LEÇON GRATUITE
Cette leçon fait suite à : ARRANGEMENT FUNK : LA RYTHMIQUE.
Après avoir exposé les bases du style (importance de la rythmique basse/batterie - rythme hypnotique - la programmation sur séquenceur), voici une illustration basée sur une composition jazz-funk intitulée : Guerrier.
Les influences sont nombreuses. Elles sont tout d'abord africaines par l'utilisation du balafon et par l'approche mélodique du thème principal joué au sax alto. Le balafon est omniprésent du début à la fin du morceau, tout comme le bongo, qui lui, n'est pas africain ;-)) .
La seconde influence majeure est jazz, façon "Headhunters/Herbie Hancock", avec l'emploi des clavinets. Cela donne "la patte année 70"... personnellement, je n'ai rien contre... bien au contraire !
La dernière influence majeure est celle de Quincy Jones, avec l'utilisation des cordes. On sent pointer la couleur "musique de films" grâce aux tensions harmoniques jouées par l'ensemble à cordes dans la partie centrale (3e partie).
Comme pour la première leçon sur l'arrangement, il ne s'agit pas ici de donner un cours d'harmonie ou de composition, mais juste d'attirer votre attention sur des détails ou des points importants concernant le style et la forme d'un arrangement. Il n'est donc pas nécessaire d'être un musicien averti pour comprendre ce qui va suivre. Il vous faut juste un peu d'attention, c'est tout !
Si vous désirez bien profiter de cette leçon, ne vous précipitez pas sur le dernier exemple, mais au contraire suivez l'ordre établi : exemple 01, exemple 02, etc. Lisez bien les commentaires liés aux exemples (chapitre 4).
Si vous n'arrivez pas à écouter les exemples audio présent sur cette page, vous avez ici la possibilité de télécharger le fichier contenant tous les extraits musicaux de la leçon, en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Nom du morceau : Guerrier - Signature : 4/4 - Durée : environ 5 min - Tempo : 110 / noire - Style : jazz funk - Auteur : Elian Jougla - Copyright : 1992
Le but de l'introduction est de donner le ton, de créer le climat hypnotique propre à la musique funk. L'introduction est construite en étage : introduction progressive de chaque instrument.
La basse crée un motif basé sur 2 mesures qui se répètent avec quelques variations. Le rythme de celle-ci est discontinu, aéré par des silences, alors que le balafon, en opposition, joue continuellement un motif et forme avec le bongo un couple uni.
L'arrivée de la guitare en cot-cot à la 8e mesure (les cordes sont étouffées avec la paume de la main) est basée comme pour la basse sur un motif répétitif de 2 mesures. La guitare joue en réponse dans les moments de silence laissés par la basse.
L'introduction des 2 clavinets intervient quelques mesures après et sont en opposition par le développement rythmique et le type de jeu. L'auditeur est projeté dans la sonorité jazz-funk des années 70.
Vient ensuite la batterie qui s'annonce par un break d'une mesure et marque un beat binaire avec de temps en temps des coups de caisse claire décentrés et en avant du temps.
Pour indiquer l'arrivée de la mélodie, la fin de l'introduction est marquée par un riff de cuivres (2 trompettes, 2 saxophones, 1 trombone).
Le thème mélodique dure 16 mesures, mais en réalité il correspond à l'exposition d'une phrase mélodique de 8 mesures répétée 2 fois. La mélodie, de couleur africaine, est jouée au saxophone alto. Chacune des deux phrases se conclut par un riff de cuivres. Il est essentiel que la mélodie ne sorte pas du contexte global du morceau :
En réponse à la mélodie incisive du sax alto dans la partie A, l'arrivée des cordes et de leurs longues notes flattent l'oreille et apporte une sorte de sérénité en se posant sur la rythmique immuable. L'écriture des cordes est uniquement mélodique, elle ne fait appel à aucun contrepoint. Comme pour la partie A, la fin du thème B se conclut par un riff de cuivres.
Elle repose sur le même principe que celle au début du morceau. L'arrangement procède par couches successives : le balafon toujours présent est accompagné d'un second plus aigu qui enrichit la mélodie du premier en forme de contrepoint. Quelques mesures après, la guitare à la couleur jazz est doublée à l'octave inférieure par le synthé bass par un motif répétitif de 4 mesures. La guitare s'efface quand les clavinets interviennent pour éviter un enrichissement inutile et pour gagner en clarté sonore.
Dans cet exemple, afin de mieux vous faire percevoir la rythmique basse/batterie/clavinet et le balancement typique de l'esprit jazz-funk, j'ai délibérément enlevé les 2 kalimbas et les cordes.
Voici le même passage avec les kalimbas et les cordes. Celles-ci ont pour but de planifier la rythmique, de l'enrober. Elles sont à deux voies et jouées en octave.
À notre époque où la plupart des morceaux finissent de façon ad libitum, trouver une fin heureuse et qui colle à l'esprit du morceau n'est pas toujours facile. Cela arrive notamment quand il faut réadapter un morceau d'un disque pour la version scène.
Pour "Guerrier", il était logique d'utiliser la section de cuivres pour conclure, puisque celle-ci a été le trait d'union de chaque partie. Dans cette coda finale, vous pouvez entendre également la basse et la guitare qui jouent à l'unisson, tandis que la batterie, par l'intervention de ses breaks, sert de relais entre les différents riffs de cuivres.
Si vous avez bien suivi et compris les commentaires qui précèdent, vous devriez appréhender le morceau avec une autre attention et une autre approche au niveau de l'écoute.
N'hésitez pas à apporter vos commentaires, vos impressions, en utilisant la page contact.
par ELIAN JOUGLA
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