TECHNIQUE ET MAO



LES BASES TECHNIQUES DE L'ENREGISTREMENT D'UN PIANO, SEUL OU EN DUO, À SON DOMICILE

Souvent, lorsque nous jouons d'un instrument, l'écoute globale de notre interprétation est altérée par notre attention à ne pas commettre d'erreur. Il est ainsi difficile d'être objectif par rapport à nous-même. Grâce à l'enregistrement, nous pouvons par exemple analyser les défauts de mise en place rythmique, les nuances mal contrôlées ou un tempo irrégulier.



1) L'ENREGISTREMENT ET SES AVANTAGES



1) EN INTERPRÉTATION

Je conseille souvent de laisser du temps au temps. Faites cette expérience : oubliez votre enregistrement et mettez-le de côté. Quelques jours plus tard, réécoutez-le. Votre opinion et vos observations de la première heure seront certainement différentes. Votre autocritique gagnera en objectivité, en lucidité.

2) EN COMPOSITION

Il est utile de s'enregistrer, car toute composition est rarement aboutie dès la première heure. Après avoir trouvé avec bonheur une suite d'accords et une ligne mélodique originale, vous aurez du mal peut-être à imaginer une suite et à rebondir dans une autre direction. Comme dans le cas de l'interprétation, laissez passer du temps. Prenez du recul, cela peut vous aider à finaliser une composition.

3) EN ACCOMPAGNEMENT

S'enregistrer est indispensable si vous jouez en groupe. Vous saurez si votre accompagnement pianistique correspond à l'esprit musical du morceau (notamment pour les musiques improvisées, comme le jazz). Cela vous permettra d'ajuster votre jeu pianistique.



2) UN MICRO POUR ENREGISTRER SON PIANO



Il n'est pas question, ici, d'expliquer une prise de son telle que celle pratiquée dans les studios d'enregistrement professionnels. Les exemples qui suivent s'adressent à des musiciens qui veulent avant tout réaliser une prise de son rapide et pratique avec peu de moyens (en utilisant 2 microphones et un appareil d'enregistrement stéréophonique). Il est évident que l'utilisation d'une table de mixage, d'enregistreurs multipistes, d'effets et de micros professionnels apportent une amélioration indéniable à la qualité du son. L'enregistrement est avant tout considéré, ici, comme le témoin d'une interprétation ou d'une répétition d'orchestre.

Avant de choisir un micro et pour comprendre certains détails techniques, consultez cette page :
LE MICRO : DE L'HOME STUDIO À LA SCÈNE



3) ENREGISTREMENT D'UN PIANO EN SOLO



Le piano est l'un des instruments les plus difficiles à enregistrer. Cela est dû, entre autres, aux harmoniques très riches, à la dynamique importante de l'instrument et à la partie mécanique, génératrice de bruits.


Le piano couvre pratiquement tout l'ensemble des fréquences audibles, aussi l'utilisation d'un ou de deux micros de type électrostatique à large bande passante est recommandée. Suivant la configuration des lieux, leur directivité doit être omnidirectionnelle ou cardioïde. Évitez les micros dynamiques dont la bande passante est trop étroite.

Lors de l'enregistrement d'un piano droit ou à queue, la position du couvercle est d'une grande importance. Dans la mesure du possible, ouvrez celui-ci pour éviter des résonances internes et pour gagner en puissance sonore et en clarté.

L'utilisation de deux microphones est préférable si l'on souhaite une certaine présence sur toute l'étendue sonore de l'instrument.



L'ENREGISTREMENT D'UN PIANO DROIT

Vous disposez d'un micro et d'une perchette (pied pour micro) : ouvrez votre piano droit et positionnez votre micro légèrement au-dessus du piano (environ 20 cm) en l'inclinant vers les cordes aiguës ou graves en fonction du son désiré. Si vous recherchez une sonorité plus classique (sonorité d'ambiance), vous éloignez le micro de la table d'harmonie. Vous profiterez un peu plus de la résonance naturelle de l'instrument, mais aussi des bruits ambiants (qui peuvent s'avérer gênants).

Vous disposez de 2 micros : vous placez le premier micro comme expliqué au-dessus, pour obtenir le son direct et l'autre derrière le piano, en le dirigeant vers la table d'harmonie. Vous obtiendrez avec ce second micro une sonorité avec moins d'attaque et qui vous évitera les bruits mécaniques des étouffoirs. En fonction de votre goût, déplacez légèrement l'un ou l'autre micro, jusqu'à obtention de la sonorité désirée.


