LE SAMPLEUR S-10 ROLAND, LE PETIT FRÈRE
Sans aucune mesure avec la puissance des échantillonneurs actuels, le S-10 et S-50 permettent avec un peu d’ingéniosité la création de sonorités alléchantes. Toutefois, l’utilisation de ces deux échantillonneurs, du fait de leur mémoire très limité, ne conduisent pas au même exercice.
Le S-10 possède un clavier dynamique de quatre octaves. Autant le dire tout de suite, son point faible est sa sauvegarde qui s’opère au moyen d’une interface à disquettes de 2,8 pouces ; un format aujourd’hui introuvable que seul un collectionneur de claviers vintage ou le détenteur d’un S-10 pourra vous fournir.
Le S-10 propose 4 échantillons d’une seconde chacun, mais pouvant s’organiser de façons diverses et novatrices. En termes de capacité mémoire, il correspond à peu près au S700 d’Akai. Si vous désirez effectuer des enregistrements un peu plus longs, tout repose dans le fonctionnement du mode « Sampling structure ». Ce secteur s’identifie rapidement par les touches A, B, C, D. Les quatre échantillons sont disponibles séparément en pressant ces touches. Les sept autres touches, situées juste au-dessous, ne sont que des combinaisons de ces quatre échantillons.
Il est possible de spliter ou de coupler les échantillons. AB et CD constituent les modes de couplage et les échantillons sont lus, dans ce cas, l’un à la suite de l’autre. Le couplage permet ainsi de réaliser un « grand sample » à partir de plusieurs petits. Si vous choisissez l’option split, les divers échantillons sont répartis sur le clavier suivant des points de partage.
Chaque seconde d’enregistrement est échantillonnée en 12 bits à une fréquence de 30 kHz, ce qui donne une bande passante de 15 kHz. Si vous choisissez l’option d’enregistrement à 15 kHz, vous aurez un temps d’échantillonnage deux fois plus long, mais une bande passante limitée à 4,5 kHz. À la fin, en couplant les quatre échantillons ABCD à la fréquence la plus basse, vous pourrez enregistrer un son d’une durée maximum de 8 secondes.

LA CRÉATION D’UN ÉCHANTILLON
Le déclenchement de l’enregistrement d’un échantillon est soit manuel ou automatique via un seuil de puissance comme sur les machines plus perfectionnées. Il faut préalablement choisir le mode du secteur « Sampling structure » et ensuite choisir la fréquence d’échantillonnage. Pour un contrôle maximum, le S-10 est conçu de telle sorte que le signal introduit par la prise d’échantillonnage est renvoyé par la prise audio comme s’il s’agissait d’une troisième tête d’un magnétophone à bandes. Cette possibilité technique permet d’obtenir en dernier lieu un son correspondant à vos attentes.
L’étape suivante est la touche « standby ». C’est elle qui permet de contrôler l’entrée du signal – volume, saturation - grâce à sa visualisation sous forme d’un vu-mètre LCD. Ensuite, en appuyant sur la touche « start », l’enregistrement démarre manuellement ou automatiquement suivant le paramétrage choisi.
LOOP ET SAUVEGARDE
Une fois l’enregistrement accompli, une recherche automatique du point de loop est opérée pour les échantillons dont le son est encore audible au « End point ». Si la recherche de ce point est trop longue, vous pouvez à tout moment la stopper en utilisant une des touches du Sampling structure ».
Pour sauvegarder les échantillons, il est nécessaire d’enregistrer chaque section de 1 seconde sur une face de disquette avec la possibilité de donner à tous ces échantillons un nom unique. Pour charger un échantillon, la manœuvre pourra être effectuée automatiquement en pressant uniquement sur la touche « Load ». Après chaque enregistrement partiel, le S-10 demandera simplement à l’utilisateur de changer de face ou de disquette (Roland a eu la bonne idée de proposer un petit casier range-disquettes que l’on accroche au dos de l’appareil).
LE MODE ÉDITION ET LE JEU
Dans le mode « Edit » on trouve toutes les fonctions couramment rencontrées sur les échantillonneurs réputés, sauf que pour le S-10, on a dû réduire pour aller à l’essentiel : bouclage, enveloppe d’amplitude, « tuning » de la note d’origine, mode de répétition de l’échantillon et sensibilité à la vélocité.
Pour commander toutes ces fonctions, le S-10 utilise une touche pour appeler le mode et l’Alpha-dial (potentiomètre rotatif sans fin) pour sélectionner un paramètre, et deux poussoirs « + » et « - » pour les modifier. Des fonctions « cachées » peuvent être appelées en appuyant simultanément sur deux touches.
Les points forts sont la possibilité de connaître le pourcentage restant de mémoire utilisée et la présence d’un bouclage alterné, utile pour réaliser proprement des loops difficiles. De même, dans le mode « Wave modify », la présence d’un ajustement de niveau, d’une inversion de l’échantillon, d’un échange d’échantillon (swap) et d’un filtre numérique s’avéreront souvent utiles.
Concernant les paramètres de jeu, le S-10 dispose de plusieurs fonctions intéressantes, notamment un vibrato programmable, un arpégiateur (d’une étendue de 3 octaves), et un petit delay. À cela s’ajoute le « Dual tone » qui permet d’entendre deux échantillons en pressant une seule touche et le « Velo-mix » qui déclenche le second échantillon en fonction de la vélocité (utile pour des sonorités de type « piano »). Dans ce cas, la polyphonie initiale de 8 notes passe à 4.
EN CONCLUSION…
Pour l’époque, le S-10 était une bonne affaire. Son prix bas (10 500 F) n’exclut pas d’obtenir des samples de qualité. Pour l’anecdote, parmi les échantillons fournis, on peut entendre les violons de chez Ensoniq et les chœurs de chez Fairlight. C’est dire ! Cependant, il ne faut pas rêver, l’obtention d’un beau son de piano est irréaliste, mais pour des sons de lead, des nappes ou des percussions, le S-10 est un bon sampleur.
DÉMO S-50 - SUNDAY PAPER