HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



SEPT SYNTHÉTISEURS LÉGENDAIRES : MINIMOOG, ODYSSEY, PROPHET, ETC.

Sur cette page consacrée aux synthétiseurs de légende, j’ai sélectionné sept modèles qui ont contribué au développement de la musique électronique de ces 40 dernières années : le Minimoog, l'ARP Odyssey, le Prophet 5, le Fairlight CMI, le Roland Jupiter 8, le DX7 et le Korg M1. Qu’il soit analogique ou numérique, simple synthétiseur ou workstation, chacun d’eux a transformé la vision musicale des musiciens qui en ont pris possession, que ce soit du point de vue composition ou recherche sonore.




LE MINIMOOG



Avec son rival l’ARP Odyssey, le Minimoog aura marqué la décennie des années 70. Tout comme son grand frère, le Polymoog, le Minimoog conserve le même grain sonore, chaud et puissant. Son feeling sonore très communicatif a toujours été apprécié par ses utilisateurs et on oublie rapidement que le clavier est monophonique quand on le manipule. À la base de sa réussite commerciale, un filtre puissant qui contrôle non pas un, ni deux, mais trois oscillateurs et un générateur de bruit.

Le Minimoog excelle dans les basses, mais également dans les sonorités ‘lead’. Outre sa palette sonore très typée, son grand succès provient de son prix, qui était ‘abordable’ si on le compare aux grosses machines de l’époque. Par la suite, quelques modèles seront équipés du système MIDI.


LE MINIMOOG ET LES MUSICIENS

Petit par sa taille et facilement transportable, avec son panneau de commande inclinable pour une plus grande maniabilité, le Minimoog a surtout séduit les musiciens de jazz-rock dans les années 70. Les pianistes Herbie Hancock et Chick Corea l’ont souvent utilisé lors de solos à la technique démonstrative. Cependant, des artistes issus du rock sauront aussi exploiter ses sonorités, comme le groupe Kraftwerk qui l’intégrera dans sa musique robotique avec l’album Autobahn (1974).

Dans les années 80, le petit synthétiseur fera les beaux jours de la pop-électro (Depeche Mode). Aujourd’hui, grâce notamment à ses basses puissantes, le Minimoog conserve une certaine popularité et une certaine estime auprès des jeunes musiciens électro.



L’ARP ODYSSEY



Pour contrecarrer la suprématie des synthétiseurs Moog et avant tout le Minimoog, la marque ARP offrira aux musiciens plusieurs modèles de prestige, notamment l'ARP 2600 (1971) et l'ARP Odyssey (1972). Les objectifs et les approches techniques des synthétiseurs ARP sont très différents de leur concurrent Moog. Les ARP sont d’excellents outils de recherche sonore, certes complexes, mais diablement efficace quand on les maîtrise.

L'ARP Odyssey est sensiblement de la même taille que le Minimoog… mais la comparaison s’arrête là ! L'ARP Odyssey est monophonique, mais il possède un modulateur en anneau et d’autres trouvailles technologiques qui lui permettent de produire des sons bien plus diversifiés que le Minimoog. Le timbre est également plus rugueux, plus ‘électronique’. L'ARP Odyssey vivra plusieurs améliorations techniques jusqu’en 1979.


L’ARP ODYSSEY ET LES MUSICIENS

Comme pour le Minimoog, les leaders du jazz-rock s’empareront de l'ARP Odyssey pour ses sonorités ‘lead’ : Joe Zawinul (Weather Report) et Herbie Hancock (basse de Chameleon chez les Headhunters). Si son agressivité sonore fait vibrer les enceintes, entre les mains du français Jean-Michel Jarre, le synthétiseur deviendra plus discret en s’intégrant parfaitement à la magie sonore du fameux album Oxygène (1976). Le chanteur Elton John, pourtant plus connu pour être un pianiste que pour être un adepte du synthétiseur, aura recours à ses sonorités pour l’album Honky Château (Rocket Man– 1972).



LE PROPHET 5



En 1978, la firme américaine Sequential Circuits frappe un grand coup dans le monde du synthétiseur en donnant naissance au Prophet 5. Pour de nombreux synthétistes, c’est enfin la possibilité d’avoir enfin un instrument polyphonique à un prix abordable. Cinq voies pour 5 notes, ce n’est rien et beaucoup à la fois. Associé à des magnétophones multipistes, le musicien équipé du Prophet 5 pouvait aisément réaliser de riches orchestrations sans avoir recours à des ‘tracking’ incessants (report de pistes sur d'autres pistes). Le modèle T-8 qui suivra, confortera la polyphonie en proposant 8 notes, un séquenceur de 600 notes et un clavier de 76 touches au lieu de 60 pour le Prophet 5.