L'ENREGISTREMENT D'UN PIANO À QUEUE

L'enregistrement correct d'un piano à queue nécessite deux micros. Couvercle ouvert, vous disposez les deux micros à l'intérieur du piano, en direction de la mécanique. Le premier micro sera destiné à enregistrer le registre grave, tandis que le second s'occupera du registre médium et aigu.

Placer le premier micro en direction des marteaux à environ 40 cm et à une hauteur de 20 cm, pas plus. Le second micro doit être positionné plus près des marteaux, à 20 cm approximativement. Il est important de ne pas incliner les micros en direction des cordes avec un angle trop plongeant (pas plus de 20 à 30 degrés). Les micros doivent capter le son direct, mais également les sons réfléchis par le couvercle.

Si vous décidez de placer les micros à la hauteur des ouïes, vous capterez les résonances de la table d'harmonie. Ce n'est ni un bien, ni un mal. Le son enregistré sera alors moins agressif. Placez les deux micros à une hauteur d'environ 20 cm, la capsule plongeant en direction de la première ouïe pour le premier micro et de la dernière ouïe pour le second.



3) ENREGISTREMENT D'UN PIANO EN FORMATION



Si tous les musiciens jouent dans le même local (en home studio, c'est le cas), l'enregistrement du piano avec des micros peut poser des problèmes de diaphonie. Dans un tel cas, vous utiliserez des capteurs (microcontacts) que vous fixerez ou collerez au moyen d'une pâte à l'intérieur du piano sur la table d'harmonie ou sur les côtés intérieurs de la caisse (la marque Barcus Berry fabrique de bons modèles pour piano, mais aussi pour guitare et contrebasse). Fermez le piano pour l'isoler des autres instruments.

Si vous devez utiliser des micros, évitez surtout les modèles omnidirectionnels (micros qui captent tous les bruits ambiants de la pièce), choisissez plutôt des micros électrostatiques hypercardioïdes.


L'ENREGISTREMENT D'UN INSTRUMENT ACCOMPAGNATEUR OU SOLISTE

Le piano excelle en duo, que ce soit pour accompagner un chanteur ou un instrument soliste. Les occasions ne manquant pas, il était normal qu'un chapitre soit consacré à cette forme d'enregistrement.

Vous devez disposer de deux micros : le premier est utilisé pour le piano et le second pour la voix ou l'instrument soliste.

LA FLÛTE

Pour la flûte traversière, le micro se place à une vingtaine de centimètres devant la bouche. Ne placez pas le micro sur le côté.

LA GUITARE ACOUSTIQUE

Placez le micro un peu plus bas que la rosace pour éviter les réflexions directes à une trentaine de centimètres de celle-ci. Vous pouvez utiliser également un micro de type contact, que vous fixerez à la caisse de résonance. En ce qui concerne les guitares électroacoustiques utilisez le branchement ligne (à éviter si vous ne souhaitez pas un son trop direct).
Consulter : Enregistrer une rythmique guitare/contrebasse/batterie.

LA CONTREBASSE

En fonction de la sonorité recherchée, placez le micro devant l'ouïe ou un peu plus haut à une trentaine de centimètres de l'instrument. Comme pour la guitare, il existe des microcontacts.
Consulter : Enregistrer une rythmique guitare/contrebasse/batterie.

LA GUITARE ET LA BASSE ÉLECTRIQUE

2 solutions s'offrent à vous...

  • 1. La prise de son directe par la sortie ligne de l'amplificateur. On capte ainsi le signal de l'ampli avec moins de souffle (théoriquement). Si la sortie ligne correspond à celle du préamplificateur, vous risquez d'avoir un débit trop bas, ce qui entraîne l'utilisation d'une table de mixage.
  • 2. En utilisant un micro placé devant le haut-parleur de l'ampli (la plupart des amplis pour guitare possèdent un seul haut-parleur à large bande). Si vous placez le micro au plus près du haut-parleur, vous obtiendrez un son plus présent (attention au risque de distorsion harmonique ; utilisez de préférence un micro supportant une pression acoustique élevée) tandis que, si vous l'éloignez, il captera l'environnement acoustique du local. Si l'ampli possède plusieurs hauts-parleurs, placez le micro au centre du baffle.

