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DOMENICO CURCIO, PORTRAIT D'UN PIANISTE ATYPIQUE

Le pianiste Domenico Curcio ne manque pas de projets, ni de talent. Pianiste des temps modernes et ancré dans les technologies du Net, Domenico Curcio est le premier pianiste à avoir proposé des concerts gratuits au domicile du particulier et à les diffuser en direct sur son site, via Internet. Très actif, il a sorti en 2010, son premier disque intitulé, tout simplement... 'Piano Solo'.



DOMENICO CURCIO... CÔTÉ PIANISTE



Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Piano Web ?

Domenico Curcio : je m'appelle Domenico Curcio, j'ai 30 ans et je vis en Belgique à 25 km de Bruxelles. J'ai commencé le piano à l'âge de huit ans et je ne l'ai jamais lâché depuis. Au départ, je voulais apprendre à jouer du synthétiseur et c'est en m'inscrivant au cours que l'on m'a dit qu'il fallait impérativement apprendre le piano. J'ai donc suivi les cours de piano, mes parents m'ont alors acheté un piano droit d'étude et j'ai tout de suite accroché. Plus tard, j'ai testé et acheté plusieurs synthétiseurs. Travailler les sons sur des machines m'intéressent et me passionnent. Peut-être une prochaine expérience, qui sait ?

Quelles sont vos influences musicales majeures ?

J'ai toujours écouté tous les styles. Certaines œuvres m'ont marqué au piano : Metamorphosis de Philip Glass, le Köln Concert de Keith Jarrett, Erik Satie, Chopin, et encore bien d'autres... J'aime les compositeurs qui laissent respirer les notes, la mélodie. Ressentir la musique, analyser les lignes mélodiques, me laisser enivrer, c'est ce que j'apprécie le plus.

La musique de Yann Tiersen et sa musique 'Le fabuleux destin d'Amélie Poulain' a influencé de nombreux pianistes de votre génération. Qu'en est-il pour vous ?

Pas vraiment, car j'ai commencé à composer vers l'âge de 15/16 ans. À cette époque, j'avais déjà envie de réaliser un album dans le style "Piano Solo", et cela, bien avant la musique d'Amélie Poulain. En revanche, cela m'a permis de constater que ce style de musique pouvait plaire à un large public. En postant mes premières compositions sur les réseaux sociaux et mon blog, j'ai été le premier surpris des réactions, cela m'a donné envie de finaliser mes compositions et de produire mon premier album, plutôt que de courir les maisons de disque.

Vos compositions sont structurées et font rarement appel à l'improvisation. Quel regard portez-vous sur la musique jazz ou blues, par exemple ?

Le jazz m'intrigue. J'ai essayé plusieurs fois d'apprendre avec des jazzmen, mais je devais, à cette époque, tout d'abord finaliser mon album avant de penser à m'ouvrir vers un autre style. En concert, j'improvise autour de mes compositions et j'essaye d'emporter le public avec moi. Mes compositions ont une logique, un fil conducteur, mais elles ne sont pas écrites, d'ailleurs je n'ai aucune partition, car elles évoluent encore d'un concert à l'autre.

Vous êtes le premier à avoir lancé les concerts gratuits chez l'habitant. Cette initiative est-elle toujours comprise ou vous faut-il parfois vous justifier ?

Ce n'est pas toujours très bien compris par les gens, en effet. (rires) On me dit souvent que justement, cela devrait être l'inverse et être plus cher puisque c'est à domicile ! Le but premier était de tenter une expérience et de partage de la musique. Faire confiance à des inconnus pour organiser un concert chez eux, inviter leurs amis, découvrir différents mondes, cultures, personnes et transmettre le tout sur Internet et qui plus est en direct ! Une sorte de défi... Aujourd'hui j'ai envie d'aller plus loin dans les expériences musicales.


DOMENICO CURCIO : VELOCE

Si j'ai bien suivi votre parcours, de la Belgique, vous êtes venu jouer en France avant de partir au Canada et aujourd'hui vous venez de faire escale à Londres. Est-ce votre projet qui vous fait ainsi voyager ainsi ou avez-vous l'âme d'un globe-trotter ?

