LES QUESTIONS DU CANDIDE



LES MÉTHODES POUR CONNAITRE LE JAZZ (3e partie)


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Peut-être vous demandez-vous s’il existe une méthode d'apprentissage, une façon d’aborder la musique jazz et de l’apprécier, même si ce n’est qu’à petite dose ? Ce qui compte avant tout, c’est de posséder un brin de curiosité. Même si vous dites ‘amen’, peut-être pensez-vous toujours que la musique jazz est trop complexe pour être abordée en solitaire ? Dans cette troisième partie, nous allons voir différentes méthodes agrémentées de conseils. Considérez-les avant tout comme des méthodes didactiques. Ce sera ensuite à vous de vous forger votre propre opinion sur celle qui vous convient le mieux.


UNE APPROCHE ESSENTIELLE : PARTIR À L’ÉCOUTE DES STRUCTURES

Déjà, pour pénétrer au cœur de la musique jazz avec un certain discernement, vous devriez être attentif à la construction des morceaux. Dans cette musique, de nombreux standards sont basés sur des grilles que les musiciens jouent en cycle. Elles peuvent être en 12 mesures comme dans le blues ou être construite en plusieurs parties, formant alors une structure codifiée. Par exemple, dans une structure en A.B.C.A les parties A, B et C reposent respectivement sur des harmonies distinctes (sans forcément contenir le même nombre de mesures). Avec un peu de pratique, repérer les différentes parties devient facile (par analogie, pensez aux différentes parties des chansons : introduction, couplet, refrain… c’est sensiblement le même principe).

Cette première approche vous permet de mieux définir l’exploration du standard, de comprendre quand commence l’improvisation et où logiquement elle doit se terminer. Avec une certaine pratique et une écoute attentive, vous arriverez à reconnaître ses différentes parties et vous saurez également à quel moment les musiciens reprennent la grille durant une improvisation. En vous reposant sur cette méthode d’approche, vous serez en possession d’une des supports fondamentaux utilisés par l’improvisateur de jazz.

Généralement, à part la présence occasionnelle d’une introduction spécifique, la plupart des formations font tourner la totalité de la grille du standard en boucle. Cependant, il arrive parfois qu’une partie de la grille ne soit pas interprétée, comme avec Corcovado, la célèbre bossa nova écrite par Carlos Jobim, chez laquelle l’introduction est parfois supprimée, ou Automn Leaves (Les feuilles mortes de Prevert/Kosma), que les jazzmen réduisent souvent au seul refrain.

NB : il est important de signaler qu’il existe certaines musiques de jazz qui ne s’appuient pas uniquement sur la lecture de simples grilles en boucle. C’est notamment le cas des musiques arrangées pour les big bands qui, pour des raisons d’adaptation où de style, réaménagent de temps en temps la structure des compositions originelles. Citons également le free jazz où l’absence de grille n’est pas rare.


PREMIÈRE MÉTHODE : LES GRANDS NOMS DU JAZZ

Une façon ludique d’aborder la musique de jazz est de parcourir son catalogue de figures légendaires. Ces ‘géants du jazz’ sont généralement les dignes représentants d’un courant musical précis. En voici quelques-uns :

LOUIS ARMSTRONG : si ce personnage légendaire est l’un des rares noms cités lorsqu’une personne est interrogée, ce n’est pas un hasard ! Véritable héros du jazz de ‘Nouvelle-Orléans’, il représente dans l’inconscient collectif les débuts du jazz. Qu’il porte la casquette de trompettiste ou de chanteur, il est incontournable.

DUKE ELLINGTON : son œuvre est immense. Des années 20 aux années 60, à la tête de son orchestre, il a interprété et composé de nombreuses œuvres majeures du jazz. En plongeant dans son univers musical la tête en avant, vous entendrez alors un orchestre inventif porté par des musiciens talentueux… Si vous souhaitez connaître le jazz à travers ses grands orchestres, autant commencer par celui du ‘Duke’.

