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MUSIQUE DE FILMS


MAURICE JAUBERT, BIOGRAPHIE DU COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE FILMS

Au départ, Maurice Jaubert se destine à une carrière juridique, mais alors âgé de 20 ans, il croise sur sa route Albert Groz qui l’aide à parfaire ses connaissances musicales, tout d’abord à Nice, puis à Paris, où Jaubert s’installe à partir de 1923...


LA TROP COURTE CARRIÈRE DE MAURICE JAUBERT

Maurice Jaubert suit dans son enfance des cours de piano, d'harmonie et de contrepoint au conservatoire de Nice, ville où il est né le 3 janvier 1900. En 1916, il obtient son baccalauréat en même temps qu'un prix de piano. Il décide de quitter Nice pour Paris afin de poursuivre ses études. À la Sorbonne, il obtient une licence ès lettres et un doctorat en droit. De retour dans sa ville natale, il s'installe comme avocat et compose ses premières musiques.

En 1922, il décide d'abandonner la pratique du droit au profit de la musique. L’année suivante, il complète sa formation musicale avec Albert Groz, à Paris.

Maurice Jaubert démontre rapidement ses capacités à écrire des musiques diverses qui vont de la musique de chambre à des pièces pour piano. En 1925, il compose sa première musique de scène, Le Magicien prodigieux, du dramaturge espagnol Calderón. Parallèlement à ses activités de compositeur, il enregistre des rouleaux destinés pour piano mécanique Pleyel. Il se marie avec la chanteuse Marthe Bréga en 1926 et l'année qui suit leur union naît une fille prénommée Françoise.

Jaubert compose sa première musique pour le cinéma, Nana de Jean Renoir en 1926. Pour autant, son incursion dans le 7e art ne l'empêche pas de diversifier sa carrière musicale en écrivant des œuvres destinées à la scène, autant pour des pièces de Jean Giraudoux que pour des opéras-bouffes, qu'il n'a de plaisir à diriger la musique de ses confrères et amis Darius Milhaud et Arthur Honegger.

Son parcours dans la musique de film est aussi brillant que bref et se concentre dans les années 30. Il tourne alors avec les plus grands metteurs en scène du cinéma français : Marcel Carné, Julien Duvivier, Jean Vigo, René Clair. De sa filmographie, il faut retenir : La vie d’un fleuve de Jean Lods, Le petit chaperon rouge d'Alberto Cavalcanti, L’Atalante et Zéro de conduite de Jean Vigo, L'affaire est dans le sac des frères Prévert, La fin du jouret Carnet de bal de Julien Duvivier, Le dernier milliardaire et Quatorze juillet de René Clair. Enfin, pour Marcel Carné, il signe Hôtel du Nord, Quai des brumes, Drôle de drame et Le Jour se lève.

Maurice Jaubert, en dehors de ses activités musicales, se révèle être un homme engagé politiquement en s'opposant vivement à la Guerre d'Espagne. C'est d'ailleurs à cause de l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne que ses activités artistiques cesseront. Mobilisé en septembre 1939, le capitaine Maurice Jaubert rejoint la compagnie du génie qu'il commande pour participer aux combats en première ligne. L'homme fait preuve de courage et de détermination. Mortellement blessé par un tir ennemi, il meurt quelques heures plus tard à l'hôpital de Baccarat, le 19 juin 1940. Son corps sera inhumé d'abord dans le cimetière de Baccarat avant d'être transféré à Nice, en 1952, dans le cimetière de Caucade.


MAURICE JAUBERT : QUATORZE JUILLET (générique - valse) de René Clair (1932)

MAURICE JAUBERT, UN COMPOSITEUR RIGOUREUX ET INVENTIF

Maurice Jaubert (1900/1940) est un musicien « français » en ce sens qu’il dissipe l’écran de fumée de la musique gracile et galante, et retrouve le chemin rigoureux, inventif et architectural de la polyphonie ancienne, telle que l’ont illustrée de Machaut, Lassus et Janequin. Ce rapprochement n’est pas arbitraire dans la mesure où l’on découvre chez Jaubert une verve communicative et un ton d’improvisation qui rappelle singulièrement le caractère original des chansons de Janequin.