J'adore le Web et j'adore voyager. Pour moi, le monde est un village et c'est lorsque l'on s'éloigne de chez soi que l'on comprend mieux d'où on vient et ce qu'on vit. Pour la musique, c'est pareil, lorsque je retourne à mes autres vacations, comme le graphisme ou le web, je reviens toujours plus ressourcé à mon piano. J'aime beaucoup mélanger les domaines, les idées, les pensées. Il ne faut pas s'enfermer sur soi-même. Il faut s'ouvrir, regarder, 'faire l'éponge' pour mieux donner dans sa musique. Un projet en nourrit un autre, j'ai fait un premier album pour enfants, aujourd'hui 'Piano Solo' et demain encore d'autres projets et j'espère un tour du monde dans quelques années. Pourquoi pas un 'Piano Solo Tour' ! (rires)


Depuis que je vous suis, je dois saluer vos initiatives. Votre premier CD 'Piano Solo' et votre façon d'en faire la promotion est assez singulière à une époque où la copie sauvage existe toujours bel et bien. Quel est votre avis sur la question ?

Tout d'abord, je vous remercie pour l'intérêt que vous portez à mon projet. Cela me touche vraiment. 'Piano Solo' était vraiment une suite d'idées qui devait comprendre des concerts en ligne, en direct, à domicile, un album en 'Creative Commons', un don pour l'UNICEF sur les CD vendus… J'ai essayé de me démarquer, de rechercher vraiment ce que j'avais envie au fond de moi et la meilleure façon d'y arriver. Aujourd'hui, je reçois des courriels d'inconnu(e)s qui veulent absolument le CD, les partitions et qui veulent me voir près de chez eux en concert... c'est fabuleux !

J'ai toujours pensé que le MP3 n'avait pas de valeur. Je le pense toujours et bientôt le streaming remplacera le téléchargement, comme le modèle 'Spotify'. On écoutera ce qu'on veut, quand on veut et tout ceci gratuitement. C'est essentiel pour découvrir des artistes. Je pense que rien ne remplacera le live, que les artistes doivent développer leur 'fanbase', non pas en ayant un Facebook et un Twitter 'cool', mais bien en montrant leurs talents. Les fans achèteront des coffrets CD de luxe, retourneront aux vinyls, iront à la rencontre des groupes, etc.

Je pense qu'on va vers un phénomène de niches de luxe. Internet permet de trouver des fans dans le monde entier. Que les gens 'copient' mon album ne me dérange pas, du moment qu'ils aiment et qu'ils en parlent autour d'eux, ça ne peut qu'être bénéfique pour moi. Si j'ai des milliers de fans dans une région, ça me permettra d'organiser un concert qui finalement me promotionnera... Donnez votre musique !



DOMENICO CURCIO… CÔTÉ WEB



Votre activité sur votre site est très dynamique. Cela vous occupe-t-il beaucoup de temps ?

Oui, cela me prend énormément de temps. Au moment de la sortie de l'album, cela me prenait toutes mes soirées, nuits et week-end. Il y a du travail de maintenance du site, de promotion, d'envoi des dossiers, de veille sur Internet, de photos, vidéos,... une véritable entreprise.


DOMENICO CURCIO : PETITE VALSE

Vous avez parié sur la retransmission de vos concerts en direct par webcam. Aujourd'hui, je suppose que vous avez eu le temps de relativiser sur les difficultés techniques rencontrées. Quelles sont-elles ?

La difficulté, c'est de faire confiance à la personne qui m'invite et de prévoir un maximum de solutions de rechange. (rires) Un jour, je suis arrivé chez une personne pour un concert à domicile qui m'avait dit avoir une connexion internet. Trois heures avant le concert, je m'approche avec mon câble ethernet pour me connecter et là, la personne me montre la prise dans le mur en me disant : 'c'est là Internet, non ?'…

Grand moment de solitude de mon côté, pas de routeur, pas de modem, aucun abonnement, rien du tout ! J'ai finalement eu de la chance, car il y avait un WIFI non sécurisé dans l'air et j'ai croisé les doigts pour que le voisin ne le coupe pas durant le concert !

