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"POUR OU CONTRE LES CONSERVATOIRES", PAR RAPHAËL IMBERT

« Pour ou contre les conservatoires ? », telle est la question posée par le saxophoniste Raphaël Imbert dans son ouvrage publié issue de la collection "Libelle" des éditions Seuil. Une interrogation cruciale qui soulève de nombreux points sur la gestion de l'enseignement en France et que l'auteur juge encore trop élitiste, théorique et classique.


© Seuil

REPLACER LA MUSIQUE AU CŒUR DU VIVRE ENSEMBLE

Dans son livre Pour ou contre les conservatoires, Raphaël Imbert propose une réflexion sur l'enseignement ainsi que sur le rôle joué par la musique dans nos relations sociétales. De nos jours encore, quiconque tente d'apprendre un instrument peut, en un rien de temps, se heurter à des barrières simplement justifiées par un académisme hérité des temps anciens. Ceci n'est pas nouveau, mais il est certain qu'avec le changement des comportements, l'accélération des technologies, le désir face à l'immédiateté et la consommation tous azimuts de la musique, un enseignant – et de surcroît un pédagogue – a de quoi s'inquiéter. Pourquoi ?

La réponse apportée par Raphaël Imbert est limpide : « En miroir inversé, l'enseignement artistique – et particulièrement musical – subit en France une crise profonde, malgré un maillage territorial de conservatoires unique au monde. » L'apprentissage, tel que pratiqué dans ces « forteresses », décourage encore trop d'élèves à poursuivre. Le pourquoi des abandons demeure sans réponse ou presque, puisque la renonciation à persévérer est fréquemment un fait logique argumenté par trop d'incapacités artistiques.

Raphaël Imbert soulève dans son petit livre de nombreuses questions, hélas toujours d'actualité. Entre gammes, solfège et examen, l'étude de la musique ressemble étrangement au parcours scolaire. Certes, son enseignement s'est démocratisé, mais sous quelle forme et avec quels moyens ?

« Pourquoi tant d’élèves de Conservatoires, sortent-ils dégoûtés de la musique ? Et pourquoi la France, qui peut s’enorgueillir d’un excellent maillage territorial d’écoles de musique, demeure-t-elle une nation si peu musicienne ? » Le plus swing des directeurs de conservatoire pose la question du découragement et de l'incapacité à produire si peu de brillants et jeunes musiciens... En somme, une réhabilitation des écoles de musique serait nécessaire, comme semble l'indiquer l'auteur.

À quoi sert la musique et comment remettre sa pratique au cœur de la cité ? L'actuel directeur du Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille a développé au cœur de l'établissement une pédagogie fondée sur le collectif et l’improvisation. C’est fort de son expérience d’autodidacte qu’il met en cause l’élitisme conservateur qui anime trop souvent l’enseignement de la musique en proposant de nouvelles directives pour « transmettre l’intransmissible » (comprenez l'improvisation). Si la musique s’instruit, il s’agit surtout d’apprendre à écouter et à jouer.

En attendant, le fossé se creuse, et la débrouillardise comme l'autonomie doivent faire face à un perfectionnisme immuable et sélectif ; un constat encouragé aussi par l'uniformisation des musiques actuelles et par cette soif du consumérisme. En ce sens, l’enseignement artistique peut jouer un rôle central, mais également d'ouverture. Dans son ouvrage, Raphaël Imbert nous suggère de le replacer au cœur du vivre ensemble.


QUELQUES MOTS SUR RAPHAËL IMBERT

Raphaël Imbert est un saxophoniste de jazz, compositeur et professeur de musique. Il entame l'apprentissage du saxophone à l'âge de quinze ans en autodidacte, avant de suivre un parcours au conservatoire de Marseille dans la classe de jazz de Philippe Renault. En 1995, il obtient le Premier prix de Conservatoire.

En 1996, il fonde les groupes Hemlé Orchestra et Atsas-Imbert Consort, avec lesquels il se produira sur les scènes de Jazz à Vienne, Nice Jazz Festival, et la Fiesta des Suds à Marseille, entre autres.

Lauréat du programme « La Villa Médicis hors les murs » en 2003, pour avoir conduit un travail de recherche sur la musique sacrée dans le jazz, la même année, il développe un projet pédagogique qu’il met en pratique au conservatoire de Marseille et dans de nombreux séminaires (Fai’art, festival Jazz à Cluny). Par ailleurs, Raphaël Imbert collabore régulièrement avec des musiciens classiques : Chiara Banchini, Karol Beffa, Johan Farjot, Geneviève Laurenceau, Arnaud Thorette, etc.

par PATRICK MARTIAL (PianoWeb – 12/2023)

Raphaël Imbert
"Pour ou contre les conservatoires"
Aux éditions du Seuil, dans la collection Libelle
Broché 56 pages
Paru le 13/10/2023
Prix 4,90 €


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