L'ÉCHANTILLONNAGE VU À TRAVERS UN DIALOGUE INFORMEL
Un sampleur ou en bon français, un échantillonneur, n'est autre qu'un ordinateur.
« Ah bon ! »
Bien entendu, puisqu'il est composé d'une mémoire vive, la RAM qui sert à stocker les échantillons recueillis, et d'une mémoire morte, la Rom qui est indispensable pour faire fonctionner le système d'exploitation. J'ajouterais que sans la présence d'un convertisseur analogique/numérique, qui sert à transformer un signal analogique en données numériques et à retranscrire l'inverse, tu risques fort de te priver de l'essentiel, à moins bien sûr que ton installation fonctionne totalement en numérique. Pour cela, ton sampleur doit être équipé d'une interface type S/PDIF, ce qui est le cas d'une immense majorité de lecteurs de CD professionnels et de synthétiseurs récents. De plus, cela offre la garantie d'obtenir un résultat exactement semblable à l'original.
« Mais un échantillonneur peut être comparé également à un magnétophone... »
C'est une façon de le définir dans une certaine mesure, puisqu'il est employé pour enregistrer des signaux sonores, peu importe sa source. Sa seule limite tient à sa capacité de capturer de longs et nombreux échantillons, mais aussi de la qualité sonore que l'on désire obtenir, puisque sa finesse dépend du niveau d'échantillonnage. Plus il est élevé et plus il réclame de mémoire. L'échantillon est traité par un microprocesseur qui le manipulera dans des proportions dépendantes de sa puissance.
© Ellande (wikimedia) – Deux signaux présentant exactement les mêmes échantillons.
« Je suppose ensuite que l'échantillon brut doit être traité... »
Parfaitement, car il est extrêmement rare, à moins d'utiliser des « samples » préformatés sur CD-ROM, de ne pas les retoucher. Du reste, c'est là que vient tout l'intérêt d'un sampleur. Sinon, autant investir dans un module sonore équipé de sonorités échantillonnées et calibrées. Un échantillonneur est avant tout un instrument créatif, comme peut l'être un synthétiseur qui travaille à partir d'ondes. Chaque sampleur est équipé d'une partie « édition » plus ou moins élaborée, souvent en rapport avec le prix de l'appareil.
« Le mode « édition » sert en définitive à nettoyer la musique capturée. »
En effet, c'est sa priorité.
« Et quels sont ses moyens ? »
En premier lieu, il est impératif de déterminer proprement un début et une fin. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est essentiel si tu te disposes à boucler le sample sur lui-même. Cela te permettra d'économiser de la mémoire et, en même temps, de prolonger la durée de l'échantillon quand tu enfonces la touche du clavier. Après, comme sur un synthé, tu peux modifier l'attaque et la chute du son. Néanmoins, toute ton attention doit se poser sur la qualité de la boucle sonore. Quand l'échantillon reprend du début, il doit être « lisse », sans aucune anomalie sonore qui s'entende à l'oreille. Réaliser une boucle parfaite demande du temps et un certain feeling. Il est inévitable de s'y reprendre à plusieurs fois. Dans le mode édition, tu peux également réduire le souffle et les bruits parasites si nécessaire.
« À travers ton explication, tu veux dire que pour les musiciens pressés d'aboutir, un lecteur d'échantillon est préférable à un échantillonneur ? »
Je considère que l'échantillonneur est réservé à des musiciens passionnés par la recherche sonore. Si tel est le cas, l'appareil est génial, car contrairement à un synthétiseur, il est moins limité. Encore faut-il avoir des idées personnelles qui se joignent à son exploitation, sans quoi l'instrument devient inutile. Alors, autant se rabattre sur un synthé qui offre un principe de recherche sur une base d'ondes prédéfinies.
« Tu penses à quoi précisément quand tu évoques les idées personnelles ? »
Le mode édition autorise des choses extrêmement créatives. Par exemple, tu peux enchaîner deux échantillons ou plus. Les superposer aussi. Ce travail s'effectue dans la mémoire vive. Tu dois apprendre à jouer avec sa capacité et ne pas ignorer que la fréquence d'échantillonnage tient un rôle non négligeable. Une mémoire vive de plusieurs dizaines de mégas est vite indispensable. Ce qu'il ne faut nullement oublier, c'est la qualité d'exploitation du sample. Il doit être suffisamment utile pour s'insérer dans une composition. Sinon, à quoi sert-il ?
