DÉMOS SYNTHÉTISEURS, CARTES SONS...



LE MINIMOOG, LE SYNTHÉ SOLISTE VINTAGE DE RÉFÉRENCE (DESCRIPTION ET DÉMOS)

Dans les années 1970, il a fait l'unanimité auprès de nombreux claviéristes de rock et de jazz. Aujourd'hui, il est le trophée de tout collectionneur de synthé vintage. Son nom : le MiniMoog.


LE MINIMOOG, UNE RÉPONSE AUX SYNTHÉS MODULAIRES

Avec l'ARP Odyssey, le MiniMoog demeure sans contexte, dans l’histoire des claviers électroniques, l'archétype du synthé monophonique analogique. Véritable icône, il a révolutionné la pratique des sons électroniques tout en offrant un instrument portable, accessible et surtout « jouable » !

Son architecture est classique avec ses trois VCO (le troisième servant fréquemment de LFO), un VCA, un filtre passe-bas, une source de bruit (rose et blanc} et deux enveloppes. Toutefois, les premiers exemplaires seront rudimentaires. Par exemple, ils ne possèdaient aucune modulation de largeur d'impulsion, ni de synchronisation sur les VCO. Certes, ils incorporaient un filtre passe-bas, mais sans autre option, et étaient équipés de deux enveloppes de type ADS. Dès lors, comment s'explique cette réputation qui court maintenant depuis plus d'un demi-siècle ?

La renommée du MiniMoog est essentiellement due à une suite de secrets de fabrication qui remonte en 1969, du temps où la société de Bob Moog s'appelait "RA Moog Inc." (RA, initiales des deux prénoms de Bob, Robert et Arthur). À cette époque, les synthétiseurs sont encore modulaires et non intégrés. Ils commencent à peine à être entrevus dans les studios et dans les grands laboratoires de musique électronique. Difficile, on l'imagine, de les exploiter sur scène par un musicien qui les découvrait !

© Frode Weium (snl.no) – MiniMoog
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Chez "RA Moog Inc.", nous sommes loin des chaînes de montage. La société fabrique du « sur-mesure ». Chaque instrument est donc unique, vérifié au fil de la fabrication par Bob Moog en personne jusqu'à l'apposition d'une signature numérotée. Moog refusait l'idée de produire des centaines de synthés à l'identique. Or, son penchant naturel à concevoir de nouveaux circuits s'est heurté rapidement à la loi implacable de l'économie de marché. Il devenait impératif de construire un synthétiseur intégré, facile d'utilisation, et regroupant les principales fonctions en vue d'un usage orienté scène. Pour toute l'équipe, il était impératif que le filtre Moog, les oscillateurs Moog et, au final, le son Moog soient là !

Pour surmonter cette épreuve, il s'est d abord avéré nécessaire de résoudre le problème des patchs. Dans le studio, les ingénieurs s'afférèrent autour de la fabrication d'un petit clavier qui reprendrait pratiquement le même schéma que les modulaires, à savoir des oscillateurs, un filtre et des générateurs d'enveloppe. Il fut décidé, sous l'impulsion de John Huzar, le responsable financier, de développer quatre prototypes : les modèles A, B, C et D.

Le modèle A sera conçu en deux jours dans le dos du patron, et se fera à partir de modules extraits des systèmes modulaires. Suite à cette première mouture, John Huzar parvient à convaincre Bob de poursuivre sur cette voie, même si le sujet reste sensible, tant au point de vue de l'amélioration que de la performance.

Le modèle B devait reprendre les modules du "A" mais avec une nouvelle face avant. Le "C" comportait de nouveaux circuits hérités des gros modulaires, plus un fader pour le pitch bend. Quant au "D", qui aurait dû rester un prototype, il comprendra la fameuse face avant inclinable ainsi que la première molette de modulation.

Tout doucement, le "D" a commencé à trouver preneur, avant de devenir un clavier de plus en plus réclamé. De trois à quatre modèles D construits par semaine, le rythme passera à soixante-quinze pièces en 1974. Le MiniMoog – tout modèle confondu – va se vendre à 12 000 exemplaires en une dizaine d'années.

Alors que le synthé a continué d'être produit jusqu'en 1981, le modèle D demeure de nos jours la perle rare. Le dernier exemplaire, portant le numéro de série 1210, ne représente en fait que 10 % de la production. Le prototype E, qui devait être le modèle commercialisé, comprenant un boîtier futuriste, ne verra nullement le jour. Ainsi, seul le D a été retenu, même si on trouve sur le marché de l'occasion trois types de MiniMoog : le RA Mini, Musonic Mini, et Moog Music Mini, ceci étant dû aux méthodes de production qui ont légèrement varié avec le temps.

