LES QUESTIONS DU CANDIDE



LA MUSIQUE, SES MÉTHODES ET SES SERVICES RENDUS

RÉPONSES À DES QUESTIONS ESSENTIELLES (3)


PART 3

PART 1

PART 2

PART 4

PART 5




PART 3

01 - Les méthodes sont-elles un bien ou un mal ?

Ni l'un, ni l'autre ou les deux à la fois. Des méthodes, il en existe beaucoup, de tous niveaux, dans de nombreux styles et pour tous les âges ; et pourtant j'affirme que l'utilisation d'un enseignement basé sur une méthode pose de nombreux problèmes.

D'abord une méthode, qu'est-ce que c'est ? Une façon de penser, d'imaginer et de communiquer un savoir. Cette manière de penser, d'imaginer et de communiquer provient d'un individu (rarement de plusieurs). Une méthode, aussi brillante soit-elle, n'est donc que le reflet de la pensée d'un seul individu. Notre cerveau est trop riche, trop complexe, trop émotif pour se contenter d'une seule vision du savoir. Une méthode suit un procédé qui est toujours exclusif. Qu'elle soit destinée à un débutant ou à un individu avancé, cela n'y change rien ! C'est un moyen, une voie vers une destination précise : celle qu'à voulu l'auteur et pas forcément celle à laquelle aspirent les apprentis qui l'utilisent ; aussi bon soient-ils !

Chaque méthode fait intervenir différemment un style de musique, un niveau de compétence technique et surtout un degré de maturité. Tous ces éléments, il faut en tenir compte avant-même de commencer à faire travailler l'élève sur la méthode en question.

J'ai moi-même créé des ouvrages pédagogiques, que je n'emploie pas systématiquement dans mes cours. En premier lieu, après avoir expliqué le but de l'ouvrage, je le teste sur l'élève pendant quelque temps, pour voir si cela correspond à ses attentes. Dans le cas où l'intérêt pour l'ouvrage est insuffisant, il n'y a pas à hésiter, je laisse tomber et je prends la responsabilité de trouver une autre voie d'apprentissage. C'est une des obligations qui doit incomber à tout bon enseignant qui se respecte.

Pour illustrer mes propos, prenons ce simple exemple : supposons que j'utilise la Méthode Rose (une méthode ancienne, réputée et encore utilisée de nos jours dans l'enseignement de la musique) et deux élèves motivés : le premier âgé de 10 ans et l'autre âgé de 20 ans. Cette méthode comprend des petits morceaux pour débutant de style classique et des exercices progressifs. Les deux personnes ont travaillé sur cette méthode pendant six mois… le temps de la découvrir. Que se passera-t-il si l'on continue à l'utiliser ? Il existe de fortes probabilités pour que l'élève de 20 ans abandonne. Pourquoi ? Ce ne sont pas les dessins d'illustrations qui pose un problème ou le côté progressif de la méthode qui est en cause, cela provient simplement des morceaux qui sont enfantins et qui ne correspondent pas à la culture musicale de l'élève de 20 ans et à son degré de maturité. Ceci n'est bien sûr qu'un exemple parmi tant d'autres.

Une pédagogie adaptée à chaque individu, réclame de la part de l'enseignant, un potentiel important de ressources personnelles, au niveau de la connaissance de la méthode utilisée (il en existe beaucoup) comme au niveau du terrain humain : psychologique et philosophique. C'est ce qui explique en grande partie ma position vis-à-vis des méthodes : celle de refuser un parcours type, avec une méthode X ou Y assignée à tous les individus, et cela, quels que soient leurs niveaux ou leurs aptitudes.

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02 - Que pensez-vous du musicien autodidacte ?

Il existe un grand nombre de musiciens connus, qui ont jalonné l'histoire de la musique sans connaître les notes. Si vous avez une bonne oreille, il vous est toujours possible de relever et de mémoriser la mélodie et l'accompagnement, mais c'est un exercice souvent long et fastidieux. Tout dépend, en fait, du but recherché par le musicien autodidacte. S'il sent qu'il ne peut plus avancer, qu'il ne progresse plus, l'intervention d'un professeur est souhaitable. Le professeur doit lui-même avoir conservé un côté autodidacte s'il veut comprendre l'attente de son futur élève.

Le problème majeur du musicien autodidacte est qu'il s'enferme tout seul dans des problèmes techniques insolubles, dans de mauvaises habitudes qu'il devra changer s'il souhaite progresser.

J'ai toujours estimé qu'un côté autodidacte est salutaire au musicien, quel que soit le genre musical exercé. Une pratique trop exclusive des partitions ne permet pas de prendre le recul nécessaire pour s'analyser, comprendre son jeu, son inspiration, sa position personnelle face à la musique. L'apprentissage de la musique réclame toujours du recul. Il faut toujours laisser de la place à sa sensibilité personnelle. La musique ne doit pas contenir un discours trop intellectualisé si elle veut parler au plus grand nombre.

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03 - Quels sont les services rendus par l'harmonie ?

L'étude de l'harmonie aide le musicien à mieux comprendre les rouages de la musique, dans sa diversité comme dans sa complexité. La connaissance de quelques règles d'harmonie, comme celles qui régissent la construction des accords et leur relation avec les gammes donnent déjà un aperçu de son utilité.

