PÉDAGOGIE



LES RYTHMES AU PIANO, COMMENT LES INTERPRÉTER ?

Après avoir abordé dans d'autres chapitres l'importance de la sonorité et de l'interprétation, il restait un sujet important : le rythme. Déjà abordé sur le site sous forme de leçons gratuites, je me contenterai ici d'exposer quelques réflexions supplémentaires, qui, je l'espère, vous aideront à appréhender toute l'importance que revêt le rythme, élément prépondérant de la musique.


RYTHME ET RESPIRATION

L'apprentissage de la musique est basé sur deux éléments essentiels : le temps et le son. Ceux-ci définissent tout l'apprentissage de la musique et le reste. Le rythme s'inscrit dans le temps et devient pour toute personne désireuse d'étudier un instrument, un enjeu capital. La pratique du rythme est indispensable, qu'elle soit sous forme écrite ou non écrite.

Quand vous exécutez un morceau de musique, simple ou complexe, vous avez deux possibilités : celle où vous vous positionnez en essayant de reproduire le tempo comme le tic tac régulier et immuable d'une montre ou d'un métronome, et celle où vous êtes à l'écoute de votre corps, du battement de votre cœur, c'est-à-dire proche de vos émotions. Le rythme et son interprétation reflètent donc deux aspects difficiles à concilier : une approche méthodique, scolaire et une approche vivante, sensible comme une respiration.

Il n'est pas question ici, d'opter pour une solution plutôt qu'une autre. Le rythme réclame ces deux approches, surtout si vous désirez le comprendre et l'absorber en vous aussi facilement que si vous mettiez un pied devant l'autre en marchant… c'est à dire avec une totale liberté intérieure. Vous devez vous poser sur un rythme avec autant d'aisance qu'une libellule sur une feuille, avec légèreté et précision. Vous ne devez pas être prisonnier du rythme, vous devez le dominer, pas le combattre ! N'oubliez pas que le sens du rythme naît avec son étude, sa pratique, mais qu'il prend son véritable envol à travers la liberté de l'interprétation.

Si en musique, le rythme et la mesure se rapprochent, comme dans les marches militaires, ils ne se confondent jamais. Théoriquement, l'exigence d'un rythme correctement exécuté est de maintenir de façon constante la somme des variations rythmiques et de veiller à ce que leur moyenne arithmétique soit aussi constante et égale à l'unité métrique de base, la noire par exemple. De même, il est aussi difficile de parler de l'équilibre rythmique qu'il est aisé de le percevoir, car son action est directe. Lorsqu'il est vraiment atteint, nul ne peut y rester insensible. En fait, plus un musicien possède le sentiment de la structure rythmique, plus il peut se permettre de s'y soustraire, toujours d'une manière logique qui accentue sa primauté. Chez un artiste de grande classe, deux ou trois digressions rythmiques sont plus expressives que des centaines de libertés rythmiques prises par un musicien qui ne possède pas le véritable sens de l'équilibre.


TEMPO ET CONCENTRATION

Les musiciens professionnels définissent le tempo comme un axe équilibré où le jeu libre ne doit pas être absorbé par le jeu mécanique. C'est-à-dire, que la rigueur du tempo ne doit pas entraver la liberté d'expression à l'intérieur de celui-ci. Chaque style de musique à sa propre propension de naviguer dans le rythme : les musiciens de jazz poussent en avant la figure rythmique pour donner l'impression d'accélérer, le musicien de rock au contraire tente de trouver le "fond du temps" pour alourdir son jeu. Si l'exécution de la musique moderne demande une grande rigueur au niveau de la régularité du tempo, le musicien, de son côté, doit trouver, à l'intérieur des figures rythmiques, sa propre expression, sa personnalité.

