TRAVAILLER LE BLUES AVANT LE JAZZ


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Wilfried

Bonjour, j'ai 35 ans et je suis passionné par la musique jazz. J’aimerais savoir ce qu'il faudrait que je travaille en premier pour aborder le piano blues avant de passer au jazz. Mes notions de base sont la lecture de notes dans les deux clés, les intervalles et l'harmonie. Merci bien.


Piano Web

Je ressens à travers votre demande un sous-entendu qui me conduit à entrevoir déjà ces quelques réflexions : Si vous avez quelques connaissances théoriques et un peu de pratique, pourquoi voulez-vous passer par le blues avant d’aborder le jazz ? Parce que vous l’avez lu ou entendu dire ? Et si oui, qu’est-ce que cela vous apportera par la suite au moment où vous aborderez le jazz ?


MUSIQUE ÉCRITE OU NON ÉCRITE

Dans un premier temps, il serait peut-être bon que vous jaugiez votre « fibre artistique », c’est-à-dire qu'en fonction de votre personnalité, vous évaluiez votre « balance affective naturelle ». Par exemple, dans la pratique, ressentez-vous une attirance plus grande vers la musique écrite ou non écrite ?

Si le besoin de recourir à de la musique écrite semble évident à un bon nombre de musiciens, son usage exclusif n’est pas sans risque au moment où l’on cherche à avoir plus de liberté dans son jeu. C’est souvent en fuyant une routine pesante que l’on s’aperçoit que l’écriture est aussi une béquille dont on ne peut se passer. L’écriture ne permet pas de tout comprendre, surtout quand on cherche à aborder les musiques « vivantes ». Si elle est utile pour déchiffrer une partition ou pour assimiler des connaissances théoriques, au regard d’une pratique qui conduit à un jeu plus libéré comme celui que l'on rencontre dans le blues et le jazz, la musique écrite montre très rapidement ses limites.

Surtout ne cherchez pas de réponse dans le discours efficient de quelques fortes personnalités ou à travers quelques méthodes. Personne n’est en mesure d’évaluer aussi bien que vous votre « balance affective naturelle ». Connaître cette « balance naturelle » vous permettra de jauger au mieux vos aptitudes personnelles et ainsi d’orienter votre parcours avec plus de justesse au regard de votre sensibilité. Toutefois, comme l’évaluation de cette « balance naturelle » passe aussi par la connaissance de soi, elle est parfois difficile à cerner (notamment pour des personnes qui manque d’expérience et de recul). Le blues, par sa simplicité, peut alors devenir un très bon outil pour évaluer sa technique à aborder la musique non écrite.


POURQUOI LE BLUES EN PREMIER ?

Généralement, dans l’enseignement des musiques « vivantes », si l’on donne accès prioritairement au blues, c’est que cette musique repose sur des bases qui sont très accessibles, même pour un débutant (la plus simple des grilles repose seulement sur 3 accords). Cependant, quand le cap de la connaissance des accords et de leurs renversements sont acquis, et quand on vise le perfectionnement (substitution d’accord, modes pour improviser, gammes, etc.), il n’y a pas fondamentalement de différence entre l’apprentissage du blues et du jazz. C'est avant tout une question de goût et d'affinités.

Cette « scission » entre blues et jazz n’a pas lieu d’être. La musique blues est une bonne école formatrice dans le sens où elle permet de mettre un pied à l’étrier pour évaluer à titre personnel ses capacités sans avoir à pratiquer un nombre important de combinaisons d'accords. En connaissance de cause, le blues agit comme un miroir et devient un révélateur pour celui ou celle qui ne sait pas encore quelles sont ses compétences réelles vis-à-vis des musiques non écrites.

Simple hypothèse… Si votre parcours est celui d’un musicien déjà formé aux écritures (parcours conservatoire, par exemple) et afin de vous donner plus d’autonomie, je vous recommande de travailler les fondamentaux du parfait musicien de jazz (pour le blues, c’est la même chose ou presque). Pour cela, suivez de préférence l’ordre établi ci-dessous :

  • 1 - Se cultiver en ciblant un style musical précis ou une époque (vu la richesse de certaines musiques, c'est préférable).
  • 2 - Écouter et analyser le jeu des musiciens (échange, construction, évolution…)
  • 3 - Faire des relevés d’oreille (mélodie, harmonie, voire improvisation dans certains cas)
  • 4 – Pratiquer en groupe.
  • 5 - et OSER, bien sûr !

Les connaissances théoriques doivent être acquises sans précipitation et accompagnées de pratiques de terrain (le jeu en groupe est idéal – mais vous pouvez aussi utiliser à défaut des CD d’apprentissage avec accompagnement ou des fichiers sur séquenceur). Le plus important n’est pas d’avoir une tête remplie de connaissances, mais d’être en mesure de se libérer intérieurement en pratiquant souvent ; techniquement en prenant à « rebrousse-poil » certaines pratiques personnelles et mentalement en repoussant ses limites. Tout ceci n'est pas facile et prend du temps, mais cela aura pour conséquence d'amoindrir le sentiment de tourner en rond... premier ennemi de l’improvisateur qui conduit trop fréquemment à se sous-estimer, voire tout simplement à renoncer dans la pratique des musiques « vivantes » !

Par ELIAN JOUGLA


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