Le RA est le plus ancien et il porte, en principe, la signature de Bob Moog dans ses entrailles. Les RA sont les modèles les plus délicats à trouver, mais aussi les moins fiables électroniquement. En 1971, "RA Moog" fusionne avec "Musonics" pour devenir "MoogMusonics", et plus tard "Moog Music". Les meilleurs modèles portent des numéros de série supérieurs à 10 175 – autant dire qu'ils sont difficiles à trouver. Leur premier avantage est de posséder des oscillateurs améliorés, plus stables et permettant la modulation de largeur d'impulsion.


LE SON MOOG, DESCRIPTION ET PARTICULARITÉ

© Moog Music – Photo publicitaire

Le synthétiseur dispose d'un clavier à ressort de 44 touches (de fa à do). Il est monophonique, précisément monodique, mais multitimbral combinable puisqu'il est équipé de trois VCO. Généralement, quand on enfonce deux touches en même temps, la plupart des synthés jouent la note la plus élevée en redéclenchant l'enveloppe. Dans le cas du MiniMoog, il en va autrement, puisque celui-ci donne priorité à la note la plus basse sans réaffecter l'enveloppe ; ce qui oblige le claviériste à adapter son jeu en conséquence.

Une autre de ses exceptions est de ne pas posséder de classiques enveloppes ADSR, mais ADS. Dans ce cas, le temps de relâchement est identique au temps de décroissance ; une simplification qui n'est pas trop gênante. Ce générateur a de surcroît une autre petite particularité : à la fin de l'attaque, l'enveloppe reste bloquée pendant quelques millisecondes au maximum avant d'amorcer la décroissance. Cela pourrait éventuellement expliquer le « mordant sonore » si typique du MiniMoog.

Les oscillateurs VCO. À partir de deux, il est loisible de désaccorder les oscillateurs VCO pour « épaissir » le son. Sur la plupart des synthétiseurs analogiques qui sont stables, ils se synchronisent tout seuls, mais pas sur le MiniMoog. Une des raisons provient de l'alimentation qui, par son manque de stabilité, perturbe très légèrement les fréquences des VCO. Par ailleurs, les premiers modèles étant les moins fiables à tenir l'accord, ils intègrent un diapason à droite de la face avant.

Côté mixer, celui-ci induit une subtile distorsion qui incurve les formes d'onde dans les circuits à transistors du MiniMoog. Quant au fameux filtre 24 dB/Octave, il est composé de quatre filtres passe-bas en série avec une boucle de réinjection. C'est ce que l'on appelle le "circuit en échelle de Moog". La réinjection permet de régler la résonance (appelée emphasis par Moog). La différence avec les claviers concurrents se trouve une fois de plus à travers des imperfections. En effet, les quatre filtres passe-bas ajoutent de la distorsion et du bruit.

Tous ces défauts, ajoutés les uns aux autres, expliquent certainement que le MiniMoog ne peut pas sonner comme un « classique synthé analogique ». On ne peut lui reprocher sa « chaleur communicative » qui a fait sa renommée, puisque le propre d'un synthétiseur est de se démarquer de sa concurrence par la singularité de son potentiel sonore, même quand celle-ci repose, comme ici, sur quelques faiblesses.

En plus de la sortie jack monophonique, le MiniMoog est équipé d'une entrée baptisée "Oslillator Bank" qui permet à un signal externe d'être traité par le filtre, et un jack « S-Trigger », contrôlé en tension, pour le piloter par un ruban et des controller "sample and hold" ou de percussions.


© Alex Harden (wikimedia) - Le panneau de commande du MiniMoog
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UN SYNTHÉTISEUR TAILLÉ POUR LA SCÈNE

Ce synthétiseur clavier analogique, particulièrement compact, est spécialement destiné aux musiciens faisant de la scène, lesquels ont, à n'en pas douter, été les plus demandeurs, notamment dans les milieux très inquisiteurs du rock progressif et du jazz-rock des années 1970.

C'est un synthé irremplaçable pour le solo et pour produire de bonnes basses bien rondes. La présence des molettes de pitch et de modulation (qui n'étaient que des tirettes sur les C et les tout premiers D) magnifie le jeu, faisant oublier l'absence de dynamique des touches.

