TECHNIQUE ET MAO



LE SON NUMÉRIQUE ET LES EFFETS

Cette page est la suite de : LE SON NUMÉRIQUE FM, CARTE SON ET MÉMOIRE


Les effets sonores sont extrêmement répandus dans la musique jouée sur scène ou enregistrée. Même celle de Mozart ou de Beethoven n’y échappe pas ! Ces "petits plus" qui semblent anodins permettent de modifier et de colorer le son pour flatter nos oreilles. Pour preuve, le son d’une guitare ou d’un piano enregistré n’a souvent rien à voir avec la réalité. En bout de chaîne, le son corrigé aura à coup sûr modifié la dynamique et le timbre naturel de l’instrument. Les effets sont capables de collaborer à cette surenchère de façon diabolique. L’enregistrement « brut » et sans correction n’existe plus. D’ailleurs, si tel était le cas, nous serions surpris par le résultat sonore qui nous paraîtrait alors en dessous de tout ! L’arrivée du son numérique n’a rien changé, bien au contraire… Les effets se sont multipliés et ont pénétré au cœur de nos ordinateurs, parfois de façon efficace, parfois inutilement…


LES EFFETS EN BOÎTE ET AVEC CALCULS

Classiquement, les effets sont de petites boîtes que l’on empile dans un rack. Mais aujourd’hui, à l’ère du multimédia, ils sont en mesure de pénétrer discrètement à l’intérieur des cartes sons. Là où la technique impliquait l’utilisation de composants électroniques arrangés pour produire un résultat déterminé, les manipulations numériques utilisent des calculs qui vont donner à l’onde la forme qu’elle aurait eu après être passée dans le réseau de transistors et de condensateurs.

Qui dit « calculs », suppose « processeur ». Un effet, même simple et ne durant qu’une seconde, représente une quantité de calculs bien supérieure à ceux nécessaires à l’établissement d’une addition apprise à l’école. L’autre aspect qui pose un problème, c’est que si on a devant soi quelques minutes pour trouver le résultat de l’addition, on n’a que cette pauvre seconde pour ajouter un effet sur l’enregistrement.

Le Pentium de Windows (ou autre processeur) que l’on trouve dans les ordinateurs et qui n’est pas spécialisé dans ce genre de calcul sera trop lent. Pour compenser, il sera nécessaire d'avoir recours aux ‘DSP’ (Digital Signal Processor). Les DSP se trouvent sur les cartes sons, sur des cartes-files, et évidemment dans les boîtes à effets numériques. Face à vous se présente alors quatre solutions :

  • Le logiciel : l’effet est calculé par le processeur (Pentium).
  • Le DSP sur la carte.
  • Le DSP dans un boîtier externe.
  • Un effet analogique externe (une pédale flanger, par exemple).

La première différence entre les trois premières solutions est la faiblesse de calcul du Pentium pour calculer les effets en ‘temps réel’. C’est-à-dire que l’effet peut nécessiter cinq ou six secondes de calcul pour chaque seconde de musique. Le principal inconvénient de ce genre de processeur, c’est qu’on ne peut pas régler l’effet à la volée : il faut régler, calculer, jouer le résultat, décider que ça ne va pas, re-régler, re-calculer et rejouer jusqu’à en être satisfait. Évidemment, on aura tendance à faire ce réglage sur un tout petit bout du morceau, quitte à s’apercevoir à la fin qu’il n’est pas fameux quand il se prolonge durant plusieurs minutes.


LES EFFETS GRATUITS

Un DSP, c'est petit,
mais cela peut être efficace !

Des effets ! Vous en avez déjà des gratuits livrés avec la carte son et si cela ne suffit pas, il en existe une pléiade avec des logiciels pas trop chers. Une autre solution consiste à utiliser le DSP qui peut être à l’intérieur ou à l’extérieur de l’ordinateur. Avec des cartes sons classiques, cela peut nécessiter quatre conversions si la carte en question n’a pas de sortie numérique (ou si l’effet n’a pas d’entrées/sorties numériques). Une première fois pour sortir de la carte, puis pour rentrer dans l’effet, ensuite pour ressortir de l’effet et enfin pour revenir dans l’ordinateur. C’est un peu gâcher le métier, mais tout de même rarement dramatique.

La quatrième solution évoquée est l'effet analogique. Pourquoi cette alternative ? Parce que des choses aussi acoustiquement complexes qu’une cabine Leslie, par exemple, ne seront pas magistralement imitées par un logiciel. Dans ce dernier cas, il est bien évident que les conversions digitales/analogiques et inverse ne seront pas vraiment un handicap.


