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MAITRISER LA FM ET LA PROGRAMMATION DU DX7 YAMAHA


ÉVOCATION DES SYNTHÉS DX YAMAHA

À l’époque de leur sortie, ceux qui se sont aventurés sur un modèle DX, même de base, s’en souviennent encore aujourd’hui !

Pour le manipulateur de synthétiseur analogique (celui de la synthèse soustractive), un monde s’écroule tandis qu’un autre pointe le bout de son nez. Nous sommes au début des années 80 et la révolution numérique est en marche. C’est à cette époque que les premiers synthés à synthèse FM voient le jour. Cette technologie, qui repose sur des noms aussi étranges que porteuses, algorithmes ou opérateurs, interroge et divise les passionnés de synthèse.

Comment !… vous avez dit algorithme ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

Lors de la sortie des premiers modèles DX, les musiciens naviguaient en plein brouillard. Heureusement, la qualité et la diversité sonore proposées par ses synthés fera oublier pendant un temps leur côté complexe.

Les DX et en particulier le DX7 deviennent des synthétiseurs qu’il faut posséder à tout prix. Le son que l’on commence à entendre dans de nombreuses productions discographiques indique qu’une révolution sonore est en marche. Les sonorités DX s’implantent et mettent au placard les sonorités analogiques d’hier. Ainsi, dans l’année qui suit l’apparition du DX7, des milliers de modèles sont vendus un peu partout aux quatre coins de la planète. De nombreux musiciens se ruent sur ces drôles de synthés, sans tenir compte que derrière leurs sons magiques se cache une technologie obscure et complexe.

En 1984, l’envie de posséder un de ces joujoux était très forte, d’autant plus que leur prix était concurrentiel face à des Oberheim ou des Prophet (sauf le DX1, la grosse machine qui comprend la capacité de plusieurs DX7 en un seul appareil). Pour avoir été un des premiers à utiliser un DX7 en studio (en 1983, l’appareil était loué 500 Fr la journée, une somme !), je me rappellerai toujours le regard des musiciens découvrant les presets d’usine, quand les cloches et le vibraphone ont résonné dans toute la cabine. Bien sûr, passé l’émerveillement des sonorités fournies par le constructeur, nous avons tous compris que pour aller au-delà, il était nécessaire de se retrousser les manches !

La question intuitive était posée !

Hier, la création sonore sur synthèse soustractive pouvait donner des ailes à un musicien doté d’un certain feeling. Avec un Moog ou un Jupiter, on pouvait bidouiller et arriver à produire des sons, parfois originaux, mais avec un DX7 et sa notice qui tenait en seulement quelques pages, cela paraissait bien difficile. Face à la complexité de l’appareil, de nombreux musiciens sont restés perplexes, dubitatifs, au point qu’un bon nombre d’utilisateurs revendront leur DX pour revenir à la synthèse soustractive.



LA FM, UNE TECHNOLOGIE INADAPTÉE AUX MUSICIENS

Cette technologie, que la notice aborde superficiellement (il est toujours bon de le rappeler), ne recevra pas un écho favorable de la part de ses utilisateurs : ”Si l’on ne peut créer des sons facilement, peut-on au moins s’en procurer ?

Certes, les appareils DX sont d’une conception révolutionnaire, mais ce sont d’abord leurs apparences qui rendent sceptiques tous ceux habitués à manipuler des boutons. Lorsqu’il s’agit de contrôler un synthé DX, c’est tout l’inverse. Les boutons brillent par leur absence. Le DX7 possède juste deux potentiomètres (un pour le volume et un autre pour l’entrée des données), ce qui résume assez bien l’austérité des appareils DX Yamaha. Tous les modèles reposent sur cette initiative contestable, même 25 après !

Un effet de mode, alors ?…

Certainement pas !

Les synthés DX ont un réel potentiel en termes de création sonore. C’est d’ailleurs ce qui les a sauvés. Certains musiciens/techniciens vont réagir en devenant des spécialistes programmeur dans les studios d’enregistrement. D’autres choisiront la voix de vulgarisation en concevant des ouvrages spécifiques, comme celui proposant 3 000 sons pour DX7… rien que ça ! Face à un tel ouvrage, il fallait posséder une sacrée patience. Celle d’avaler toutes les fiches de programmation, car il n’existait aucune possibilité d’écouter les sons par avance. De plus, le titre de chaque sonorité n’était pas forcément révélateur. L’utilisateur programmait le son, ensuite il le gardait ou pas. Il sauvegardait les sons sur cartouche ou sur bande. C’était laborieux, mais facile, puisque la programmation était déjà conçue ! Heureusement, quelque temps plus tard, la vente de milliers de sons sur disquettes viendra faciliter le travail du programmeur bricoleur.

