DOSSIERS DIVERS



LE MÉTIER DE PIANISTE DE BAR

DIALOGUE INTIMISTE : les faces cachées des métiers de la musique sont souvent méconnues. Patrick Dewaere dans le film Beau-Père donne un cours magistral sur la condition de travail des 'pianistes de bar'. Cette courte introduction, mise en images par Bertrand Blier, porte un regard pathétique sur ce métier-là. Le dialogue, servi magistralement par Patrick Dewaere, possède le juste ton. Cet exercice d'observation du monde de la nuit, souvent BCBG, trouve son point d'orgue dans la triste réalité du temps qui s'écoule, quand les lumières s'éteignent et que le piano solitaire se tait aux heures creuses de la nuit.


PATRICK DEWAERE, "PIANISTE DE BAR" DANS LE FILM BEAU-PÈRE

Comme d'habitude, le comédien Patrick Dewaere incarnait à fond ses personnages. Pour le film Beau-Père, il donne à qui veut l'entendre un cours magistral sur la condition de travail des 'pianistes de bar'. Un regard pathétique sur un métier sous-estimé...


NB : le pianiste qui prête ses doigts à Patrick Dewaere n'est autre que l'excellent Maurice Vander, qui fut pendant de nombreuses années le compagnon de route de Claude Nougaro.


LE PIANO BAR AUX HEURES CREUSES DE LA NUIT

Le mot 'Piano Bar' évoque immédiatement une musique douce avec son pianiste qui égrène plus qu'il ne joue la mélodie, l'enrobant de sonorités suaves et d'éternels arpèges. Le 'Piano Bar' est devenu la référence d'un certain cadre d'ambiance, d'un lieu de rencontres mâtiné de couleurs douces et chaudes. Le 'pianiste de bar' partage ses mélodies avec les habitués des hôtels de luxe, des restaurants cotés ou des cafés concerts spécialisés.

C'est un style de musique reconnaissable immédiatement et qui peut devenir au fil du temps le répertoire incontournable de quelques pianistes qui en font leur gagne-pain quotidien. De temps en temps, lors de soirées spéciales (anniversaire, gala, etc.), un ou deux musiciens supplémentaires viennent se joindre au pianiste. C'est pour le responsable de l'établissement l'occasion d'apporter une nouvelle couleur sonore en présentant aux convives une petite formation de musique folklorique ou la courte prestation d'un artiste de passage. Les lieux se transforment alors, pendant un instant, en un cabaret de luxe.


PIANISTE DE BAR : UN MÉTIER DE LA CARICATURE

Le métier de 'pianiste de bar' a alimenté de nombreux films. Dans les films policiers des années cinquante, il n'était pas rare de montrer le musicien, le verre posé sur le piano, avec parfois la cigarette aux lèvres jouant d'une façon nonchalante un vieux standard de Cole Porter ou de Georges Gershwin. Et le pianiste du saloon, qu'en dire ? Éternel héros anonyme dans un grand nombre de westerns, capable de jouer sur un piano bastringue usé, tandis que les balles sifflent tout autour de lui !

Devenir un 'pianiste de bar' est un moyen de survivre, tout en restant en contact avec la musique. Mal payé, souvent non déclaré, jouant dans un coin de la salle, des artistes et non des moindres, tels Serge Gainsbourg, Darry Cowl ou Louis de Funès ont, eux aussi, usé les touches de quelques pianos avant de connaître la célébrité.

Être un 'pianiste de bar', c'est avant tout être dans un état d'esprit où la compétence de l'artiste doit rimer avec une certaine discrétion… jusqu'à faire partie du mobilier. Comme une bonne musique de film, il doit être capable d'exécuter sa musique de façon à ce que sa couleur se diffuse dans l'espace, qu'elle devienne un fond sonore allant jusqu'à se faire oublier. Le bruit du piano ne doit pas être au-dessus du bruit des fourchettes ! La technique, le talent viennent après et si les applaudissements fusent, c'est souvent au grand étonnement de l'intéressé.

Comme un bon vin, le talent du 'pianiste de bar' se bonifie avec le temps. L'un croisant parfois la route de l'autre. Son répertoire doit être le plus large possible. Presque sans frontières, il doit être capable d'interpréter aussi bien un standard de jazz, du classique, une musique de film qu'un succès récent, quand ce n'est pas un client qui lui suggère le souvenir d'un morceau qui lui tient à cœur.

La musique de jazz, encore considérée aujourd'hui par beaucoup de personnes comme une musique d'ambiance, a bien sûr été au centre des préoccupations de ces artistes de l'ombre. De nombreuses chansons ont été détournées et habillées à la façon jazz.

En règle générale, les silences sont proscrits. Les morceaux doivent s'enchaîner sans répit. Un travail difficile qui exige de s'isoler, comme dans une bulle, pour l'accepter totalement. Chaque thème doit être exécuté dans une esthétique précise. Le pianiste emploie pour cela des artifices, des 'ficelles' de métier. On dit qu'il ornemente la mélodie. Il la noie dans un enrichissement harmonique et n'hésite pas à la morceler, de temps en temps, avec des arpèges ou des gammes.

Par ELIAN JOUGLA


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