LES EFFETS NUMÉRIQUES D’UN NOUVEAU MONDE

Passer de l’effet analogique au DSP digital, c’est réellement changer d’univers. Dans le premier cas, on tourne des boutons, on appuie sur des sélecteurs, on pousse des tirettes, dans le second, on a des émulations de tout cela sur un écran, avec en plus une gestion graphique des effets.

Exemple d'un graphique d'équaliseur contrôlé via le numérique.
E

AGRANDIR LA PHOTO

Une des meilleures illustrations graphiques que le numérique s’empresse de nous présenter sont les équaliseurs. En analogique, le nec plus ultra est l’équaliseur dit ‘graphique’, parce que la position des curseurs ‘dessine’ dans une certaine mesure la forme de la courbe de réponse.

En pratique, vous pourrez avoir jusqu’à une trentaine de curseurs qui permettent de régler individuellement chaque tiers d’octave. Cependant, si un curseur ne correspond pas exactement à la fréquence qui pourrait vous crisper, il y a bien peu de choses que vous puissiez faire. En numérique, si vous pouvez piloter l’équalisation à la souris, c’est une quasi-infinité de curseurs dont vous disposerez ! En plus, vous n’êtes plus limité par le mode de filtrage utilisé par les circuits analogiques : pour couper une ronflette, vous pouvez faire un ‘trou’ quasiment vertical entre 49,5 et 50,5 Hertz !

Il reste tout de même quelque chose à laquelle il faudra faire attention dans ce monde trop idéal pour être vrai : le volume de sortie !


ACCORDER LE VOLUME DE SORTIE

Nous avons évoqué dans le troisième volet consacré au son numérique (Son numérique et dynamique) le problème du clipping, quand le signal numérique devient trop fort. Il existe bien sûr des effets pour ‘déclipper’, mais qui n’apporteront pas le même résultat que si on avait évité la surcharge. Si un effet peut changer considérablement un signal sonore, il en change en particulier le volume.

Dans l’exemple de l’équaliseur, on peut généralement monter une fréquence d’une dizaine de dB. S'il se trouve que cette fréquence apparaît assez fortement dans le son que vous traitez, vous pouvez saturer le signal. Autrement dit : il faudra presque toujours vérifier le résultat, surtout dans le cas où vous utilisez un effet logiciel et que le temps de calcul ne vous engage pas à passer encore un peu de temps pour l’écoute. Bien évidemment, des systèmes en 24 bits fourniront un meilleur confort, mais au détriment d’un prix plus élevé.

On pourrait passer un à un les effets en revue et proposer des remèdes ou d’hypothétiques solutions, mais est-ce vraiment nécessaire ? Actuellement, les logiciels disponibles dans le commerce proposent toute une gamme d’effets possibles, avec à la clé des manuels accompagnés de graphiques explicatifs et démonstratifs afin d’éviter les erreurs courantes.


LES FACTEURS QUALITATIFS

Sur une carte son bon marché, de celles que l’on trouve installé par défaut, vous aurez certainement une reverb ou peut-être un délai. Ces effets se contenteront de répéter un son affaibli au bout d’un certain temps. Une reverb professionnelle réalise des opérations bien plus complexes, en particulier en incorporant des équalisations et de nombreux retards divers. Dans le cas luxueux, on peut même vous proposer un plan de la pièce avec le choix de la position de l’instrumentiste, de l’auditeur et le genre de revêtement mural !

Les effets sont si importants pour l’ingénieur du son que les systèmes direct-to-disc autonomes vont vous proposer une carte d’effets intégrables dans l’enregistreur, et dans ce cas précis, leur qualité est impressionnante.

Enfin, il est nécessaire de comprendre qu'avec les effets en cascade, il faut y aller « piano » si vous ne voulez pas transformer vos pistes sonores en marmelade de bruits. Si une salle de concert résonnait comme un écho des Grandes Jorasses, personne ne désirerait y jouer. Les effets sont utilisés pour donner du corps et une certaine personnalité au son, pour le mettre en valeur. Ils ne doivent pas être perçus comme une surenchère capable de gommer tous les « défauts » du son original, et encore moins d’être démonstratif. Ils doivent s’intégrer dans le son de façon « naturelle », et c’est peut-être ça le plus difficile !


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