LES QUESTIONS DU CANDIDE



PRATIQUER LA MUSIQUE COLLECTIVEMENT, LES CLASSES D'ENSEMBLE

L’apprentissage d’un instrument repose le plus souvent sur un travail solitaire jusqu’au jour où le besoin de jouer avec d’autres musiciens se fait ressentir. Rien de plus normal que de vouloir partager quelque chose que l’on aime. Cependant, pratiquer la musique collectivement impose des règles et demande un temps d’adaptation…


PRENDRE CONTACT AVEC LA MUSIQUE

Quand on se lance dans l’étude d’un instrument, il est bien rare de le pratiquer en ayant pour objectif premier de devenir un virtuose. Au départ, on choisit la musique pour des raisons très personnelles, souvent pour s’évader du quotidien ou pour découvrir de nouvelles sensations. Tous ceux qui aiment profondément la musique vous diront que c’est une fidèle compagne pour la vie... Et quel plus beau cadeau que celui-là, n’est-ce pas ? En attendant que ce vœu se réalise, vous devez comprendre que la musique ne viendra jamais à vous délibérément. La rencontre ne s’opère que si vous parvenez à vous mettre dans une position qui favorisera la « prise de contact ». Vous augmenterez vos chances à condition de passer par des objectifs réalistes, à votre portée.

Prendre contact avec la musique est une sensation qui navigue dans un espace spirituel. Il ne se trouve pas dans les méandres d’une technique appliquée, aussi savante soit-elle, mais dans une sorte de libération intérieure. La technique instrumentale est une porte d’entrée, mais elle n’est pas indispensable pour communiquer avec la musique, sinon comment expliquer la passion qui anime le bluesman qui, toute sa vie, joue sur quelques accords ?

Ne cherchez pas à vous comparer à d'autres, c'est l'ennemi du bien. Soyez au contraire vous-même en analysant vos forces et vos faiblesses ! Chaque effort consenti doit vous apporter le sentiment qu’une communication intime s’établit, qu’une vibration indéfinissable, mais bien présente, se produit entre vous, l’instrument et ce que vous interprétez. Ce n’est pas un sentiment qu’il faut rechercher à tout prix puisqu'il ne viendra jamais sur commande. En revanche, la musique a toujours démontré son étrange fascination à pousser les hommes à « dialoguer », ne serait-ce qu’à travers des percussions ou quelques chants primitifs. La musique est un excellent moyen pour celui ou celle qui souhaite partir à la découverte de l’homme et de ses ressources imaginatives.

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PRÉPARER LE JEU COLLECTIF

Pour pratiquer le jeu collectif, dans un orchestre ou dans une classe d'ensemble, un minimum de technique instrumentale est nécessaire. Dans une société où la performance participe à la vie depuis le plus jeune âge, un musicien qui joue des fausses notes ou qui chante faux (qu’il en est conscience ou pas) a toutes les chances de provoquer la discorde... Et la politesse qui se confond en mille excuses ne suffira pas à tout pardonner.

Pour bien pratiquer le jeu collectif, il est préférable de s’y prendre le plus tôt possible. En France, les conservatoires et les écoles de musique l’ont enfin adopté depuis qu’ils se sont rendus compte que les résultats obtenus dans les classes d’ensemble provoquaient chez les enfants et les ados un plus vif intérêt à pratiquer l'instrument.

Dans un premier temps, l’observation est certainement la meilleure conseillère. En assistant à des répétitions, le musicien candide pourra entendre les conseils avisés et les remarques de l’enseignant ou du musicien en charge de la direction. Même s’il existe des nuances d’approches en fonction de la musique pratiquée, le jeu collectif conduit souvent aux mêmes difficultés. Pour l'aborder sereinement, on peut très bien imaginer une approche communicative progressive, construite d’abord sur le duo, puis le trio par exemple, où chacun assumera sa propre partie.

Pour un pianiste, je recommande de travailler d'abord en duo avec des formules ouvertes et en suivant si possible cet ordre :

  • 1. piano/batterie (percussion)
  • 2. piano/basse (contrebasse)
  • 3. piano/instrument soliste
  • 4. piano/guitare

Pourquoi un tel ordre ?

