HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



DU SYNTHÉ ANALOGIQUE AU SYNTHÉ NUMÉRIQUE MODULAIRE

LES FLEURONS DE LA SYNTHÈSE ANALOGIQUE

Beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que le RCA Mark I (1955) conçu par Harry Olsen et Herbert Belar au sein de RCA, est le premier synthétiseur au sens moderne du mot. Sa version II utilisait 1 700 tubes électroniques et ne tenait pas dans une pièce normale. Les données étaient entrées par papier perforé et fabriquer un son relevait de l’exploit.

L'ARP 2600

Neuf ans plus tard, un clavier d’une conception avant-gardiste allait voir le jour dans les studios : le Mellotron Modèle 300. Ce clavier à 4 octaves, tout en n’étant pas un synthétiseur, éclairait d’un nouveau jour l’univers de la recherche sonore. Le Mellotron sera le seul instrument électromécanique à utiliser des bandes magnétiques enregistrées comme source sonore. Inventé en Angleterre par la famille Bradley entre 1962/1963, puis commercialisé par Mellotron Manufacturers en 1964, il sera le précurseur de l’échantillonnage et l’hôte de quelques groupes célèbres comme Tangerine Dream, les Beatles ou Genesis.

À partir de 1971, la société Allen exploite le brevet de Ralph Deutch concernant l’application de la synthèse numérique. L’orgue Allen sera le premier à utiliser des sons échantillonnés, enregistrés sur les plus beaux instruments, puis stockés dans des mémoires numériques. La même année voit l’apparition de l’ARP 2600, héritier direct des extraordinaires synthés modulaires ARP et Moog. L’ARP 2600 possédait l’avantage d’être en un seul bloc et facile à transporter. Il utilisait des cordons (patches) pour relier les circuits entre eux, et seul le clavier était détachable. Un modèle qu’aujourd’hui les collectionneurs s’arrachent.

Parmi les petits modèles monophoniques du début des années 70, deux synthétiseurs étaient devenus Incontournables : l’ARP Odyssey et le Moog Minimoog. L’ARP Odyssey représente l’âge d’or de la synthèse. Ce synthétiseur-là était conçu pour un jeu live. Plusieurs modèles ont existé de couleur différente. Le dernier (noir) était le premier à introduire à l’époque trois nouveaux contrôleurs sensitifs à ruban pour le pitch bend et le vibrato. Quant au Minimoog, il est difficile de l’ignorer. Sa conception technologique justifiera pleinement sa qualification de « synthétiseur ». Ce petit clavier au tableau de commande inclinable était utilisé notamment pour ses basses et ses fameuses sonorités « lead ». On doit à son concepteur, Robert Moog, d'avoir inventé le premier VCO (oscillateur contrôlé en tension), puis le fameux filtre à 24 dB/octave. Treize mille Minimmog ont été vendus. Le disque « Switched-on-Bach » de Walter Carlos est la plus belle évocation de cet instrument mythique.

En 1976, l’Oberheim OB-1 est le premier synthé équipé de mémoires programmables. Ce monophonique, facile à utiliser et très musical, était à l’époque « l’engin » d’une élite de musiciens. Il pouvait être interfacé avec une guitare en utilisant le SlaveDriver de 360 Systems qui, rappelons-le, a inventé le synthé guitare en 1972.

La fin des années 70 voit la naissance de nombreux synthétiseurs toujours plus puissants et originaux. À ce titre, il faut citer le Prophet 5 de Sequential Circuits (1978), qui a ouvert la voie des polyphoniques pour tous les musiciens, du moins aux USA. Ses cuivres sont restés célèbres, comme ses cordes et certains sons de percussions.

Le Prophet 5 de Sequential Circuit

À côté de ce clavier novateur, la marque Korg avec ses deux petits synthétiseurs monophoniques MS-10 et MS-20 (1978) permettra à toute une génération de musiciens de s’initier à la synthèse grâce aux boutons et aux cordons. Leur prix tout petit, en comparaison avec les autres synthés de l’époque, contribuera à leur succès.

De son côté, la marque Roland produisait le Jupiter 4 en 1978, un polyphonique doté de 4 voies de polyphonies avec un seul VCO. Ce modèle donnera naissance au Jupiter 8 beaucoup plus performant, mais aussi au Jupiter 6 (1983) qui s’est rendu célèbre pour ses sons de « brass », de basses et de lead, produits par ses six oscillateurs légèrement détunés. Le Jupiter 6 a été un des premiers synthés équipé MIDI In et Out.


