DÉMOS SYNTHÉTISEURS, CARTES SONS...



MOOG MULTIMOOG, DESCRIPTION ET DÉMOS

Le Multimoog est le grand frère du Micromoog dont il constitue en fait une extension avec un clavier disposant de 44 notes. Le Multimoog est un synthétiseur monophonique que l'on peut placer dans la catégorie des synthé de scène, même si aujourd'hui sa place de choix se trouve dans un studio d'enregistrement. Le Multimoog présente une fabrication soignée, digne de la marque légendaire.


MULTIMOOG PRÉSENTATION

Le Multimoog se présente sous la forme d'un coffret en ABS thermoformé. Ses angles sont par conséquent arrondis. De part et d'autre du synthétiseur, nous avons des flancs de bois cerclé d'aluminium brossé anodisé. La façade présente l'ensemble des commandes et une sobre sérigraphie.

Une roue de modulation est présente ainsi que le ruban de commande de la hauteur du son (vibrato manuel). Le Micromoog se retrouve entièrement sur la partie droite du synthétiseur alors que sur la gauche, le constructeur a ajouté cinq commutateurs et autant de potentiomètres. L'arrière de l'appareil a aussi reçu les soins du constructeur avec la multiplication des entrées et des sorties.

(capture YouTube "Synth4Ever")


CONCEPTION COMMUNE AU MICROMOOG

Commençons tout d'abord par rappeler les quelques points particuliers du Micromoog. L'oscillateur dispose d'un sélecteur d'octave permettant de passer de 32 pieds à 2 pieds avec, en plus, un bouton assurant la couverture d'une plage de hauteur très étendue, puisque l'oscillateur peut couvrir de 0,1 Hz à 20.000 Hz.

Le son de l'oscillateur principal peut être mélangé à celui d’un diviseur de tension qui donne l'octave inférieure ou deux octaves au-dessous du fondamental, cette addition donne un certain volume au son. La progression du mélange est régulière.

Autre mélange continu, celui de la forme du signal de sortie. On peut ainsi passer régulièrement des dents de scie aux impulsions étroites. Pas de commutation brutale mais une transition offrant une meilleure souplesse dans les réglages, dans les recherches destinées à affiner un son et sa couleur.

Le timbre est déterminé par un filtre du type VCF suivant la hauteur de la note jouée ou ne suivant pas tout à fait le clavier, cette seconde formule donne des sons dont les harmoniques diminuent en valeur relative au fur et à mesure que la note monte. C'est ce qui se passe d'ailleurs dans beaucoup d'instruments, le piano en particulier.

Le filtre possède deux commandes, une de fréquence d'accord et l’autre de résonance. Lorsque cette dernière commande est poussée au maximum, il n'y a pas d'accrochage et le filtre ne se transforme pas en oscillateur. Cette possibilité est laissée à un commutateur donnant le coup de pouce nécessaire, au moment voulu. La troisième commande du filtre, c'est sa modulation par une enveloppe. Cette modulation est soit normale (mise en évidence des harmoniques au moment d'une attaque) soit inverse, le son acquiert alors ses harmoniques lorsque son niveau s'affaiblit.

Deux générateurs d’enveloppe (attaque chute seulement) sont raccordés l'un à l'amplificateur commandé en tension, l’autre au filtre VCF.

Les générateurs d'enveloppe fonctionnent suivant deux modes, l’un en attaque suivie aussitôt de la chute, l'autre en attaque suivie du sustain tant que la touche est enfoncée, puis de la chute lente, au relâchement. Cette fonction existe pour les deux enveloppes. En outre, le VCA peut être éliminé du circuit, son générateur d’enveloppe devenant alors inutile. La chute du son peut aussi être éliminée, toujours par intervention sur un commutateur.

Plusieurs modulations « automatiques  » sont disponibles, cette modulation sera soit une tension continue, dans ce cas, la molette envoie une tension de commande sur l'un des organes choisis.

Nous avons ensuite l'envoi d'une tension rectangulaire ou triangulaire d'un oscillateur TBF avec commande de son amplitude par la molette : de même, un générateur aléatoire donne une tension issue d’un échantillonneur/bloqueur (Sample and Hold). La commande est soit liée au clavier soit automatique. Dans ce dernier cas, il n'est pas nécessaire d'enfoncer l'une des touches du clavier pour obtenir cet effet de notes de hauteur aléatoire. L'écart entre la note la plus haute et celle la plus basse est contrôlé par la molette. Ce magnifique signal, carré, ou autre forme, va pouvoir être dirigé sur l'oscillateur B, sur le filtre plus les oscillateurs, sur le filtre VCF tout seul, elle peut encore modifier la forme du signal.

© wikimedia – Le Micromoog.