« Et que penses-tu des CR-ROM contenant des sons spécialisés prêt à être bouclés ? »
C'est utile, encore que malgré leur nombre astronomique, ils délimitent obligatoirement une bibliothèque sonore que l'on peut entendre chez un autre musicien. Toutefois, pour recréer l'émulation d'un synthétiseur vintage ou un son particulier de basse, pourquoi pas ! Certaines marques comme Akai proposent des échantillons adaptés à leurs modèles. Néanmoins, si ton but est d'échantillonner un piano, un violon, bref, un instrument acoustique, je recommande le lecteur d'échantillons. Les modèles ne manquent pas et l'investissement financier est moindre.
© media.achat-ville.com – Le Korg Electribe, à la fois échantillonneur & séquenceur.
« Si l'on excepte le principe reposant sur la capture de sons, finalement, un échantillonneur, c'est comme un synthé... »
Exactement. Comme le synthé, le sampleur peut être multitimbral, c'est-à-dire qu'il est capable de lire plusieurs échantillons simultanément sur différents canaux MIDI. Il dispose par ailleurs de filtres et d'enveloppes afin de contrôler la texture sonore. Néanmoins, l'outil possède une particularité que ne détient pas le synthétiseur, le time stretchning, un moyen technique qui permet l'expansion/compression temporelle. En clair, cela signifie que tu peux caler deux secondes de paroles sur une seconde et demie de musique sans changer la tonalité de la voix. L'effet inverse est tout aussi vrai. Ceci est impossible à réaliser avec un magnétophone à bande. Les DJ's, les premiers, ont clairement compris son utilité quand ils réalisent des mix !
« Que penses-tu des rappeurs et de leur exploitation des samples ? »
Le rap est un mode d'expression quelque part artisanal qui n'a jamais cherché à remettre en cause, fondamentalement, l'esthétisme sonore. C'est pourquoi ils se sont attachés au commencement à récupérer des extraits sonores de musiques préexistantes, avec une inclinaison plus prononcée envers la soul et le rythm'n'blues. La façon de traiter les samples, de les monter ou de les boucler a fait le reste. Un concept venait de naître. Et si l'on part du principe que les extraits récupérés contiennent un lien qui rattache l'auditeur à un passé, puisque les samples en question sont généralement issus d'anciens tubes, alors une part considérable du travail musical qui attend le rappeur est déjà mâchée.
« C'est une vision réductrice, non ? »
Disons que c'est une forme d'exploitation qui a eu son temps, mais qui a révélé une manière de formater les échantillons et qui s'inscrit dans l'histoire du rap. C'était révolutionnaire, ne l'oublions pas. N'oublions pas aussi que cette traversée ne s'est pas faites sans procès, puisque, à moins de bénéficier de l'autorisation de l'éditeur, de l'auteur et des ayants droit, il est tout à fait interdit de reproduire, même partiellement, un morceau de musique commercialisé. Les succès du rap concoctés à partir de tubes anciens ont été d'abord une affaire d'avocats et de négociations. Et ils le restent !
« Pour revenir au fonctionnement de l'échantillonneur, qu'en penses-tu à titre personnel ? »
J'imagine sans peine que tout l'intérêt d'un sampleur repose sur son ouverture à saisir les sons qui passent à notre portée, bien que j'insiste sur le fait que son intérêt est vital tant que les ressources créatrices personnelles restent en éveil et qu'elles peuvent être sujettes à être exploitées musicalement. D'un autre côté, il existe des claviers qui permettent de jouer sur le principe des samples, sans les inconvénients, grâce à l'intelligence artificielle qui corrige et qui mixe les échantillons à la volée, alors...
par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 08/2024)
À CONSULTER
L'ÉCHANTILLONNAGE OU COMMENT ÉCHANTILLONNER PROPREMENT
L'ÉCHANTILLONNAGE, PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT (le courrier des internautes)
LES PREMIERS CLAVIERS ÉCHANTILLONNEURS