TECHNIQUE ET MAO



LA CABINE LESLIE, FONCTIONNEMENT ET ÉVOLUTION

Plus couramment appelée cabine Leslie (du nom de son inventeur) que « cabine à son tournant », cette étrange boîte rectangulaire trône souvent à côté de l’orgue électrique pour créer un « environnement sonore » propre à embellir sa couleur… Comment fonctionne-t-elle ? Cette page vous l'explique.


LA CLASSIQUE « CABINE À SON TOURNANT »

Plutôt que d’être une source ponctuelle, l’organiste utilise la « cabine à son tournant » pour affecter le son de son instrument de subtiles fluctuations, en intensité (effet trémolo) comme en fréquence (effet vibrato).

À ce stade, et avant de rentrer plus en avant dans les explications, vous devez savoir que l’obtention du trémolo et du vibrato est obtenue non pas par de purs moyens électroniques, comme une quelconque pédale d'effet, mais de façon électromécanique, ce qui procure un rendu sonore plus grisant et authentique. La chaleur de la sonorité, les aigus présents sans être agressifs sont des caractéristiques que l’on trouve sur les bonnes cabines à « son rotatif ».

Ces deux buts sont atteints grâce à une même opération mécanique sur la source sonore, à savoir sa projection dans toutes les directions de l’espace sonore en un ou deux faisceaux sonores mobiles autour d’un axe de rotation. Grâce à cet artifice, il y a création d’un effet de vibrato. Le son nous parvient depuis de multiples directions, selon l’instant, soit directement, soit réfléchi par des obstacles plus ou moins éloignés.

Il y a également création d’un véritable effet de trémolo dû à « l’effet Doppler », dont se trouve affectée toute source d’ondes si elle est mobile, par rapport à un récepteur. Selon que la source s’éloigne ou se rapproche de l’auditeur, la fréquence qu’elle émet paraît plus basse ou plus haute, semblable à l’effet produit par le bruit du moteur d’une voiture qui passerait à grande vitesse devant vous.

Le schéma ci-dessous représente très schématiquement l’intérieur d’une « cabine à son tournant ». Ce modèle pris comme exemple est très complet puisque l’effet de « son tournant » est obtenu à la fois sur les aiguës et sur les basses.

(source DISC international).

Pour les aiguës, la source tournante est une double trompette à chambre de compression, ce qui permet une plus grande dynamique. Pour les basses, le haut-parleur est dirigé vers le bas. Il débite le son sur un pavillon tournant (le « rotor »), dont la forme est étudiée pour le propager dans une direction privilégiée.

Selon les modèles, il arrive que seules les fréquences aiguës soient traitées ; le HP de basses étant monté normalement. On trouve aussi des modèles sur lesquels subsiste seul le système à haut-parleur classique + le rotor (partie inférieure du dessin) ; le haut-parleur étant cette fois chargé de transmettre toutes les fréquences (dans la mesure de ses possibilités).

Une cabine Leslie modèle 251.

Enfin, certains constructeurs conservent la partie ‘trompettes tournantes’, mécaniquement pour les aiguës, mais utilisent un système de phasing électronique pour obtenir l’effet sur le haut-parleur de graves.


LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES D’UNE CABINE À « SON TOURNANT »

  • Un amplificateur à lampes.
  • Un réglage de volume.
  • Un réglage séparé pour les graves et les aiguës.
  • 1 trompette tournante pour la diffusion des aiguës.
  • 1 HP de grave de 30 à 40 cm.
  • 1 moteur d'entraînement à courroie (effet « rotor » électronique).
  • Des ouvertures latérales pour la diffusion sonore (généralement 4).
  • 1 à 2 entrées (voire plus) pour l’orgue et accessoirement d’autres instruments (piano électrique).
  • 1 pédale arrêt/marche moteur.
  • 1 pédale vitesse rotation lente/rapide.
  • 1 réverbération incorporée (assez rare).
  • Puissance sonore variable de 30 à 100 watts.
  • Poids variable, entre 30 et 70 kg.
  • Finition composée soit d’une toile résistante (style simili cuir) ou de bois laqué.
  • Coins renforcés.
  • Roulettes.

Tableau de commande 'Cabine Dynacord' (mod. DC300E) (source DISC international).


CE QU’IL FAUT ENCORE SAVOIR…

Le principe de base, qui repose sur l’action d’une source sonore directionnelle, mais en mouvement giratoire, combine trois effets : modulation de la fréquence (hauteur), modulation de l’amplitude (puissance) et variation du timbre, sans oublier la diffusion du son dans l’espace.

Le son émis par les haut-parleurs graves et aigus tourne en sens inverse. Lorsque l’ensemble est en rotation, la source sonore produit un effet auditif caractéristique : la source sonore s’éloigne et se rapproche des oreilles de l’auditeur à une cadence donnée, d’où l’effet de spatialisation du son.

