LE RETOUR DU MORPHING
À la base, sa polyphonie étroite (six voies seulement) ne doit pas constituer un frein à sa découverte. L'instrument révèle en effet un excellent potentiel d'expressivité grâce à la présence du morphing, un concept technologique déjà rodé, mais qui reprend de la vigueur avec l'arrivée sur le marché de ce synthétiseur. Son point fort : donner lieu à la création d'un son présent dans deux états simultanés, mais avec un unique préréglage. L'instrument autorise cela grâce à des commandes multi-axes.
Le morphing sert de porte d'entrée aux nombreuses innovations de l'instrument. Pour ceux qui connaissent déjà le "vector control" qui équipe notamment la génération des "SY' de Yamaha, le morphing du Polybrute n'est pas sans le rappeler, notamment sa capacité de transformer l'état d'un son dans un autre tout en laissant libre les mains pour jouer. Bien entendu, les dispositions techniques de l'Asturia naviguent dans une autre dimension avec une finesse sonore bien différente, comme celle d'enrichir progressivement un pad avec des harmoniques ou un autre jusqu'à le désaccorder. Les possibilités sont infinies et encouragent son utilisateur à faire preuve d'imagination pour que l'instrument délivre toute sa flexibilité et sa puissance sonore.
© Arturia
Le "Morphée controller" représente le centre névralgique. Il permet de prendre la main sur les axes tactiles des sonorités de façon à contrôler l'ensemble des paramètres de destination disponible dans la matrice de modulation. De même, le morphing devient passionnant quand il « randomise », dans une évolution permanente, une séquence ou un arpège.
© Arturia – Le "Morphée controller"
Côté oscillateurs, le Polybrute comprend deux puissants VCO analogiques qui génèrent des ondes en dents de scie, triangulaires et carrées, avec un sous-oscillateur et des commandes de cross-mod et de synchronisation à portée de main (waveshapping optimal des VCO).
Pour ajouter de la personnalité aux sons, le Polybrute est équipé de deux filtres classiques configurables de diverses manières : en série, en parallèle ou en variation continue. Le premier des deux, « The Steiner », est un filtre 12 dB/octave avec pente continue. Le second, « The Ladder », est à l'image des synthétiseurs Moog, de type 24 dB/octave.
Étonnamment, nous retrouvons sur ce synthétiseur, la présence d'un contrôleur à ruban, plus ou moins abandonnée par le passé (et pourtant fort pratique). Quant au clavier, il est sensible à la vélocité et à la pression. L'instrument autorise également la création de splits et de layers.
LA MATRICE : LE CERVEAU NUMÉRIQUE
© Arturia – La partie filtre
© Arturia – Le patchbay numérique
Pour définir clairement la matrice, contentons-nous de préciser qu'il constitue le lieu où le dynamisme de l'analogique et la concision du numérique se rencontrent.
Pour faciliter son usage, le Polybrute est équipé de 768 emplacements préréglés, ce qui évite de nombreux menus et permet un accès direct. Un patchbay numérique à 96 points avec un maximum de 32 destinations permet d'acheminer n'importe quelles sources de modulation pour infléchir des dizaines de paramètres en même temps.
De plus, PolyBrute emploie toute sa puissance analogique au service de l'utilisateur avec des boutons et des commutateurs dédiés, offrant un contrôle et une immédiateté inégalés. Presque tout ce que vous touchez génère par ailleurs du MIDI. Vous pouvez en conséquence capturer chacun de vos mouvements dans le cadre d'une production en MAO.
Le fabricant atteste que son synthétiseur est le fruit d'une longue recherche et qu'il a « fait l'objet de tests rigoureux pour garantir une qualité de construction du meilleur calibre. » Polybrute concilie parfaitement les technologies actuelles en restant fermement ancré dans l'héritage historique des synthés analogiques. Il n'existe pas de frein à son usage, si ce n'est sa polyphonie. En utilisant ses préréglages, en modulant ses sonorités expressives et en agissant sur son potentiel créatif, l'instrument répond parfaitement à l'attente du claviériste branché, que ce soit pour un usage sur scène ou en studio.
