DES POINTS EN COMMUN
Les synthés n’ont pas attendu d’être parfaitement au point pour entrer dans l’histoire. Dès sa création, en 1969, Arp s'est tout de suite imposé comme le concurrent de Moog. C’est encore une époque rêvée pour les constructeurs, car il y a encore de la place pour relever des défis, des espaces pour innover. Rapidement, les utilisateurs des deux camps prennent position et s'affrontent. Les uns adoptant ARP, alors que pour d’autres Moog s’impose naturellement en étant le précurseur, la référence.
© Tom Alfoldi (flickr.com) - Minimoog modèle D (1970)
S’il est vrai que les deux synthés ont des points communs dans leur usage, leurs sonorités diffèrent suffisamment pour ne pas être confondues. Le design choisi par les deux marques est aussi très révélateur : sliders et carrosserie moderne pour ARP, potentiomètres chez Moog avec un goût prononcé pour les boiseries.
C'est dans cette ambiance concurrentielle que sort l'Odyssey en réponse au Minimoog. L’ARP reprend les caractéristiques de l’imposant 2600, synthétiseur semi-modulaire apparu en 1971, avec toutefois une architecture fixe et quelques particularités qui lui sont propres.
LE POURQUOI DE L’ODYSSEY
L’Odyssey est un synthé fort complet et il offre quelques avantages vis-à-vis de son rival. Outre deux oscillateurs synchronisables avec modulation en anneau (saw/square/pulse/PWM), l'Odyssey comprend notamment un générateur de bruit (blanc/rose), un filtre passe-bas résonnant (-24 dB/oct.), un filtre passe-haut statique, deux enveloppes (une AR et une ADSR), un traditionnel LFO (sine/square), et enfin un circuit de Sample & Hold. Mais l’une des grandes nouveautés de ce synthé est d’être le premier synthétiseur duophonique de l'histoire.
Comme pour le Minimoog, l’Odyssey s’en sort plutôt bien dans les basses grâce à son filtre précis et chaud, mais contrairement à son concurrent, la présence du générateur de bruit allié au circuit Sample & Hold, lui permet d’expérimenter des effets sonores très intéressants.
Comme l'ensemble du catalogue d'ARP, l'Odyssey s'est vu relooké au fur et à mesure de sa production. Tout d'abord sa couleur fût crème, puis noir avec une sérigraphie or avant de devenir noir avec une sérigraphie blanc et orange.
© Slugworth (wikipedia) - L'Arp Odyssey Mark 1 (1972)
Si le design extérieur a changé, celui de l’intérieur a également évolué : son filtre 4 pôles s'est décliné en plusieurs versions avec la volonté de réduire le bruit de fond et la distorsion en sortie. C’est d'ailleurs une des raisons de la préférence de l’Odyssey par certains musiciens ; ceux-ci estimant que le filtre ARP serait moins agressif que le Moog. L'Odyssey est un classique de l'analogique, et si le Minimoog fait souvent référence, le synthétiseur ARP propose des sonorités aussi chaudes et puissantes.
C’est dans les années 70, que les deux synthés vont se retrouver en rivalité, dans les studios comme sur scène. Entre les mains de musiciens de renom, issus du rock mais aussi du jazz, l’Arp Odyssey et le Minimoog se feront vite une place au soleil. Bien plus discret par leur taille que par leurs sonorités, ils se sont répandus sur le marché avec une production qui s'étale sur de nombreuses années.
Le Minimoog et l'Odyssey se rencontrent souvent dans les collections vintages et, à juste titre, ils y occupent une place de choix. Le Minimoog sera l’un des premiers synthés analogiques à se voir équipé d’un port MIDI dans les années 80, tandis que l’Odyssey trouvera une seconde jeunesse en 2015 grâce à la marque Korg pour répondre à l'appétence envers les claviers vintage. Voir ici : L’Arp Odyssey par Korg, description et démos.
Piano Web (06/2023)
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LE MOOG SOURCE, LE SUCCESSEUR DU MINIMOOG
