"LA VALSE DU PETIT CHIEN" DE CHOPIN, DÉCRYPTAGE

Si la valse est à l'origine une musique apparue en France vers 1780, c'est du temps des Strauss qu'elle prendra ses marques à Vienne en fixant ses premiers pas dans les années 1820/1830. C'est en observant le manège du chien de sa compagne George Sand, tournant sur lui-même en tentant de se mordre la queue, que le compositeur trouva le titre idéal pour illustrer le thème tourbillonnant de sa valse (l'autre nom donné, « Valse minute  », est dû à l'éditeur du fait de sa brève durée).

Chopin a consacré toute son œuvre au piano et cette brève pièce a été composé dans les premières années de la période romantique, en 1846. À cette époque, le compositeur vit à Nohante et partage son existence avec George Sand, son fervent amour qu'il quittera néanmoins quelques mois plus tard après une violente dispute).

À Paris, le public honore les pianistes virtuoses via des concerts, parfois privés, et dans lesquels une rude concurrence existe. Chopin est un nom qui circule de bouche à oreille. Le public salue le pianiste autant que le compositeur, et cette valse rapide produira son effet (le pianiste composera dix-sept valses dont seulement huit seront publiés de son vivant).

Comme souvent, les pièces écrites par Chopin ne se privent pas de dédicaces, et cette Valse du petit chien s'adresse à la comtesse Delphine Potocka que le compositeur fréquenta en 1836, préalablement dédicataire du Concerto pour piano op. 21, composé en 1829. La valse du petit chien fera partie du dernier concert parisien du pianiste, en février 1848.

UNE VALSE À L'ÉCRITURE SUBTILE

La Valse du petit chien ne propose pas de pièges insurmontables, toutefois, il faut être vigilant au délié, d'autant que le tempo (Molto vivace) ne laisse place à aucune hésitation. De plus, l'accompagnement de la main gauche varie quand un motif se répète à la main droite. Tout change constamment ou presque.

La structure est de la forme A – B – A et la tonalité principale en ré bémol majeur.

La valse du petit chien ne prend pas à la lettre les repères cadrés de la danse, mais s'en inspire. Chopin le démontre avec une ferveur bien personnelle. Ainsi, sa façon de servir la mesure du trois temps qu'il brouille habillement grâce à une virtuosité libérée dès l'introduction du premier thème, puis lors de la reprise de celle-ci dans la phase finale de la valse.

Le lyrisme est cependant au rendez-vous, en particulier dans la partie centrale, chantante, et qui module à plusieurs reprises. Elle doit être interprétée avec retenue, afin de produire un contraste saisissant avec les traits rapides qui précédent.

VALENTINA LISITSA : "VALSE OP. 64 N° 1, dite du petit chien"