BENNY GOODMAN : il a officié dans les années 30 à l’époque du swing. Il est un des premiers héros du ‘jazz blanc’. On le retrouve le plus souvent à la tête de son grand orchestre. À découvrir, pour entrer dans le monde musical du jazz swing des années 30/40.

CHARLIE PARKER/DIZZY GILLESPIE : À écouter, si votre désir est d’aborder le jazz par son côté dit ‘moderne’. Si Dizzy Gillespie et Charlie Parker sont les leaders du style, d’autres jazzmen ont également contribué à sa diffusion, comme Charles Mingus, Thelonious Monk ou Bud Powell. Avec des musiciens comme Parker et Gillespie apparaît un jazz plus ‘intellectuel’ et inventif, mais aussi plus technique, avec un enrichissement de ses harmonies et la présence de tempos élevés. Cette soif de créativité va placer l’improvisation au centre des débats en lui donnant un rôle plus important, relayant les thèmes mélodiques au second plan.

MILES DAVIS : l’une des figures les plus marquantes du jazz d’après-guerre. Son parcours atypique l’a conduit du bop au cool, jusqu’aux expériences free, jazz-rock et même aux frontières du hip-hop. Il est donc le digne représentant du jazz moderne, puisqu'à lui seul, il rassemble toute l’histoire du jazz de ces 60 dernières années. De plus, Miles Davis étant un découvreur de talent, vous aurez l’occasion, au hasard de ces enregistrements, de découvrir d’autres noms aujourd’hui célèbres, tels Herbie Hancock, Wayne Shorter, Keith Jarrett ou John McLaughlin.

JOHN COLTRANE : que dire, si ce n’est qu’il incarne l’improvisation dans son sens profond. Du discours sage de ses débuts, le saxophoniste va graduellement emprunter et ouvrir la voie vers un jazz plus libre, plus ambitieux. Il existe des disques 33 tours de John Coltrane ou l’artiste improvise avec un seul titre sur la totalité de la face… Autant dire que si vous désirez prendre conscience de la dimension de l’improvisation portée par un seul homme, John Coltrane doit faire partie de votre sélection.

STAN GETZ : saxophoniste très estimé pour avoir popularisé la bossa-nova durant les années 60, Stan Getz c’est également un son rapidement identifiable, un style tout en souplesse, l’un des leaders du courant ‘cool’.

ORNETTE COLEMAN : il est l’un des représentants majeurs du free jazz des années 60, mais d’autres noms auraient pu être cités comme Sun Ra, Don Cherry ou Archie Shepp. Le free jazz est certainement le style de jazz qui fut soumis à la plus grande controverse, même au sein des musiciens. Son écoute demande un certain recul, tant son langage peut devenir agressif dans tous les sens du terme. Il a ses fidèles partisans. Toutefois, il est possible de l’aborder plus sereinement à travers des musiciens utilisant avec parcimonie son langage, comme le pianiste Don Pullen ou le saxophoniste Chico Freeman.

HERBIE HANCOCK : disciple de Miles Davis dont il a été accompagnateur durant les années 60. Si vous souhaitez découvrir le jazz funk, c’est ce pianiste qu’il faut écouter (période 73/78). Il fait partie, avec Chick Corea et Joe Zawinul, des pianistes qui ont vécu le passage de l’acoustique à l’électrique.

