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LES "ELECTRIC GRANDS" PIANOS CP-80 & CP-70 DE YAMAHA (description et démos)

Yamaha, l'un premier fabricant mondial dans le domaine des instruments de musique, annonçait fièrement en 1976 avoir conçu le nec plus ultra en matière de pianos de scène, les "Electric Grands" CP-70 et CP-80. Pour conjurer le mauvais sort du claviériste en tournée qui devait s'asseoir à chaque concert devant un modèle qui lui était inconnu, le constructeur japonais avait innové en proposant deux pianos électro-acoustiques à la taille et au poids considérablement réduits, tout en apportant la sensation de jeu d'un véritable piano à queue.


UNE OFFRE MATÉRIELLE NÉE AVANT L'ÉCHANTILLONNAGE

Pour de nombreux pianistes, mais aussi pour les studios, les clubs et les scènes manquant de place pour installer un piano à queue, les CP-70 et CP-80 convenaient parfaitement, d'autant qu'un modèle acoustique nécessite parfois d'être amplifié, ce qui peut se révéler difficile, voire impossible suivant le lieu. Dans les années 70, l'échantillonnage était un mot inconnu de la majorité des musiciens et seuls les claviers électriques, comme le Wurlitzer ou le Rhodes, étaient autorisés à remplacer de temps en temps le modèle acoustique quand le claviériste ne pouvait faire autrement... avec les résultats sonores que l'on imagine ! Aussi, quand les CP-70 et CP-80 sont apparus, Yamaha avait bousculé les attentes en proposant deux instruments robustes et dotés de polyvalence. « Les "Electric Grands" combinent le talent artistique de l'art musical avec les compétences techniques de l'ingénierie électronique », disait en ce temps-là e constructeur japonais.

© Yamaha – Le CP-80 ouvert et vue en surplomb.

Les passionnants "Electric Grands" ont la finesse d'un son d'un piano à queue avec cependant une pointe de couleur électronique, aisément reconnaissable. Cette banale phrase suffit pour comprendre que les Yamaha ne conviennent pas pour jouer de la musique classique, bien que rien n'interdise cela. En revanche, ils ont assez de répondant, de personnalité, pour se faire entendre dans d'autres musiques : jazz, rock, latin, etc., dans des styles où le son d'un piano acoustique est déterminant.

Leur qualité sonore ne peut être remise en question, ni même la préamplification qui ne pose pas plus de problèmes qu'un piano électrique. Pour cela, il suffit de raccorder directement l'instrument, via des jacks, à la console. Cela évite également au pianiste d'être confronté au délicat problème du repiquage du piano acoustique (amplification) et d'avoir sous les doigts la désagréable surprise d'un clavier particulièrement « dur ». Le public, qui assiste à un concert, ignore ces problèmes internes et fréquents durant la prestation artistique. Cette « tambouille », le moment venu, n'a pas de raisons d'être pour les spectateurs. En fabriquant les "Electric Grands", Yamaha avait compris que quand la qualité supérieure des pianos à queue acoustiques n'est pas disponible dans une salle de concert, et ce, pour diverses raisons, techniques ou autres, les CP-70 et CP-80 pouvait devenir une solution alternative et réaliste à moindres frais.


LES ORIGINES DES "ELECTRIC GRANDS"

Le projet "Electric Grand" a débuté aux usines Yamaha à l'aube des années 70. L'idée de produire un piano transportable pour la scène (moins de 100 kg) faisait son chemin sans qu'une solution performante n'aboutisse. De son côté, la marque américaine Baldwin, qui poursuivait le même genre de projet, finira par proposer le "Baldwin BP5", un petit piano droit qui pesait environ 80 kg, mais sans aucun dispositif électrique intégré, ni de préamplification. Face à ce manque, Yamaha poussera plus loin ses investigations.

© Yamaha – Une fois enfermée dans les deux flightcases, un "Electric Grand" devient transportable... avec toutefois les muscles de deux personnes !

Les "Electric Grands" ont été conçus autour d'une équipe soudée comprenant notamment les meilleurs designers de piano à queue de la marque, mais aussi avec des acousticiens et des ingénieurs en électronique s'appuyant sur les huit décennies d'expérience passées dans le domaine des instruments acoustiques. L'écurie Yamaha désirait établir un pont entre une fabrication éprouvée et une autre répondant aux exigences de la scène musicale contemporaine, et pour lesquelles les enjeux prioritaires demeuraient la portabilité et la préamplification.


DESCRIPTION

Conçu pour les tournées, les "Electric Grands" pèsent, mais pèsent beaucoup moins qu'une modèle acoustique standard de piano à queue. L'astuce de Yamaha est d'avoir contourné le problème en proposant son transport en deux parties qui sont ensuite réunies et maintenues par un loquet de montage rapide et encastré. Les cordes et l'électronique occupent la section supérieure, tandis que la mécanique (clavier, marteaux...) est logée dans le logement inférieur. Quand le piano doit être démonté, une barre de sécurité maintient l'ensemble mécanique de la partie inférieure, tandis que les pieds et le pédalier se rangent au-dessous. Cet arrangement permet aux deux parties d'être déplacés de la scène dans une camionnette, voire un break sans plus de difficultés qu'un "Fender Rhodes Suitcase".

