à toute une orchestration multicolore ou à de subtiles progressions harmoniques. Un arrangement peut être assez discret pour s'effacer à l’écoute, comme s'il n'existait pas. Cette transparence peut se traduire à travers un simple accompagnement piano très rythmé, façon Michel Berger ou une contrebasse qui compte fleurette avec une guitare… comme celle de Pierre Nicolas avec la guitare de Georges Brassens.

Faire un arrangement ne signifie pas toujours : créer une orchestration symphonique ou écrire pour un big band de jazz. Une ligne de basse bien vue, un rythme pianistique bien syncopé peuvent suffire à construire les bases d’un arrangement solide. Ce simple support sera alors l’idée maîtresse, l’acte créatif essentiel sur lequel viendront se greffer d’autres instruments. De nombreux arrangements sont construits sur ce principe-là. Par exemple : les lignes de basse de Billy Jean (Michael Jackson) et de Money ( Pink Floyd), le rythme piano de Lady Madonna (The Beatles) ou celui de Mission Impossible (Lalo Schifrin).


APPRENDRE L’ARRANGEMENT

Si en France de nombreuses écoles de musique sont là pour vous apprendre le jazz ou la musique classique, vous aurez beaucoup de difficultés à trouver une structure pour vous enseigner l'arrangement dans le domaine dit de 'musique légère'. Et quand cela existe, c’est souvent à travers les moyens offerts par la MAO (musique assistée par ordinateur) que l’enseignement est dispensé.

La MAO peut convenir aussi bien au musicien autodidacte comme au musicien en phase de perfectionnement. Facile à mettre en place, la MAO est d’une aide précieuse pour résoudre des arrangements simples comme complexes. Les combinaisons sonores les plus folles peuvent être envisagées, dépassant allégrement les possibilités techniques supportées par n’importe quel instrument acoustique (ou musicien). Théoriquement, il n’y a donc pas de limite.

Généralement, l’arrangement musical réalisé en MAO n’est qu’une étape intermédiaire servant de test avant d’être projeté grandeur nature. Évidemment, si vos connaissances techniques sur les instruments utilisés sont limitées, vous risquez fort d’avoir des déconvenues, quand le jour venu, des musiciens crieront : "Au secours !", en face de partitions injouables. La MAO n'est pas apte à tout résoudre.

Dans un premier temps, rapprochez-vous des instruments à arranger. Cette sage décision est facile à mettre en œuvre. Dans le commerce, il existe des ouvrages d’apprentissage pour tous les instruments ou presque. Habituellement, chacun d'eux détaillent les limites techniques de l’instrument (tessiture, jeu), et sa spécificité concernant les écritures. Cette connaissance théorique ne vous dispense pas de la pratique des relevés. Bien au contraire. Le relevé est le trait d'union entre la théorie et le jeu technique... par l'exemple.

Si vos arrangements concernent la musique dite légère, comme la chanson, commencez d’abord par comprendre le jeu des instruments rythmiques : batterie, percussions, basse, guitare et clavier. C’est l’ossature de nombreuses musiques de variété. Écoutez et analysez le jeu de chaque instrument, individuellement puis collectivement. Ce sont les bases d'un bon arrangement. Ne vous aventurez pas dans l’écriture des cordes ou des vents avant d’avoir une bonne maîtrise des instruments dits d’accompagnement. Si ces derniers peuvent être abordés par un musicien autodidacte, les arrangements concernant les cordes et les vents demandent généralement des connaissances en contrepoint, et des capacités en solfège plus étendues (lecture clé de fa 3e ligne et clés d’ut).

Piano Web propose quelques arrangements à titre d'exemple : ARRANGEMENT MUSIQUE LATINE.

Par ELIAN JOUGLA (09-2013)

SOMMAIRE "LES PRATIQUES MUSICALES"

LES POINTS EN COMMUN DES PRATIQUES MUSICALES

1 - LA LECTURE DE PARTITIONS

2 - LA LECTURE DE GRILLES D'ACCORDS

3 - LA COMPOSITION

4 - L'ARRANGEMENT

5 - L'IMPROVISATION

SOM. "LES QUESTIONS DU CANDIDE"
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