CONCEPTION PROPRE AU MULTIMOOG

Passons maintenant au Multimoog. L'oscillateur du Micro s'appelle ici oscillateur B, car nous avons deux oscillateurs, A et B sur le Multimoog.

La commutation du signal de modulation par la molette concerne maintenant les deux oscillateurs. Par contre, seule la forme du signal de l’oscillateur B sera soumise à la modulation. Le filtre VCF est commun aux deux oscillateurs, il sera commandé par la tension clavier et par les tensions de modulation.

Sur le commutateur, permettant de choisir la source de modulation, le constructeur a ajouté toujours par rapport au Micro, une commande par la tension d'enveloppe et il a supprimé la commande par le bruit.

Le nouvel oscillateur s'appelle oscillateur A, c'est logique. C’est un oscillateur que l’on peut désaccorder par rapport à l'oscillateur B. Le B étant l'oscillateur pilote. La commande d'accord des oscillateurs s'applique aux deux oscillateurs alors que celle de désaccord ne s'exercera que sur un seul. Le bouton est gradué avec des repères pour les tierces et quintes, supérieures et inférieures.

La commande de forme d'onde est identique à celle de l'autre ascillateur. La souplesse du choix de la forme d'onde est conservée.

La section la plus intéressante ici est celle de commande dynamique du son. Lorsque les touches sont enfoncées normalement, rien ne se passe, où plutôt nous sommes en présence d'un système tout à fait classique. Beaucoup de constructeurs avaient déjà fait appel à des claviers dynamiques fonctionnant souvent d'ailleurs en tout ou rien. Ici, Moog a utilisé un clavier réagissant à la force (et non à la vitesse de la frappe). Il faut d'ailleurs appliquer une force assez élevée sur le clavier pour le faire réagir. Cette force est indispensable car elle évitera beaucoup de fausses manœuvres.

Plus on appuie et plus la bande passante du filtre s'élargira dans un autre mode, la force d'appui remplace où complète la molette. Plus on appuie sur les touches et plus la sélectionnée (TBE, Echantillonneur / Bloqueur, etc.) sera importante. Une application simple de cette utilisation, c'est le vibrato retardé, il n'entrera en service que progressivement, sous l'influence directe de l'appui sur le clavier.

Deux générateurs d’enveloppe très simple, avec, au-dessous, les commutateurs permettent de mettre ou non le sustain. La sensibilité du détecteur de force est réglable, pour éviter les excès. La modulation par l'intermédiaire de la force peut s'appliquer à l'oscillateur A tout seul, aux deux oscillateurs, aux oscillateurs plus filtre, aux filtres, à la forme d'onde de l'oscillateur A. Les commandes d'orientation de la modulation que l’on trouvait sur le Micromoog se retrouvent sur le Multi avec action soit sur les deux oscillateurs, soit sur l'oscillateur B. Les deux oscillateurs A et B peuvent ainsi être commandés soit par la molette, soit par la force.

Nous avons ici une autre orientation de la commande par la force, il s'agit de la synchronisation des oscillateurs. Lorsqu'aucune touche n'est enfoncée, les deux oscillateurs sont synchronisés (pas obligatoirement sur la même note). Plus on enfonce les touches et plus les oscillateurs se désolidarisent l'un de l'autre avec des effets que l'on peut difficilement décrire tant ils sont riches.

Les commutateurs de l'extrême gauche commandent des fonctions annexes, comme le portamento. Une fois que la durée est ajustée, il n'y a qu'à passer directement sur la mise en service pour retrouver cet effet.

Deux types de déclenchement de l'enveloppe sont à la disposition du musicien. Le premier exige un relâchement des autres touches avant la commande. Le second n'a pas cette exigence. Nous avons ici un clavier avec priorité à la note la plus basse. Si on enfonce une touche située au-dessus de la précédente (qui n'aura pas été relâchée), il ne se passe rien, pas de note et pas de déclenchement d'enveloppe. Si par contre c'est une touche inférieure qui est commandée, nous aurons ce déclenchement.


LA CONNECTIQUE

Deux sorties audio sont présentes, l'une à bas niveau, l'autre à haut niveau. Le niveau maximal de sortie est de 10 dBm soit une tension située aux environs de 250 mV. De quoi attaquer un amplificateur en le saturant. La sortie haut niveau est un peu plus puissante, elle donnera une tension de 3 V, on pourra brancher un casque sur cette sortie, ce n'est pas à négliger. Il est simplement dommage que cette prise ne soit que monophonique (il faut prévoir un adaptateur).

La prise suivante est une prise de sortie, elle délivre des impulsions du système d'échantillonneur/blogueur. Elle sert également d'entrée pour commander les générateurs d'enveloppe du Multimoog.

