DÉMOS SYNTHÉTISEURS, CARTES SONS...
Il fut un temps où des petits claviers fleurissaient dans les étalages des magasins spécialisés, mais aussi dans les grandes surfaces. Nous étions au début des années 80 et, hormis Yamaha et ses Portasounds, d’autres marques frappaient à la porte pour conquérir ce marché en pleine expansion. Parmi les marques déjà implantées comme Korg, Gem ou Roland, Casio était un nouveau venu. Déjà célèbre pour ses montres et ses calculatrices à bas prix, Casio appliqua la même politique commerciale agressive en proposant des claviers et des boîtes à rythmes à un tarif défiant toute concurrence. D’une nature avant-gardiste, la série des claviers Casiotone allait frapper les esprits sans trop toucher au porte-monnaie…
Au début des années 80, la tendance musicale et commerciale donne encore à l’orgue une place importante, si bien que le Casiotone est assimilé plutôt à un orgue portable qu’à un synthétiseur. Fabriqué en 1980, le modèle CT-201 est le premier d’une longue liste qui ne prendra fin qu'au milieu de la décennie.
LE CASIOTONE CT-403
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Les claviers Casiotone reprennent le même principe que les claviers Portasound de Yamaha, à savoir : un petit clavier, généralement de 4 octaves, une petite amplification incorporée avec haut-parleurs, un encombrement et un poids minimum (entre 6 et 8 kg), une quantité importante de sons disponibles instantanément et de nombreux automatismes, dont le plus célèbre demeure l’accord à un doigt !
Casiotone et Portasound de Yamaha ont d’autres points en commun, comme celui de proposer sur certains modèles des claviers à touches miniatures (ou minitouches). Cette particularité avait un but évident : séduire les jeunes enfants. Un véritable cadeau envoyé par le Père-Noël ! Au moment des fêtes, la magie opérait, et cela a duré pendant plusieurs années. Casiotone et Portasound ont vulgarisé les instruments à clavier en touchant tous les publics. Ne le concernant pas directement, à tort ou à raison, le milieu professionnel a ignoré ou boudé ce genre de matériel (à l’époque, les minitouches ont fait couler beaucoup de commentaires dans la presse spécialisée).
Dans un premier temps, le Casiotone utilise une synthèse baptisée Vowel-Consonant-Synthesis (VCS) conçu par la marque. Le but recherché est d’imiter de façon la plus fidèle le son d’instruments acoustiques et électriques existants. Les timbres dont il dispose appartiennent plus au monde du synthétiseur qu’à celui des registres traditionnels de l’orgue électronique. Pour s’en rendre vraiment compte, il faut brancher un Casiotone sur une chaîne Hi-Fi. Le résultat musical prend alors de la hauteur, et on réalise aussitôt que ce genre de petit clavier était réellement un précurseur.
La synthèse VCS fonctionne sur le même principe qu’un synthétiseur analogique classique : des formes d’ondes que corrigent des filtres. Les ingénieurs de Casio pour arriver à leur fin ont modélisé les filtres en fonction des fréquences utilisées, en diminuant ou en augmentant la charge des harmoniques. Le résultat sonore, pour l’époque, est suffisamment acceptable pour être mis sur le marché. Les sons, sans être totalement réalistes, ne peuvent laisser place à de quelconques confusions dans l’esprit des utilisateurs, et c’est peut-être ça le plus important. Un son de piano se différencie parfaitement d’un son orgue, et celui d’une trompette, d’un harmonica.
Outre un rapport qualité/prix imbattable, la série des Casiotone ont bâti leur réputation sur deux implantations techniques importantes : une quantité impressionnante de sons divers et des accompagnements automatisés parfois supérieurs en nombre à des orgues professionnels. Ce sont d’ailleurs toutes ces possibilités techniques offertes, accessibles comme un jeu d’enfant, qui ont séduit le grand public. Contrairement au moindre des synthétiseurs, les claviers Casiotone ou Portasound ont permis à de nombreux apprentis musiciens de découvrir la magie des sons sans devoir user à tout instant d’un manuel pour les faire fonctionner. Une véritable révolution sonore était bien là !
CASIOTONE CT-202 SONS
Hélas, le Casiotone ne durera qu’un temps. L’arrivée de la synthèse FM de Yamaha et d’autres avancées technologiques poussera Casio à produire une nouvelle série de claviers plus professionnels baptisée CZ, dont le fleuron sera le CZ 5000. Néanmoins, la fureur Casiotone sera à l’origine de multiples modèles précurseurs comprenant d’abord la série VL (en 1979) puis PT (à partir de 1980).
LE CASIOTONE 403 (connectique)
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Pour vous donner un aperçu des qualités sonores des claviers Casiotone, nous avons testé le modèle CT-403 sortie en 1982. Nous avons remarqué tout de suite le parfait équilibre entre la partie basse (accompagnement) par rapport à la partie solo du clavier. Les timbres sons dans l’ensemble assez réaliste, à l’exception du violon (ce qui, à l'époque, est souvent le cas sur différents claviers électroniques). Le seul regret est d’avoir seulement quatre possibilités de mémorisation des sonorités, ce qui limite la diversité des registres durant le cours d’un même morceau. Mais excepté cette restriction, le Casiotone 403 est un petit clavier exceptionnel, séduisant par son look vintage, encore proche de l’orgue électronique avec ses boutons à bascule et ses potentiomètres rotatifs, mais aussi par sa boîte à rythmes aux sonorités analogiques d’antan.
Si vous souhaitez faire un bon dans le temps, produire une musique ciblée années 60/70, le CT-403 de Casio est le genre de petit clavier qu'il vous faut posséder absolument. Vous ne le regretterez pas !
CASIOTONE CT-403 : SONS BOÎTE À RYTHMES
CASIOTONE CT-403 : THÈME DE LA PANTHÈRE ROSE
CASIOTONE CT-403 - KITCH MUSIQUE DÉMO