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ÉCRITURE PIANO ET CHIFFRAGE DES ACCORDS EN MUSIQUE JAZZ ET CLASSIQUE

Cette leçon présente quelques remarques importantes et fondamentales concernant l'utilisation et le chiffrage des accords en musique classique et jazz.


Si dans la musique classique les triades (accords à 3 notes) sont très fréquentes, elles le sont plus rarement dans la musique jazz qui considère ces accords comme trop consonants. Toutefois, à ses débuts le jazz utilisait les triades, par exemple, pour accompagner des mélodies populaires. Le jazz contemporain les utilise parcimonieusement pour contrebalancer des sonorités et des suites harmoniques quand celles-ci reposent de façon trop appuyée sur de la dissonance.


LA QUINTE

La quinte joue un grand rôle. Quand elle est juste, elle apporte stabilité et consonance. Sa sonorité est tellement parfaite que parfois on la supprime pour "alléger" la présentation des accords (voir la leçon Enrichir Un Accord). En revanche, dès que l'on altère la quinte en l'augmentant ou en la diminuant, la sonorité devient instable ou si vous préférez dissonante.

La qualité de la quinte entraîne souvent celle de la tierce. Quand la quinte est augmentée, la tierce est majeure et quand la quinte est diminuée, la tierce est mineure.


D'autres possibilités de mélange avec quinte altéré existent, mais sont rarement employées : un accord constitué d'une tierce mineure et d'une quinte augmentée, produit au niveau supérieur de l'accord une tierce augmentée. Et, si l'on place une tierce majeure avec une quinte diminuée, la tierce supérieure est également diminuée.




L'ACCORD AVEC SIXTE MAJEURE

Avec un accord majeur ou mineur, la musique jazz et de variété aime bien rajouter une sixte majeure. L'utilisation de cet enrichissement sonore ne pose pas de problème particulier, sauf bien sûr si la mélodie utilise une sixte altérée.




LES ACCORDS DE SEPTIÈME (ACCORDS À 4 NOTES)

NB : les accords à 4 notes sont appelés tétrades.

C'est l'accord de base pour le musicien de jazz. Il ne peut s'en passer. C'est sa nourriture sonore de tous les instants. Les accords de septième sont bâtis sur des accords majeurs, mineurs, diminués et augmentés. La 7e peut être majeure, mineure et diminuée. Toutes ces possibilités donnent un grand nombre de familles d'accords, que tout pianiste de jazz doit connaître sur le bout des doigts.

LES TÉTRADES À QUINTE JUSTE

Elles se construisent en superposant aux triades à quinte juste une 7e majeure ou une 7e mineure.

Si l'on souhaite éviter toute confusion entre l'accord de 7e et maj7, il est utile de rappeler que l'appellation exacte de l'accord de 7e est 7e de dominante (pour son rôle et sa position que joue l'accord dans les cadences harmoniques). 7e est une appellation courante utilisée par le musicien averti, mais qui risque de créer des confusions avec l'accord de 7e majeure pour le débutant.



LES TÉTRADES À QUINTE ALTÉRÉE


Plus rarement utilisée, cette famille d'accords est pourtant très utile dans certains styles de musique comme la bossa nova : demi-diminué, 7e quinte augmentée, etc.



Dans les écritures jazz, pour éviter de s'encombrer de doubles bémols, les compositeurs utilisent l'enharmonie. C'est une règle admise, tout en étant fausse si l'on y regarde de trop près.

Exemple : dans l'accord C dim 7, la septième diminuée (si bb) est remplacée par la sixte majeure (la) et parfois la quinte diminuée (sol b) par la quarte augmentée (fa #).

Ainsi, l'accord de C diminué

se transforme sur certaines partitions par...


Si cet arrangement avec les écritures facilite le déchiffrage de certains accords, il occasionne de nombreuses confusions le jour où l'on apprend la relation accord/gamme pour connaître les bases de l'improvisation. Dans ce cas, la relation accord/gamme devient inexacte et il est nécessaire de tout "remettre à plat" pour comprendre les mécanismes relationnels qui existent entre les gammes et les accords.

LES TÉTRADES DÉRIVÉES DES SEPTIÈMES

Ce sont les accords en sus, comme 7e sus 4, des accords que l'on rencontre en jazz moderne, plus rarement en variété et qui procurent une couleur atonale. Ces accords sont constitués de tétrades dites "suspendues". L'utilisation de la quarte juste remplace la tierce.

Dans une utilisation courante, la quatre suspendue est un retard de la tierce. La qualité première de l'accord 7e sus est donc d'être un accord de transition.

Exemple : l'accord C7 sus 4 (do, fa, sib) se résout par C 7 (do, mi, sol, si b).


Dans le domaine du jazz moderne et notamment en jazz fusion, ce genre d'accord devient un accord autonome, sans résolution. De nombreux pianistes de l'ère "jazz-rock" ont souvent utilisé sa couleur particulière qui facilite le jeu 'out'.