Un autre avantage, et non des moindres du modèle à 5 voies, est sa possibilité de mémoriser les sons et tous leurs paramètres dans une banque sous forme de patches. Jusqu’alors, la plupart des synthétiseurs en étaient incapables. Sur scène, les pianistes/synthétistes avaient deux possibilités : garder en tête les différents paramètres de chaque son ou faire appel à des fiches programmes. La dextérité manuelle comme la parfaite connaissance du fonctionnement des synthétiseurs étaient toujours indispensables pour ajuster la sonorité. Les musiciens devenaient de véritables ‘apprentis sorciers’ du son.

Pour pallier le problème de programmation, certains groupes utilisèrent sur scène plusieurs synthés du même modèle. Le claviériste passait alors d’un synthé à l’autre sans se soucier des problèmes de programmation. Les groupes Genesis et Yes useront de ce stratagème bien souvent !


LE PROPHET 5 ET LES MUSICIENS

Le Prophet 5 va devenir un excellent clavier de scène, en se positionnant à un niveau moins subalterne que ses prédécesseurs. Ses sonorités de cuivres et de cordes, seront fréquemment utilisées. Parmi les nombreux artistes et groupes de rock qui l’ont utilisé, citons : Kraftwerk, Roxy Music, Peter Gabriel, Jean-Michel Jarre, mais également David Bowie, Duran Duran ou Genesis.



LE FAIRLIGHT CMI



Le Fairlight CMI (Computer Musical Instrument) est dû à une société australienne. Premier appareil à utiliser la technologie d’échantillonnage, il était pour de nombreux musiciens plus une bête de curiosité qu’autre chose étant donné son prix exorbitant (+ de 100 000 nouveaux francs à sa sortie en 1980). L’appareil était fabriqué à la main, ceci expliquant cela. Le prix à la vente trouvera une seconde envolée avec la sortie du Fairlight de seconde série (1982), alors équipé d’un processeur plus performant.

Le Fairlight avait tout pour séduire et étonner. Avec son grand clavier et son écran de contrôle indépendant, il représentait la technologie numérique du futur. Outre sa partie échantillonnage, le Fairlight était équipé d’un séquenceur graphique, d’un synthétiseur logiciel. Son autre grand atout était sa multitimbralité. Le musicien qui avait entre ses mains un Fairlight CMI pouvait ‘maquetter’ en solitaire. Le clavier computer se suffisait à lui-même. Il était le digne représentant des claviers workstations d’aujourd’hui.


LE FAIRLIGHT ET LES MUSICIENS

Étant donné son prix, le Fairlight était réservé aux grands studios d'enregistrement et à quelques musiciens fortunés. Certains artistes célèbres vont l’utiliser, sans que l'appareil transcende vraiment leur créativité musicale. Ses nombreuses possibilités novatrices resteront plutôt confidentielles. En revanche, son nom figurera en bonne place au dos des pochettes de disques, comme pour signaler à un public averti que l’artiste ne boudait pas l’arrivée des nouvelles technologies.


Peter Gabriel, Herbie Hancock, Kate Bush, Jean-Michel Jarre ou Jan Hammer seront des utilisateurs du Fairlight.



LE ROLAND JUPITER 8



Après le Jupiter 4, qui était le haut de gamme des synthétiseurs polyphoniques de la marque Roland à la fin des années 70, l'arrivée du Jupiter 8 en 1981 va confirmer les objectifs du marché japonais : celui de devenir le leader des instruments électroniques. Une rivalité entre les marques américaines (Moog, Sequential Circuits…) et japonaises (Korg, Casio, Yamaha…) se pressentait déjà depuis plusieurs années. À partir des années 80, tout va s’accélérer. Chaque six mois ou presque, les constructeurs japonais vont rivaliser d’ingéniosité pour proposer aux musiciens de nouveaux claviers toujours plus performants et toujours moins chers (enfin presque !). Le Jupiter 8 fera partie de ceux-là.

Historiquement, ce clavier est d’autant plus important qu’il représente le dernier fleuron des synthétiseurs analogiques constitués de boutons (l’arrivée du DX7 Yamaha qui sortira deux ans plus tard changera totalement la perception de la recherche sonore). Le Jupiter 8 fait encore partie des synthétiseurs que je qualifierai d’instinctif, facile à manipuler avec ses boutons de couleurs vives, ordonnés par section pour faciliter la prise en main.

Contrairement aux sonorités en provenance des autres marques japonaises comme Korg ou Casio, Roland a toujours eu une façon toute personnelle d’édulcorer le timbre, d’apporter une rondeur aux sons générés. Ainsi, les sonorités de ses synthétiseurs ont fidélisé un public et le Jupiter 8 sera un modèle qui trouvera parfaitement son usage dans de nombreuses productions rock et électro.