La meilleure preuve de cette réussite est également visuelle. Non seulement, extérieurement, les CP-70 et CP-80 ressemblent à un piano à queue en modèle réduit, mais une fois ouvert, ils offrent au regard ses cordes filetées. Seules les basses ont dû être raccourcies pour respecter le cahier des charges. Or, le grand triomphe des "Electric Grands" est d'avoir su préserver leurs rôles. Après des mois de recherches approfondies, les experts de Yamaha parvenaient à extraire des cordes de basse une certaine richesse que le dispositif électronique dynamise une fois l'instrument amplifié, même si certains utilisateurs leur reprochent cependant une certaine sécheresse, voire un manque d'ampleur. Ensuite, pour répondre à l'exigence des déplacements, le mécanisme a été modifié et renforcé. Yamaha a par ailleurs recouvert les marteaux de peau de daim synthétique pour offrir une résistance accrue, sans pour autant dénaturer le toucher traditionnel et la sensation d'un modèle à queue acoustique.

© Yamaha – À gauche, un gros plan sur le filetage d'une corde de basses, et à droite, une projection schématique du dispositif mécanique proche du piano à queue.


LA TENUE DE L'ACCORD

La question de la tenue de l'accord se pose dès qu'un piano subit des chocs et des déplacements. Ce problème-là a été bien entendu soulevé au moment de la conception des deux claviers électro-acoustiques. Le constructeur a installé un dispositif baptisé "Humid-A-Seal" censé maintenir au mieux l'accord en préservant l'instrument des changements de température et d'humidité. Breveté par Yamaha, le "Humid-A-Seal" correspond à un ensemble de « joints d'étanchéité », en érable laminé, composé d'une stratification de trois couches épaisses et de plusieurs autres plus fines assemblées de manière àrenforcer le cordier. Précisons d'autre part que les CP-80 et CP-70 ne s'opposent pas, en aucune manière, à un classique accord réalisé par un technicien qualifié.


YAMAHA SYNTH SPACE HISTORY : LE CP-70 (présentation Xantoné Blacq)
Dans cette vidéo, le pianiste et chanteur Xantoné Blacq apporte son point de vue concernant le CP-70.

LA PARTIE ÉLECTRONIQUE

Pour faciliter la capture du son créé acoustiquement, Yamaha a installé des micros piézoélectriques (un par notes). Ceux des "Electric Grands" sont particulièrement précis, avec une réponse en fréquence suffisamment large et uniforme pour amplifier l'instrument sans le colorer. Les piézoélectriques, du même genre que ceux que l'on rencontre sur une guitare électrique, évitent ainsi l'utilisation de microphones externes. Une fois le piano électro-acoustique monté, celui-ci est tout de suite opérationnel.

Les CP-70 et CP-80, comme les versions ultérieures, sont équipés de commandes de tonalité (bass, middle, treble), pour obtenir des nuances de couleurs sonores : sans modification pour être au plus proche d'un piano à queue traditionnel, et avec correction pour convenir à des ballades douces ou pour un jeu autrement « funky ». Les commandes de tonalité sont aisément accessibles pour corriger en temps réel le timbre de l'instrument. La présence d'un trémolo intégré avec deux sorties déphasées, permet d'obtenir des effets rotatifs à partir d'une paire d'enceintes. Pour davantage de variétés, rien n'interdit l'usage d'effets intercalés entre le clavier et la console.

Les "Electric Grands" possèdent de classiques sorties jack (dont le niveau de sortie est réglé par la commande volume), mais aussi des sorties XLR symétriques isolées (par transformateur de 600 ohms) pour alimenter un système de sonorisation. Les sorties XLR étant indépendantes de la commande volume, elles simplifient la connexion et le réglage aux systèmes audio professionnels. Du reste, elles autorisent l'utilisation de câbles bien plus longs avec moins de pertes du signal. Les XLR symétriques réduisent également la sensibilité au bruit, tel que les interférences radio et les unités d'éclairages.

L'« adaptateur secteur » compact fourni par Yamaha convertit la tension secteur CA en courant CC basse tension requise pour faire fonctionner le CP-80 ou le CP-70. Si vous partez en déplacement et que vous jouez dans un lieu où le voltage diffère de celui de votre région, il suffit de changer d'adaptateur. Ce remplacement s'opère auprès de Yamaha uniquement.

