TECHNIQUE ET MAO



LE SÉQUENCEUR, L'ALLIÉ DU PIANISTE BRANCHÉ

La fonction principale d'un séquenceur est de fabriquer tout ou partie d'un morceau de musique avec rigueur et perfection. Pour un musicien, cette pièce maîtresse du studio MIDI est d'autant plus indispensable qu'elle l'assiste dans la construction de ses idées musicales. Explications...


UN BREF RAPPEL HISTORIQUE

Quand les séquenceurs sont apparus, ils étaient analogiques et monodiques, c'est-à-dire qu'ils ne délivraient qu'un unique signal et ne commandaient par conséquent qu'une note à la fois. De plus, ils ne permettaient pas la réalisation de longues séquences (quelques dizaines de notes, tout au plus). Il était illusoire de contrôler autre chose que les notes et leurs durées, et encore, que sur des modèles onéreux. Leur principale fonction était la réalisation de séquences bouclées sur elles-mêmes. Excepté son cousin, l'arpégiateur, doté néanmoins de fonctions limitées, l'unique concurrent restait le magnétophone multipiste. Côté manip, l'avantage était certain, mais la performance – pour ne pas dire la rigueur rythmique – se limitait à celle des doigts de l'utilisateur !

© CC-by – Hannes Grobe (snl.no) – Digital sequencer CSQ-600 Roland SYSTEM-100M

Puis sont arrivées les années 80 et avec elles la vulgarisation des techniques numériques, des micro-ordinateurs et surtout l'apparition sur le marché de séquenceurs mille fois plus performants que leurs ancêtres. Le musicien disposait désormais d'un outil capable de produire de longues séquences sans limitation de polyphonie. Finis alors l'obligation de programmer pas à pas. L'enregistrement des notes se vivait au clavier, le séquenceur se chargeant de tout mémoriser en prise directe. Cerise sur le gâteau : l'arrivée de la normalisation des instruments de musique électronique au standard MIDI et le contrôle simultané de plusieurs synthétiseurs accordant à chacun une sonorité différente répondant à la vélocité, à la pression comme aux modulations (pitch bend, entre autres).

À toutes fins utiles, précisons qu'aucun séquenceur ne fournit originellement de notes ou de sons, mais n'envoie simplement que des impulsions, des signaux qui commandent les instruments qui lui sont connectés. Ainsi, quand une note, do, ré ou mi sont jouées et qu'elles entrent dans le séquenceur, ce dernier les « absorbe » pour les restituer ensuite en tension vers les oscillateurs du clavier émetteur.


AVANTAGES DU SÉQUENCEUR MODERNE

Les avantages sont en nombre. La liste qui suit en atteste.

1. S'enregistrer au tempo de son choix sans modification de la tonalité. Ce qui est irréalisable avec un magnétophone.

2. Corriger ses erreurs après l'enregistrement d'une piste sans devoir tout recommencer. Chaque note peut être sélectionnée individuellement. Théoriquement, il n'existe pas de limite à la modification : hauteur, durée, intensité... Toutefois, cela demande du temps.

3. Corriger la mise en place grâce à la quantification.

4. Enregistrer ou lire les données à partir de n'importe quelle position d'une piste grâce aux locators, avec un point d'entrée et un autre de sortie. Cela évite de tout recommencer du début.

5. Réenregistrer une partie autant de fois que l'on souhaite sans dégradation du signal. Sur un magnétophone, la bande magnétique s'use au fil des passages.

6. Programmer un changement de son en cours de lecture sur une même piste.

7. Réaliser un mixage automatique : correction du volume et du panoramique piste par piste.

8. Transposer tout ou partie d'une seule piste ou de l'ensemble des pistes. Cela permet un temps fort appréciable pour, par exemple, s'accorder avec la voix d'une chanteuse ou d'un chanteur. Par ailleurs, il est particulièrement intéressant de pouvoir programmer la transposition afin de garder les mains libres pour d'autres tâches lors de la lecture des séquences.