Avec le DX7 apparaissent également des sons collectors, des sons qui deviennent une référence, tel le piano électrique, les cloches ou les basses. Ces sonorités faisaient référence au DX et uniquement au DX, de la même façon que certains sons des légendaires Moog ne pouvaient appartenir qu’à un Moog. Les sonorités étaient imitées, mais jamais égalés.

Tout cet artifice de sonorités préprogrammées ne pouvait satisfaire un musicien désireux de contrôler en tout point son DX. Cependant, créer un son en partant de la case départ (le son produit alors un sifflement) demandait beaucoup de courage et de persévérance (personnellement, j’ai créé de nombreux sons intéressant en partant de sonorités préexistantes).

Face à un DX7, le musicien habitué aux synthés analogiques devait perdre tous les réflexes acquis. Il fallait concevoir l’approche avec un autre regard et avoir connu les synthés modulaires pour avoir la chance de comprendre le lien de cause à effet avec les sons produits. Presque tout le savoir de l’utilisateur devait se refondre dans un autre langage. Pour le musicien qui passait d’un Jupiter 8 à un DX7, c’était comme s’il passait de la conduite d’une voiture à un pilotage d’avion.

En 1983/84, tous les amateurs de synthèses parlaient du DX7. Les vendeurs en parlaient également, mais sans s’attarder sur la question technique (heureusement que les sonorités d’usine étaient là !). Dans le magasin, on était face à un synthé tout plat muni d’un clavier 5 octaves. Un synthé au design contestable, d’une apparente banalité et qui faisait regretter la part de rêve que produisait la vue d’un Kobol ou d’un JD-800 de Roland.

Aujourd’hui, avec le recul, on peut considérer l’existence des DX comme LE tremplin vers le numérique. La série des SY qui a suivi celle des DX, comprenait une partie échantillonnage, autre technologie novatrice qui, combinée avec la FM, produisait des sons très riches et originaux.



ALAIN CASSAGNEAU PROPOSE DE MAITRISER VOTRE DX YAMAHA

Alain Cassagneau est l’auteur d’un ouvrage qui est sorti quelque temps après la commercialisation du DX7 (Maîtrisez Votre DX Yamaha). En 1984, il est pigiste en free-lance pour Claviers Magazine (qui deviendra plus tard Guitare & Claviers). Il rédige pour le magazine essentiellement des bancs d’essai de synthés.

Lors de sa sortie en France, son ouvrage a un certain écho auprès des musiciens désireux d’en découdre avec la programmation FM (20 000 exemplaires seront vendus en un an). La question que se posent alors de nombreux utilisateurs de DX est de savoir comment procéder pour naviguer d’un point A à un point B sans encombre, ou comment obtenir tel type de son et produire tel effet. Il est important de signaler que derrière la simplicité apparente des DX se cachent de multiples paramètres et que ceux-ci utilisent tout un langage qu’il faut apprendre à décoder. Vouloir diriger un synthé DX, tel le capitaine à bord de son navire, voilà le pari qu’Alain Cassagnau nous proposait avec son ouvrage. À une époque où la vogue des synthés DX était à son point culminant et qu’un manque cruel d’information existait, un manuel tel que Maîtrisez votre DX Yamaha était attendu vraiment avec impatience.

LA RÉÉDITION

La synthèse FM trouverait-elle grâce auprès d’une jeune clientèle ? Est-ce que les vieux Bidochons, comme moi, auraient l’âme emplie de nostalgie ?

Force est de constater que le projet de réédition est soutenu par des Internautes (notamment ceux d’AudioFanzine). La disponibilité de la nouvelle édition est prévue courant avril 2010.

Cette nouvelle édition apporte des informations absentes de la première version (la réalisation de feedback, la simulation d'effets comme le phasing, le chorus ou la saturation…) ainsi que des passages revus et améliorés (le principe de la modulation de fréquence, l’évolution cyclique du son ou la création d’un son…).

Reçu en son temps avec beaucoup d’intérêt dans le milieu musical, Maîtrisez votre DX Yamaha conserve encore aujourd’hui un réel intérêt qui justifie sa mise à jour plus de 25 ans après. Indispensable à tout possesseur de DX !

Par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 04/2010)



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