Chaque musique a son langage, ses images pour définir son style : pour guider l'interprète, la musique classique utilise des mots comme : "a tempo" ou "rubato", "andante" ou "presto", tandis que la musique moderne, pour exprimerson jeu, à recours aux expressions : "swing", "feeling" ou "groove". Tous ces mots et expressions démontrent la richesse, la diversité du rythme ; qu'il agit comme une matière vivante quand il doit être mis en application.

L'interprète est sensible à ses émotions intérieures et il apporte à ses rythmes des fluctuations rythmiques bien compréhensibles. Mais, pour arriver à exécuter un rythme avec une grande régularité, proche du tic tac métronomique, il doit dans un premier temps éloigner son désir d'aboutir dans l'urgence. Le rythme réclame temps et sérénité. Pour "s'asseoir" sur un rythme avec aisance, l'interprète doit contrôler son énergie mentale et physique. Le travail de la concentration tient un rôle important dans la pratique du rythme, surtout en musique moderne où les motifs rythmiques répétitifs ne manquent pas.

Je vous engage vivement à travailler en boucle les problèmes liés à l'indépendance rythmique. Par cette pratique, vous favoriserez et augmenterez votre niveau de concentration.


RYTHME ET INTERPRÉTATION

Quand un musicien n'a pas assimilé à fond le rythme, il lui arrive fréquemment, par suite des difficultés techniques qu'il rencontre, de modifier le tempo sans nécessité. En d'autres termes, il joue "comme ça vient" et non comme il pense qu'il le faudrait. Il est donc utile de rappeler que le choix d'un morceau de musique doit toujours être en rapport avec son niveau théorique et technique.

Une des qualités de la musique est de toujours vous renvoyer à ce que vous êtes capable de produire !

Il est toujours préférable de détacher le travail sur le rythme de l'ensemble de l'étude du morceau, ceci pour mieux se mettre en accord avec soi-même et envers l'auteur, afin de respecter convenablement le rythme, mais aussi les tempi et les digressions. Lors d'une exécution, si vous vous heurtez à un passage, ne ralentissez pas, gardez le tempo. Il vaut mieux omettre un détail, laisser de côté un point obscur et surtout : ne jamais rompre le rythme ! L'expérience joue un rôle important dans le déchiffrage rythmique. La pratique et l'assiduité comptent autant que le talent et que le goût pour la musique.

L'interprétation dans l'organisation du temps peut être comparée à celle d'un architecte et son organisation de l'espace. Elle ne peut être bonne, artistique, que si tous les moyens d'expression, dans leur infinie variété, sont en accord avec l'œuvre, son contenu et sa structure, autrement dit avec la matière musicale. L'interprétation peut devenir une sorte de transcription, une relecture de l'œuvre à condition qu'elle ne soit pas trop éloignée de l'original ; la personnalité ne doit pas laisser place à l'individualisme. Donner un sens différent de celui qu'à désiré l'auteur, revient au-même que de ne pas saisir le sens fondamental de l'œuvre et d'altérer sa structure temporelle.


TEMPO ET PRÉCISION

Il est bon, dans son travail, d'essayer ces différentes approches : créer des variantes à partir du tempo original, du plus lent vers le plus rapide ; comparer le tempo du départ avec celui de la fin pour contrôler sa régularité de tempo ; de s'enregistrer pour s'écouter et toujours prendre du recul ; de se trouver, avant de toucher le clavier, dans l'ambiance rythmique correspondante, en chantant le rythme ou la mélodie.

L'imprécision dans le tempo a plusieurs origines, les principales sont l'insuffisance de sens artistique de l'interprète, son manque de sensibilité à l'égard du caractère du morceau et de son contenu émotionnel ainsi que le manque de maîtrise technique. C'est la raison pour laquelle il m'est parfois nécessaire d'avoir recours aux qualités spirituelles de l'élève, d'éveiller son imagination et sa sensibilité, de lui faire sentir et repenser son approche artistique et technique.

Par ELIAN JOUGLA



SUITE : RYTHMES BINAIRES ET TERNAIRES

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