Exemple d'une montée d'accords sus 4 jouée 'out' et utilisée en improvisation jazz fusion :

C7 sus4 / Eb 7 sus4 / F 7 sus4 / Ab 7 sus4 / Sib 7 sus 4.



LA DISPOSITION DES INTERVALLES POUR LES ACCORDS

LA POSITION SERRÉE

En position serrée, toutes les voix constituant l'accord sont les plus proches possibles les unes des autres. À l'inverse, en position large, une ou plusieurs voix peuvent être déplacées à l'octave supérieure.


Là où la musique classique implique des positions chiffrées, la musique jazz ou non écrite apporte au musicien une certaine liberté dans la disposition des intervalles… ce qui n'est pas plus facile pour autant, si l'on souhaite faire "sonner" à coup sûr un accord. C'est un sujet de fond que le site Piano Web traite et traitera encore dans ses cours.


LE REDOUBLEMENT DE NOTES

Il permet d'épaissir la sonorité de l'accord, sans l'enrichir, puisqu'aucune nouvelle note n'est jouée. Les notes redoublées (ou doublures) les plus utilisées sont l'octave et la quinte.


Dans le chiffrage jazz, ni la hauteur d'octave, ni les redoublements n'interviennent. Une triade dont une voix est redoublée comporte quatre voix, mais elle ne devient pas pour autant un autre type d'accord.

Exemple : les notes do, mi, sol, do (à l'aigu), constitue toujours un simple accord de C majeur.

Le nombre de voix d'un accord ne dépend que de ces intervalles, le redoublement n'ayant aucune influence.

EN CAS DE RENVERSEMENT...

La note la plus grave de l'accord (la basse) joue un rôle important. En position fondamentale, la basse est la fondamentale. Lorsqu'on renverse une triade à l'aigu, la fondamentale se retrouve déplacée vers le haut, une autre note prenant le rôle de basse. C'est le principe même du renversement de l'accord. L'intervalle entre les notes est modifié et l'intervalle que produit cette nouvelle note grave avec la fondamentale de l'accord est déterminant pour la sonorité de l'accord. Pour les triades, la tierce et la quinte peuvent devenir la basse, ce qui crée deux renversements.

Pour l'accord de C (do, mi, sol), nous aurons soit mi, sol, do, soit sol, do, mi.


Pour chaque renversement existe une position serrée (fermé) et des positions larges (ouvertes).

NB : un renversement crée une instabilité dans l'accord plus importante que le passage de la position fermée à une position ouverte.

À partir du bebop, le jazz utilise des renversements rarement fixés à l'avance. La position fondamentale sert de base à des variations pour des renversements improvisés ou de substitutions. Quand le pianiste est accompagné par un bassiste, les positions d'accords qu'il utilise ne sont pas de véritables renversements dans la mesure où la basse est là pour compléter l'accord.

Dans cet exemple, l'absence de la basse laisserait supposer un accord de A-7 à la seconde mesure.


Dans le chiffrage des renversements en musique jazz, on indique la note à la basse quand l'auteur exige une position précise. Exemple  : C7/Bb ordonne l'utilisation de la note si b en basse.


L'ESPACEMENT ENTRE LES VOIX

Le bon sens ou si vous préférez l'instinct musical doit permettre au musicien de répartir les différentes voix de l'accord en fonction de la hauteur où il joue sur le clavier. Un espacement équilibré des voix privilégie les petits intervalles dans le haut de l'accord et de plus grands dans le bas.


LES NOTES QUE L'ON AJOUTE… LES EXTENSIONS

Outre la sixte majeure citée précédemment, certains jazzmen aiment enrichir les accords en ajoutant de nouvelles notes. L'intervalle le plus utilisé est la neuvième, qui se combine parfois avec la sixte en jazz bop. Suivant le cas, elle peut être majeure, mais également augmentée ou diminuée.


L'utilisation de la onzième est plus délicate. Pour faire simple  : lorsque la triade est mineure, il est préférable d'utiliser une 11e juste et lorsque la triade est majeure, une 11e augmentée.


LES NOTES À SUPPRIMER

Quand pour une raison technique ou autre vous souhaitez alléger votre accord, choisissez en premier lieu la quinte. Sa sonorité n'est pas d'une grande détermination dans la qualité sonore de l'accord, sauf, bien sûr, si elle est altérée. Dans ce cas, sa suppression dénature la sonorité de l'accord.

À l'occasion d'un arrangement musical, il est possible de préciser la note à supprimer dans le chiffrage. Dans le cas où il serait impératif de supprimer la quinte juste, on écrit : sans 5 ou no 5 ou encore omit 5. Idem pour la tierce.


Pour aller plus loin dans l'utilisation des intervalles, consultez la leçon Enrichir un accord.

Par ELIAN JOUGLA

- SOMMAIRE DES LEÇONS GRATUITES -

1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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