HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



LES ONDES MARTENOT, L'EXPRESSION AU BOUT DES DOIGTS

Au début du 20e siècle, la 'fée électricité' alors naissante laisse entrevoir des domaines d'applications insoupçonnés. Les critiques n'hésitent pas à mentionner la musique en termes de 'musique électrifiée'. La musique acoustique doit à présent partager ses sonorités ancestrales avec d'autres aussi surprenantes que dérangeantes. En France, un instrument conçu par un ingénieur du nom de Maurice Martenot va concurrencer l'apparition du Thérémine : les ondes Martenot.


LES ONDES MARTENOT, UN INSTRUMENT DE MUSIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

© audiofanzine.com


Si les premières expérimentations datent de la première guerre mondiale, les ondes Martenot vont être officiellement présentées à l'Opéra de Paris en 1928. Dès lors, pour contrer les démonstrations de Lev Termen et son thérémine, Maurice Martenot va se lancer au début des années 30 comme son confrère dans de nombreuses représentations sur le territoire français, mais également dans le monde entier.

© snl.no - Maurice Martenot et le compositeur Pierre Vellones (1936)

Musicien confirmé, soucieux des questions pédagogiques et auteur d'une méthode basée sur la psychopédagogie, son instrument venait à point nommé en apportant un nouveau souffle dans cet art aussi critiqué que désirable qu'est la musique. Grâce à ses sonorités inédites et ses sensibles qualités d'expressions, les ondes Martenot sont arrivées à concilier les progrès de la science avec une éducation musicale souvent attentiste.

Contrairement au Thérémine, les ondes Martenot sont pourvues d'un clavier suspendu pour permettre un vibrato sur chaque note par oscillations du poignet ou du bras, et d'un ruban qui court contre celui-ci. Pour l'utiliser, l'ondiste glisse son index dans une bague munie d'un fil et fait coulisser celui-ci pour obtenir la note désirée, guidé par des repères posés sur une réglette. Le ruban permet la réalisation de glissando saisissant. La sonorité certainement la plus connue de l'instrument est celle de la voix 'cosmique' avec sa tonalité 'angoissante' fréquemment confondue avec celle du Thérémine.

Sur le côté gauche du clavier, en contrebas, une touche dite d'expression gère le volume sonore et crée à la façon d'un archet sur un instrument à cordes des sonorités douces, agressives ou très percutantes. À ceci s'ajoutent des haut-parleurs (diffuseurs sonores), le premier servant pour le dosage de la puissance, le second pour la résonance (réverbération) et le troisième pour la création des sonorités métalliques (gong). Enfin, une caisse de résonance appelée 'palme' permet une mise en résonance de différentes cordes accordées aux notes de la gamme. La palme permet l'enrichissement harmonique du son de base.

Les différentes formes d'ondes (Onde, Creux, Gambé, Nasillard, Octaviant, Tutti) produisant les sonorités de base de l'instrument sont placées dans le 'tiroir à timbres'. Contrairement à un synthétiseur, les ondes ne sont pas modulées ou filtrées. L'instrument ne peut être considéré comme un instrument de recherche sonore, son principal atout étant sa grande capacité d'expression qui le rapproche de la voix ou des instruments à cordes.

Même si les ondes Martenot et le Thérémine étaient monophoniques, ils avaient rempli une mission essentielle : celle d'ouvrir un nouvel espace très prometteur, celui de la musique électronique. Utilisées encore aujourd'hui grâce aux nombreux compositeurs qui ont écrit des œuvres à son intention (en 1983, le Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen ira jusqu'à utiliser deux modèles), les ondes Martenot trouveront leur place aussi bien dans la chanson (Jacques Brel, Léo Ferré, Arthur H, Brian Ferry, Lara Fabian…) que dans la musique classique et contemporaine (Olivier Messiaen, Darius Milhaud, Jacques Charpentier, Thomas Bloch…) ou la musique de films (Mad Max, Mars Attacks !, Le parfum de la dame en noir, L'homme invisible…).

Si la production des ondes Martenot cesse à partir de 1988, l'instrument va reprendre vie grâce à des artistes comme Joe Jackson ou Gorillaz à la fin des années 2000. Entre-temps, deux nouveaux instruments cousins des ondes Martenot seront créés, l'Ondéa (utilisé par Yann Tiersen) et le French Connection (utilisé par Johnny Greenwood du groupe Radiohead).


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