HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



HISTOIRE DU SYNTHETISEUR, DE L'ANALOGIQUE AU NUMÉRIQUE

Le synthétiseur est arrivé petit à petit, à travers son histoire, à s'imposer comme un instrument indispensable à l'évolution de la musique moderne, même si au départ, il a été considéré comme un accessoire par certains musiciens et pour d'autres, musiciens de studio ou de scène, comme un rival dangereux, capable de leur porter ombrage : la boîte à rythmes pour remplacer la batterie ou les percussions, le synthétiseur pour supplanter la basse, les cordes ou les cuivres, par exemple.


LE SYNTHÉTISEUR, LE CHOIX DE LA CRÉATION SONORE

Les premières sonorités des synthétiseurs analogiques ne ressemblaient que de loin aux instruments qu'ils voulaient imiter ; le son d'un instrument acoustique étant fort complexe par ses harmoniques, par ses différents niveaux d'attaque ou de modulation. De nombreux musiciens ont de ce fait préféré, en toute logique, exploiter l'instrument comme un outil de création sonore.

Le synthétiseur, bien que d'un passé récent, est riche par la diversité des modèles qui ont jalonné son histoire. En quelques décennies, l'instrument a vécu une évolution fantastique, des premiers synthétiseurs modulaires à lampes, en passant par le synthétiseur analogique puis numérique pour arriver aux modèles que nous connaissons aujourd'hui basés sur l'échantillonnage et la modélisation physique.

Aujourd'hui et plus qu'hier, il est difficile de définir de façon précise ce qu'est un synthétiseur. En effet, désigner l'instrument comme étant un outil ayant recours à de la synthèse sonore est certainement mal approprié ou insuffisant. Toutefois, si le synthétiseur peut être tour à tour expandeur, arrangeur, échantillonneur, clavier portable, etc. il a pour point commun de posséder un générateur sonore et une connectique capable de contrôler et générer des sons.


LES PREMIERS PAS DU SYNTHÉTISEUR

La naissance des sons synthétiques remonte au début du 20e siècle, lorsque les fabricants, les luthiers se rendirent compte que l'électricité pouvait être un outil de création extraordinaire. Les premières tentatives pour élargir la palette des instruments acoustiques commencent avec le Thérémine (1919), les Ondes Martenot (1928) et le Trautonium (1930).

Ces premières machines musicales témoignent d'un attrait grandissant pour l'expérimentation sonore. Par la suite, la maîtrise de certaines techniques, comme l'oscillation électrique et la restitution des sons par l'intermédiaire de haut-parleurs, est décisive et permet l'éclosion de procédés électriques puis électroniques que nous utilisons encore aujourd'hui. Cette maîtrise sonore s'appelle "l'analogique", que nous pouvons définir comme le résultat d'une oscillation électrique analogue à l'onde sonore générée.

Avant la seconde guerre mondiale, des instruments électromécaniques et électroacoustiques sont créés. Si les premiers sont encore à un stade expérimental en introduisant au sein de l'instrument des dispositifs mécaniques dont les composants sont électriques, comme l'orgue Hammond, les seconds, de facture plus traditionnelle, comme la guitare, intègrent des technologies basées sur l'amplification électrique (le haut-parleur et le microphone).

Ces instruments électromécaniques et électroacoustiques, qui sont les premières tentatives de synthèse des instruments de facture "traditionnelle", permettent l'avènement du synthétiseur.

Au début des années 1950, la firme américaine RCA développe un premier synthétiseur expérimental créé par Harry Olson et Herbert Belar, capable de créer artificiellement des sons. À la même époque, Max Matthews, ingénieur à la Bell Telephone invente la synthèse digitale (les sons sont créés à partir de signaux numériques). La naissance des premiers instruments générateurs de sons va transformer dès lors la relation de l'homme avec la machine. Les ressources nécessaires à la composition de musique électronique vont prendre forme rapidement d'abord dans la musique classique et la musique de films avant d'être exploitées commercialement dans les différents courants de la musique contemporaine (rock, pop, jazz, etc.).


LE SYNTHÉTISEUR MODERNE

Au début des années 1960, l'arrivée du transistor et de la miniaturisation marquent un tournant important dans l'histoire du synthétiseur. Le transistor marque la naissance du synthétiseur moderne. Au cours de cette décennie, la baisse (relative) du prix de revient des machines favorise une diffusion plus large du synthétiseur. Pendant l'année 1964, deux modèles incontournables sont développés simultanément, réunissant des fonctions de traitement et de synthèse du son :

  • Le premier modèle s'appelle le Synket crée par l'ingénieur Paolo Ketoff. Il fait figure de pionnier en intégrant les éléments fondamentaux qui seront repris par la suite dans la plupart des synthétiseurs. Transistorisé, il comporte plusieurs oscillateurs, des filtres influant sur les timbres et un système de modulation de fréquence.
  • Le second modèle est un instrument piloté par clavier, composé de modules indépendants et contrôlé en tension (voltage control). Il a été mis au point par un ingénieur dont les modèles qui vont venir feront couler beaucoup d'encre, il s'agit de Robert Moog. À la même période, un autre Américain, Donald Buchla, a, lui aussi, l'idée d'utiliser des modules interconnectables.

