DÉMOS SYNTHÉTISEURS, CARTES SONS...



LE KURZWEIL 250, UN SYNTHÉTISEUR AVANT-GARDISTE (DESCRIPTION ET DÉMOS)

En 1984, dans les colonnes d'un magazine spécialisé, on pouvait lire ceci : "Qui voudrait payer 360 000 Fr (env. 107 000 €) pour un clavier, alors qu'il en existe un meilleur pour 150 000 Fr (env. 45 000 €) ?" Non, vous ne rêvez pas, les sommes indiqués sont bien réelles et correspondent à l'achat d'un Kurzweil 250 quand il fut lancé. Nous sommes au début de l'aventure de l'échantillonnage et ce clavier promettait tout à son acquéreur, comme celui de recréer à la perfection la sonorité de n'importe quel instrument acoustique, y compris un piano de concert !


LA QUALITÉ SONORE D'ABORD

L'année de sa sortie, le clavier faisait rêver tant on ventait sa perfection. Si le 250 parvenait à obtenir un son de piano à queue crédible, il pouvait appliquer sa magie à l'identique avec d'autres instruments : cordes, cuivres, percussions, etc. " Le son du 250 semble si proche de la perfection qu'il est virtuellement impossible de le distinguer du véritable instrument", racontaient ceux qui avaient eu la chance d'approcher le Kurzweil. La surprise était de taille, mais son prix aussi, en étant hélas hors d'atteinte du porte-monnaie de la majorité des musiciens.

© Kurzweil

Si le Kurzweil atteint un tel niveau de perfection, c'est grâce aux techniques « Independant Pitch Duration Control » (I.P.D.C), qui permet de contrôler indépendamment la durée de chaque note, quelle que soit sa hauteur, et « Contoured Sound Modeling » (C.S.M), dérivée des procédés d'intelligence artificielle et de la reconnaissance des formes, qui est ici appliquée à des fins de synthèse musicale.

Un processus de calcul permet de suivre l'évolution du son capturé selon le jeu de l'instrument et sa tessiture. Un excellent exemple : le piano, si difficile à échantillonner. Le Kurzweil tient compte du contenu harmonique de chaque note et de la variation du jeu (de pianissimo à fortissimo). De plus, lorsque le piano vient juste de frapper la corde, celle-ci est à son maximum d'amplitude vibratoire ; or, quand cette amplitude diminue, la hauteur de la note varie légèrement. Tout cela est fidèlement recréé avec le synthé.

Le 250 est ainsi capable de reconstituer, à chaque instant, le spectre du son de l'instrument tel qu'il est émis dans la réalité, tout en tenant compte des paramètres de son évolution. Pour pouvoir exploiter dignement ces possibilités d'expression, l'instrument est doté d'une polyphonie 12 voix et d'un clavier de piano 88 touches en bois, munies de marteaux, sensibles à la dynamique et à la vélocité.

Par ailleurs, l'utilisation des contrôleurs simule une grande variété de techniques de jeu avec une multitude d'effets synthétiques tels que la modulation de fréquence et d'amplitude, le contrôle des enveloppes, le balayage des filtres. La plupart de ces fonctions peuvent être assignées aux pédales — similaires à celles d'un piano — ou aux deux leviers qui sont situés sur le côté gauche du clavier.


CONFIGURATIONS ET FONCTIONS

Le Kurzweil est muni de 40 configurations de claviers différents et de plus de 30 sons d'instruments « digitaux » comprenant le piano, l'orgue Hammond, la guitare acoustique, les cuivres... Des instruments que l'on peut choisir en activant un des boutons du synthé. Il est possible d'étendre le nombre d'instrument instantanément en employant des cartouches ROM à brancher sur l'instrument.

Pour ne pas se prendre la tête, un mode d'emploi illustré est là et sert de guide. Il indique tout ce que l'on doit savoir pour profiter au maximum du modèle 250, même quand on est un novice. L'instrument en lui-même est par ailleurs un guide : un display LCD fournit toutes les instructions (en anglais).

Le Kurzweil apporte toute la souplesse d'utilisation souhaitable. Par exemple, l'assignation alphanumérique d'une ou de plusieurs parties du clavier pour différents instruments est réalisable (split). Autre possibilité, le mode « Chorus ». Il intègre un son particulier dans un ensemble — un violon avec un orchestre à cordes par exemple. Ce mode-là peut aussi servir pour doubler un son.

Dans cet ensemble de fonctions, la touche « Keyboard » sert à appeler les diverses configurations du clavier. Une octave peut être destinée à une basse, trois autres au piano, deux autres à la trompette et au saxo, et les restantes à la batterie : grosse caisse, caisse claire, charleston, etc. Si quelques-unes de ces configurations sont conçues d'usine, d'autres peuvent être programmées par l'utilisateur.

