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PÉDAGOGIE



LES ÉTAPES MAJEURES DE L'APPRENTISSAGE D'UN MORCEAU DE MUSIQUE

Globalement, l'exécution d'une œuvre musicale repose sur les étapes suivantes : l'observation et la compréhension, le déchiffrage, la répétition jusqu'à l'intégration et la mémorisation. Piano Web les a décryptées pour vous à travers quelques réflexions pédagogiques.


L'OBSERVATION DE L'ŒUVRE

L'analyse visuelle du jeu provenant d'un pianiste réputé permet de développer un mimétisme du geste. C'est l'effet miroir. L'élève devra être attentif aux conseils apportés par son professeur sur des points précis : tenue, maintien, geste des mains et des bras. Cela doit être présenté comme un jeu accessible et de valorisation. Les enfants, par nature, aiment imiter les grandes personnes.

L'autre type d'observation à développer est auditive. Bien que les nuances au piano soient limitées, un mouvement de la main ou du bras mal contrôlé entraîne à sa suite une sonorité inadaptée, sans oublier que les gestes pianistiques sont généralement liés à la coordination des deux mains et des dix doigts. En principe, et si la technique suit, quand l'élève a une idée précise de la sonorité qu'il souhaite obtenir, le bon geste participera.

Pour aboutir, il est indispensable que le lien entre le mouvement physique et le résultat obtenu, guidé par l'oreille, se mette en place. Cela demande du temps et constitue une étape primordiale de l'apprentissage sur un instrument de musique. Ce rapport au geste s'établit habituellement assez vite chez un enfant attentif et se construit avec une subtilité plus accrue au fur et à mesure de sa maîtrise technique. Au départ, la gestuelle est grossière, guidant les deux mains dans un même élan dynamique pour, progressivement, devenir plus indépendante. De son côté, la perception auditive, en fonction de l'évolution cérébrale et de la praxie, conduiront au mieux la finesse d'exécution.

Par ailleurs, la difficulté majeure de la gestuelle pianistique est amplifiée par les indépendances rythmiques. La coordination main droite et main gauche (pour faire simple), doit être parfaite, limpide, quasi naturelle. On imagine parfaitement que cette « domestication » exige toute l'attention de l'élève. Les gestes de coordination demande à être compris intellectuellement avant de s'attacher à leurs aspects techniques purs. C'est également pour cette raison que les phases successives d'observation doivent s'imposer, et ce, avant même de s'attaquer aux difficultés essentielles du morceau.


DÉCHIFFRAGE ET RÉPÉTITION

Le déchiffrage consiste à lire les notes, mais pour l'essentiel à étudier, puis à résoudre les difficultés liées à la mise en place de traits techniques. Dans un premier temps, la lecture, le doigté et le rythme avec ses indépendances sont prioritaires ; les nuances de jeu n'intervenant que plus tard. Le temps accordé au déchiffrage est variable, mais chez les élèves les plus « doués », la compréhension d'une difficulté technique peut être quasiment instantanée, et si les doigts suivent, alors les progrès défilent à toute allure.

De la part du professeur, il est capital de soutenir l'élève qui a réussi une difficulté majeure. Un signe de satisfaction accompagné de quelques mots positifs, du genre : « C'est bien, car ce n'était pas facile ! », est toujours le bienvenu. C'est ce qu'on appelle en programmation neurolinguistique « faire un ancrage ». Toutefois, le positivisme de l'enseignant ne doit pas être disproportionné en laissant croire à son élève que ce qu'il a su surmonter tient de l'exploit. Il doit continuellement exister une distance au regard du résultat obtenu en lui signalant, par exemple, qu'il peut améliorer la position de sa main gauche ou le délié de la main droite. Pour un élève, l'encouragement est loin d'être une banalité parce qu'il arrive plus volontiers que ce soient les remontrances auxquelles il a droit.


INTÉGRATION ET MÉMORISATION

Ce que l'élève a su faire une fois, il peut le reproduire. L'objectif de la répétition consiste à surmonter la difficulté jusqu'à banaliser le geste. Je ferai remarquer, au passage, qu'une répétition correcte ne consiste pas à étudier une difficulté comme un exercice imposé. L'élève doit se sentir impliqué dans la musique qu'il joue, et il ne peut améliorer son jeu que s'il ressent émotionnellement la pièce musicale.

Quand le cerveau établit les connexions adéquates, la mémoire du jeu instrumental est facilitée. Au fur et à mesure des difficultés surmontées, les gestes s'« inscrivent » dans la mémoire, de la même façon que nous pouvons remonter sur un vélo des années après sans perdre l'équilibre. Toutes les difficultés techniques s'enchaînent alors avec une sensation de libération intérieure. C'est l'obtention de la maîtrise par l'intégration. Cela signifie également que l'intégration est passée au stade de la mémorisation. Il suffit pour cela que les connexions neuronales soient suffisamment puissantes et agissent en conséquence. L'énergie peut alors se décharger vers la voie unique restante, l'interprétation.

par ELIAN JOUGLA (09/2023)


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