En 1969, le fameux synthétiseur VCS-3 développé par la firme anglaise EMS propose pour la première fois des modules non séparés, conçus dans un seul bloc transportable. Il marque le début des modèles à modules pré-câblés, en utilisant des petites fiches que l'on insérait dans une matrice reliant les divers modules. Ce synthétiseur offrait d'énormes possibilités de créations sonores.

Un peu plus de dix ans auront seulement suffi pour passer des prototypes de laboratoire, lourds et encombrants, aux installations produisant des instruments transportables, à une échelle industrielle. Des marques apparaissent d'abords aux États-Unis, ensuite au Japon, et proposent des appareils de plus en plus performants et simples à utiliser. Les synthétiseurs s'apparentent bientôt à des biens de consommation courante. Le marketing est en plein essor. Les premiers artisans du synthétiseur se marginalisent rapidement au profit des grandes marques.


SONORITÉ, UTILISATION ET ESSOR

À ses débuts, la sonorité d'un synthétiseur était parfaitement reconnaissable dans la production musicale discographique, mais petit à petit, grâce à de successives innovations technologiques, les sonorités se sont affinées et sont arrivées aujourd'hui à un tel réalisme, qu'il est difficile de faire la différence entre un son acoustique naturel et sa reproduction par un moyen purement artificiel. Toutefois, il ne faut pas oublier que le rôle essentiel d'un synthétiseur n'est pas d'imiter, mais d'explorer de nouveaux espaces sonores, d'appréhender une autre façon d'écouter, de créer et ceci en étroite collaboration avec les techniques de composition et d'interprétation.


Dans les années 1960, le synthétiseur était utilisé par petites touches, soit pour répondre à un phénomène de mode face à une orchestration de facture classique, soit pour appuyer une volonté d'émancipation créative chez quelques jeunes musiciens. Aussi, quand le synthétiseur a été capable d'exprimer une certaine musicalité, quelques musiciens talentueux et aventureux bâtirent leur carrière artistique en fidélisant un public de plus en plus large autour de cet instrument. Si, en France, le musicien Jean-Michel Jarre a vulgarisé le synthétiseur au milieu des années 1970, d'autres artistes internationaux ont contribué, eux aussi, au rayonnement du synthétiseur à travers la planète : Tangerine Dream, Vangelis Papathanassiou, Klaus Shultze…

En se démocratisant, le synthétiseur modifie les pratiques musicales. Des musiciens autodidactes obtiennent des satisfactions sans être obligés de suivre des cours de musique. De même, avec l'arrivée de la norme MIDI, les échanges entre musiciens vont être facilités (fichiers Midi Files, banques de sons) et les nouvelles évolutions technologiques du synthétiseur vont permettre à certains compositeurs de tester leurs compositions et leurs arrangements chez eux, simplifiant ainsi leur travail d'harmonisation ou d'orchestration.



LE MIDI



Dans les années 1970/1980, deux grands courants se distinguent : les synthétiseurs basés sur la synthèse et la programmation des sons comme le Synclavier et ceux dont les équipements proviennent en partie des orgues électroniques comme le synthétiseur Moog.

L'arrivée de la norme MIDI (Musical Instruments Digital Interface)

Le début des années 80 voie l'utilisation par tous les constructeurs de la norme MIDI. Ce standard international révolutionnaire permet de connecter des appareils électroniques de marques différentes et de les faire dialoguer entre eux. Il transcrit les messages numériques en signaux sonores et permet de programmer différents "effets" comme la vélocité, le volume, la réverbération, les délais ou autres. Ce standard répond à un souci de codification des principaux effets musicaux et des fonctions de contrôle qui en découle.