Une vue du moteur et du tambour entraîné par courroie. Au-dessus vient se fixer la trompette d’aiguë.

Lorsque la trompette passe dans l’axe de l’auditeur, tout le spectre de la source est entendu, tandis qu’en direction opposée, elle agit comme un filtre en enlevant des harmoniques. L’amplitude perçue est alors plus faible (l’effet est moins perceptible dans les fréquences plus graves).

Au commencement, les premières cabines ne possédaient qu’une seule vitesse (rapide) avant d’être dotées d’une seconde (lente). La configuration courante est composée d’un amplificateur monophonique à tubes, pilotant le haut-parleur de grave (boomer) et une trompe à compression limitée, généralement, aux environs de 6 kHz ; le filtre de séparation étant passif.

Dans une « cabine à son tournant », nous trouvons trois compartiments. Au bas, le tambour de grave avec l’ampli, au-dessus le haut-parleur de grave et sa charge, et tout en haut les trompettes de médium/aiguë. Le grave est dirigé vers le bas et ses ondes recueillies par le tambour muni d’un plan incliné les expulse horizontalement. Pour éviter les ondes stationnaires, un bass-reflex avec évent est situé à l’arrière de la cabine. À l’inverse, la compression de médium/aiguë est orientée vers le haut, via les trompettes.

Contrairement aux apparences, s’il y a deux trompettes, une seule agit ; l’autre étant factice et ne servant qu’à équilibrer le HP lors de la rotation. Comme pour un classique HP piezzo, le diffuseur des trompettes est muni d’un 'chapeau chinois' afin de mettre en évidence l’effet de spatialisation du son monophonique. Cependant, le diffuseur complique l’effet Doppler par les multiples réflexions internes dues à la cabine. Sans l’utilisation d’un diffuseur, on obtient une plus forte variation d’amplitude, alors qu’en l’utilisant, la source sonore est moins ponctuelle et toutes les fréquences sont mieux diffusées. La variation de fréquence du son devient alors plus sensible. Supprimer ou pas les diffuseurs reste pour son utilisateur une question de goût.

Couramment utilisé avec l’orgue Hammond, la « cabine à son tournant » peut s’employer également avec un piano électrique ou un synthétiseur, voire une guitare.


LE « SON TOURNANT » SANS CABINE

Dans les années 80, technologie aidant, combattre le poids du matériel devient une priorité. La « cabine à son tournant » a pour inconvénient d’être lourde (parfois plus de 50 kg) et relativement encombrante. Ces arguments-là deviennent suffisants pour que les constructeurs rivalisent d’imagination ; le plus simple étant d'abord de s’inspirer de ce qui existe déjà, notamment des petites pédales posées sur le sol, légères et peu encombrantes, qu’utilisent encore de nos jours les guitaristes.

L’effet le plus délicat à reproduire est le système rotatif et mécanique si cher à Leslie. Au cours des années 60/70, l'ampli à lampe laisse place progressivement au modèle à transistor. L’électronique ‘moderne’ offre plus de fiabilité et un coût de revient moins élevé. La miniaturisation permet de loger toute l’électronique dans un espace réduit.

la ‘Tube Rotosphère’ de Hugues & Kettner

Avant que la dimension de la cabine n'aboutisse à celle d’une grosse pédale, celle-ci se présente d’abord comme une petite valise. L’ampli à transistor est intégré avec la mécanique qui comprend un moteur continu et un diffuseur équilibré tournant sur un haut-parleur. La distorsion produite par les premières cabines Leslie est ici reproduite artificiellement grâce au dosage d’un potentiomètre dédié. Quant aux basses, un premier système d’émulation électronique à transistors (FET) recrée le mouvement du tambour avant d’être envoyé vers un ampli externe. La vitesse des mouvements est alors commandée par pédale, de façon classique.

Si l'appareillage numérique a pris aujourd'hui le relais dans les studios, quelques pédales naîtront toutefois, dont la ‘Tube Rotosphère’ de Hugues & Kettner. Son fonctionnement, semblable à une classique pédale d’effet, est pourvu d’une double triode comme sur les amplis Leslie d’origine. Son intérêt est d’être polyvalente. Un claviériste ou un guitariste qui souhaiterait l’utiliser n’y trouvera que des avantages. Simple à utiliser avec ses trois boutons de réglages et ses trois boutons poussoirs, la pédale indique la vitesse de rotation grâce à une LED qui clignote en fonction de la vitesse choisie, tandis qu’une diode jaune indique le taux de distorsion du tube. Le poussoir intitulé ‘breaker’ simule l’effet d’inertie mécanique des mouvements produits lors de l’arrêt d’une véritable cabine à « son tournant ». Petite cerise sur le gâteau, contrairement à la classique cabine où le son monophonique était de rigueur, les entrées/sorties sont à présent stéréophoniques... Ici comme ailleurs, "on n'arrête pas le progrès !"

Par ELIAN JOUGLA
(source 'DISC International')


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