HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



LE THÉRÉMINE, PREMIER SYNTHÉTISEUR

C'est l'un des premiers instruments de musique à pouvoir être considéré comme un outil de recherche sonore. Au fil du temps et de ses évolutions, le thérémine (ou theremin) portera d'autres noms très mystérieux comme l'aetherphon et le thereminvox. Conçu au départ par le physicien russe Lev Termen (Leon Theremin - 1896/1993) pour être un système d'alarme électronique, l'appareil va rapidement être amélioré pour devenir un instrument de musique révolutionnaire produisant des sons audibles sur une étendue de plusieurs octaves.



LE THÉRÉMINE, UN INSTRUMENT PROPULSÉ PAR LE CINÉMA

Créé en 1919, le thérémine est basé sur le principe de fonctionnement des postes à lampes servant dans les transmissions militaires. Ceux-ci générant une forme d'onde de type sinusoïdale pure grâce à leur oscillateur radiofréquence, Lev Termen constate alors que la fréquence peut être perturbée par le mouvement d'un corps au voisinage de l'antenne réceptrice (*). Certes, les oscillations radioélectriques créées par l'arc électrique produisaient des sonorités sommaires et difficiles à contrôler, pourtant, grâce à une certaine gestuelle des mains et des bras à l'approche de l'antenne réceptrice, Lev Termen parvient à faire entendre des suites de notes mélodiques proches de la scie musicale. Une démonstration est réalisée en 1922 devant Lénine (enthousiasmé par la magie sonore de l'instrument, le chef d'état ira jusqu'à prendre des cours de maniement).

* : le signal audio est généré par un oscillateur hétérodyne à tubes électroniques. Deux signaux de fréquences élevées (l'un fixe à 170 kHz, l'autre variable entre 168 et 170 kHz) se combinent pour former un battement et fournir un signal audible, entre 20 et 20 000 Hz. L'effet de capacitance apporté par le corps de l'instrumentiste, à proximité des antennes, affecte la fréquence produite, tout comme une personne se déplaçant dans une pièce peut altérer la qualité d'une réception de radio ou de télévision. (source Wikipedia).

© Bettmann, Corbis - Lev Termen jouant du Termevox (1927)

Cinq ans plus tard, le jeune ingénieur devenu une sorte d'ambassadeur russe des temps modernes se lance dans une série de démonstrations à travers toute l'Europe, mais également aux États-Unis. Le thérémine, rebaptisé etherophone, est pourvu à présent de deux oscillateurs radio et de deux antennes. Le contrôle des sons devient plus précis. Tandis que l'antenne de droite sert à contrôler la hauteur de note, celle de gauche permet de faire varier l'intensité sonore. Cependant, à cause de sa difficulté de jeu - excepté les bras, le musicien doit rester absolument immobile  - le thérémine va être éclipsé par son concurrent direct, les ondes Martenot, qui offrent une plus grande souplesse d'utilisation grâce notamment à son clavier suspendu et son ruban à effet.

Commercialisé par RCA aux USA en 1929 sous le nom de thereminvox, l'instrument sera à l'origine de la carrière de Bob Moog et de ses incursions dans le domaine des synthétiseurs analogiques durant les années 60/70. Il commercialisera l'instrument en l'équipant de circuits électroniques plus fiables et en implantant une interface MIDI.

Non dénué d'intérêt et original par son jeu, le thérémine a attiré et attire encore aujourd'hui la curiosité de nombreux compositeurs et artistes d'horizons divers. C'est ainsi qu'en pleine période de musique expérimentale, le compositeur Varèse en utilisera deux. On peut entendre l'instrument dans son œuvre Equatorial en 1934. Beaucoup plus tard, mais dans des contextes musicaux d'un tout autre genre, des artistes issus du monde rock et électro vont exploiter les sonorités de l'appareil : Portishead, Jimmy Page, Radiohead, Jean-Michel Jarre, Dionysos….

Mais c'est dans le domaine du cinéma que l'instrument va trouver sa place et toute sa singularité. Dans un monde musical encore très replié sur les sonorités naturelles, ses couleurs cosmiques et envoûtantes séduiront plus d'un compositeur dont Max Steiner pour King Kong en 1933. Dans les années 50, les films de science-fiction de série 'B' trouveront là le moyen de rajouter un petit plus à leur bande-son, un petit frisson supplémentaire quand apparaissaient à l'image des êtres étranges ou des insectes mutants !

En 1993, pour rendre hommage au génial inventeur, un film documentaire est réalisé : Theremin : Une odyssée électronique. Mis en images par Steven M. Martin en collaboration avec Clara Teisenberg Rockmore, ancienne virtuose du theremin et amie de Léon Theremin, le film retrace la vie de l'inventeur, son emprisonnement dans un goulag soviétique et l'influence de sa principale invention sur les musiques du 20e siècle.


LE TERPSITONE

Lev Termen cherchera à repousser au maximum les limites de sa chère invention. Basé également sur le principe du champ électromagnétique, il inventera le terpsitone, un système utilisant une plate-forme scénique sous laquelle était placée une antenne. La 'musique' alors produite, aussi expérimentale qu'imprévisible, était contrôlée par le seul mouvement des danseurs sur le plateau en bois. Des trois 'instruments' construit, un seul exemplaire a survécu.


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