KEITH JARRETT : ce pianiste est peut-être une solution intermédiaire pour ceux, qui venant du classique, éprouvent quelques difficultés à accepter ‘l’agressivité’ sonore ou rythmique d’un jazz moderne. Keith Jarrett est l’un des rares musiciens improvisateurs à couvrir toute l’histoire du jazz, du ragtime jusqu’à la musique contemporaine d’aujourd’hui. Si l’album Köln concert en piano solo est la référence, l’artiste a signé de nombreux autres disques en solitaire tout aussi passionnants (Leçon gratuite : Keith Jarrett et The Köln Concert)


SECONDE MÉTHODE : CHOISIR PAR RAPPORT AU STYLE

Une autre manière, peut-être plus ‘scientifique’, de pénétrer au cœur du jazz est de l’aborder en fonction du style. Au lieu de partir à la découverte d’un jazzman, d’apprendre à décoder son langage personnel, son évolution artistique, vous pouvez choisir une période phare de l’histoire du jazz.

LE RAGTIME. Bien que cela soit possible, le ragtime est rarement improvisé. Cette musique a quelque part un pied dans la musique jazz à cause du rythme syncopé qui habille très souvent la main droite. Pour découvrir réellement ce qu’est le ragtime, ne vous contentez pas seulement d’écouter des œuvres de Scott Joplin (voir Histoire du ragtime).

LE BLUES. Tout en n’étant pas au départ du jazz, celui-ci l’a tellement récupéré et exploité sous différentes formes qu’il est aujourd’hui parfaitement intégré dans son histoire. Le blues de Chicago est sa forme la moins élaborée. Avec ses trois accords et sa grille généralement de 12 mesures, il peut servir de point de départ pour comprendre comment évolue et se transforme un style de musique.

LE BOOGIE-WOOGIE. Généralement, si on aime le blues, le boogie-woogie ne pose pas de problème, la base de construction harmonique étant sensiblement la même. Le boogie-woogie se caractérise par des lignes de basse entraînantes qui donnent envie de danser. Son répertoire est essentiellement interprété au piano.

LE STRIDE. Hérité du ragtime, mais influencé par le blues, le stride est une musique calibrée pour le piano. Le style se caractérise par un rythme de main gauche cadencé et carré, alternant note basse et accord (appelé parfois ‘rythme en pompe’), alors que la main droite exécute un jeu dans lequel apparaît fréquemment la syncope. Dans la musique stride, les tempos sont souvent élevés. Si l’exécution de sa musique demande une bonne technique, son écoute est habituellement agréable... À cette époque (années 20/30), les harmonies dissonantes ne sont pas encore trop présentes !

LE JAZZ DE NOUVELLE-ORLÉANS. Il est considéré par la plupart des historiens comme le berceau de l’aventure jazz. C’est une musique qui reflète dans l’inconscient un certain entrain, une certaine joie de vivre, bien que parfois, celle-ci soit capable de rebondir avec une certaine mélancolie. Ce style peut devenir pour vous un moyen de pénétrer efficacement dans les sonorités servant de base au jazz. Le jazz de Nouvelle-Orléans est une musique contrapuntique intéressante pour apprendre à différencier le jeu et les sonorités des différents instruments.

LE SWING. C’est pour l’amateur, la période la plus représentative de l’histoire du jazz. Pourquoi donc, me direz-vous ? À cause de la présence d’un nombre important de grandes figures du jazz : Lionel Hampton, Count Basie, Cab Calloway, Duke Ellington, Benny Carter, Glenn Miller, Teddy Wilson, Charlie Christian, Roy Eldridge, Art Tatum, Coleman Hawkins, Lester Young, Jimmy Dorsey, Nat King Cole, Erroll Garner, Oscar Peterson… mais également des chanteuses, notamment Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald. Si vous écoutez quelques-unes de ces grandes figures, vous plongerez dans l’atmosphère sonore du jazz des années 30 jusqu'aux années 50.

LE BE-BOP. C'est au milieu des années 40 qu'apparaissent les premières traces du be-bop. Avec cette musique disparaît l’ère des grands orchestres au profit des petites formations (4/5 musiciens). À la base, le be-bop est d’abord une transformation du rythme et de son esprit. L’arrivée de la dissociation de la section rythmique est l’une de ses principales caractéristiques. La polyrythmie et l’utilisation de syncopes marquées rompent avec l’ère swing. Le be-bop se caractérise aussi par une nouvelle façon d’improviser, d’utiliser les harmonies. Avec ce style, c’est une révolution du langage jazz qui s’opère.

