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LE 'PIANO MAGIC' D'ESMONDE WHITE OU COMMENT TRANSFORMER UN PIANO DROIT EN PIANO À QUEUE

Pour un particulier, le choix d’un piano droit s’impose souvent par défaut, car un piano à queue possède deux inconvénients majeurs : disposer d'un espace suffisant pour l'accueillir et avoir un porte-monnaie bien garni. Mais ça s’était avant qu’un fabricant de piano installé à Montréal, Oliver Esmonde White, parvienne à transporter les avantages techniques du piano à queue à l'intérieur d'un piano droit…


UNE TRANSFORMATION MÉCANIQUE HÉRITÉE DE DARRELL FANDRICH

Tous les pianistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, rêvent de détenir un piano à queue chez eux. Les raisons sont multiples : amplitude sonore, fluidité du toucher... Ce rêve est devenu réalité grâce au talent du facteur Oliver Esmonde White qui a œuvré pendant des années dans son atelier avec une solide équipe pour rendre fonctionnel le concept du mécanisme d'action verticale créé par l'inventeur américain Darrell Fandrich (1).

© pianoew.com - Le "piano Magic" d'Esmonde White, au design élégant.

Ce dispositif repose sur une série de composants grâce auxquels il est possible de reproduire sur un piano droit le fonctionnement d'un piano à queue. D’après le fabricant de pianos montréalais : “C'est une percée majeure dans le monde sonore et technologique.” (2) ; ce que confirment les rares pianistes professionnels qui ont eu l’aubaine de tester le modèle baptisé 'Piano Magic'.

Pour l'évaluer à sa juste mesure, l'équipe a décidé d’enregistrer un premier pianiste, Marc-André Hamelin, et le résultat est allé au-delà des espérances : “Ça sonne comme un piano de sept pieds dans une cathédrale avec les micros à l'intérieur. Nous avons fait des ouvertures sur le devant du piano tout en le gardant partiellement fermé. Ça crée une caisse de résonance, un peu comme une mini salle de concert à l'intérieur du piano", raconte enthousiaste Oliver Esmonde White.

L’un des points positifs est de ne pas être plus onéreux que les marteaux utilisés actuellement pour fabriquer un piano droit. Un investissement financier entre 3 000 et 5 000 dollars suffit à transformer le piano droit en piano à queue.

Comme le montre les vidéos dans cette page, ce nouveau mécanisme a déjà conquis quelques personnalités du monde musical comme les pianistes Philippe Noireaut, Charles Richard-Hamelin et Taurey Butler, sans compter le musicien de jazz Oliver Jones ou l’artiste québécois aux multiples casquettes, Gregory Charles.


Philippe Noireaut met à l'essai le piano droit de marque Esmonde White (14/05/2019)
Philippe Noireaut : “Ces pianos sont révolutionnaires. Ils allient à la fois le double échappement des pianos à queue, ce qui facilite beaucoup l'exécution, et en même temps, ils offrent une grande facilité pour varier les couleurs et favorisent grandement à faire une expression très touchante et ondulante du son.

UNE QUESTION DE GRAVITÉ

Dans un piano à queue, le mécanisme est à l’horizontale alors que sur un piano droit, le dispositif est à la verticale. Ce simple fait changer bien des choses sur la réactivité des marteaux qui, sur le piano à queue, bénéficie d’une gravité naturelle. Pour arriver au même résultat sur son homologue droit, un ressort de retour de marteau est utilisé, ce qui permet, d’après Oliver Esmonde White, de “reproduire la force gravitationnelle à un gramme près dans tous les pianos", s’empressant de rajouter : “On peut contrôler le poids de descente entre 40 g et 65 g pour l'ajuster si c'est destiné à un enfant ou à un adulte professionnel.” De plus, le délai entre le moment où on appuie sur la touche et celui où le marteau vient frapper la corde est considérablement réduit… comme sur un piano à queue. De fait, la réactivité des touches à la répétition de notes, qui est assez limitée sur un piano droit même bien réglé, donne avec le dispositif du 'Piano Magic' un résultat supérieur de 25 % par rapport à un piano à queue ! (la vidéo de Charles Richard-Hamelin ci-dessous en témoigne).

Charles Richard-Hamelin met à l'essai le piano droit de marque Esmonde White (14/05/2019)
Charles Richard-Hamelin : "L'action est incroyablement rapide et fiable : je n'ai jamais vu quelque chose de semblable dans un piano droit."

À PROPOS DU “PIANO MAGIC” D'ESMONDE WHITE

Ce proche de Darrell Fandrich était auparavant un chercheur chez Hewlett-Packard. Décédé il y a deux ans, M. Fandrich lui a légué la suite de ses recherches sur les mécanismes liés au piano.

Esmonde White commente : “Darrell était un scientifique, et moi, je suis davantage un technicien et un musicien. Son invention était magnifique, mais impossible à fabriquer et à entretenir. Tout le monde dans l'atelier et tous les techniciens étaient déroutés par le processus. Les principes étaient là, mais n'étaient pas utilisable. Le vrai génie dans ce que Darell a conçu, c'est un ressort de torsion. Dans un piano à queue, il y a ce qu'on appelle le double échappement, qui pousse le ressort vers le haut pour que le battement d'échappement puisse se replacer. C'est vraiment la plus grande différence entre un piano droit et un piano à queue. Ce que Darrell a réussi à faire, c'est de reproduire exactement ces forces-là.” (2)

Toutefois, pour arriver au résultat actuel, il aura fallu cinq ans de travaux au facteur de pianos montréalais et à son équipe. Le constructeur espère que de nombreux autres fabricants convertissent leurs chaînes de montage pour utiliser cette technologie, d’autant que les détails de son invention circulent dans le milieu après que plusieurs grands manufacturiers se soient manifestés.

Les pianos droits représentent 85 % des ventes mondiales, comme le rappelle fort justement Esmonde White, et il est fort possible que les pièces nécessaires pour convertir les pianos droits traversent un jour l’Atlantique pour conquérir le marché français. C'est tout le mal qu'on leur souhaite !

D'autres détails sur la page du constructeur : Le ‘Piano Magic’ de Esmonde White

Taurey Butler met à l'essai le piano droit de marque Piano Esmonde White (14/05/2019)
Taurey Butler : "Je pense que cela me rend meilleur que je ne le suis réellement. Une totale surprise !"

Piano Web (03/2022)


1 - Darrell Fandrich étudie le violon et le piano dans son enfance. Passionné par le fonctionnement des pianos et leur sonorité, à l'âge de seize ans, il apprend sa technologie à la 'McPhail School of Music' de l'Université du Minnesota. Dans l’intention de les rendre plus musicaux, Darrell Fandrich met à profit son diplôme en génie mécanique en développant plusieurs inventions qui ont reçu une reconnaissance importante. On lui doit plusieurs publications dont "Une brève histoire fonctionnelle de l'action du piano" en 1994. Ce facteur de piano a travaillé notamment pour Baldwin et Steinway dans le cadre de concerts, respectivement à Portland et Seattle.

2. Source : radio-canada.ca



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