Une musique qui plonge ses racines dans des sources aussi lointaines amènerait à taxer son auteur d’archaïsme, sinon de traditionalisme. Mais sur ce point, il me semble que Maurice Jaubert donne un exact prolongement de cette définition de Paul Eluard : « La tradition est avant tout invention et découverte » écrit justement François Porcile à propos de Maurice Jaubert (1).

Tout en travaillant à des compositions personnelles, Jaubert rencontre Arthur Honegger auprès duquel il va se mêler aux divers mouvements musicaux français. En 1929, il compose sa première partition pour l’écran : Le mensonge de Nina Petrovna, d'Hans Schwarz. Dès lors, Maurice Jaubert s’orientera vers une véritable invention de la musique de film.

Maurice Jaubert saura se créer des collaborations privilégiées, notamment avec Jean Vigo. Maurice Jaubert sera également le témoin attentif de la vie musicale française. Il est un des rares musiciens de cinéma à avoir su conserver son intégrité musicale face aux exigences naissantes de l’art cinématographique.

En luttant contre les dramatisations excessives, Jaubert, contrairement à certains de ses confrères, ne produira pas d’œuvres parallèles. Sa musique reste une et indivisible, qu’elle soit destinée à l’écran ou au concert. La meilleure preuve de la pérennité de sa musique : certaines réutilisées par François Porcile et Patrick Mestral pour des films de François Truffaut (Adèle H, L’argent de poche, L’homme qui aimait les femmes, La chambre verte).

(1) Maurice Jaubert, musicien populaire ou maudit ? – François Porcille


QUELQUES MUSIQUES DE FILMS ESSENTIELLES

  • Nana (Jean Renoir  – 1926)
  • Le Petit Chaperon rouge (Alberto Cavalcanti  – 1930)
  • Ostende, reine des plages (Henri Storck – 1930)
  • L'affaire est dans le sac (Pierre Prévert  – 1932)
  • Quatorze juillet (René Clair –1932)
  • Zéro de conduite (Jean Vigo  – 1933)
  • L'Atalante (Jean Vigo  – 1934)
  • Le Dernier Milliardaire (René Clair  – 1934)
  • Mayerling (Anatole Litvak – 1936)
  • La Vie parisienne (Robert Siodmak – 1936)
  • Drôle de drame (Marcel Carné – 1937)
  • Carnet de bal (Julien Duvivier – 1937)
  • Quai des brumes (Marcel Carné – 1938)
  • Hôtel du Nord (Marcel Carné –1939)
  • Le jour se lève (Marcel Carné - 1939)

À CONSULTER

MAURICE JAUBERT, POUR MÉMOIRE

Le label 'Disques Cinémusique' répond à un intérêt croissant pour la musique de film de Maurice Jaubert avec un album regroupant plusieurs de ses compositions difficiles à trouver faute de support discographique. Les extraits présentés ont été remasterisés à partir des meilleures sources existantes.

MAURICE JAUBERT, PORTRAIT ET TÉMOIGNAGES DE RENÉ CLAIR, JULIEN DUVIVIER ET JEAN VIGO

Éminent compositeur de musique de films d'avant-guerre, on doit à Maurice Jaubert quelques belles musiques dont 'Quai des Brumes', 'Hôtel du Nord' ou 'L'Atalante'. René Clair, Julien Duvivier et Jean Vigo apportent quelques témoignages le concernant.

GEORGES DELERUE : BO INÉDITES ET CONCERT MAURICE JAUBERT

Le label 'Disques Cinémusique' propose deux perles rares en CD : les BO de 'Bestiaire d'amour' et 'Mona' composées par Georges Delerue et un concert inédit de Maurice Jaubert, compositeur influent d'avant-guerre.

LES COMPOSITEURS FRANÇAIS D'AVANT-GUERRE

Dès le début de l'histoire du cinéma, des compositeurs français ont réussi à produire des musiques de films originales estampillées à la française. Cette page propose de partir à la rencontre de ces compositeurs aujourd'hui oubliés.

LISTE DES COMPOSITEURS

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