Mis à part cela, les difficultés sont minimes à partir du moment où vous êtes bien entouré et organisé. Il faut bien évidemment investir dans du matériel et réfléchir à son côté 'nomade', comme un ordinateur portable, une carte son minimale, des micros et une webcam…

Ma femme m'aide beaucoup dans mon projet, elle me soutient et s'occupe de la promo Facebook et Twitter. Les internautes également, lorsqu'ils postent sur leurs murs Facebook le concert en direct, ils en parlent et le bouche-à-oreille fonctionne. Toujours le partage... (rires)

N'avez-vous jamais eu envie de continuer vos concerts, mais en utilisant le différé ? Il doit bien arriver que le manque de place, l'acoustique ou le piano fasse défaut…

Je ne suis pas trop pour le différé. Je suis spontané, j'aime le côté éphémère et la pression du concert live. Je regarde d'ailleurs rarement le résultat, je fais confiance à mon entourage, mes amis qui regardent le concert en ligne.

Je suppose que vous misez, dans l'avenir, sur une généralisation de l'Internet à haut débit, voire très haut débit ?

Oui j'ai des idées pour le futur. Tous les musiciens se posent la même question : comment monétiser son art sans devenir un produit ? Garder son intégrité et vivre de son art. J'ai une idée qui n'a pas encore été exploitée, mais je ne peux pas encore la mettre en place pour le moment. J'ai besoin d'investisseurs. Plus tard peut-être, car pour faire vivre cette expérience j'aurai besoin de beaucoup de fans... à suivre donc.

Beaucoup de pianistes se contentent de mettre en ligne leurs œuvres en utilisant les sites communautaires, tels YouTube, DailyMotion ou MySpace. Quel est l'avantage pour vous d'avoir opté pour un site personnel ?

Il faut différencier le partage de vidéos sur YouTube et un site personnel. Avoir son 'nom.com' c'est quand même un sacré plaisir ! D'autre part, je m'inscris dans une vraie démarche professionnelle. Ce n'est pas juste un 'hobby'. Je pense, que pour les internautes, il est important qu'un artiste ait son propre site, même s'il reprend beaucoup de liens vers YouTube, Dailymotion et autres. Il faut multiplier les canaux, mais le site personnel doit être le point de départ de tout.

Du côté de l'artiste, ce dernier doit trouver des outils rapides pour optimiser son contact avec ses fans. Il en existe plusieurs... Je donne d'ailleurs parfois des formations pour les jeunes artistes, pour des associations qui veulent lancer des projets avec les jeunes, des ateliers de création musicale avec des enfants, de la M.A.O, et Ubuntu studio.

L'arrivée d'Internet a provoqué un bouleversement dans nos habitudes. Le musicien n'y échappe pas non plus. Ne craignez-vous pas que la puissance médiatique d'Internet le conduise à passer plus de temps derrière l'écran qu'à produire ou à créer ?

Internet est une belle vitrine qui permet de communiquer son art. Après, il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas en restant derrière l'écran que les choses avancent. Il faut sortir du Web, c'est essentiel… Mélanger le réel et le virtuel. L'un nourrit l'autre. Si vous racontez toute la journée que vous répétez dans votre chambre, ça va vite ennuyer vos fans. L'idée des concerts à domicile est aussi basée là-dessus.

Comme imaginez-vous votre avenir de musicien et celui de votre site ?

J'aimerais beaucoup composer de la musique pour un long métrage. Peut-être aurai-je mon heure de gloire comme tous les grands... (rires)

J'espère faire de belles rencontres, collaborer sur des projets intéressants et réaliser toutes mes idées, parfois farfelues. A moyen terme, je souhaite ouvrir mon nouveau site Internet, éditer mes partitions, préparer d'autres albums, enchaîner les concerts en salle et en live sur la toile également... la vie d'artiste en 2.0 !

Pour conclure, quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune musicien qui voudrait se lancer dans la réalisation d'un site ?

Se former, s'informer, bien réfléchir à ce qu'il veut faire. Penser au but et trouver les outils dont il a besoin sur le net. Je crois que la vidéo est l'avenir, ainsi que le live. Le contenu exclusif, le contact entre artiste et internaute reste très important. Travailler sans cesse son live, s'entourer de personnes de confiance qui vont vous soutenir et vous guider. Persévérer et surtout ne jamais abandonner.

Propos recueillis par Elian Jougla (Piano Web - 02/2011)


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