Les artistes et groupes ayant utilisé un MiniMoog sont très nombreux, citons : Air, Vince Clarke, Chick Corea, Keith Emerson, Herbie Hancock, Human League, Kraftwerk, Pink Floyd, Portishead, Prodigy, Tangerine Dream, Vangelis, Rick Wakeman.


CHICK COREA SOLO : "THE ENDLESS NIGHT" (extrait, avec The Return To Forever - Live Mai 1977, New York)
Durant plus de cinq minutes, le pianiste de jazz exécute une performance solo avec le MiniMoog.

LE MINIMOOG , VERSION 1998 AVEC MIDI

Un nouveau MiniMoog sort en 1998. Celui-ci utilise les circuits originaux et intègre en sus des composants des années 90. Sa construction et son développement interne ont été entièrement rebaptisés, tout en conservant la chaleur et la richesse du « son Moog ». Cette version inédite possède un son d'antant plus distinctif que la modulation "pulse width" a été ajoutée. Les nouveaux oscillateurs ont été stabilisés avec un temps de chauffe accéléré.

Le contrôle MIDI est implémenté en étant couplé à un clavier digital qui fait de ce synthétiseur un instrument particulièrement souple répondant à un environnement hi-tech. Il est interfacé à un système de génération de sons analogiques à travers un DAC développé exclusivement pour ce modèle. De plus, le MiniMoog est maintenant commutable "re-trigger" avec les "contrôles voltages" générés par le clavier.

Le modèle 1998 est pourvu de la transposition, une autre caractéristique absente du MiniMoog original. Son clavier peut être transposé une octave au-dessus ou en dessous.

Ce MiniMoog-là est toujours construit à la main et a gardé son design classique, à savoir du solide noyer dans un coffrage de chêne avec son panneau de contrôle relevé.


DÉMO DU MINIMOOG D (VERSION 1998), par Daniel Fisher (en anglais)
Daniel Fisher, le geek des synthétiseurs de Sweetwater, vous emmène dans une analyse sonore exhaustive de chaque paramètre de la réédition du Minimoog Model D Synthesizer de Moog. Pendant certaines parties de la vidéo, Daniel fait passer le MiniMoog Model D via un délai TC Electronic réglé en ping-pong. La vidéo est segmentée en plusieurs parties : 1. Intro (54 sec.) – 2. Histoire du modèle D raconté par Daniel (1 mn 21) – 3. Passage en revue des fonctionnaités du nouveau modèle D (3 mn 05) – 4. Dix-neufs minutes de performance du modèle D (19 mn) - 5. Conclusion (58 sec.).

PRINCIPALES DESCRIPTIONS TECHNIQUES MINIMOOG D

  • Clavier à ressort composé de 44 touches (de Fa à Do).
  • Trois oscillateurs contrôlés en tension, chacun offrant une sélection de six formes d'onde différentes.
  • Source de bruit, générant un bruit blanc ou rose.
  • Préampli accessoire pour microphone pour introduire des signaux audio externes pour traitement par le MiniMoog.
  • Mixer avec interrupteurs et commandes de volume.
  • Filtre passe-bas contrôlé en tension.
  • Amplificateur contrôlé en tension avec générateur ADS.
  • Molette de modulation et pitch bend séparés.
  • Commande Glide pour injecter du portamento.
  • Trois prises d'entrée de contrôle externe pour monitoring de hauteur, de volume et de filtre.
  • Prise d'entrée Trigger pour déclencheur externe.
  • Sortie du signal principal avec contrôle du volume.
  • Sortie casque avec contrôle du volume.
  • Sortie de puissance auxiliaire (2 prises d'alimentation CC).
  • Le panneau avant est articulé et se replie pour un transport facile.
  • Poids : 14 kg.

    CONCERNANT LE MODÈLE 1998

  • Circuits de génération sonore totalement analogiques.
  • Clavier de 44 notes à détection digitale.
  • MIDI contrôle pour les notes, le glide, la modulation, le Decay et le VCF.
  • Voltage double : 115/240v AC.
  • Poids : env. 14 Kg.
  • Les MiniMoog sont relativement rares et chers. Leur prix sur le marché de l'occasion varie en fonction du modèle et de l'année. Comptez minimum aux alentours de 5 000 € pour un MiniMoog midifié (prix constaté au 02/2024).

    Piano Web (02/2024)

    À CONSULTER

    LA RIVALITÉ ENTRE LE MINIMOOG ET L'ARP ODYSSEY

    SEPT SYNTHÉTISEURS DE LÉGENDE


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