À l'époque, alors que le système MIDI n’équipait pas encore les synthétiseurs, les constructeurs cherchaient des moyens pour faire communiquer leur matériel. Les ingénieurs Roland avaient muni le Jupiter 8 d’un système de synchronisation, le DCB (Digital Communication Bus). Grâce à cet équipement, le synthétiseur était capable de communiquer avec les boîtes à rythmes de la marque (TR707, TR808 ou TR909).


LE ROLAND JUPITER 8 ET LES MUSICIENS

Peut-être par nostalgie d’un temps révolu ou pour faire ‘branché’, le Jupiter 8 est encore utilisé de nos jours. Sa couleur sonore signée ‘Roland’, conjuguée à sa maniabilité et à ses différents timbres passe-partout expliquent le regain d’intérêt qu’il suscite auprès des jeunes musiciens d’aujourd’hui.

Parmi ses anciens utilisateurs, citons : Jean-Michel Jarre, Indochine, Duran Duran, Tears for Fears, Depeche Mode et Foreigner.



LE DX7 YAMAHA



Quand les ‘bricoleurs’ de synthèse analogique ont vu débarquer le DX7 Yamaha en 1983, ce fut la surprise totale. Le DX7, c’était tout à la fois un choc sonore et un choc technologique. Tout le monde avait hâte d’entendre ce clavier magique avec ses fameuses cloches, son piano électrique, ses orgues et ses basses.

Comparé au manque de fiabilité de la plupart des synthétiseurs analogiques et malgré les réserves émises par des musiciens concernant ses sonorités, souvent jugées trop froides, le DX7 Yamaha apparaît rapidement comme une bonne alternative. Dans un DX7, les sons ne sont plus produits par de la synthèse soustractive, mais par un système nommé FM synthesis et sur lequel reposent différents algorithmes servant de base à la construction des sons.

Passé la surprise des sonorités contenues dans les banques, de nombreux musiciens déchantent quand ils se rendent compte que programmer un son avec un DX7 n’a rien de jouissif. En effet, le DX7 contrairement aux synthés analogiques, est dépourvu de boutons. Sa façade est équipée de deux potentiomètres linéaires et de 32 petits contacteurs poussoirs qui commandent différents menus et sous menus, le tout sous le contrôle d’un petit écran LCD ridicule. Pas de quoi pavoiser, en effet !

Pour que le succès commercial des premiers jours ne tourne pas au fiasco, des musiciens trouvent la parade en proposant des ouvrages contenant des sons programmés. Des milliers de sonorités sont ainsi proposées (utile pour que son piano électrique ou que son ensemble à cordes ne sonne pas comme chez le voisin !). L’utilisation des micro-ordinateurs (Atari, Mac...) va permettre la libre circulation des sons via les disquettes. Yamaha lancera également de nouvelles cartouches sonores.


Le DX7 sera entendu dans de nombreux disques des années 80, allant du jazz au rock et en passant par la variété. Utilisé avec parcimonie, il peut aujourd’hui encore être utile, d’autant plus que son clavier à ressort de 60 touches est de bonne qualité.


LE DX7 ET LES MUSICIENS

Dans les années 80, rares étaient les claviéristes à ne pas posséder un DX7 Yamaha, les studios d’enregistrement aussi. La diversité de ses timbres étant très riche, le synthétiseur FM permettait toutes les audaces. En 1986, le pianiste Bob James produira toutes les orchestrations de son album Double visions en n’utilisant que des sonorités en provenance du DX7.

Le DX7, d’une conception robuste, sera souvent utilisé sur scène. Jan Hammer, Herbie Hancock, Sting, Brian Eno ou The Cure l’utiliseront comme compagnon de voyages.



LE KORG M1



L’arrivée du M1 de Korg peut être associée au concept du clavier ‘workstation’. Dotés d’un nombre important de sons, il proposait un séquenceur intégré apte à reproduire des orchestrations élaborées. Le Korg M1 qui fut produit de 1988 à 1994 était d’un excellent rapport qualité/prix et sans rival direct. Il deviendra l’une des plus grosses ventes de synthé numérique.

Comme pour la série des SY de Yamaha, le Korg M1 utilise des sons issus de plusieurs technologies. Les sons générés par le M1 s’appuient sur des oscillateurs digitaux mélangés avec des échantillons sonores (patches), et qui forment des timbres appelés ‘combis’. D’autre part, il faut souligner la présence de deux générateurs d’effets très complets, indispensables pour donner vie aux orchestrations réalisées grâce au séquenceur incorporé.


LE KORG M1 ET LES MUSICIENS

Le Korg M1 sera un clavier très utilisé pour la ‘dance music’ dans les années 90. Parmi ses utilisateurs, citons : Banco De Gaia, Depeche Mode, The Orb, Mike Oldfield, Kitaro, Rick Wakeman, Joe Zawinul et The Cure.


par PATRICK MARTIAL (Piano Web - 10/2008)


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