TECHNIQUE ET MAO



L'ÉCHANTILLONNEUR ET SON FONCTIONNEMENT

Si vous souhaitez enregistrer le soir de pleine lune vos hurlements sur un fond sonore évoquant le ressac des vagues du Pacifique, l’échantillonneur en est capable, c’est dire si ce genre d’outil est utile au cinéma ! Échantillonnage, le mot est lâché au début des années 80. Dès lors, une révolution technologique va tout balayer sur son passage, et en premier lieu la légitimité des sons enregistrés. Vous ne serez certainement pas étonné si je vous dis que ce genre d’appareil ne pouvait que susciter des convoitises, des désirs illicites. Car, si le cri de James Brown et autres rythmiques piratées ont provoqué chez des utilisateurs à l’imaginaire limité quelques chaos dans le monde des droits d’auteurs, l’échantillonneur peut dans d’autres circonstances devenir un allié musical, un compagnon créatif sans limites…


UN ÉCHANTILLONNEUR POUR ÊTRE BRANCHÉ

Un échantillonneur ou un sampleur (pour être in), n’est ni plus ni moins qu’un ordinateur. Il est composé d’une mémoire vive (la RAM, qui stocke vos échantillons) et d’une mémoire morte (la ROM, qui contient l’Operating System de l’échantillonneur – l’équivalent du système d’exploitation pour un ordinateur PC ou Mac).

À l’intérieur d’un échantillonneur se trouve une fonction importante et capitale qui signe en quelque sorte la qualité de la restitution du son capté : le convertisseur. Le convertisseur analogique/numérique sert à transformer un signal analogique en données numériques et un convertisseur numérique/analogique pour retranscrire ces données numériques en signal analogique. Jusqu’à là, je pense que vous me suivez ?

Entre ces convertisseurs, l’échantillon est traité par un microprocesseur qui le manipulera dans des proportions dépendantes de sa puissance. Chaque échantillonneur propose une édition du son capturé plus ou moins complète (souvent en rapport avec le prix de l’appareil… Pas possible !).

ÉCHANTILLONNEUR AKAI S5000

Si je résume pour vous : un échantillonneur est donc un magnétophone capable de numériser, puis d’éditer un son quel qu’il soit. Ainsi, grâce à l’utilisation de cet appareil, le musicien pénétrera dans le monde merveilleux du numérique. Du tout est possible. Quelle chance !


ALLONS DE L’AVANT ET ÉDITONS

L’édition sert à « fabriquer » l’échantillon définitif. En disant cela, je me rapproche de l’univers de la création sonore comme celle que l’on trouve dans les synthétiseurs et plus particulièrement de l’enveloppe. En effet, lorsque l’on enregistre un son, il y a un début et une fin (c’est fort, non ?). Ce début et cette fin n’étant pas toujours utile, je vais nettoyer l’échantillon de tout ce qui ne me plaît pas. Traduisez : je découpe l’échantillon à des points précis en m’aidant de l’écran de l’échantillonneur (et de mes oreilles). Exemple, j’enregistre : « Heu… Bonjour… Ça va ! » Ensuite je coupe « Heu » et « Ca va » pour n’entendre que « Bonjour ». Ayant réussi cette première expérience somme toute assez facile, il faut que vous sachiez dès à présent que si l’appareil peut aller plus loin dans la précision, ça n’en sera que plus délicat à contrôler, bien évidemment !

Cette opération essentielle de « nettoyage » permet de donner à votre échantillon un aspect plus reluisant en lui enlevant ses principaux défauts : bruits parasites, bruits de fond, etc. Bien sûr, là aussi, il existe des limites : celles de l’appareil, mais aussi les vôtres. L’autre avantage du nettoyage de l’échantillon est de réduire l’utilisation de la mémoire. Pour un son multiéchantillonné comme un piano, c’est fort utile.


Aller un peu plus loin dans le domaine de l’édition et de la mémoire…

Généralement sur de bons échantillonneurs, l’édition autorise l’enchaînement de deux (ou plusieurs) échantillons ou leur superposition, ou bien une boucle (répétition de l’échantillon sur lui-même). Ce travail - enregistrement et édition - s’effectue dans la mémoire vive (RAM) de l’échantillonneur. De l’importance de celle-ci dépend le temps d’enregistrement dont vous disposez. Autre point clé lié à la mémoire : la fréquence d’échantillonnage.

Presque tous les échantillonneurs mettent à votre disposition un choix de fréquences pour capturer un son. Pour faire simple : plus la fréquence d’échantillonnage choisie est élevée, plus le son capturé sera de qualité et plus il faudra de mémoire. À 44,1 ou 48 kHz la qualité de l’échantillon sera de bonne qualité, mais plus vous descendrez dans la gamme de capture que l’appareil autorise, plus la plage de fréquence se réduira drastiquement (la qualité de l’échantillon perdra en netteté et clarté sonore). Conclusion, une mémoire vive de plusieurs dizaines de mégas devient vite indispensable si l’on souhaite obtenir une qualité sonore acceptable.

