PÉDAGOGIE



L'IMPORTANCE DES NUANCES QUAND ON JOUE DU PIANO

Cette page fait suite à TRAVAILLER LA SONORITÉ AU PIANO


QUELQUES REMARQUES SUR LE JEU DES NUANCES

1 - La mélodie et l'accompagnement : une erreur d'interprétation assez répandue consiste dans le rapprochement dynamique entre la mélodie et l'accompagnement. On ne distingue plus le jeu des mains. La sonorité est compacte, mais sans profondeur. Le manque "d'aération" entre la mélodie et l'accompagnement choque l'oreille. En demandant à l'élève d'exagérer la distance dynamique entre les deux plans (main gauche, piano - main droite, forte), je l'aide à corriger ses fautes et à prendre conscience de l'importance du jeu des deux mains. Cette approche peut s'appliquer également dans l'enchevêtrement de voix, comme celui d'un prélude ou d'une fugue en musique classique.

2 - Le crescendo : une autre erreur d'interprétation en musique classique consiste, lors d'un passage en crescendo, à terminer instantanément celui-ci par un forte caractéristique. L'approche d'une nuance comme celle-ci ne doit pas devenir mécanique, le jeu du musicien doit rester quelque part instinctif. Il doit varier son jeu en considérant la progression de façon géométrique et non pas arithmétique, en tenant compte que le crescendo ne doit jamais partir pour aboutir toujours au même endroit de la même manière.

3 - Examiner le morceau attentivement : prenez le temps de l'observation, lentement, avec concentration. En agissant ainsi, vous prendrez conscience des pièges du morceau. N'oubliez pas que dans le feu de l'action, en interprétant un morceau devant votre professeur ou devant un auditoire, rare sont ceux qui gardent la même quiétude intérieure, la même contention.

4 - Prenez garde à l'essoufflement : il arrive parfois que lors d'un passage forte prolongé, le pianiste s'échauffe et ne semble plus s'apercevoir que le forte faiblit peu à peu. Cela provient d'un manque de coordination entre l'exigence de la sonorité et le processus moteur du pianiste qui n'est plus capable d'être libre, mais devient progressivement tendu ; freinant souvent son interprétation. Le rythme et le son deviennent alors faussés. N'oubliez pas que la liberté motrice va de pair avec la liberté musicale.

5 - L'emploi de la pédale : en musique classique, si vous déchiffrez sans utiliser la pédale, cela vous permet de déterminer l'exactitude de chaque son. Mais il est difficile d'établir son utilité en la séparant du son, du rendu sonore. Il est donc plus utile, si le discours musical de l'œuvre est compris, d'utiliser la pédale au moment du déchiffrage, afin d'obtenir un résultat sonore satisfaisant et conforme à ce qu'a voulu l'auteur.

6 - Les plans sonores : la polyphonie consiste à interpréter différents plans sonores (le thème principal, l'accompagnement, les voix secondaires). Les plans sonores occupent toute l'histoire de la musique polyphonique classique (de la musique baroque jusqu'à la musique du 20e siècle). Parfois, comme chez J.S Bach, elle consiste à utiliser des voix dans des directions opposées (fugue) ou en mouvement réfléchi (prélude).

La basse, par l'utilisation de notes longues, joue un rôle déterminant dans la sonorité globale, surtout quand elle est en opposition avec des notes courtes comme des doubles croches. La basse sert dans ce cas de point d'appui pour souligner l'harmonie, elle doit être jouée avec précision.

Vous avez essentiellement en écriture musicale trois plans : la ligne mélodique, la ligne médiante (accord) et la ligne de basse. Les limites de la sonorité supérieure (mélodie) et inférieure (basse) sont à la musique ce que le cadre est à un tableau. Si la basse et les accords (harmonie) prédominent sur la mélodie, le morceau devient vite un "personnage sans tête". À l'opposé, une basse, dont la puissance est faible, rend le personnage cul-de-jatte et quand c'est l'harmonie qui domine, le personnage est tout en ventre. On peut rapprocher ces images comme si vous jouiez avec les basses et les aigus de votre chaîne Hi-fi (toutes proportions gardées).

Il est parfois difficile de faire ressortir une mélodie au piano quand celle-ci utilise le 5e doigt de façon continue, surtout dès qu'elle s'oppose à une main gauche jouant des basses à l'octave. Dans ce cas, exagérer la mélodie en la jouant forte, tandis que l'accompagnement sera piano et les basses mezzo-piano. Généralement, l'élève qui est capable d'entendre les différents plans sonores trouvera la bonne façon d'interpréter.

7 - Notes longues : au piano, lors d'utilisation de valeurs longues (rondes, notes tenues pendant plusieurs mesures), les notes doivent être jouées plus fortes que quand leurs valeurs sont courtes (noire, croche, …), simplement à cause du caractère déclinant de la sonorité ; le son mourant petit à petit. Attention toutefois, à ne pas exagérer cette manière d'utiliser les basses, car vous risquez de rendre la sonorité lourde où d'être à l'opposé d'une indication voulue par le compositeur.

8 - Mains petites : elles provoquent souvent une prédominance du pouce sur le cinquième doigt, lors d'utilisation du jeu en octave ou avec des accords. Cela s'entend tout particulièrement quand la mélodie est jouée en octave. Je conseille dans ce cas l'étude d'exercices consacrés aux doubles notes, de la seconde chromatique jusqu'à l'octave. Il faut considérer ces exercices comme des exercices de polyphonie. En jouant deux notes, ce sont deux voix qu'il faut pouvoir jouer différemment.

Un autre problème que l'on rencontre avec des mains petites est la négligence envers les doigts non occupés lors de l'exécution des accords. Lors de passage forte, ceux-ci ont tendance à faire naître un son. Pour éviter cela, il faut baisser la main et lever plus haut les doigts, comme s'ils regardaient les touches de haut. En gardant cette position, difficile au départ comme toute nouvelle position, vous augmenterez la qualité du toucher et la précision de jeu.

Par ELIAN JOUGLA


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