LES QUESTIONS DU CANDIDE



APPRENDRE LE PIANO QUAND ON EST PIANISTE DÉBUTANT

Bravo, vous avez décidé d'apprendre le piano... mais attention, dès qu'il s'agit de mettre en application cette décision, une somme de questions se posent : Où ? Quand ? Combien ? Sur quel matériel étudier ? Le style : jazz, variété, rock ? Cette page apporte les réponses.


1 - Déterminer votre ambition artistique

Voulez-vous monter un groupe, écrire des chansons, gagner de l'argent avec la musique, taper le bœuf avec des amis le samedi soir ou bien apprendre par cœur une partition ? Déterminez cela dès le départ. Vos intentions évolueront probablement en cours de route, lorsque votre connaissance du sujet s'élargira et vous donnera des idées, mais l'objectif initial est important et doit vous servir de point de repère, au cours de votre évolution musicale.


2 - Le temps qu'il faut consacrer à l'instrument

Prenez une décision que vous pouvez tenir. Il est évident que si vous avez un travail, des enfants ou une maison à entretenir, etc. il vous sera peut-être difficile de consacrer de longs moments par jour au travail de votre instrument. Il vaut mieux décider de suivre une heure de cours, voire deux heures si cela est nécessaire par semaine et de travailler une 1/2 heure par jour, et s'y tenir, que de fixer des objectifs démesurés et tout laisser tomber au bout de quelques jours ou quelques mois, parce que ce n'est tout simplement pas possible.


3 - Le coût financier

Votre budget musique entre, selon le cas, dans la catégorie "formation" ou dans la catégorie "loisirs". Si vous entrez dans la seconde, une heure de cours de piano par semaine suffit en principe, mais si vous avez l'intention un jour par exemple de gagner de l'argent grâce à ce que vous allez apprendre (même si cela reste une opération ponctuelle ou d'appoint à un métier que vous avez), vous pouvez alors considérer cela comme une "formation" et envisager deux heures, voire davantage de cours de piano par semaine.


4 - Le choix du matériel

Un piano acoustique n'est pas forcément nécessaire, dans le cas où vous seriez débutant et que vous voudriez apprendre la musique "moderne"; en revanche, dans l'apprentissage de la musique "classique" et surtout pour la technique des doigts, je vous le conseille.

Si vous êtes débutant, vous pouvez acquérir pour une somme modeste (entre 300 et 500 €) un clavier dit "portable" ou "portasound" avec boîte à rythmes (indispensable lorsque l'on veut progresser dans le travail du rythme) et lecteur de sons échantillonnés. Son inconvénient réside dans le toucher ressort très souple, ne favorisant pas la musculature des doigts. Pour une somme un peu plus élevée (entre 800 et 2000 €), vous avez la solution du piano numérique à toucher lourd dit "lesté". Hormis la boîte à rythmes et de nombreuses sonorités, certains modèles sont équipés d'un séquenceur interne, mais son avantage premier est d'offrir une mécanique plus proche du piano traditionnel. Reste le synthétiseur, que l'on confond souvent avec les claviers " portables " ; instrument des temps modernes, il vous permettra, si la recherche sonore vous intéresse, de créer vos propres sons.


5 - Les fausses idées

''Le classique avant'' : il est évident qu'une personne ayant étudié la musique classique pendant quelque temps possède un "bagage" qui lui sera souvent utile lorsqu'elle abordera un autre style, surtout si ce style fait appel à des connaissances théoriques, ce qui est le cas du jazz par exemple qui est une musique qui n'est pas construite seulement autour de l'improvisation. Il est tout aussi évident que, si cette personne n'est pas intéressée par la musique classique en tant qu'étude, le temps qu'elle passera à cette préparation sera du temps perdu, parce que le sujet ne la passionnera pas, et qu'elle risquera de se dégoûter une bonne fois pour toutes de la musique en général. Par conséquent, ce temps sera bien mieux employé si elle s'initie au style de musique qu'elle aime vraiment (jazz, rock ou blues par exemple)

"Huit heures par jour'' : certains disent qu'il faut travailler dur pour apprendre la musique. On parle parfois de plusieurs heures quotidiennes : tout est une organisation de travail. Ce travail de l'instrument peut ne durer que 30 minutes par jour et être pourtant profitable s'il est bien mené en accord avec le professeur.

