COMMENT NAIT UNE IDÉE MUSICALE, UNE COMPOSITION ?


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Sylvie Thorez

Je voudrais savoir comment naît l’idée musicale ou une composition ? Existe-t-il un terrain favorable pour qu’elle se développe ?


Piano Web

À la fin de sa vie, Beethoven était sourd, pourtant il continuait de composer. Il avait ce qu’on appelle l’écoute intérieure (*). Cette faculté, tous les grands compositeurs l’ont. Un constat s’impose : l’idée musicale ne vient pas toujours en utilisant son instrument, d’autant plus que l’imagination est et sera toujours plus rapide et inventive que les doigts les plus agiles.

D’autre part, en partant de l’idée de base, il est tout à fait possible pour un compositeur expérimenté de schématiser les lignes directrices d’une œuvre avant de la travailler en profondeur à l’aide de son instrument. Pour le créateur, le plus difficile et le plus exigeant sera d’élaborer un travail de construction et de mise en forme efficace et original.

* : sans avoir recours à aucun instrument, le compositeur muni de papier et d’un crayon crée avec son esprit les figures musicales qu’il entend.


LA COMPOSANTE DE L'IDÉE MUSICALE

L’idée peut être composée de quelques notes, qui surgissent de façon inopinée ou formulée à travers un rythme, une ligne de basses qui vous trottent dans la tête dès votre réveil… À mon humble avis, l’idée surgit souvent du silence, lors des phases de repos et de détente, de relaxation, quand on n’est pas envahi par un quelconque conflit intérieur.

L’idée ne naît pas dans l’agitation ou dans une soudaine excitation conduite seulement par du désir. S’asseoir face au piano et se dire : « je vais composer » marche une fois sur… 100, 1000, 10 000 ? Personne n’est en mesure d’y répondre, car personne ne détient la clé pour entrer. La véritable idée maîtresse, celle qui n'est pas le fruit d'une quelconque imitation, qui ne sera jamais rejetée ni demain, ni après-demain, appartient davantage à une force spirituelle qu’à une force dictée par une attitude, un cérémonial ou des connaissances appliquées à la lettre.

Les idées naissent toujours dans des terrains qui leur sont favorables, dans des moments qui ne sont jamais dictés par avance. Malheureusement, trop de créateurs cherchent à conceptualiser la source, l’idée maîtresse, comme si elle vivait à l’intérieur d’un cercle fermé, comme si des théorèmes pouvaient apporter la solution afin de mieux la contrôler, la domestiquer. Une simple observation attentive a toujours démontré qu’on ne va pas chercher l’idée, mais que c’est elle qui vient à vous seulement si on lui permet d’entrer.


CONDUIRE L’IDÉE MUSICALE

Si l'idée est essentielle, elle ne mène à rien quand on n’a pas l’art de la conduire et de la développer. Les grands compositeurs savent faire cela très bien, même si au départ leur imaginaire n’a pas toujours la clairvoyance indispensable pour présager du résultat final. L’idée est constamment assujettie à une forme de liberté. Son chemin peut être tout droit, tracer des courbes ou pénétrer dans l’obscurité d’un tunnel pour ressortir quelques secondes plus tard en pleine lumière.

Par ailleurs, face à une insignifiante mélodie, certains compositeurs sont en mesure de se transformer en restaurateur « d’œuvres en péril », en créant un habillage technique si élaboré que la simple mélodie donne l’illusion d’être née d’une imagination féconde. Cet enrobage artificiel s’apprend, se construit, mais ne peut être assimilé à de la création pure. Parfois, pour conduire l’idée à terme, les compositeurs obéissent à des règles apprises et maîtrisées. À ce titre, Jean-Sébastien Bach demeure un parfait exemple de cette discipline « inventive » avec ses fugues et ses variations.

Si le compositeur rêve d’évasion et ne souhaite pas s’enfermer dans des principes d’écritures trop stricts, rien ne lui interdit de développer son idée comme il l’entend. En composition, seul le résultat final compte. Dans tous les cas de figure, l’idée est un noyau malléable que l’on peut étirer et reconduire de différentes façons ; et si à l’état brut elle offre toujours une résistance naturelle, pour survivre et prospérer, elle ne demande qu'à être modelée entre des mains expertes.

L’idée musicale est indicible. Elle ne devient jamais bonne ou mauvaise, car c’est celui qui la détient qui la fera vivre ou périr à tout jamais.


Par ELIAN JOUGLA



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