9. La possibilité de changer de signature en cours de morceau, comme passer de 4/4 en 2/4.

10. Un nombre de pistes démultiplié. Généralement, seize pistes au minimum, bien qu'il existe des séquenceurs qui proposent huit pistes, voire moins.

11. Le fonctionnement par pattern à l'identique d'une boîte à rythmes. Pratique pour travailler en boucle ou pour assembler un morceau grâce à la fonction « copier-coller », tout en pouvant intervertir les différentes parties.

12. Une rigueur rythmique parfaite – trop parfaite dans certains cas, ce qui peut être défavorable à son utilisation, au même titre que la boîte à rythmes.

En résumé, à la vue de ces privilèges, il est logique que le séquenceur soit devenu la pièce centrale d'un équipement MIDI puisqu'il permet à un musicien – quel que soit son bagage technique – de pousser plus loin ses investigations créatrices sans prendre de risques, même quand son utilisateur est un musicien débutant.


LES INCONVÉNIENTS

Bien entendu, étant donné qu'un monde parfait n'existe pas, le séquenceur n'échappe pas à la règle.

1. Maitriser les différentes fonctions de l'appareil, parfois/souvent complexes.

2. Un manque de souplesse dès que l'on utilise les corrections manuelles, autrement dit le pas à pas : mise en place rythmique, réglage des notes (hauteur, durée, intensité...), etc.

3. Le jeu joué sur l'instrument ne peut pas être restitué à l'identique dès que la finesse de la quantification est faible. Toutefois, la différence est infime dès que le niveau programmé se situe à 192ᵉ de ronde. Une autocorrection est dès lors créée automatiquement à la fraction la plus proche (vers l'avant ou vers l'arrière).

4. Le nombre d'événements (notes) pouvant être enregistré qui dépend étroitement du matériel connecté au séquenceur (qui peut dépendre par ailleurs de l'utilisation ou non de l'aftertouch et du pitch-bend).

5. Impossibilité de prolonger une note avec un effet (écho, chorus...) commençant sur un pattern et finissant sur un autre.


UN SÉQUENCEUR VERSION HARD OU VERSION LOGICIEL ?

Le choix entre un séquenceur intégré, par exemple dans un synthétiseur ou un ordinateur, par le biais d'un logiciel, existe également sous forme de matériel monté dans un boîtier indépendant contenant tous les éléments indispensables à un fonctionnement autonome. Le choix entre ses différentes versions dépend avant tout de l'activité musicale, scène ou studio.

Le Tenori-On de Yamaha, un séquenceur intuitif.

Quand il se présente sous la forme d'un logiciel via micro-ordinateur, il sera utile à celles et ceux qui désirent obtenir un affichage de la partition, ce qui est inapicable en utilisant le modèle intégré dans un clavier. De plus, dans le cas d'un procédé informatisé sur ordinateur, les possibilités de traitement sont plus nombreuses, même si elles nécessitent plus de temps pour être correctement maîtrisées. Bien entendu, dans ce cas, un écran confortable est fort utile pour lire simultanément les différentes informations et pour se repérer en cours de travail.

Le séquenceur matériel est prioritairement destiné au claviériste qui, sur scène, cherchera un appareillage compact et pratique grâce à des boutons de commandes en lieu et place d'une souris ou d'un pavé tactile. Avec une certain acquis des automatismes, le séquenceur matériel permet une rapidité extrème, ce qui est essentiel lors d'une prestation en direct live.

Enfin, avec le modèle intégré au clavier, celui-ci conviendra parfaitement à un musicien désireux d'avoir tout sous la main dans un même appareil, type workstation : le clavier, le générateur sonore, un mode d'édition, des effets, un séquenceur, et parfois même une amplification avec HP. Deux inconvénients majeurs existent toutefois : la complexité technique de ce type de clavier et la quasi-impossibilité de faire évoluer les divers « composants » individuellement. C'est le problème du « tout-en-un ».