''La théorie'' : un certain nombre d'idées reçues accompagnent la question du "solfège". C'est ainsi que l'on appelle la "théorie de la musique" depuis qu'elle est enseignée dans les conservatoires. L'étude de la théorie est, certes, indispensable à la compréhension d'un sujet, mais elle reste stérile si elle ne s'accompagne pas de la mise en pratique de celui-ci. Il est donc dommage que certains professeurs conseillent l'étude de plusieurs mois, voire d'une année de "solfège" avant celle de l'instrument proprement dit. Laissons les futurs musiciens s'exprimer, jouez !

L'idéal est un enseignement qui allie l'étude de la théorie à son utilisation par l'exemple, par la créativité, par l'observation directe de son application. En revanche, un enseignement entièrement dépourvu de théorie peut rapidement se trouver limité, dans la mesure où le musicien aura la "machine" mais pas le mode d'emploi. Toutefois, la part d'autodidacte et instinctive de l'élève doit être préservée.

"Le choix de l'instrument'' : il est intéressant de constater à quel point certains instruments ont une réputation de difficulté sans commune mesure avec la réalité. Il est vrai que l'étude du violon ou celle de la trompette est plus ingrate, non pas parce que l'instrument est plus difficile d'utilisation de façon globale, mais simplement parce qu'un débutant trouvera moins rapidement le plaisir à en sortir des sons harmonieux. Dans ce cas, l'impression de difficulté vient du fait que l'effort n'est pas récompensé aussi vite que pour un guitariste qui au bout de quelques mois peut jouer le tiers du répertoire des Beatles... Mais, une fois le premier cap passé, les contrastes entre les instruments du point de vue de la difficulté technique ne sont pas aussi importants que ce que l'on croit parfois. Il arrive même fréquemment que les instruments qui sont les plus ingrats au départ soient particulièrement agréables à jouer (et à entendre) une fois l'initiation terminée (c'est d'ailleurs généralement le point de vue de ce premier public, ô combien exigeant que sont les voisins de palier...)

''Le handicap de l'âge'' : est-il vrai qu'on ne peut plus faire de musique après 30 ans ou après 40 ans... bien sûr que si... on peut apprendre la musique à tout âge. On peut jouer en groupe, pratiquer des gammes pour la technique ou bien écrire des morceaux. On peut arriver en peu de temps à un niveau acceptable. Apprendre la musique ne prend pas 20 ans. On n'est pas plus idiot ou plus incapable à 30 ans ou 40 ans qu'à 10 ou 20 ans. Par conséquent, le handicap de l'âge est une autre chimère qui n'a pas grand-chose à faire dans la liste des obstacles à la pratique de la musique, que l'on soit débutant ou non.

''La disponibilité'' : la pratique de la musique demande un investissement en temps d'une 1/2 heure par jour au minimum, pour un débutant. Il est clair qu'à ce rythme-là, la progression ne sera pas époustouflante, mais elle sera là quand même et les joies de la musique vous seront accessibles, malgré ce peu de disponibilité. Cependant, une étude approfondie, visant un niveau professionnel, demande effectivement un peu plus que cela.

Il est donc faux de penser qu'il faut beaucoup de temps libre pour apprendre la musique. Cela dépend du niveau recherché et de la méthode utilisée, mais en général le temps nécessaire à la pratique d'un instrument est généralement inférieur à ce que l'on croit, à condition que cette pratique devienne régulière. Il vaut mieux travailler 20 minutes par jour que 3 heures toutes les 2 semaines.

''Jouer en groupe est réservé aux professionnels'' : FAUX, car c'est souvent ainsi que l'on apprend le plus vite la musique, surtout dans les styles qui se prêtent facilement à ce jeu, comme le rock ou le jazz dans quasiment toutes ses formes. Le fait de jouer en groupe n'est pas réservé aux "pros", et doit au contraire faire partie de tout programme d'enseignement, destiné à apprendre quelque chose à des musiciens dont le groupe est justement la principale activité artistique.


