POÈME SYMPHONIQUE ET SYMPHONIE, QUELLE DIFFÉRENCE ?


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Sylvain - Nancy

Bonjour, je suis un élève de première et je dois préparer un exposé concernant la place du poème symphonique dans la musique classique. N’étant par au courant de ses subtilités, pourriez-vous m'expliquer la différence qu’il existe avec la symphonie, telles celles de Beethoven, depuis quand cette forme existe et quels en sont les principaux compositeurs. Merci d’avance pour l’aide apporté et encore bravo pour la qualité des informations contenue dans votre site.


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Si votre question est : "Qu’est-ce qu’un poème symphonique ?" la meilleure approche est justement d’en faire la comparaison avec la forme classique de la symphonie.


POÈME SYMPHONIQUE ET SYMPHONIE, QUELLE DIFFÉRENCE ?

Déjà, l’un et l'autre sont joués par un orchestre. Toutefois, il existe des poèmes symphoniques pour piano : Moussorgski, Tableaux d’une exposition. Ensuite, la symphonie obéit dans sa structure à la forme de la sonate. Alors qu’il existe 4 mouvements dans une symphonie, dans le poème symphonique le nombre de parties demeure très variable et peut même être d’un seul tenant. En réalité, pour le compositeur, le poème symphonique est libre de toute forme. C’est souvent le sujet qui commande la forme, comme avec La Symphonie Fantastique, de Berlioz.

Autre point : si la symphonie porte parfois un titre, celui-ci ne constitue pas un programme, il n'est qu'anecdotique, alors que dans le poème symphonique, le titre résume le programme que l'œuvre suit.

Ainsi, comme pour un opéra, on trouve dans le poème symphonique une action, mais celle-ci, au lieu d’être théâtrale en faisant appel à la voix, au chant, à la représentation scénique, ne s'exprime que par sa seule force musicale. Occasionnellement, le poème symphonique se rapproche de certaines ouvertures d’opéra en présentant différentes progressions plus ou moins dramatiques.

L’autre point fort du poème symphonique provient de son rapport avec la musique imitative, d’où la nécessité de commenter musicalement un programme donné, et, pour l'auditeur, la nécessité de connaître ce programme. Toutefois, ne nous y trompons pas. Si par exemple nous connaissons l'argument de L'Apprenti Sorcier, de Dukas, ou celui des Steppes de l'Asie Centrale, sans le programme, la musique doit nous intéresser. Un poème symphonique doit donc pouvoir vivre sans son programme. La musique doit suffire.


LES GRANDS REPRÉSENTANTS DU POÈME SYMPHONIQUE

L'histoire du poème symphonique se confond avec celle de la musique du 19e siècle. Avant l’époque des Romantiques on trouve une multitude de formes, à commencer par les fresques vocales (La Bataille de Marignan, Le Chant des Oiseaux, qui demeurent des pièces descriptives faisant appel à la voix). Beethoven que vous citiez pour ses symphonies n’est pas un pur compositeur de poème symphonique, car chez lui il s'agit d'œuvres qui laissent poindre les sentiments du compositeur sans suivre ou raconter une histoire. Nous avons aussi quelques essais de poèmes symphoniques, comme les sonates bibliques de Kuhnau, à la fin du 17e siècle.

C’est surtout Berlioz qui va donner au poème symphonique une tout autre lecture par une transformation de la symphonie. Ainsi, sa Symphonie Fantastique, parue en 1830, n'est déjà plus une symphonie comme les autres : le compositeur lui fait raconter une histoire et, comme chez un poète romantique, c'est sa propre histoire. Avec Berlioz, la forme et le langage traditionnels ne semblent plus suffire. Les mouvements passent à 5 et portent des titres annonçant leurs programmes respectifs. Les thèmes représentent des idées ou des personnages, d'où l'utilisation, avant Wagner, du leitmotiv. Ces thèmes suivent les péripéties de l'action et se transforment.

Berlioz fait ainsi figure d'original dans un monde musical encore très fermé. Chez lui, la musique pure ne l'intéressait pas, le drame au contraire le passionnait, et il tiendra pourtant à ne s'exprimer qu'à l'aide des seuls sons. Le compositeur se fait à la fois peintre et poète, et pour que l'auditeur le suive, il lui explique son œuvre dans un programme.

Berlioz occupe une place à part et il est un peu le père de l'orchestration moderne. Bien avant Maurice Ravel, il avait ce sens aigu de la couleur orchestrale, de la mélodie chantante, sachant marier les instruments, découvrant des timbres inédits ou méconnus (c’est lui qui introduisit à l'orchestre le cor anglais et la harpe). Il sut utiliser des masses orchestrales importantes.

Les pianistes ont également contribué dans le domaine du poème symphonique, notamment Franz Liszt qui lui donne encore plus de vérité descriptive. Citons la Méphisto-Valse (piano), Ce qu'on entend sur la montagne, Mazeppa, Faust-Symphonie.

À la fin du 19e siècle, d'autres grands compositeurs se sont essayés et formés à ce style d’écriture. Citons : Richard Strauss (Don Juan, Till Eulenspiegel), les Russes Borodine (Dans les Steppes de l'Asie Centrale), Moussorgski (Une nuit sur le Mont Chauve, Les Tableaux d'une exposition), Rimski-Korsakov (La grande Pâque russe, Sadko, Shéhérazade). Parmi les Français se distinguent César Franck (Le Chasseur maudit), Saint-Saëns (La Danse macabre, Le Rouet d’Omphale) et Paul Dukas (L'Apprenti Sorcier). Cette dernière œuvre (1897) marque la fin du poème symphonique en France, bien qu'on puisse rattacher à ce genre La Mer, de Claude Debussy.

Par PATRICK MARTIAL


CAMILLE SAINT-SAENS : DANSE MACABRE

(consulter le portrait du compositeur Saint-Saëns sur Cadence Info)

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