PRENDRE DES COURS DE MUSIQUE, EST-CE UNE OBLIGATION ?


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Jean-François Hass

Voilà, j’ai commencé à apprendre le piano tout seul depuis déjà quelques mois. Pour le moment tout se passe bien. Je déchiffre des morceaux faciles et je m'amuse à retrouver des airs, mais je me demande si je dois continuer ainsi ou me mettre en quête de chercher un professeur de piano pour me perfectionner ? Finalement, j'aimerais connaître votre position sur l'importance des cours.


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À travers votre question chemine l’idée d’un aboutissement, ce qui est une bonne chose en soi. La question du travail conduit en autodidacte est une question qui revient souvent, car elle est directement en conflit avec une connaissance apprise par des voies plus ‘officielles’. Ce problème est surtout présent dans la tête de l’individu quand ‘apprendre’ rime avec étude scolaire et contrainte.

L’image du professeur renvoie à cela, consciemment ou inconsciemment. Mais il ne faut pas diaboliser la nuisance qu’il aurait sur le développement de votre personnalité musicale. Cette crainte est fréquemment répandue chez les musiciens qui prennent conscience qu’ils ont des capacités en musique, mais qu’ils ont peur de les perdre au contact d’un savoir ou d’une pratique instrumentale trop directive. Cette attitude est parfaitement compréhensible, mais pas toujours justifiée, car dans certains cas, la présence d’un professeur est nécessaire pour surmonter des difficultés techniques particulières ou lorsqu'on souhaite changer de cap, c'est-à-dire de style musical. En vérité, la bonne question à se poser, quand on a un peu de pratique musicale, est de trouver ‘chaussure à son pied’… Ce qui, je l’avoue, n’est pas toujours facile !

Ensuite, à l'apprentissage de la musique vient se joindre l'image artistique qui existe dans la tête de celui qui apprend. Par principe, la personne défend cela à travers les objectifs qu'elle s'est fixés. Mais une chose est sûre, l’idée selon laquelle étudier la musique en suivant des cours vous donnerait des ailes artistiques est absolument fausse. Ce sont des voies différentes. On ne peut retenir que ce qui est compréhensible ! Ainsi, si le solfège, la théorie, l’histoire et la technique peuvent être enseignés, d’autres ‘matières’ font appel à des ressources personnelles tout aussi indispensables, à savoir la créativité, la sensibilité et la musicalité. Ces divers appuis ne peuvent s’apprendre ni à travers une méthode, ni à travers une idéologie musicale cousue de fil blanc. Ce n’est pas non plus une question de don ; un mot qu’il faut manier avec beaucoup de prudence !

Une autre erreur malheureusement répandue : découvrir la musique en vous en remettant uniquement au professeur. Un enseignant ne peut pas tout. Heureusement d’ailleurs, car sa responsabilité qui est déjà grande deviendrait dangereuse, pour lui comme pour vous. Si vous êtes un adulte, lors du premier contact avec le professeur, venez avec des arguments solides. À vous de démontrer votre intérêt pour la musique, votre culture, précisez avec soins ce que vous souhaitez étudier. Ce n’est pas au professeur de le faire à votre place. N'inversons pas les rôles !



LES MATIÈRES À ÉTUDIER

Si vous décidez de prendre des cours, sachez que toutes les matières à étudier ne sont pas complémentaires, bien qu’il soit toujours possible de trouver un lien invisible qui les relierait. Voici les principales...

LE SOLFÈGE

Il vous apprendra les écritures musicales. Il apporte un savoir presque ‘universel’. Ainsi, si vous apprenez le solfège, vous avez toutes les chances d’augmenter vos capacités de communication musicale : déchiffrage de partitions, dialogue et échanges d’idées entre musiciens, etc.

L’HARMONIE

On la résumera à l’étude des accords. Elle vient en complément du solfège tout en demeurant indépendante. En effet, il est possible d’apprendre les accords sur un instrument comme le piano sans avoir de pratique en solfège. Quelques bases sont toutefois nécessaires pour faciliter la compréhension.

Les tablatures pour guitare sont un bon exemple d’un apprentissage musical conduit sans lecture de notes. Un tel système est cependant limité, mais suffisant pour s’accompagner en chantant, par exemple. Pour aller au-delà, il sera indispensable d’accorder plus de temps à la théorie et au solfège.

LE RYTHME

Le rythme est un domaine épineux, car il existe une passerelle invisible entre le savoir (à travers des exercices) et l’acquit (la pratique). C’est pour ces raisons que son enseignement est difficile. Dans de nombreuses musiques dites ‘vivantes’, le rythme penche plutôt vers l’acquit.

Musiques brésiliennes, blues, jazz, rock font la part belle aux rythmes intuitifs, ce qui, sur le fond, développe une attitude et un comportement vis-à-vis de l’instrument pas toujours académique, mais souvent efficace. C’est donc à double tranchant. Une fois de plus, tout dépend de la personnalité de celui qui apprend.

Ce qui est sûr, c’est que pour exprimer de la musicalité, il est indispensable de développer un potentiel rythmique intuitif, surtout l’on souhaite aborder les musiques ‘vivantes’. L’étude des rythmes de façon scolaire ne sert en réalité qu’à comprendre et à perfectionner des mécanismes d’indépendance, mais certainement pas à développer une ‘intelligence’ rythmique.


LA PRATIQUE INSTRUMENTALE

La pratique instrumentale est avant tout basée sur l’apprentissage de la technique. Elle reflète un niveau, une capacité à restituer une difficulté. Cela relève de l’acquit, mais pas du savoir. Évidemment, pour accéder à l’acquit, il faut passer par une pratique la plus quotidienne possible, mais sans tomber dans des phases obsessionnelles qui peuvent alors se révéler contre-productrices.

La technique, ce n’est pas obligatoirement faire des exercices académiques issus d’une méthode quelconque. Ce qui est important, c’est de maîtriser la technique en fonction d’un enseignement qui sera structuré, répondant à votre personnalité. Le piège de la pratique instrumentale est de s’égarer. Mais attention, la virtuosité qu’elle apporte ne fait pas barrage à la musicalité. Il est important de souligner cette confusion qui est souvent commise. D’ailleurs, c’est en dominant une technique que l’on aura toutes les chances de prendre suffisamment de recul pour se concentrer sur son interprétation, donc sa musicalité.

Dans ce cadre, un bon professeur qui sera à votre écoute se révélera utile pour vous apporter la ligne conductrice, sous réserves que l’échange professeur/élève ne soit pas unidirectionnel.

Par ELIAN JOUGLA


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