6 - Quelques idées vraies

''Travaillez, prenez de la peine'' : apprendre un instrument, quel qu'il soit (y compris la voix) demande un travail personnel, et comme il était dit au-dessus, régulier. Il faut donc s'attendre, entre les moments agréables où l'on profite des plaisirs de la musique (découverts peu à peu), à suivre jour après jour un programme qui relève parfois davantage de la culture physique que de l'art proprement dit. C'est à ce prix qu'un jour, vous vous apercevrez subitement du chemin parcouru et de l'aisance acquise.

''Méthode ou pas'' : toutes les méthodes ou ouvrages pédagogiques ont leurs points faibles et leurs points forts, suivant les sujets auxquels elles sont destinées. Il n'existe pas à ma connaissance de méthode pouvant résoudre tous les problèmes que l'on peut rencontrer en musique, tellement les paramètres de son enseignement sont nombreux et diversifiés. Toutefois, n'oubliez pas non plus qu'une méthode d'enseignement constitue un tout, censé être homogène, et qu'un jugement sur une seule de ses parties, isolée du reste et des résultats de l'ensemble, ne peut être que faussé et incomplet.

"Mise en Garde concernant les méthodes et leurs utilisations" : méfiez-vous de ceux qui vous proposent dans un temps record des résultats spectaculaires avec des méthodes révolutionnaires... Il s'agit trop souvent d'une démarche commerciale trop appuyée et idéaliste... C'est de l'intox ! .

Certaines méthodes d'approche musicale sont si habiles et rusées de la part de leurs auteurs, qu'elles sont capables de faire germer dans la tête du débutant que tout est possible, que le rêve de jouer de la musique avec plaisir est à leur portée… que les handicaps connus de la musique s'efface comme par magie ! N'oublions pas que toute méthode à un début et une fin. Que se passe-t-il ensuite pour l'élève ? Sera-t-il capable de poursuivre tout seul ou sera-t-il toujours dépendant d'un système éducatif quelconque ? Le but d'un bon enseignement est de permettre à la personne qui apprend d'acquérir une autonomie, une indépendance, de trouver la voie de la liberté intérieure.

Toute méthode n'arrivera à satisfaire qu'un certain nombre de personnes. Il faut fuir tout enseignant s'appuyant exclusivement sur une méthode particulière... C'est trop souvent un manque de compétence ou un manque d'intérêt pour la pédagogie ou de respect envers l'élève. Les méthodes ne doivent être qu'un point d'appui pour le professeur et pas autre chose. C'est à lui à s'adapter à la demande de son élève et pas le contraire !

Si l'on désire ouvrir l'esprit à la sensibilité musicale... faire découvrir le "monde magique" de la musique, ce n'est pas par la contrainte que l'on y arrive ! C'est par une approche individualisée et ciblée que se situe tout l'avantage énorme d'un cours particulier digne de ce nom et c'est là aussi l'une des tâches difficiles qui incombe à tout bon professeur. Il se doit d'aborder chaque élève avec ses aptitudes et sa personnalité, être à son écoute et devancer son évolution. C'est indispensable si l'on veut une part de réussite et d'honnêteté dans la démarche.


7 - L'enseignement moderne : les nouveaux supports...

De nouveaux supports apparaissent, c'est en particulier le cas de la vidéo, utilisé généralement comme accessoire de travail, sur lequel l'élève peut observer et corriger ses erreurs, son jeu de scène, etc.

Le cas de l'enseignement assisté par ordinateur (CD-Rom) est assez différent. Sans lancer un grand débat sur le sujet, on peut dire dans l'état actuel des choses que l'on trouve plus ou moins ce que l'on veut. Le pouvoir d'attraction des ordinateurs est un piège dans lequel on peut "tomber". Savoir programmer un logiciel, construire des séquences (pour une orchestration par exemple) est un travail de fourmi où la part technique ne doit pas l'emporter sur la créativité, la musicalité, sinon à court terme on devient plus un technicien qu'un musicien, et c'est là l'erreur. Certains domaines comme l'arrangement ou le solfège peuvent bénéficier de l'apport informatique, à condition que son utilisation ne demande pas un apprentissage plus long que l'instrument lui-même. Il faut se munir d'un logiciel simple à l'emploi lorsque l'on débute en informatique. En cherchant un peu et en se faisant conseiller, on peut trouver "le logiciel" fait pour soi.


