VIDÉOS PÉDAGOGIQUES



DE L’INFLUENCE DU JEU PIANISTIQUE SUR LE RENDU SONORE

Avec le soutien de l’Institut Pprime et de la Région Nouvelle Aquitaine, le Centre National de la Recherche Scientifique conduisait en février 2018 une expérience sur l’influence du jeu pianistique sur le rendu sonore. « Chaque pianiste a-t-il un son particulier ? », telle était la question soulevée. Le dispositif mis en place par le CNRS avait pour mission d’éclaircir le mystère de la gestuelle des pianistes. A-t-elle trouvé une réponse fiable et objective grâce aux nombreuses données enregistrées dans le Théâtre Auditorium de Poitiers ?


LE BUT DE L’EXPÉRIENCE

Parmi les diverses expériences conduites par le CNRS, celle-ci cherche à étudier méticuleusement les liens directs et indirects entre le geste pianistique, les mécanismes physiques et le résultat sonore qui en découle. Dans la vidéo, le pianiste initiateur du projet Alain Villard (1) résume parfaitement l’objectif en ces termes : « Lorsqu’on va au concert, on se dit : tiens, tel pianiste est parfaitement reconnaissable, tel autre a un tel type de son. Souvent, c’est sur les mêmes instruments, mais pas toujours dans les mêmes conditions. Ce qui m’intéressait était de réunir dans un même endroit exactement les mêmes conditions : quatre types de jeu différent, quatre personnalités différentes, quatre pianistes différents et d’observer, à la fois d’un point de vue biomécanique, mais aussi acoustique, quels étaient les paramètres qui intervenaient. »

© Sweet Louise

Si à ce jour les résultats de l’expérience n’ont pas été publiés, en attendant, on peut légitimement se poser la question de son utilité. Quelles seront en effet les incidences sur la façon de jouer du piano ! Il existe déjà tellement de différences dans le jeu d’un seul pianiste à une heure différente de la journée, qu’il n’est pas forcément nécessaire de faire appel à plusieurs pianistes… mais soit ! En revanche, si une telle expérience doit révéler quelques solutions acoustiques et mécaniques pour créer les technologies de demain, l’utilisation de nouveaux matériaux ou pour améliorer la réponse des mécaniques mises en jeu, dans ce cas, pourquoi pas !

Contrairement au synthétiseur qui définit un « son stabilisé », c’est-à-dire « usiner » de la même manière d’un modèle à un autre appartenant à une même série, le piano possède d’infimes imperfections fluctuantes dues à un « conflit » des matériaux utilisés qui interagissent différemment en fonction de leur usure naturelle, induisant en même temps un surcroît de défauts mécaniques. Malgré la fabrication à la chaîne de la plupart des pianos acoustiques actuels, d'infimes « défauts » surviennent quand même.

En fonction de la mécanique du marteau, de son jeu et des autres pièces qui interviennent, un petit défaut pourrait très subtilement faire moduler le rendu sonore de la note quand celle-ci est rejouée avec la même intensité ; ce défaut pourrait même être accentué par la richesse du jeu polyphonique du pianiste si la même "faiblesse mécanique" a atteint d'autres touches. Enfin, il faut aussi ajouter quelques résonances nuisibles produites par l’emplacement de l’instrument, par les pédales, mais aussi par l’acoustique de la salle et sa température. Et pour rendre la réponse encore plus cornélienne… Chaque pianiste se définit par une technique individuelle à travers un formatage plus ou moins poussé, en fonction des études, du style ; sans compter la puissance naturelle ou contrôlée (non conduite par la pesanteur), le délié des doigts, la souplesse des articulations, etc.

Or, quand la touche est enfoncée, que le marteau est lancé, une fois le point d’échappement passé, le pianiste n’est plus maître du son obtenu. Il lui échappe. On comprend dès lors toute la complexité de la résultante sonore en fonction du jeu pianistique… Et ce ne sont là que quelques pistes pouvant être soumises à des fluctuations... et donc à des tests de laboratoire !


DESCRIPTION TECHNIQUE DE L’EXPÉRIENCE

L’expérience conduite par le CNRS se déroule au Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP) en février 2018 en présence d’une équipe d'acousticiens et de biomécaniciens du laboratoire Pprime (2). Le piano utilisé pour analyser le geste pianistique est un "Steinway & Sons". L'objectif est de vérifier une hypothèse soumise par les pianistes : « la personnalité de l'interprète aurait une influence sur la sonorité de l'instrument. » Bien que la vidéo ne le montre pas, plusieurs pianistes joueront à tour de rôle les mêmes œuvres.


LE GESTE DU PIANISTE (2018)

Réalisation : Pascal Varambon - Production : CNRS Images - Intervenant(s) : Alain Villard, pianiste ; Floren Colloud, biomécanicien ; Jean-Christophe Valière, acousticien, Danae Le Guennic, élève ingénieur du son.


Les sons sont captés de deux manières : la première en respectant la perception sonore naturelle humaine grâce à une prise de son dite « binaurale » (une tête artificielle équipée d'un microphone dans chaque oreille permet d'effectuer ce type d’enregistrement dans des conditions optimales) et la seconde avec des moyens de prise de son professionnelle. Un microphone est installé au milieu du Théâtre Auditorium pour évaluer l'acoustique de la salle (mesure au télémètre laser de la position du microphone).

Les mouvements tridimensionnels des membres supérieurs et des doigts des pianistes sont enregistrés par un système de "motion capture", à l’aide de réflecteurs positionnés à même la peau et sur le piano, et de 16 caméras hautes fréquences fixées sur une structure métallique (sur les touches du piano sont installés des marqueurs pour paramétrer les caméras hautes fréquences).

1 - Alain Villard est pianiste et professeur au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Poitiers.

2 - L'Institut Pprime est une unité de recherche dépendant du CNRS. Créée en 2010, en partenariat avec l’ISAE-ENSMA et l’Université de Poitiers, elle est composée de plus de 600 personnes dont les thématiques de recherche concernent les Sciences pour l’Ingénieur et la Physique des matériaux. Trois départements la composent : Physique et Mécanique des Matériaux, Fluides-Thermique-Combustion, Génie Mécanique et Systèmes Complexes.

Piano Web (05/2019)

Par ELIAN JOUGLA

À CONSULTER

LE TOUCHER, DU PIANO ACOUSTIQUE AU SYNTHÉTISEUR

LE PIANO AUJOURD'HUI : SONORITÉ ET TOUCHER (table ronde)


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