La touche « instruments » appelle les sons des différents instruments. On utilise alors le clavier dans sa totalité avec un seul instrument ou, pour chaque touche, un de différent. En fait, une seule touche peut sortir jusqu'à six notes (un accord de piano, par exemple) ou six instruments différents au même moment (layer). La touche "List" commande le défilé de l'ensemble des configurations claviers stockés dans la mémoire du modèle 250. Toutefois, on peut reprogrammer la liste pour l'adapter à ses besoins.

De nombreuses autres options passionnantes démontrent toute l'avancée technologique du Kurzweil. Par exemple, le « Sound Modeling Programm » (programme de modulation de sons) permet d'enregistrer, de composer ou de stocker ses propres instruments et effets sonores (système de stockage sur disquettes). Le Kurzweil possède également une autre option importante, the "Kurzweil Sound Laboratory" (laboratoire de sons Kurzweil). Avec l'aide d'un ordinateur Mac, on crée, enregistre, édite et utilise les plus complexes séquences de synthétiseurs, on copie le son de n'importe quel synthé analogique, on produit des effets sonores et bien d'autres choses.


© Kurzweil - Images publicitaires, Robert Moog posant devant le Kurzweil, à droite.

UN SÉQUENCEUR COMPLET ET PERFORMANT

Un séquenceur polyphonique 12 voies offre toutes les possibilités d'un magnéto multipistes numérique : recording, editing, tracking. La capacité originelle du séquenceur est de 4 000 notes, extensible à 7 900. Ce n'est pas tout : le séquenceur superpose jusqu'à 12 notes par touche. Autrement dit, en employant les fonctions « keyboard », « instrument » et « sequencer », on peut théoriquement assigner une centaine de sons à une configuration !

Autres possibilités : transposer dans une autre tonalité, changer de mode (du mode majeur au mode mineur ou vice-versa), éditer de la manière que l'on souhaite. Le séquenceur permet la combinaison de diverses pistes pour varier les arrangements. Avec sa possibilité d'étager jusqu'à 12 pistes différentes, on peut affirmer sans crainte que le séquenceur Kurzweil 250 est réellement un magnéto digital multipistes.


CONCLUSION

« Il combine la richesse du son acoustique avec la programmabilité d'un synthétiseur numérique avancé », lancera Robert Moog, le futur scientifique en chef de l'entreprise. C'est exact, le Kurzweil était, à bien des égards, un clavier avant-gardiste. On y retrouve plusieurs innovations que les claviers workstations proposent de nos jours. Seules, peut-être, les capacités de stockage (disque dur à la place de la disquette), la résolution et la durée d'échantillonnage ont bousculé la vision d'un monde numérique en perpétuelle évolution. Par contre, tout le reste est déjà là où presque :

  • Un clavier piano avec marteaux, sensibles à la dynamique et à la vélocité. Splitable également, ce qui permet de démultiplier les programmes sur le même clavier : par exemple, avoir une flûte sur une octave, un piano sur trois octaves, un violoncelle sur une autre et ainsi de suite.
  • Un échantillonneur complet avec taux variables, de 5 à 50 kHz, soit respectivement de 100 à 10 secondes d'enregistrement en 18 bits.
  • Un générateur d'enveloppe à 256 segments.
  • Cinq modes de transposition et trois modes de chorus stéréo.
  • Un séquenceur perfectionné qui, malgré sa limite en nombre d'événements (4 000 notes extensibles à 7 900), autorise tout de même quelques belles orchestrations. Boucle, quantification, édition de piste individuelle, contrôle du volume et édition de notes individuelles en pas à pas, sont présents.
  • Une interface MIDI.
  • Cent mémoires sur disquettes, immédiatement accessibles ; ce qui signifie qu'il n'est pas nécessaire de changer de disquettes pour obtenir un autre son. Il est là instantanément. L'inconvénient, les sons d'usine offerts sont en ROM. Toutefois, rien n'empêche de modifier les presets à volonté avant de les stocker en mémoire utilisateur (40 espaces sont dédiés à cet effet).
  • Une programmation de configurations sauvegardables, avec 40 réglages clavier prédéterminés.
  • Une édition et enregistrement de sonorités via un ordinateur Apple Macintosh (programme Mac-Attach).
  • Des fonctions appelées par pédales.
  • Année de sortie : 1984
  • Prix d'origine converti en euro et tenant compte de l'inflation : env. 45 000 €
  • Prix marché occasion constaté au 09/2022 : entre 850 et 1 200 €

DÉMO CONSTRUCTEUR - STYLE ROCK

DÉMO CONSTRUCTEUR (montage)
Assemblage de différentes sonorités orchestrées.

Piano Web (09/2022)

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