LES GROS SYNTHÉTISEURS

Nous ne pouvons passer sous silence deux claviers qui laissent deviner les orientations technologiques de demain : le Fairlight CMI (1979) et le Synclavier (1979).

Le Synclavier

Développé en Australie par Peter Vogel et Kim Ryrie, le Fairlight est l’ancêtre de la workstation, le premier clavier tout-en-un capable d’échantillonner à 100 KhZ en 16 bits – une performance incroyable pour l’époque. Il pouvait aussi créer une forme d’onde en la dessinant à l’écran ou bien travailler en synthèse additive en utilisant des tirettes graphiques comme le Hammond. Le Fairlight était doté d’un confortable clavier de 73 notes avec vélocité et d’un séquenceur. Jean-Michel Jarre l’utilisera un temps.

Le Synclavier ne démérite pas lui aussi. Il a été le précurseur des « partials » et de la « FM ». Il échantillonnait tout comme le Fairlight CMI, à 100 kHz en 16 bits. Le Synclavier peut être considéré comme à l’avant-garde des claviers destinés à une utilisation en home studio.


EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE

Si le marché du synthétiseur des années 80 est dominé par des marques américaines et japonaises, la seule marque française à vouloir imposer du matériel d’aussi bonne qualité que ses concurrents est bel et bien la marque RSF. Le modèle Kobol (1981) ressemblait un peu, voire beaucoup au Minimoog. C’était un synthé créatif et ingénieux doté d’un miniséquenceur de seize notes et de banques de mémoire. Il n’avait qu’un seul défaut, celui d’être arrivé trop tard. Deux ans après, Yamaha allait tout bousculer avec son DX7. Difficile pour une petite entreprise toulousaine de résister à la puissance de Yamaha !

Au même moment, en Allemagne, la marque PPG fabriquait elle aussi des synthétiseurs de qualité. Le Wave 2.3 (1982) était devenu le roi de la séquence multitimbrale en étant capable de réaliser des orchestrations. Puis ce sera le Wave Computer 360 utilisé entre autres par un certain Thomas Dolby, et surtout le Wave 2, un synthé 8 voies, huit oscillateurs, qui donnera le jour au Wave 2.1, et finalement au Wave 2.3.


L’ARRIVÉE DE LA SYNTHÈSE FM

1983 est l’année Yamaha DX7. Aucun synthé jusqu’alors n’avait eu autant de succès. Un véritable cataclysme dans le monde de la synthèse. Le DX7 innovait assurément en se positionnant à la charnière de deux époques : l’ère de l’analogique et celui du numérique. Succédant au DX9 qui ne dura qu’un temps très bref, le DX7 imposa sa vision à de nombreux musiciens alors déconcertés par son fonctionnement tactile et ses menus à « tiroir ». Équipé de la synthèse FM mise au point par John Showning à l’Université de Standford, des sons aussi divers que novateurs et révolutionnaires seront créés.

La synthèse FM sera à la base d’une longue lignée d’instruments dotés de cette technologie : les DX1, DX5, DX7, TX816, TX7 à 6 opérateurs et les DX21, DX27, DX100, FB01, TX81Z à 4 opérateurs. La recherche sonore était leur principale difficulté, ce qui, sur le fond, allait à l’inverse de ce que les musiciens attendaient. Les sons s’échangeaient, des cartouches circulaient et des ouvrages de programmation voyaient le jour. En 4/5 ans d’existence, la FM imprimera l’histoire de la recherche sonore et sera détrônée par l’arrivée du D-50 de Roland et plus tard par l’échantillonnage.

Dans les années 80, Oberheim sera un nom à retenir. Arrivant juste après le DX7, le modèle Xpander (1984), partenaire du Matrix 12, était le premier module d’extension MIDI ne possédant pas de clavier. Il préfigurait la mode des petites boîtes à sons dénommées expandeurs et qui allaient envahir les home-studios quelques années plus tard. Le Matrix12 et son Xpander représentaient en 1985 le top de la synthèse, ce que l’on pouvait trouver de mieux avec un gros son.


SUITE : SYNTHÉTISEUR NUMÉRIQUE, ÉCHANTILLONNAGE ET MODÉLISATION


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