LA MÉTHODE DE MUSIQUE SUZUKI, QUE VAUT-ELLE ?


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Michelle B. (Toulouse)

Bonjour,

Pouvez-vous m’expliquer en quoi consiste la méthode Suzuki, et ce que vous en pensez ? Merci


Piano Web

LE PRINCIPE DE LA MÉTHODE SUZUKI

Comme toute méthode, elle part d’un principe. Son initiateur, Shinichi Suzuki, a observé que chaque enfant naît avec un important créneau de possibilités. Dès son plus jeune âge, il est en mesure de posséder et de manier sa langue maternelle. Pour y arriver, il se base sur l’écoute et l’imitation de ce qu’il entend autour de lui (généralement, les paroles et les gestes des parents). Presque tous les enfants normalement constitués savent parler correctement avant de recourir aux écritures. C’est un fait.

C’est sur cette observation que Suzuki a créé les fondations de sa méthode : l’acquisition de la musique chez l’enfant s’apparente à l’acquisition de la langue maternelle. C’est pourquoi sa méthode pédagogique s’intitule aussi : « méthode de la langue maternelle ». Elle repose sur les capacités et les aptitudes naturelles.

Ce qu’il faut observer dans cette forme d’apprentissage, c’est l’ordre établi. C’est-à-dire qu’avant de toucher un instrument, l’enfant est sensibilisé à la musique par l’écoute. Il doit entendre la musique, l’absorber, avant de la reproduire sur son instrument, de la même façon qu’il a entendu sa langue avant de parler. À ce stade, la partition n’est pas encore nécessaire. L’enfant imite la structure de la musique pour ensuite la restituer de manière la plus juste possible avec le bon rythme.

La méthode Suzuki s’adresse à des enfants très jeunes (à partir de 3/4 ans). Bien que fondamentalement un âge d’apprentissage plus avancé soit possible, cela risque d’être plus nuisible du fait que l’enfant aura peut-être déjà reçu une éducation musicale qui risque alors de le perturber.

Par une écoute quotidienne de la musique - sous de bonnes conditions - l’enfant finit par se familiariser et prend plaisir à son écoute. L’important est de faire naître en lui le goût des beaux sons et de l’amour de la musique. C’est cette approche positive construite en amont qui va ensuite l’aider dans sa pratique instrumentale, augmenter sa sensibilité, sa musicalité et développer en lui le sentiment que la réussite ne s’obtient que par un effort régulier.


LE FONCTIONNEMENT DES COURS

Ils sont individuels et collectifs. La régularité des cours a son importance. Généralement, le cours particulier a lieu une fois par semaine. Il tient compte du développement psychique de l’enfant et de sa capacité à percevoir les informations données par le professeur. L’épanouissement de sa sensibilité, comme de son rythme de travail sont observés de près, au cas par cas.

En alternance avec le cours particulier a lieu le cours collectif (que l’on pourrait assimiler à une sorte d’éveil musical en groupe). Celui-ci permet d’approfondir le répertoire, la mémoire et le développement de l’aisance à travers des modes de jeu collectif. Par cette pratique quotidienne, on éveille chez l’enfant des réflexes naturels et une plus grande vivacité d’esprit. Le professeur a ici une énorme responsabilité, car il doit savoir doser et concilier la rigueur et le jeu, sans que les notions purement théoriques ne deviennent rebutantes.

Après quelques années de pratique instrumentale, et quand les moyens de l’école le permettent, la musique d’ensemble prend le relais à la place des cours en groupe.


LE RÔLE DES PARENTS

La méthode Suzuki trouve sa profonde singularité dans son rapport avec les parents. En effet, lors des cours particuliers, un des parents est invité à y assister. Le relais éducatif, la transmission de la pratique et du savoir qui, généralement, est rompu entre le professeur et son élève dès la fin du cours, trouve avec cette approche une continuité active. Les parents sont impliqués et vivent pleinement leur rôle d’éducateur, quitte à pratiquer l’instrument choisi, du moins les premiers temps. De ce suivi psychologique dépend le résultat, sachant que l’apprentissage d’un instrument est toujours fait de haut et de bas.

Autre moment clé, la rencontre avec le professeur. L'origine orientale de cette méthode trouve là toute sa vertu en instaurant le débat. Il peut porter sur la technique, la pédagogie, voire la philosophie. Les parents rapportent leur impression, leur vécu, auprès du professeur, mais aussi en suggérant des pistes, des idées aux autres parents présents.

Les réunions ont lieu chaque trimestre ou une à deux fois par an. Les parents se réunissent généralement en fonction du niveau de leurs enfants. Cet esprit communautaire est significatif de l'approche pédagogique de la méthode Suzuki.


CONCLUSION

Ce souci d’approche personnalisée, mais également en collectivité permet d’acquérir sereinement une bonne dynamique, une accroche qui peut perdurer dans le temps ; ce qui est essentiel dans l’apprentissage musical. En accordant de l’importance à l’épanouissement de l’enfant, on lui permet d'optimiser son rythme et son équilibre.

Le taux de réussite est correct sous la réserve que l’école dispose des moyens nécessaires (qui peuvent être lourds : locaux, instruments divers, discothèque, concert, professeurs formés…) et de l’implication des parents sur le long terme, ce qui, sous nos latitudes, est parfois difficile, voire impossible à organiser de façon pérenne.

Toutes les grandes villes ont généralement un institut, une école ou une association qui pratique la méthode Suzuki : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg, Montpellier…

Toutefois, restez vigilant, car cette approche pédagogique, prônée par certaines structures, semble délicate à mettre en place. Elle n’est pas sans défaut. On lui reproche souvent les faits suivants : un apprentissage sans base solide, un répertoire pas toujours adéquat, des interprétations robotisées et des professeurs pas toujours bien formés à cette approche (depuis le début des années 2000, une audition est devenue obligatoire). Je rajouterai aussi l’absence de développement purement créatif.

Le principal avantage de la méthode Suzuki est de familiariser l’enfant, dès le plus jeune âge, à la pratique musicale collective. Ce n’est pas un enseignement dit « de masse », car son introduction en Occident a été réadaptée. Néanoins, à la fin, cela lui ressemble quelque peu.

Par ELIAN JOUGLA

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