  • 1. L’association piano/batterie (ou percussion) permet d’interagir dans le domaine des échanges rythmiques et créatifs. C’est le socle. La communication n’étant pas subordonnée à des échanges d’harmonie, elle permet au pianiste d’être plus libre sur ce plan-là.
  • 2. L’association piano/basse concerne plus particulièrement le travail spécifique de la main gauche. La basse ou contrebasse vient renforcer le travail de la main gauche du pianiste quand son jeu est notamment limité.
  • 3. L’instrument soliste oblige le pianiste à se conformer au rôle particulier de musicien accompagnateur.
  • 4. Le duo piano/guitare permet de réfléchir aux problèmes de complémentarité de jeu quand deux instruments polyphoniques sont associés.

Ces quatre formules sont très utiles pour un pianiste. Elles sont surtout complémentaires en travaillant isolément les différentes facettes que réclame l’instrument. N’oublions pas que le piano (comme la guitare, dans une moindre mesure) est au centre de bien des musiques, classiques ou contemporaines, et qu’un pianiste peut être « projeter » dans une de ses particularités de jeu à tout moment.

Dans les écoles de musique, il est devenu courant de pratiquer les cours collectifs où l’on associe l’apprentissage du solfège à la pratique instrumentale. Cette approche didactique a pour avantage d’admettre plus facilement le rôle joué par le solfège. Dans ce cadre, le professeur peut envisager des petits morceaux arrangés, illustrant un sujet abordé durant le cours de solfège : la pratique des triolets, des doubles-croches, par exemple.

En musique classique, il existe des recueils de trios, des quatuors ayant été écrits par des pédagogues afin d’initier les plus jeunes aux classes d’ensemble. Dans les musiques dites "vivantes" où le niveau technique peut être plus inégal au sein d'un même ensemble, c’est souvent l’enseignant qui, en fonction de l’effectif et du niveau de chacun, adaptera les scores.

D’autre part, il n’est pas nécessaire d’affronter des morceaux longs ou difficiles pour éprouver du plaisir et améliorer la pratique collective. Le jeu en orchestre permet de toujours trouver sa place. Par exemple, une partie difficile jouée au violon peut très bien cohabiter avec une partie facile au piano ou l'inverse. L’important est de choisir un thème, même court, mais surtout adapté à la compétence de chaque musicien.

Les musiciens qui s’investissent dans les classes d’ensemble ou les groupes finissent toujours par acquérir une expérience qu’aucun manuel ne peut apporter. Ils peuvent même parvenir à la direction, accédant ainsi à une pratique plus aboutie de leurs compétences.


PASSER À LA PRATIQUE

L’important est de se frotter aux règles du jeu :

  • 1. Maîtriser la partition : rythme, mélodie, harmonie. C’est une question de responsabilité et de respect envers les autres musiciens. La cohésion de l’ensemble en dépend.
  • 2. Apprendre à écouter les autres pendant que l’on joue. Au début, ce n’est pas simple, surtout si l’on a pour habitude de jouer seul. Le danger est d’être trop absorbé par sa partie, de s’isoler des autres, pour finalement « flotter » et ne pas « intégrer » le jeu collectif.
  • 3. Ne pas chercher à dominer en jouant fort dans son coin. Jouer à plusieurs, c’est se plier à une communion la plus fraternelle possible. Les musiciens accompagnateurs sont aussi importants que les solistes. C'est un dialogue où chacun a une charge bien précise avec ses responsabilités.
  • 4. Faire preuve de discipline. Avoir l’esprit d’équipe, c’est la meilleure école pour aller de l’avant collectivement. La pratique collective est à l’image d’une microsociété avec des règles artistiques en sus.

L’OPTION CHANT

Participer à une chorale est une alternative à envisager si vous n’avez pas la possibilité de jouer avec d’autres musiciens. La pratique chorale peut remplacer le groupe instrumental. C’est même un excellent moyen pour travailler l’oreille tout en détournant de façon ludique la pratique du solfège.

Le chant, étant la base de la musique, il développe l’écoute intérieure. Ce qui signifie qu’en entendant le morceau dans sa tête, on ne peut qu’améliorer la justesse de sa voix, sa qualité. Pour le musicien, chanter permet de mieux appréhender le morceau à interpréter en saisissant son phrasé, telle une respiration. Chanter c’est aussi se libérer de ses inhibitions, augmenter ses capacités respiratoires et se sentir porté par le groupe qui vous entoure.

Par ELIAN JOUGLA

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