LE HARD BOP. Ce courant musical qui est apparu au milieu des années 50, trouvera son chef de file chez le pianiste Horace Silver, auteur de nombreux standards. Des musiciens comme les batteurs Art Blakey et Max Roach doivent être également cités. Contrairement au be-bop, le hard bop utilise des rythmes plus marqués et un tempo plus lent. D’un point de vue, peut-être plus subjectif qu’objectif, on peut constater que la plupart des thèmes sont plus mélodieux que dans le be-bop. Commencer l’écoute du hard bop pour passer ensuite au be-bop peut être un cheminement plus ludique pour ceux qui veulent un jour écouter du Bop pur.

LE COOL. Dans le jazz cool, il y a place pour les jazzmen blancs. En effet, le be-bop étant une musique lancée et popularisée essentiellement par des Noirs, le style ‘cool’ est un courant musical né en contre-réaction. Les jazzmen blancs, qui s’étaient illustrés en particulier dans la musique de danse et la musique commerciale des années 40/50, vont démontrer, eux aussi, leur savoir-faire en proposant une musique à l’atmosphère plus détendue, aux rythmes plus posés. Les grands noms en sont : Stan Getz, Gerry Mulligan, Lee Konitz, Lennie Tristano, Bill Evans, Les Brothers, Jimmy Giuffre et les orchestres de Stan Kenton et de Woody Herman. Ecouter du jazz cool avant du bop est peut-être une bonne alternative avant de partir à l’assaut d’un jazz aux rythmes et aux couleurs plus ciselés.

LE JAZZ SOUL. Appelé également ’funky’ ou ‘churchy’, le jazz soul est une résurgence du hard-bop. Il se décline de façon vocale sous les traits de Ray Charles. Le jazz soul mêle aux blues des formes, des thèmes empruntés au gospel song. Citons entre-autres : Cannonball Adderley, Grant Green, Jimmy Smith, The Jazz Messengers, Quincy Jones.

LE JAZZ MODAL. En contre-réaction du bop et de ses grilles riches en accords, le jazz modal se contente d’exploiter trois à quatre accords dans de nombreux thèmes ; l’un des plus célèbres étant So What basé sur seulement deux accords. Miles Davis est le chef de file de cette musique née à la fin des années 50. L’approche du jazz modal va influencer la musique jazz des années 60/70, en offrant à l’improvisateur une grande liberté. C’est l’apparition d’un jeu ‘out’ (en dehors) dans les improvisations et qui sera repris très souvent dans le jazz fusion. Citons aux côtés de Miles Davis : John Coltrane, Bill Evans, Herbie Hancock, Wayne Shorter.

LE FREE JAZZ. En écoutant du free jazz, on peut se poser la question : d’où viennent ces musiciens, qui sont-ils ou qu’ont-ils fait auparavant ? Entre le début des années 40 et le début des années 60, en simplement vingt années, le langage du jazz s’est complètement transformé. Il est difficile d’aborder le free jazz de front, sauf peut-être, en flottant à son écoute. Contrairement aux autres langages du jazz, le free jazz ne repose pas forcément sur des grilles prédéfinies, mais parfois seulement sur une entente préalable entre les musiciens. Toute la force et la magie sonore s’installent alors en fonction de l’esprit de chaque intervenant. Le free jazz est une sorte de domestication de la liberté, un pied de nez à l’anarchie sonore.