Avec l'arrivée du micro-ordinateur, les logiciels musicaux trouvent avec la norme MIDI toute leur justification. Afin que les informations circulent, l'ordinateur doit être équipé d'une interface qui permettra au logiciel de transcoder son langage en signaux MIDI. Par exemple, en utilisant un logiciel de séquences, du genre Cubase ou Cakewalk, le MIDI va permettre aux informations d'être synchronisées et de circuler entre l'ordinateur et un ou plusieurs synthétiseurs. Le rôle de l'interface est de comprendre à la fois le langage MIDI et celui de l'ordinateur. L'interface se branche sur la prise USB ou sur une prise dédiée à cet effet sur l'ordinateur. Les prises de l'interface MIDI sont au nombre de trois : In, Out, Thru. Un câble DIN à cinq broches relie l'ordinateur à l'instrument de musique et peut recevoir ou émettre des données dans les deux sens (émission ► Out et réception ► In). Voir les configurations MIDI.


DE L'ANALOGIQUE AU NUMÉRIQUE


Un bouleversement majeur intervient en 1982 avec le lancement par Yamaha du premier synthétiseur numérique employant un système de synthèse sonore utilisant la FM et les algorithmes : le DX7. Son énorme succès va marquer la fin de l'ère des synthétiseurs analogiques. Comparé aux autres synthétiseurs de l'époque, il permet d'obtenir des sons d'une texture plus riche avec moins de manipulation. Il gagne en compacité et en transportabilité. Mais surtout, ses sons numérisés sont beaucoup plus stables que ceux produits par une tension par volt (synthétiseur analogique), sensibles à l'humidité comme à la chaleur.

Le monde de la musique synthétique évolue à une vitesse prodigieuse et chaque année apporte ses nouveautés. Au milieu des années 1980, outre l'arrivée en force des échantillonneurs, les premiers synthés à sons pré-échantillonnés apparaissent : le K-2000 de Kurzweil et le D-50 de Roland. Puis c'est le tour des workstations, intégrant séquenceurs, réverbérations et différents effets, comme le M1 de Korg et le Yamaha SY85.


Prolongeant le principe des accompagnements automatiques qui était présent sur les orgues électroniques des années 1970, les années 1990 voit apparaître une nouvelle génération d'instruments, les synthétiseurs-arrangeurs, qui allient la qualité de l'échantillonnage (de qualité CD) à des possibilités techniques liées à l'informatique musicale : arrangeurs dits "intelligents" et capables d'improvisation.

Parallèlement à cette évolution, l'essor fulgurant de l'informatique et les moyens de sauvegarde par disquette ou disque dur permettent au musicien de retravailler avec commodité sur son ordinateur, ses compositions et ses arrangements... c'est la naissance de la MAO, la musique assistée par ordinateur.

Pendant les années 1990, l'explosion de la musique virtuelle et le développement des logiciels d'édition et de traitement de sons se répandent à une vitesse fulgurante. La composition et l'arrangement sont désormais à la portée de musiciens non pourvus de moyens importants : le studio n'est plus le lieu unique pour la composition de musique électronique.



LA MODÉLISATION PHYSIQUE



Début 1994, Yamaha invente une nouvelle technologie : la synthèse par modélisation physique où les sons sont calculés dynamiquement en fonction de leur hauteur. Les processeurs doivent être de plus en plus puissants pour faire face aux opérations de calcul extrêmement complexes. Par exemple, dans le cas du VL-1, le logiciel doit savoir apprécier exactement ce que serait le comportement du son dans l'instrument véritable, en fonction de la hauteur et de la puissance de la note jouée. Il doit analyser l'évolution des différentes ondes sonores dans chaque partie de l'instrument à reproduire… jusqu'au bruit mécanique :


Les années 1990, outre les procédés de synthèse par modélisation physique, voient le retour de la synthèse analogique (merci la techno :). Les synthétiseurs analogiques d'antan sont de plus en plus recherchés, autant par la nouvelle génération de musiciens que par les collectionneurs. De nouveaux instruments aux sonorités analogiques dotés des derniers perfectionnements numériques apparaissent. Devant cet engouement, le marché des cartes sons pour synthés analogiques se développe, ainsi que celui des CD ou CD-ROM permettant d'échantillonner des sonorités analogiques.

Avec le concours de la micro-informatique, les synthétiseurs tendent à se dématérialiser pavec l'arrivée de logiciels proposant des émulations d'appareils. Ordinateurs et synthétiseurs, graduellement, se fondent en un seul outil polyvalent pour offrir au musicien une palette instrumentale particulièrement développée. Si les instruments virtuels apportent de nouvelles fonctionnalités, s'ils peuvent être une bonne solution pour imiter un son, en revanche ils sont plus difficiles à exploiter, d'arriver aussi intuitivement au même résultat et d'avoir le même contrôle que sur un véritable synthétiseur analogique.

Dans un avenir pas très lointain, les synthétiseurs finiront par se rapprocher idéalement des instruments qu'ils veulent reproduire et permettront aux musiciens en quête de nouveaux horizons de créer des sons originaux, peut être encore plus merveilleux qu'aujourd'hui :


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