Deux Multimoog peuvent être reliés entre eux par les prises de sortie déclenchement, ils pourront être commandés l'un par l'autre. Une entrée de déclenchement est aussi disponible, elle ne permet que l'entrée de la tension de déclenchement. Cette entrée est inefficace dans le cas de l'utilisation du système d'échantillonnage.

Une tension de ruban est aussi disponible pour commander un dispositif externe. La force d'appui sur le clavier est aussi une donnée que l'on peut sortir. Elle offre un moyen d'expression fort utile. La tension dont on peut disposer est de 6 V maximum et permet de commander un oscillateur VCO sur 6 octaves.

Les oscillateurs, le filtre sont commandés en tension, deux jacks autorisant une commande externe de la fréquence des oscillateurs, celle du filtre. On pourra par exemple mettre une pédale d'expression pour la commande du filtre.

L'entrée audio, présente sur le Micromoog, se retrouve ici. Elle permet l'entrée directe du signal sur le filtre VCF, le signal provenant de cette entrée doit être accompagné d'informations de déclenchement à moins que l'interrupteur de by-pass ne soit en position convenable (élimination de la commande du niveau par l'enveloppe). Le portamento et la modulation peuvent être coupés via une pédale externe (pédale à interrupteur).


UTILISATION ET FABRICATION

Ce synthétiseur est une excellente extension pour ceux qui connaisse déjà le Micromoog. Chaque synthétiseur possède sa propre personnalité, nous avons toutefois retrouvé ici celle du Micro, avec son filtre, ses commutateurs assez particuliers. Le synthétiseur monodique est souvent un troisième clavier. La multiplication des commandes externes permet d'utiliser ce synthétiseur avec d'autres Moog ou avec d'autres synthétiseurs fonctionnant en régime linéaire (tension de commande en V/octave).

À l'origine, le Multimoog est livré avec un manuel d'instruction que l’on doit à Tom Rhéa, ancien démonstrateur officiel de la maison Moog et un des meilleurs spécialistes du synthétiseur analogique. Le gros reproche que l'on peut faire à ce manuel, c'est d'être rédigé en anglais. Le texte a beau être accompagné de dessins, ce n'est pas suffisant. Néanmoins, on y trouve le moyen de faire les raccords externes. D'autre part, le choix des potentiomètres rotatifs se justifie par la précision de commande qu'ils permettent, étant nettement plus précis que les potentiomètres linéaires. L'addition de commutateurs multiplie les accès rapides à diverses fonctions.

La fabrication est tout à fait sérieuse. Le constructeur a fait appel à des composants à la pointe du progrès électroniques de l'époque, comme les réseaux de résistances présentés sous forme de circuits intégrés. L'utilisation des circuits du Micromoog a permis de simplifier la conception et de renouveler simplement la gamme. Donc, pour résumer nos impressions, la qualité est là. Il n'y a pas de mystère !

Par Étienne Lémery
(source "Disc Magazine" – Mars 1979)

DÉMOS

MOOG MULTIMOOG
(source Analog Audio)

SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES

  • Clavier monophonique 44 notes avec priorité à ma note la plus basse.
  • Aftertouch et contrôleur de pitch bend de type ruban (effet "glissé" de type portamento).
  • Roue de modulation.
  • Deux oscillateurs commandés en tension avec forme d'onde réglable en continu (dent de scie, carré et impulsion variable).
  • Synchronisation de l'oscillateur.
  • Filtre passe-bas contrôlé en tension 24 dB/octave.
  • Oscillateur basse fréquence dédié, avec des formes d'onde triangulaires, carrées et aléatoires.
  • Options de routage de modulation étendues, y compris l'échantillonnage et maintien, la modulation de fréquence audio du VCF pour la modulation en quasi-anneau, le balayage de forme d'onde/la modulation de largeur d'impulsion quasi, et plus encore.
  • VCA : dynamique de 80 dB.
  • Deux générateurs d'enveloppe AR (attack/release).
  • Portamento ajustable et commutable, 1 ms à 5 secondes.
  • Une entrée audio externe pour le traitement des instruments, des voix, etc.
  • Une tension de commande externe et entrées/sorties de déclenchement pour l'interfaçage avec d'autres équipements de synthétiseur.
  • Expression par la force d'appui sur les touches.
  • Transposition 32, 16, 8, 4 et 2 pieds.
  • Sorties audio : 2 niveaux, + 12 et – 10 dBm.
  • Autres sorties : tension clavier, ruban, force clavier.
  • Commande externe de portamento et de modulation.
  • Année de sortie : 1979.
  • Prix constaté sur le marché de l'occasion au 02/2023  : env. 4 500 € (cote argus : 1 500 €).

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