Travailler l'harmonie ne consiste pas à étudier toute son étendue. Un musicien peut très bien se satisfaire de quelques connaissances, si celles-ci lui suffisent dans son ambition musicale.

L'étude de l'harmonie offre de nombreux avantages. Il aide le musicien à mieux comprendre certaines formes musicales écrites par l'analyse (structure de la composition, choix des accords, développement mélodique, etc.), et leurs évolutions au cours du temps. L'harmonie assiste également le musicien quand celui-ci à un minimum de connaissances en lecture, en simplifiant la transcription des idées sur le papier. Par ailleurs, elle est d'un grand recours pour comprendre les mécanismes de l'improvisation (relation gammes/accords). Enfin, l'harmonie peut venir en aide au musicien autodidacte, qui n'est plus capable d'avancer tout seul dans sa quête musicale.

En revanche, l'harmonie n'a pas de "pouvoir" créatif. Elle repose sur des règles pensées et déjà écrites que le musicien doit d'abord assimiler avant de songer à s'en servir. L'harmonie peut servir d'appui au musicien en manque d'inspiration, pour résoudre un passage en utilisant des accords de substitution, par exemple. Elle l'assistera dans la création d'un arrangement ou à mieux comprendre les raisons d'une dissonance. Mais utiliser uniquement des règles d'harmonie dans un but créatif ne produira que des morceaux stériles et sans âme. L'idée doit toujours devancer la mise en place de règles, même si elles sont bonnes ou pratiques.

L'harmonie permet surtout de renouveler son langage musical, d'aller plus loin en composition, en arrangement comme en improvisation. Son étude est donc indispensable à tout musicien qui ressent le besoin de se diversifier, de s'enrichir, dans son rapport avec la musique.

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04 - Quels sont les services rendus par la musicologie ?

La musicologie étudie les différents rapports de la musique avec l'homme et la société (sociologie de la musique), au cours de l'histoire (ethnomusicologie) et en ce qui concerne les idées et les théories. La musicologie ne doit pas être confondue avec la musicographie qui consiste à publier des textes sur la musique, sans prétendre à une démarche scientifique.

La musicologie tente de répondre, en posant un regard scientifique, aux différentes évolutions de la musique à travers son histoire et à toutes les influences qui ont construit les œuvres de toutes les époques jusqu'à nos jours. D'autre part, la musicologie est d'ordre conceptuel. Elle compare les œuvres d'hier à celle d'aujourd'hui, pour ensuite analyser l'évolution de la musique suivant cette optique.

La musicologie permet de mieux comprendre l'adaptation de la création artistique à l'environnement philosophique, scientifique et technique, d'aujourd'hui, comme d'hier. Elle analyse la composition musicale, avec un regard historique, pour saisir la place de la musique dans la société et dans son rôle universel. En analysant l'évolution des écritures et les rapports des œuvres à l'histoire, donc à notre passé, la musicologie fait ressortir les éléments essentiels à la vie que sont la liberté de l'individu et les soumissions aux codes de vie en société.

La musicologie prend également en charge l'évolution du langage musical et ses manifestations contemporaines conjuguées à l'étude des avancées de la science (acoustique musicale, ordinateur).

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05 - Que signifie improviser ?

Improviser, c'est jouer en ayant un esprit libre et vif. Improviser, ce n'est pas jouer des notes les unes après les autres, sans ressentiment. L'improvisateur laisse aller son imagination créatrice pour inventer des phrases mélodiques capables d'exprimer un style et une personnalité. La plupart des improvisations sont exécutées en solo, avec ou sans accompagnement, bien que certains styles de musique fassent appel à de l'improvisation collective : jazz de Nouvelle-Orléans, musique traditionnelle.

En général, pour qu'une improvisation ne soit pas cacophonique, elle doit reposer sur des règles d'harmonie précises et sur un développement de phrases musicales aussi claires que compréhensibles.

On peut improviser sur n'importe quel genre de musique, les seules limites sont celles du musicien, lui-même. L'improvisation se déroule librement sur des thèmes ou des chansons dont les formes habituellement carrées (12, 16, 24 ou 32 mesures) permettent au musicien de s'appuyer sur des structures solides.

En jazz, il arrive qu'on improvise en se renvoyant la balle d'instrument à instrument, sur un nombre de mesures déterminé à l'avance. La succession d'accords de l'accompagnement permet au soliste de savoir aisément où il en est dans ses développements.

Dans l'improvisation individuelle avec accompagnement, on distingue la paraphrase de la variation libre. On "paraphrase" quand on respecte dans ses grandes lignes la courbe mélodique du thème. Quand, pour créer une nouvelle ligne mélodique, l'improvisateur s'appuie uniquement sur les harmonies du thème, il exécute des variations libres. Ces deux formes d'improvisation s'interpénètrent particulièrement en improvisation collective où l'un des instrumentistes paraphrase, tandis que les autres, suivant la mobilité technique de leur instrument, exécutent des variations libres, comme dans le jazz de Nouvelle-Orléans.

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