LES MISES EN GARDE

À la base, un séquenceur est prévu pour réaliser un excellent travail de précision au prix d'un sacrifice en temps. Tout dépend au fond des objectifs à atteindre. Mais pour être particulièrement utile et ne pas renoncer à son utilisation, il est essentiel que les fonctions les plus courantes soient directement accessibles. Le choix du canal MIDI et le choix de la séquence à jouer sont prioritaires, tout particulièrement pour un jeu en direct live. Dans ce cas, un séquenceur matériel doté d'un nombre élevé de boutons de commandes – même si cela paraît impressionnant – offre l'avantage d'avoir un accès aux fonctions immédiatement, tandis que celles engageant des combinaisons de touches ou des menus successifs deviendront inadaptés à des situations d'urgence. Pensez également à l'aspect pratique du stockage des données.

Parfois, le séquenceur est appelé à travailler en étroite relation avec une boîte à rythmes, aussi est-il nécessaire que les deux machines fonctionnent rigoureusement avec le même tempo. C'est ce que l'on nomme la synchronisation. Ceci est obtenu grâce à des signaux envoyés par le séquenceur et reçus par la BAR. Le standard le plus utilisé est de 24 impulsions par noire. Si tel n'est pas le cas, l'adaptation de différents standards peut se réaliser en utilisant des interfaces dédiées.

En dernier lieu, soyez vigilants à la résolution proposée par le séquenceur. Celle-ci agit sur la finesse avec laquelle la machine capte le jeu dans le temps. Le minimum pour conserver un jeu humain est de 192ᵉ de ronde (48ᵉ de noire ou triolet de quadruple-croche).


QUELQUES FONCTIONS UTILES

Le monitoring. Couplé à la fonction « rechannelize », le monitoring permet d'avoir en sortie du séquenceur ce qui entre au clavier. Le « rechannelize » (ou transposition de canal MIDI, avec la fonction Soft Thru), évite de devoir incessamment modifier le canal d'émission du clavier de commande. Une fois la piste de travail sélectionnée, le séquenceur se connecte automatiquement sur le canal MIDI concerné.

Les filtres. Ils contribuent à économiser de la mémoire en filtrant les contrôleurs MIDI les plus « gourmands », comme l'aftertouch, la modulation, etc.

Les variations de tempo. Sur les séquenceurs sophistiqués, il peut être modifié à n'importe quel endroit du morceau. Utile pour créer des accélérations ou ralentissements progressifs du tempo.

Le métronome. Présent sur les boîtes à rythmes, le métronome est fort utile pour aider à jouer en mesure. Un top départ d'une ou deux mesures à vide précède le début de l'enregistrement. Cette fonction courante peut devenir performante lorsque le séquenceur est muni d'une sortie audio pour exiger du métronome de commander une note précise en MIDI.

L'édition. Elle reste honnête lorsqu'il est loisible de modifier la position, la note, la vélocité, la longueur et le canal d'un événement, mais elle est bien plus professionnelle quand l'édition est en mesure de manipuler des ensembles ou des natures d'événements définissables.

Les boucles. Réclamée, parce que pratique, elles consistent à répéter continuellement, à la manière d'une bande sans fin, quelques mesures. Le luxe souhaitable est de pouvoir jouer avec des boucles individuelles, même quand les pistes ont des longueurs inégales.

Le stockage. Celui sur magnétophone à cassette est dépassé, sauf si vous possédez un séquenceur ancien, sans prises MIDI. Dans le cas contraire, le disque dur et surtout la clé USB conviennent parfaitement. Le petit plus est de pouvoir charger un morceau pendant l'exécution d'un autre. Utile dans le cas d'un montage playlist pour la scène.

par ELIAN JOUGLA (Piano Web – 03/2024)


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