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LA GAMME PENTATONIQUE : UTILISATION ET CONSEILS

Cette leçon s'adresse plutôt à des musiciens avertis. La connaissance des modes en tonalité majeure et des intervalles est nécessaire pour comprendre certaines explications.


INTRODUCTION

Les gammes pentatoniques suscitent un réel enthousiasme chez les musiciens de jazz, mais également chez les musiciens de rock qui les incorporent dans leurs solos. Les pianistes de jazz moderne (Chick Corea, McCoy Tyner, Herbie Hancock…), en contre-réaction aux séquences mélodiques de l'ère du be-bop basées sur le développement d'intervalles de tierce, s'orientèrent vers les gammes pentatoniques pour exprimer leur propre approche concernant l'improvisation.

Comme souvent, ce qui semble nouveau en musique prend racine dans le passé et les gammes pentatoniques n'échappent pas à la règle. Déjà dans le jazz des années 1940, les gammes pentatoniques étaient présentes dans les mélodies. Mais peut-être à cause de leurs sonorités stéréotypées, les gammes pentatoniques ont été longuement refusées par les musiciens de jazz. Elles ont d'abord été utilisées de façon efficace dans les enchaînements d'accords, façon "turnaround" où si vous préférez "anatole " (accords joués en boucle et utilisés en introduction ou en fin de morceau) et surtout avec l'arrivée des thèmes modals. Rares, sont les situations dans lesquelles la gamme pentatonique ne donne pas de résultat satisfaisant, sauf à être utilisée dans le vieux jazz (Middle jazz ou jazz New Orleans, par exemple). Par leur pouvoir de suggérer la sonorité, plutôt que de la contrôler, les gammes pentatoniques sont faciles à utiliser si l'on souhaite jouer "out", c'est-à-dire en "glissant" hors des harmonies pendant une improvisation.



CONSTRUCTION DE LA GAMME PENTATONIQUE

Les gammes pentatoniques sont des gammes à cinq notes composées de secondes majeures et de tierces mineures. Successivement nous aurons : la fondamentale, la seconde, la tierce, la quinte et la sixte. Les particularités de la gamme pentatonique sont de ne pas comporter de note sensible (7e degré de la gamme majeure) ni de demi-ton, la gamme fonctionnant à la manière d'un arpège pour lequel les notes sont interchangeables.

Gamme pentatonique de DO

Dans le cas où l'on utilise les modes pour la gamme pentatonique, nous aurons cinq modes :

Si nous multiplions ces 5 modes de départ par les 12 demi-tons de notre système tempéré, nous obtenons 60 pentatoniques différentes.
En prenant comme point de rencontre la note Do, une recherche aboutie englobant la totalité des gammes pentatoniques nous donnera le résultat suivant :

À la vue de cet exemple, on comprend la confusion que peut produire la dénomination exacte d'une gamme pentatonique, chaque note étant le point de départ de 5 gammes pentatoniques.

  • L'exemple 3a est une gamme de Bb partant du 2e degré.
  • L'exemple 3b est une gamme de Ab partant du 3e degré.
  • L'exemple 3c est une gamme de F partant du 4e degré.
  • L'exemple 3d est une gamme de Eb partant du 5e degré.

Le plus simple pour le pianiste qui souhaite improviser sur les gammes pentatoniques est de connaître toutes celles partant du mode I. Elles sont au nombre de 12 (correspondant au 12 demi-tons de la gamme chromatique).


Voici les 12 gammes pentatoniques en mode I :

RELATION ACCORDS ET GAMMES PENTATONIQUES

NB : dans ce qui suit, pour rendre certaines gammes plus compréhensives, je fais appel à l'enharmonie
(exemple : remplacement d'un sol b par un fa #)

L'emploie de la gamme pentatonique participe aussi bien à un jeu "intérieur" (la gamme est en relation directe avec l'accord. Exemple : accord de C6 avec gamme pentatonique de C) qu'à un jeu "extérieur" (la gamme n'a pas de relation directe avec l'accord. Elle crée de la dissonance. Exemple : accord de C7 avec gamme pentatonique de B).

Exemples en partant de la gamme la plus intérieure vers la plus extérieure

Dans l'exemple 5A (gamme intérieure), vous remarquerez qu'aucune note ne provoque de frottement avec l'accord de 7e, même si l'on marque un temps d'arrêt sur une des notes (la seconde et la sixte ou si vous préférez la 9e et la 13e sont les notes qui conviennent le mieux à un temps d'arrêt, créant une extension à l'accord de 7e).

Dans l'exemple 5B, la gamme est plus extérieure que la précédente, notamment avec la présence de la 11e augmentée et de la sixte mineure. Enfin, dans le dernier exemple, le 5C, utilisant la gamme la plus extérieure, la 7e majeure et la sixte mineure (ou 13e mineure) seront plus en tension que les trois autres notes. La 9e mineure, la 9e augmentée et la 11e augmentée sont des intervalles qui sont plus conventionnels avec l'utilisation d'un accord de 7e (attention… pas si l'accompagnement se fait sur la tonalité majeure). La 7e majeure et la 13e mineure ne seront utilisées que comme notes de passage et pas autrement, sauf à rechercher une dissonance extrême.

