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JAMIE CULLUM, BIOGRAPHIE PORTRAIT DU PIANISTE CHANTEUR

À 31 ans, le jeune pianiste-chanteur anglais Jamie Cullum a tous les atouts pour séduire. Déjà auteur de huit albums, l’artiste continue d’arpenter les scènes internationales. Son attitude scénique sans ambages, navigant entre la séduction du crooner et l’appétit féroce d’une éternelle jeunesse, séduit un large public. L’artiste n’est pas devenu ce qu’il est par hasard. Grâce à ses parents, tous deux artistes professionnels dans le domaine de la musique, le jeune Jamie Cullum a un destin déjà tout tracé. À l’adolescence, c’est déjà un musicien de scène expérimenté avec plus de 1000 concerts et un auteur-compositeur qui réalise ses chansons en autoproduction.


JAMIE CULLUM COME BACK…

L’artiste est révélé dès son troisième album Twentysomething en 2003. À l’époque, sa musique flirte avec la pop, mais également avec le jazz et le funk. Le pianiste-chanteur est déjà une star et les acteurs de la scène internationale s’empressent autour de lui, tels Claude Nobs, organisateur du festival de Montreux et André Menard pour celui de Montréal (deux figures importantes capables de faire ou de défaire la carrière d’un artiste). L’ascension de Jamie Cullum est très rapide. À 8 ans, il joue ses premières gammes et à 20 ans, il se produit devant la Reine. Entre temps, il aura écrémé les circuits de piano-bar ; une façon bien à lui de s’éprouver artistiquement.

© Yarp - Jamie Cullum en concert à Ostrava (2009)

Deux ans plus tard, le voici en train de parapher un contrat discographique assorti d’un chèque de deux millions de dollars. Ni sa tête de bambin, ni son côté séducteur auprès de la gent féminine n’expliquent pas tout. Car si Jamie Cullum joue et chante, il danse également. Sur scène, il se dépense sans compter durant tous ses spectacles. Il n’est pas sans rappeler le dynamisme d’un certain Claude François (bien que sa musique n’épouse jamais la musique variété/disco, ni de près, ni de loin) .

Chez Jamie Cullum, c’est plutôt du côté de la musique jazz, de Ray Charles, de Frank Sinatra ou des Beatles qu’il faut s’orienter. L’artiste ne s’en cache pas, ni sur scène, ni dans ses interviews. Son quatrième album, Catching Tales, produit en 2005, confirme cette approche. Les couleurs sonores, façon Mingus ou Monk, se mêlent aux Beatles et même à Radiohead. Album au style branché, Catching Tales rencontre un grand succès. La voix granuleuse de Jamie Cullum est faite pour plaire. Sa séduction traverse les générations.

Avant de devenir un artiste salué par la critique, Jamie Cullum a suivi des études de cinéma à Londres, ce qui lui a permis de devenir un spécialiste des films d’Agnès Varda et de venir vivre à Paris durant quelques mois (il a composé pour le cinéma les musiques du film Bridget Jones : l’âge de raison, en 2004 et de Gran Torino, de Clint Eastwood, en 2009). Sa passion pour le jazz, il la doit à Ben, son frère aîné, alors fan des pianistes Dave Brubeck et Oscar Peterson. Depuis, Ben Cullum s’est investi dans la carrière de son frère en devenant son arrangeur et son bassiste durant les tournées (il est également responsable de l’écriture de certaines chansons qu’il cosigne avec son jeune frère).


JAMMIE CULLUM : 'TWENTYSOMETHING'

JAMIE CULLUM ET LA SCÈNE

Les concerts de Jamie Cullum sont enrichis de projection de photos au graphisme sophistiqué et de gros plans scéniques en multiécrans. Du haut de son 1,65 m, l’artiste déboule sur scène et bondit tel un jeune taureau dans l’arène. Qui se douterait, que derrière cette énergie scénique se cache un jeune homme plutôt timide. Serait-ce sa bouille souriante qui sèmerait le doute ?… ou son jeu de scène affublé d’une grande spontanéité ? Jamie Cullum prend son rôle de séducteur très à cœur et déroule devant son public d’admiratrices ses chansons crooner taillées sur mesure. Brillant pianiste, il ne dédaigne pas enflammer la salle quand l’exercice consiste à faire galoper ses doigts sur le clavier. Alors, dans un swing féroce, le voici parti pour un solo typiquement jazz ou funk… Jamie Cullum ne laisse rien au hasard et agit sans cesse en professionnel !


JAMIE CULLUM, LE CROONER TOUJOURS ADOLESCENT

Jamie Cullum est quelqu’un de courtois, poli et charmeur. Il dessine les contours du chanteur crooner sans en avoir l’apparence, ni l’attitude. L’ancienne génération, composée de Frank Sinatra, Sammy Davis Junior, Dean Martin ou Paul Anka, a ouvert la voie d’une façon magistrale. Ensuite, quand le rock et la pop ont débarqué, quand toute une génération s’est identifiée dans ces musiques-là, le chanteur crooner avait tout du chanteur “ringard” avec ses mélodies aux orchestrations sirupeuses. Aussi, quand des artistes comme Harry Connick Jr et Michael Bublé ont prêté leur voix à cette musique, les spécialistes ont cru à une renaissance “revancharde”. À l’écoute, on retrouvait la patte, le style du crooner des années 50/60. Hélas, faute de réelle personnalité, et à défaut d’être chaude et puissante, une voix ne suffit pas à bâtir une carrière… surtout quand la démarche artistique est trop proche de sa version originelle. Harry Connick Jr serait-il un Frank Sinatra bis ? À l’écoute de certains titres, certainement ! À l’inverse, Jamie Cullum va avoir l’intelligence de renouveler le style grâce aux mélanges qu’il va opérer ; quitte à s’éloigner des sentiers déjà éprouvés par les spécialistes du genre.