LE CD-ROM DÉJÀ ÉCHANTILLONNÉ...
la solution alternative


STOCKONS À PRÉSENT

Ouf ! Tout s’est bien déroulé. Mon échantillon est finalisé. Il me faut à présent le sauvegarder. Plusieurs options se présentent. Si vous avez un vieil échantillonneur, voire un très ancien modèle, la sauvegarde sur disquette est présente (ne riez pas. Merci !) L’utilisation d’un disque dur est la solution la plus conforme au volume de données exigé, of course ! De plus, la sécurité de sauvegarde est accrue. Généralement, les échantillonneurs sont dotés d’une sortie SCSI (connexion standard souvent optionnelle sur les PC) pour un raccordement à l’ordinateur. Enfin, il existe aussi la sauvegarde sur CD-ROM.


MON ÉCHANTILLON SOUHAITE VOYAGER !

En dehors d’une mémoire extensible et d’une prise SCSI, un échantillonneur moderne se doit d’être multitimbral. Il doit être en mesure de lire plusieurs échantillons simultanément sur plusieurs canaux MIDI. Il doit disposer aussi de filtres et d’enveloppes comme un vrai synthétiseur, et surtout d’offrir le time stretching. Véritable œuf de Colomb, qui permet l’expansion/compression temporelle indispensable. En clair, vous pouvez caler deux secondes de paroles sur une seconde et demi de musique sans changer la tonalité de la voix. Fini, les voix de "Daffy Duck" rigolotes d’autrefois ! Les DJ et autres amateurs de remix et de jingles ont été les premiers à comprendre tout ce qu’ils pouvaient tirer de cet avantage technique, plutôt bluffant !

À tout ceci, et pour faire court, disons quelques mots rapides sur l’interface numérique (S/PDIF). Elle est indispensable pour réaliser un enregistrement en numérique direct (ce qui évite tout à la fois la conversion analogique, pas toujours nécessaire, et les pertes de données). Sachez également qu’il arrive parfois des problèmes de compatibilité quand on souhaite utiliser des échantillons en provenance de différents constructeurs. Cependant, la présence de certains logiciels, comme Pro Tools ou Avalon permettent une conversion rapide et relativement simple des échantillons. De même, pour votre confort d’utilisation et grâce à l’ordinateur, vous pourrez utiliser à la place de l’écran LCD d’un rack situé à huit mètres du clavier (ce qui impose une gymnastique rythmique intensive… parfois salutaire), un magnifique éditeur d’échantillons offrant une maniabilité et une visualisation accrues.


DANS QUEL CAS AI-JE BESOIN D’UN ÉCHANTILLONNEUR ?

Suivant vos activités musicales, un échantillonneur ne vous servira à rien. En effet, si vous ne désirez rien d’autre qu’un beau son de piano, de violon, de trompette ou je ne sais quoi dans le même genre, l’achat d’un simple lecteur d’échantillons sera suffisant. Il en existe des dizaines dans de nombreuses marques et à tous les prix.

Ce que vous ne devez jamais oublier (je sais, je vais encore me répéter), c’est qu’un échantillonneur est un appareil qui n’est vraiment utile que dans une approche créative. C’est ça, sa vocation première ! Il est, en quelque sorte, l’évolution logique de l’utilisation des ondes que l’on trouve sur les synthétiseurs analogiques. Dans le domaine créatif, l’échantillonneur est « presque » sans limites. Seule votre imagination fera la différence. Vous pourrez vous constituer rapidement une bibliothèque sonore à votre goût et unique. C’est dans cette unicité que se trouve la supériorité de l’utilisation d’un échantillonneur.

Musicalement, dans ce domaine, pour arriver à quelque chose d’original, la condition sine qua none est de sortir des poncifs du genre ; ce qui est loin d’être évident quand on désire ardemment produire quelque chose d’innovant en matière de création sonore. L’intuition aide parfois plus qu’un puissant bagage installé sur ses épaules. Celui qui échantillonne (à tort) une rythmique ne produit rien, n’invente rien. Il ne fait que « pomper » la créativité d’un autre. Ce musicien-là se dira « créatif » ou artiste parce qu’il aura su surfer, peut-être avec un peu plus de discernement que la moyenne, sur les différents effets et moyens techniques qu’il aura eus sous la main. Ce travail-là n’est pas lié à de la création, mais plutôt à un détournement, à un acte « pseudo-truc » surtout moins fatigant pour les méninges !

Pour conclure, sachez que même si toutes ces explications s’adressaient aux possesseurs d’échantillonneur autonome en rack, il n’existe pas de différence notable – côté performance – en utilisant une carte informatique à insérer dans un ordinateur. Mais arriver à ce stade, l’échantillonneur est proche du concept de direct-to-disk en étant capable de traiter de longs échantillons et de les lire simultanément sur plusieurs pistes. Et là, c’est une autre histoire que je vous raconterais sûrement un jour, parce qu’à présent je suis à court de mémoire... moi aussi !

Par ELIAN JOUGLA

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