Consulter : Enregistrer une rythmique guitare/contrebasse/batterie.


LE SAXOPHONE ET LA CLARINETTE

Les instruments à anches génèrent des bruits de clés qu'il vaut mieux éviter. Le micro se place légèrement au-dessus du pavillon, à équidistance avec l'anche. Il vaut mieux éviter de placer le micro devant l'embouchure, ce qui favorise la note fondamentale au détriment des harmoniques (qui constituent la richesse sonore de l'instrument). Il existe pour les instruments à anches des microcontacts que l'on fixe entre la ligature et l'anche. Les résultats sonores sont bons, mais n'offrent pas la couleur naturelle que l'on obtient comme décrit auparavant.

LES CUIVRES (TROMBONE OU TROMPETTE)

La plage dynamique des cuivres est impressionnante et leur enregistrement délicat. Placez le micro à une distance comprise entre 50 et 80 cm de l'instrument (en fonction de sa sensibilité), bien au-dessus. Pour obtenir une sonorité moins douce et plus agressive (son cuivré), utilisez un micro spécial pour cuivre que vous attacherez au pavillon de l'instrument.

L'HARMONICA

Le souffle généré par l'harmoniciste peut s'avérer gênant, bien qu'il puisse servir d'effet sonore, comme l'utilisent les "bluesmen", en tenant le micro contre l'harmonica. Si votre collègue harmoniciste joue à la manière de "Toots Thielemans", placez alors le micro à une distance comprise entre 30 et 50 centimètres de l'instrument.

LE VIOLON ET VIOLONCELLE

La prise de son est assez proche techniquement de la guitare acoustique. Néanmoins, positionnez le micro bien plus haut et dirigé vers l'ouïe de l'instrument. Si vous souhaitez une sonorité plus riche en harmoniques, rapprochez le micro.

AVEC LA VOIX

Pour enregistrer une voix, il faut savoir que celle-ci favorise les fréquences bas-médium/médium (entre 120 et 5 kHz). Utilisez de préférence un micro dynamique, bien que les micros à condensateur (plus sensibles) puissent convenir également pour la prise de son de la voix.

Au cours d'une prise de son de proximité, un micro de type cardioïde a tendance à "gonfler" les fréquences graves et aiguës de la voix. Cela explique la présence sur certains micros de filtre passe-haut/coupe-bas. En se rapprochant du micro, la voix produit des sifflantes et des plosives envahissantes. Il est donc conseillé de ne pas placer le micro trop près de la bouche (investissez, si besoin, dans un filtre anti-pop *, c'est pratique et efficace). Placez le micro légèrement plus haut que la bouche du chanteur (positionné à une distance d'environ 20/30 cm).

D'autre part, la voix subit une accentuation des graves en rapport avec la distance entre le signal et le micro. Pour ces raisons, il est recommandé au chanteur ou à la chanteuse de s'écouter à travers un "retour casque" **, et en accord avec le preneur de son, de trouver la distance idéale. Un déplacement de quelques centimètres en avant, en arrière ou sur les côtés se traduira, face à un micro sensible, par des changements de niveaux sonores importants, rendant parfois les paroles non intelligibles !

Autant le dire tout de suite, si le chanteur (ou la chanteuse) est du genre "nervous breakdown", il vaut mieux qu'il(elle) prenne une tisane calmante avant de se lancer. L'enregistrement sonore demande une maîtrise de soi que tout chanteur de scène gesticulant apprend à ses dépens.

* : un anti-pop est un objet constitué d'un tissu tendu, placé devant le microphone, pour que notamment les "p" prononcés par le chanteur soient atténués.
** : le casque devra être de type fermé pour éviter de récupérer le signal dans le micro.

Par ELIAN JOUGLA


TECHNIQUE "DOSSIERS DIVERS"
SOMMAIRE "DOSSIERS"
ACCUEIL
PARTICIPER/PUBLIER : EN SAVOIR PLUS
Facebook  Twitter  YouTube
haut
haut

Accueil
Copyright © 2003-2024 - Piano Web All rights reserved

Ce site est protégé par la "Société des Gens de Lettres"

Nos références sur le Web - © Copyright & Mentions légales