Les exemples de la série 5 démontrent la souplesse d'emploi des pentatoniques. Leurs couleurs particulières s'accordent très bien aux musiques modernes et ce n'est pas un hasard si les musiciens de rock les ont adoptées.

Chaque pentatonique contient certaines notes de l'accord qui s'y rattache, soit de façon directe (sonorité en résolution) ou indirecte (sonorité en tension). Dans la pratique, les dissonances ne doivent servir que de notes de passage pour se résoudre le plus souvent sur des notes consonantes. En tant que pianiste improvisateur débutant, vous devez dans un premier temps maîtriser correctement les gammes pentatoniques en relation directe avec les accords, avant de vous lancer vers les plus extérieures.

En fonction du type d'accord utilisé, la pentatonique est d'une utilité plus ou moins grande. Parfois, elle peut devenir une entrave, dans le cas où le pianiste accompagne un soliste. En effet, si le pianiste use des pentatoniques pour enrichir certains de ces accords, ce n'est pas sans risque. L'extension de l'accord introduit certains intervalles qui peuvent gêner le soliste. Souvent, il est nécessaire qu'une entente préalable entre les deux musiciens existe. Celle-ci se fait le plus souvent naturellement par une pratique de la musique en commun et une écoute attentive du soliste envers le ou les accompagnateurs.

Si l'on peut utiliser une pentatonique par-dessus une sonorité donnée, à la fin, c'est l'oreille qui sera le seul juge. Dans le jeu modal, spécifique à de nombreuses musiques modernes, l'utilisation de pentatoniques extérieures sont à utiliser de manière parcimonieuse, par exemple lors de courts passages : cadences ou anatoles ; un jeu continu en tension déstabilisant la tonalité de référence.



UTILISATION DE GAMMES PENTATONIQUES AVEC LES ACCORDS DE 7e

Avec l'accord de 7e les possibilités sont grandes. C'est un accord de mouvement par son importance à résoudre les cadences (il est souvent utilisé comme accord de transition vers une autre tonalité). Il est possible d'utiliser des extensions très variées (voir les exemples n° 5), sans que cela perturbe sa fonction à résoudre. En fonction de la gamme pentatonique choisie, celle-ci enrichit et modifie la couleur de base de l'accord de 7e.

Dans l'exemple 6A, l'exemple le plus intérieur, les extensions de l'accord de 7e en 9e et 13e ne posent aucun problème à être utilisées en tonalité majeure. Avec l'exemple 6B, en partant de la gamme pentatonique située à une tierce mineure au-dessus, son utilisation impliquera une 9e augmentée (C7#9), ce qui sortira l'accord de la tonalité majeure. Et, dans le dernier exemple, le 6C, qui est le plus tendu, l'utilisation de la gamme située à une quarte augmentée de la fondamentale de l'accord impliquera une 9e mineure et une 9e augmentée, ainsi qu'une 11e augmentée. En jouant successivement les 3 exemples, on perçoit très bien à l'écoute la progression d'un jeu "in" vers un jeu "out".

Dans le cas où l'accompagnement joue un accord de C7b9 ou C7#9, le soliste a la possibilité de jouer la pentatonique correspondant à l'accord (accord C7… pentatonique de C), mais il a également la solution de jouer la pentatonique située à la quarte augmentée supérieure (pentatonique de F#).

UTILISATION DE GAMMES PENTATONIQUES AVEC LES ACCORDS MINEUR 7

Cet accord très utilisé en jazz offre une bonne stabilité avec la 9e majeure et la 11e juste et un peu moins avec la 13e. C'est un accord qui s'accorde très bien avec les pentatoniques.

UTILISATION DE GAMMES PENTATONIQUES AVEC LES ACCORDS MAJ. 7

À l'inverse de l'accord de 7e qui est un accord de mouvement ou de transition, l'accord majeur 7 est un accord statique. Il est en outre l'accord de 1er degré des modes en tonalité majeure, donc l'accord le plus important pour déterminer une tonalité. Les extensions qui se rapportent avec cet accord sont la 9e, la 11e augmentée et la 13e (en tonalité majeure).

TABLEAU DE CORRESPONDANCE

Voici pour finir, le tableau de correspondance entre accords et gammes pentatoniques les plus usitées.

EN TON DE DO


GAMMES PENTATONIQUES DE L'INTÉRIEUR VERS L'EXTÉRIEUR

  • C 7e de dominante → C, Eb, Bb, F#
  • C 7sus4 → C, Bb, Eb, F
  • C mineur 7 → Eb, Bb, F, Ab
  • C majeur 7 → C, G, D, A
  • C demi-diminué → Gb, Ab, Db
  • C diminué → cas particulier utilisant les pentatoniques altérées et non traité dans cette leçon

Par ELIAN JOUGLA

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1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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