8 - Le "feeling" peut-il se travailler ?

Éternel débat ! Si ce n'était pas le cas, se serait bien triste, et seuls les tristes professeurs prétendent le contraire. Tout peut se travailler ! Il est vrai que certaines personnes parviennent davantage que d'autres à transmettre leurs sentiments en jouant d'un instrument. Le fait de jouer en groupe est un excellent moyen de travailler l'aspect "communication" de la musique. Toutefois, apprendre du blues ou une grille de jazz, simple et carrée (mais pas trop) en quelques semaines ou quelques mois, ne relève pas du tout de la science-fiction.


9 - La vitesse et le rôle du professeur

L'enseignant a une responsabilité fondamentale sur la curiosité et la faculté d'adaptation qu'il communique à son élève, en abordant avec lui un répertoire varié. Un professeur médiocre ne saura pas aller à sa vitesse et aura tendance à aller à la sienne. N'hésitez pas à demander à votre professeur de se mettre à votre niveau, et de vous expliquer ce qui se passe ou ce que vous n'arrivez pas à saisir. Il est là pour ça et cela fait partie de son travail. On évitera également, autant que possible, le piège du professeur qui enseigne à l'élève des kilomètres de théorie sans jamais le faire jouer, improviser ou taper le bœuf avec ce qu'il a appris.

À ceux qui se destinent au "piano moderne", choisissez un enseignant au courant de l'informatique, de la technologie musicale, de l'acoustique et de la mécanique du clavier. Cela peut vous être utile devant un instrument à la technologie poussée ou le jour de l'achat d'un instrument.


EN RÉSUMÉ...

10 - La marche à suivre du pianiste débutant

  • 1. Précisez le style musical désiré.
  • 2. Le niveau que l'on veut atteindre (adapté à vos besoins et à vos capacités).
  • 3. L'accessibilité.
  • 4. L'investissement demandé.
  • 5. Les horaires.
  • 6. Le calendrier (idem pour les vacances).
  • 7. Le programme du professeur.
  • 8. Le budget pour le matériel et les ouvrages pédagogiques dont vous allez avoir besoin.

11 - Les bons conseils quand on souhaite apprendre à jouer d'un instrument.

  • 1. Ne laissez pas tomber à la première difficulté (et même aux suivantes).
  • 2. Suivez les instructions du professeur ou des manuels en cours.
  • 3. Travaillez quotidiennement votre instrument.
  • 4. Appliquez tout ce que vous apprenez au fur et à mesure (n'attendez pas trop).
  • 5. Dès que vous le pouvez, jouez en groupe.
  • 6. Atteignez les buts que vous vous êtes fixés, et... fixez-en d'autres.
  • 7. Jouez pour le plaisir et souvent. Observez les résultats de vos cours.
  • 8. Un dernier conseil : Ne soyez pas pressé d'arriver... prenez votre temps !

12 - Vous désirez apprendre à jouer du piano Jazz ?

  • 1. Écoutez "activement" le jazz sous toutes ses formes. Soyez curieux, ouvert. Connaissez son histoire et ses créateurs.
  • 2. Utilisez vos oreilles avant vos yeux (ne pas chercher les réponses dans les livres). C'est le meilleur moyen pour intégrer les différents langages du jazz.
  • 3. Travaillez l'oreille en faisant des relevés et pratiquez beaucoup le rythme.
  • 4. Favorisez les rencontres musicales en essayant d'être en contact avec des musiciens qui ont davantage d'expérience.
  • 5. Travaillez dans un esprit de groupe. Ne soyez pas trop individualiste (ne pensez pas qu'aux solos).

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