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UN MÉCANISME POUR PIANO, ADAPTABLE ET ÉTUDIÉ POUR LES PETITES MAINS

Voilà enfin l'heureux événement qu'attendaient certainement les pianistes ne possédant pas de « grandes mains » et qui sont privés d'un répertoire utilisant de larges intervalles : un clavier qui vient se substituer à celui d'un piano à queue conventionnel, mais doté de touches légèrement plus étroites. N'ayant pas eu le loisir, il y a une quarantaine d'années, d'être parvenu à convaincre quelques facteurs français d'imaginer un dispositif de la sorte, c'est la "Donison-Steinbuhler Standard Foundation", situé aux États-Unis, que nous vient l'initiative de ce mécanisme novateur.


À LA RECHERCHE D'UN CLAVIER ADAPTÉ

Parmi les instruments de musique présents dans le commerce, la guitare et le violon proposent plusieurs tailles afin de s'adapter à la morphologie de chacun(e). Personne ne s'en étonne, sauf peut-être un enfant lorsqu'il pose ses doigts sur le clavier d'un piano et qu'il constate amèrement que les touches sont visiblement trop imposantes pour ses mains fluettes. Du reste, cette difficulté ne concerne pas uniquement nos chérubins bien-aimés, mais aussi les femmes pour lesquelles l'exécution d'une octave représente parfois le point limite de l'extension de leurs mains. Présentement, une injustice vient donc d'être réparée grâce au mécanisme interchangeable imaginé par la société américaine "Donison-Steinbuhler Standard Foundation".

Il y a environ une vingtaine d'années, cette entreprise lançait une idée pleine de bon sens. De l'aveu même de pianistes n'ayant pas eu la chance d'avoir des « mains conformes » à l'usage de l'instrument, ce mécanisme prouve que tout devient possible avec un peu de volonté. Les explications présentent dans la vidéo promotionnelle sont si évidentes que l'on se pose la question de savoir pourquoi une telle initiative n'est jamais remontée dans les hautes sphères de la pratique instrumentale ? Convention, normalité, usage, coût, désir... les raisons ne manquent pas à cette absence de vision.

© "Donison-Steinbuhler Standard Foundation" – Une idée comparative des tailles proposées : de haut en bas, la taille conventionnelle (6,5) la taille transitoire ou universelle (6,0) et la plus petite (5,5).

À l'âge adulte, la difficulté à atteindre les notes extrêmes, par exemple un intervalle de dixième composé d'un « ré » suivi d'un « fa # » joué à l'octave supérieure est impossible même avec des mains de « taille honorable ». La difficulté est même pire, si on y ajoute en son milieu une quinte (le « la »). Personnellement, je n'y arrive pas, sauf à briser l'accord, ce qui constitue l'unique moyen pour moi d'y parvenir.

Face à ce handicap morphologique uniquement provoqué par la largeur des touches, un sentiment de frustration peut conduire un(e) interprète à renoncer ou, dans le meilleur des cas, à adapter l'œuvre en conséquence. Du reste, pour justifier l'intérêt de leur mécanisme novateur, la "Donison-Steinbuhler Standard Foundation" se fait forte de faire figurer dans le clip quelques portraits de compositeurs adeptes de dixièmes : Beethoven, Chopin, Liszt, Rachmaninov et Oscar Peterson.


VIDÉO DE PRÉSENTATION (en anglais)
(source "Donison-Steinbuhler Standard Foundation")

DU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE ET TECHNIQUE...

La première cause du malaise sont les répétitions de mouvements en extension qui accroissent, cela va de soi, les risques de blessure. Habituellement, la conséquence ne se fait pas attendre. Une accumulation de fatigue musculaire causée par la présence d'un nombre particulièrement élevé d'écart soumet les articulations de la main à rude épreuve, laissant apparaître un facteur de risques musculosquelettiques après quelques mois ou années de pratique intensive : déformation de la main due à une inclinaison cubitale du poignet, une abduction des doigts plus prononcée, en particulier le pouce, et d'en d'autres cas, l'apparition de tendinites ou la présence tardive de kystes douloureux qui nécessitent l'arrêt immédiat de l'instrument pendant un certain temps ou définitivement. Ce dernier cas est bien étendu exceptionnel, mais il existe. Bien qu'une opération soit toujours envisageable, toucher aux mains est quelque chose d'extrêmement délicat, de l'aveu même des chirurgiens spécialisés.

Un clavier doté de touches légèrement plus étroites réduit de fait la fatigue musculaire. Le jeu devient d'autant plus souple et la réponse dynamique autrement précise, puisque l'enfoncement des touches s'adapte bien mieux à la conformité physique de la main. Bien entendu, la réduction de la taille n'a rien à voir avec celles des claviers "Portasound" que proposaient naguère Yamaha ou Casio.

L'entreprise américaine propose à ce jour deux tailles. Pour chacune, la réduction de la largeur totale du clavier, vis-à-vis du modèle conventionnel, équivaut à quatre touches pour l'exemplaire 6.0, dit « universal », et à huit pour le plus étroit (modèle 5.5).

© "Donison-Steinbuhler Standard Foundation" – Ces quatre photos procurent un aperçu du remplacement rapide du mécanisme d'origine par celui proposé par la "Donison-Steinbuhler Standard Foundation".

En prenant pour exemple, le modèle « universal », celui-ci propose une octave réduite à 15,24 cm au lieu des 16,51 cm du clavier normatif, soit 1,27 cm en moins. Cela semble bien peu, mais suffisant, et même enthousiasmant d'après les essais réalisés par les étudiants de la Faculté de musique de Montréal (IDEM) qui n'ont pas rencontré de difficulté particulière pour s'adapter à cette version.


EN CONCLUSION

Cette évolution est encourageante et œuvre dans une direction qui favorise d'autres initiatives du même genre. Je songe en particulier aux « doigts boudineux », à ces doigts particulièrement larges qui, souvent chez les hommes, font obstacle à la progression dès que les phalanges doivent se glisser entre les touches noires pour exécuter des accords altérés. Ceci est également une réalité, mais à première vue, éradiquer ce problème parait susciter trop de barrières techniques pour voir le jour. Enfin, il est toujours regrettable, à mes yeux, de constater que fréquemment, « ce n'est pas l'instrument qui doit s'adapter au musicien, mais au musicien de se conformer à ses dimensions, en l'occurrence. » Un étrange paradoxe, vous ne trouvez pas ?

par ELIAN JOUGLA (Piano Web – 05/2024)

Visiter le site de la Donison-Steinbuhler Standard Foundation.


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