Précisons pour conclure ce chapitre, qu'il est toujours envisageable de jouer d'un "Electric Grand Piano" sans amplification. Au fil du temps, différentes versions ont vu le jour visant pour l'essentiel à corriger des défauts mineurs ou en apportant de nouvelles possibilités de réglage, à l'image du modèle D qui comprend un équaliseur à sept bandes.

© Yamaha – À gauche, un gros plan sur le tableau de commande avec son contrôle de tonalité, et à droite, les doubles sorties monophoniques XLR et jacks.


POURQUOI DES PIANISTES ADOPTENT LES "ELECTRIC GRANDS" ?

Quand un pianiste ne se contente que du son et de la sensation d'un piano à queue acoustique, alors il considère probablement les modèles électriques comme des instruments, peut-être de qualité, mais dédiés à des performances particulièrement ciblées. D’un autre côté, en raison de sa taille, de son poids et de son tempérament, un piano à queue acoustique peut s’avérer coûteux et bien évidemment problématique lors du transport. La question se posait à l'époque, bien plus que de nos jours depuis l'apparition de l'échantillonnage. Reste la question du toucher et de cette sensation vibratoire essentielle soulevée par l'instrument quand le modèle est acoustique.

Fréquemment, cela se résume à un choix désagréable :

  • 1. Emporter un piano à queue avec vous et supporter les problèmes de tournée.
  • 2. Utiliser le piano que le lieu propose.
  • 3. Louer un piano si vous en trouvez un sur place.
  • 4. Utiliser un piano numérique qui, le plus souvent, n'a vraiment rien à voir avec le son et la résonance naturelle du modèle acoustique.

Mis à part les difficultés posées lors d'un concert, l'autre défi est de conserver le son caractéristique d'un modèle acoustique lorsqu'il est amplifié. Quelles que soient les raisons pour lesquelles on amplifie le piano, la prise de son n’est jamais simple. La plupart des musiciens et ingénieurs du son ont leurs astuces préférées, mais elles impliquent toutes des microphones qui peuvent colorer le son du piano. Peu importe leur emplacement, certaines notes seront accentuées et d'autres réduites. Même les meilleurs microphones sont sujets à des annulations de phase et peuvent créer un larsen ("sifflement"), sans compter que les bons micros coûtent très cher.


GEORGE DUKE : "HOT FIRE" (1977)
Ce pianiste amoureux des rythmes funky et brésilien a souvent fait honneur au Yamaha "Electric Grand Piano" dans plusieurs albums. Pour ce titre, issu de l'album Reach For It, George Duke démontre que le CP-70 est un excellent clavier qui répond tout particulièrement au jeu incisif. Signalons au passage les interventions de Charles Icarus Johnson à la guitare et de Manolo Badrena aux percussions.

SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES

  • Clavier 88 touches pour le CP-80 et 73 touches pour le CP-70.
  • Toucher semblable au piano à queue Yamaha avec une réponse améliorée et un échappement plus rapide.
  • Marteaux en peau de daim synthétique pour une résistance à l'usure.
  • Deux cordes Yamaha Grand Piano par note pour les notes aiguës et moyennes. Cordes simples spécialement développées pour les notes de basse qui conservent le véritable caractère d'un piano à queue.
  • Des micros piézoélectriques indépendants.
  • Contrôle global du volume.
  • Contrôles de tonalité basse, médium, aiguë – avec sélecteur de niveau de brillance pour le CP-80 uniquement.
  • Interrupteur marche/arrêt trémolo avec contrôle de vitesse et de profondeur.
  • Interrupteur et indicateur marche/arrêt.
  • Deux prises de sortie XLR symétriques de 600 ohms, une pour chaque phase du Tremolo.
  • Deux prises jacks standards, asymétriques.
  • Prises patch « In » et « Out » pour effets plug-in, tels que écho, réverbération ou tout autre effets.
  • Pédale de sustain/damper.
  • Hauteur commune au deux claviers : 0, 73 m.
  • CP-80 assemblé : 1,46 x 0,95 x 1 15 m.
  • CP-70 assemblé : 1,30 x 0,65 x 1,05 m.
    (chaque section, supérieure et inférieure, devant être séparée).
  • Poids du CP-80 : élément supérieur 76 kg – élément inférieur : 66 kg (total : 142 kg, caisses comprises).
  • Poids du CP-70 : élément supérieur 68 kg – élément inférieur : 62 kg (total : 130 kg, valises comprises).
  • Finition : noir avec parement et revêtement en similicuir.
  • Poignées de transport encastrées pour la partie supérieure et poignées de transport intégrées pour celle inférieure.
  • Ferrures coulissantes et coins métalliques.
  • Consommation électrique : AC, 50/60 Hz : 2,5 W (en cas d'utilisation de l'adaptateur secteur).
  • Prix sur le marché de l'occasion constaté au 04/2024 : 3 500 à 5 000 € pour le CP-70 et de 4 500 à 6 000 € pour le CP-80.

Piano Web (04/2024)


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