LA ROBE NOIRE DU POLYBRUTE
Arturia propose depuis février 2023, une version limitée de couleur noire de son "vaisseau-amiral". Cette édition propose une esthétique renouvelée avec un coffrage noir, des flancs en bois aussi sombre que l'ébène, et des accents colorés propres à la série Brute. Un mariage parfait entre élégance et discrétion qui s'accompagne de boutons redessinés et de pièces ionisées.
© Arturia – Le modèle noir à édition limitée.
LES DÉMOS
COOL-BRUTE, composé par Michael Geyre. Aux allures de jazz funky, cette première démo est basé sur le préréglage "Wurlinet", qui utilise le morphing pour transformer un son de piano électrique de style "Wurlitzer" en un clavinet ! Les parties de batterie sont entièrement créées par le PolyBrute.
HOLD THE LINE, composé par J.-M. Blanchet. Cette démo rappelle les ambiances des années 80. Toutes les parties de synthé et les mélodies proviennent de PolyBrute et s'accompagnent d'échantillons de batterie Live externes.
POLYFLÛTES, composé par Florian Marin. Une couleur ambiante mystérieuse et relaxante pour cette démo, avec une utilisation de l'aftertouch duophonique à l'honneur. Notons que cette musique a été réalisée en utilisant uniquement les préréglages d'usine du Polybrute 2.0. Aucun effet externe n'a été utilisé dans cette démo.
BRIDGES, composé par Boele Gerkes. Un morceau ambiant qui rappelle les atmosphères profondes de la musique berlinoise à l'ancienne, genre Tangerine Dream. Cette démo est basée sur 4 instances de PolyBrute démontrant les possibilités étendues de morphing, notamment avec le préréglage "PPG 4.0".
POLY SYNERGY, composé par Lily Jordy. Ce morceau est composé de 9 sons prédéfinis et provenant de la banque de la compositrice. Tous les effets sont internes au PolyBrute. Aucun plugin externe n'a été utilisé à l'exception des compresseurs d'Ableton Live 10.
Mars geology, composé par Simon Galifet. Un titre techno simple et direct. Tout, excepté le coup de la grosse caisse, vient du PolyBrute. Basé sur le préréglage "Pulsar" avec quelques préréglages SFX comme "FX Hoover" et "Massacre".
CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES
- Type : synthétiseur de morphing analogique.
- 6 voix de polyphonie se déclinant en poly, mono et unisson.
- Modes clavier : Single, Split, Layer.
- 61 touches avec vélocité et aftertouch.
- Pitch Bend, molette de modulation, contrôleurs de ruban.
- Contrôleur 3D Morphée tactile et sensible à la pression.
- Capacité de morphing sonore, parties A et B pour chaque préréglage.
- Deux VCO analogiques comprenant scie, triangle + métaliseur, carré + largeur d'impulsion, FM linéaire.
- Un générateur de bruit continu (du bruit de grondement au bruit blanc).
- Un filtre Steiner Parker 12 dB/oct avec coupure, résonance et "brute factor".
- Un filtre échelle 24dB/Oct avec distorsion.
- Trois LFO avec diverses options de redéclenchement.
- Trois effets numériques stéréo : chorus, phaser, flanger, ring modulation + delay et reverb.
- 768 emplacements prédéfinis.
- Un séquenceur polyphonique 64 pas.
- Un arpégiateur matriciel.
- Sortie audio stéréo.
- Connexion E/S MIDI et USB + E/S d'horloge analogique.
- Deux entrées pour pédale d'expression et une pour pédale forte.
- Taille de l'instrument : 972 x 378 x 110 mm.
- Poids de l'instrument : 20 Kg.
- Année : 2020 (première version)
- Prix constaté au 04/2023 : 2 500 € (version classique)
- Prix constaté au 04/2023 : 2 700 € (version noire limitée)
Piano Web (04/2023)
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