Jamie Cullum mise avant tout sur la génération des 20/30 ans pour asseoir sa carrière. Le personnage est plein d’humour et de loufoquerie. Il sait avec intelligence faire des concessions, sans pour autant renier ses influences majeures. Il aime surprendre son public et nouer avec lui un contact très proche. Ce n’est pas un hasard quand il descend de la scène pour chanter dans les travées. Il sait qu’en utilisant cette attitude, il se rapproche de certains jazzmen (à l’époque héroïque du swing, Lionel Hampton ou Sidney Bechet usaient de ce stratagème pour enflammer les spectateurs). Jamie Cullum joue sur sa connaissance de la culture jazz pour fidéliser un public toujours plus nombreux. Les pianistes, comme Jaki Byard et Wynton Kelly, mais également les chanteuses aux voix glamours comme Blossom Dearie, n’ont aucun secret pour lui. L’élasticité de sa culture comme celle de son répertoire va jusqu’à encenser le rock alternatif, Radiohead en tête.

Lors de ses interviews, Jamie Cullum parle de ses passions, de ses amours avec un naturel déconcertant. Il laisse transparaître sa culture sans vouloir épater quiconque. Qu’il parle de sa passion pour le cinéma et la littérature ou qu’il évoque sa carrière et ses projets, il garde toujours une certaine fraîcheur… et, c’est peut-être pour cette raison-là que l’artiste est aimé. En chantant la vie sous toutes ses formes, qu’elle se pare de rose ou de gris, Jamie Cullum la chante constamment avec la même ironie et la même simplicité, chaleureuse et bienveillante.


DISCOGRAPHIE JAMIE CULLUM

  • Heard It All Before (autoproduit -1998)
  • Pointless Nostalgic (autoproduit - 2002)
  • Twentysomething (2003)
  • Catching Tales (2005)
  • Live at Ronnie Scott’s (sorti exclusivement sur iTunes - 2006)
  • In the mind of Jamie Cullum (2007)
  • The Pursuit (2009)
  • Devil May Care (2010)

Par PATRICK MARTIAL (Piano Web - 12/2010)




INTERVIEW EXPRESS


Comment est venu l’intérêt pour le jazz ?

Jamie Cullum : par l’image. C’est dans un album de vieilles photos noir et blanc que j’ai découvert Frank Sinatra avant d’être inspiré par sa musique. Le look des jazzmen, de Sinatra, de Miles Davis, me fascinait. J’aimais des films comme High Society avec Bing Crosby ou La Blonde ou la Rousse pour Kim Novak.

Vous lisiez beaucoup de livres sur ce mythe du jazz bohème ?

Jamie Cullum : je dévorais Jack Kerouac qui parle de jazz dans Sur la route ou Les Souterrains. J’espérais même à cette époque devenir écrivain, ressembler à Hemingway ou à Scott Fitzgerald, si bien qu’après être sorti de l’école, je suis venu à Paris.

Que faisiez-vous à Paris ?

Jamie Cullum : j’ai essayé d’écrire, mais ce que je produisais ne me plaisait pas. Je vivais près de la place de la Bastille, je partageais un appartement avec une fille que j’avais rencontré dans un bar. Quand je me suis séparé d’elle, je suis rentré en Angleterre. J’étais resté six mois au lieu de la petite semaine prévue au départ.

Vous avez eu une formation musicale sur le terrain ?

Jamie Cullum : j’ai joué dans les clubs, les pubs, sur des bateaux de croisière. J’ai navigué pendant quatre semaines entre les Caraïbes, les îles, l’Espagne. Je jouais Moon River, Tea For Two avec un orchestre de jazz. C’était bien payé. J’ai fréquenté pas mal de clubs. Je me rappelle avoir joué lors d’une « tea party » dans la librairie Shakespeare & Co, à Paris.

Votre disque “Catching Tales” navigue entre jazz et pop. Comment avez-vous réussi à combiner les deux ?

Jamie Cullum : il suffit de ne pas y penser. Sinon, c’est difficile. Il me fallait être toujours un peu saoul. Les Anglais me demandent pourquoi je ne joue pas davantage de jazz. Pour eux, j’ai gravé un disque pop. Ces deux genres, pop et jazz, ne cohabitent pas facilement ensemble en Angleterre. Certains critiques me demandent de choisir, mais je ne veux pas ranger ma musique dans une boîte. Pour les observateurs, un musicien de “heavy metal” qui joue de la guitare électrique représente la rebellion. C’est un cliché. On peut être plus rebelle en jouant dans un style jazz avec un piano.

Vous avez pourtant essayé la guitare ?

Jamie Cullum : Oui, j’avais commencé le piano, puis j’ai abandonné, et je me suis mis à la guitare électrique. J’ai repris le piano quand j’avais 14 ans. Je joue toujours de la guitare comme sur Catching Tales. Je voulais un son plus dur que celui du disque précédent. J’aurais pu engager un musicien, mais en général, les guitaristes ont une trop bonne sonorité. Je voulais une expression de moi-même.

N’en avez-vous pas assez que l’on vous compare aux jeunes loups du jazz crooner comme Peter Cincotti ?

Jamie Cullum : c’est surtout que la comparaison n’a pas lieu d’être. Peter est plus classique. Il est bien meilleur pianiste que moi.

Avez-vous un regret ?

Jamie Cullum : j’adore Paul Auster, j’ai un livre signé de sa main. Je lui ai demandé d’écrire un texte sur la pochette de mon disque, mais il est trop occupé. Dommage.

pour Piano Web (12/2010)

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