LE JAZZ-ROCK (OU JAZZ FUSION). Cette musique apparue aux confins des années 60/70 est marquée par l’apparition des instruments électriques. Elle est le reflet de l’utilisation des rythmes rock et pop mis à la sauce jazz. Le jazz-rock a souvent été critiqué par les puristes du jazz qui ont vu en lui un appauvrissement musical, une recherche musicale conduite par des enjeux commerciaux (ce qui est vrai, si l'on regarde uniquement les ventes). Le jazz-rock (ou rock progressif, jazz fusion) a poursuivi l’exploration des rythmes binaires associés aux nouvelles sonorités électroniques au-delà des années 70/80. Il garde encore aujourd’hui une certaine estime chez quelques jeunes musiciens de jazz (adeptes de l’acid-jazz). Le jazz-rock se caractérique à travers une musique mettant en avant la virtuosité de ses interprètes. Les leaders des années 70/80 en sont : John McLaughlin, Chick Corea, Miles Davis, Weather Report, Herbie Hancock, Billy Cobham, Jean-Luc Ponty, Larry Coryell, Frank Zappa.

LE COURANT ECM. En marge des styles déjà cités, existe ECM créé en 1969. ECM, pour Edition of Contempory Music, est un label allemand qui regroupe du jazz, mais également de la musique classique comme de la world music. ECM impose rapidement sa marque de fabrique, originale et audacieuse. Durant les années 70, la firme enregistre de nombreux disques jazz, souvent remarquables pour leur qualité sonore. Une sorte de ‘jazz planant’ à contre-courant fait son apparition, transporté par des musiciens d’Europe du Nord, mais aussi américain. Les représentants les plus significatifs sont : Keith Jarrett, Eberhard Weber, Terje Rypdal, Jan Garbarek, Dave Holland, Charlie Mariano, Ralph Towner, David Liebman. De nombreux disques enregistrés par ECM ont apporté une nouvelle dimension dans le paysage du jazz, malgré les jugements de valeur apportés par quelques critiques estimant la production ECM comme froide et sans swing.

LES AUTRES COURANTS. À cette liste, j’aurais pu ajouter le jazz et ses mélanges… En effet, il ne faut pas oublier que le jazz a toujours eu une façon intelligente de se glisser avec habileté dans différentes musiques. Quelle aurait été sa popularité, sa pérennité, si la bossa-nova, la salsa, le calypso ou toutes les autres musiques latines n’étaient venues l’encourager en lui ouvrant de nouveaux horizons ?

Le jazz latin est apparu grâce à la rencontre entre musiciens américains et musiciens d'origines latines (cubains, brésiliens, mexicains...). C'est l'amour de l'improvisation et des rythmes syncopés qui les ont poussés à communier, à bâtir des années 40 jusqu'à nos jours une infinie variété de mélodies et de rythmes toujours prêts à inviter les gens à danser. Aussi, je ne peux que vous conseiller l’écoute de toutes ces musiques parallèles, qui peuvent devenir pour vous un bon moyen de rebondir ensuite vers un jazz plus pur ou plus classique.

Voici quelques noms de jazzmen qui, venus du jazz, se sont illustrés dans ces musiques : Duke Ellington, Cab Calloway, Stan Getz, Dizzy Gillespie, Art Blakey, Horace Silver, Stan Kenton, Gato Barbieri, Herbie Mann, Chick Corea.


DERNIÈRE (FAUSSE) MÉTHODE

L’ALPHABET. Vous pourriez utiliser bien sûr toutes les lettres de l’alphabet de A à Z, partir par exemple de 'Albert Ammons' et poursuivre jusqu’à 'Joe Zawinul', mais je ne vous le conseille pas, une telle approche serait trop empirique et laborieuse, moi-même j’y renoncerais !

par ELIAN JOUGLA



SOMMAIRE "LES CLÉS POUR AIMER LE JAZZ

1. COMMENT AIMER LA MUSIQUE JAZZ

2. COMPRENDRE LA MUSIQUE JAZZ

3. LES MÉTHODES POUR CONNAIRE LE JAZZ

4. LES CENT DISQUES DE JAZZ INDISPENSABLES

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