HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE JAZZ
Albert Ammons est un pianiste qui a consacré sa carrière au boogie-woogie. Son jeu puissant, empreint de swing, a parcouru tous les registres du piano. Il est considéré comme l'un des trois grands pianistes du boogie-woogie avec Pete Johnson et Meade Lux Lewis. Il est le père du saxophoniste Gene Ammons.
Albert Ammons est une source d'inspiration majeure pour des générations de musiciens improvisateurs : Dr. John, Johnnie Johnson, Katie Webster, Ray Bryant, Erroll Garner, etc. Sa renommée est étroitement liée au style très en vogue à l'époque, le boogie-woogie. Ses interventions pianistiques remarquées et remarquables font de lui un des pianistes majeurs de ce style.
Ce musicien au tempérament fougueux avait hérité de ses aïeux la technique stride, mais également celle du blues qu'il découvre à l'âge de 12 ans. C'est pour lui la révélation. La musique blues l'emporte et le transporte. Il sera influencé par les pianistes Jimmy et Alonzo Yancey, Hersal Thomas et Jimmy Blythe, et trouve en Clarence "Pinetop" Smith une aide précieuse grâce aux encouragements et aux conseils qu'il reçoit de lui.
ALBERT AMMONS - SWANEE RIVER BOOGIE (ext.)
En 1924, alors qu'il travaille comme chauffeur de taxi, il se lie d'amitié avec un collègue de travail qui partage comme lui une véritable passion pour le piano blues et boogie, c'est Meade Lux Lewis. Dans leurs heures de libre, les deux hommes jouent ensemble dans un entrepôt où règne un vieux piano triomphant. Improvisant parfois des boogies-woogies à quatre mains, ils s'entraînent et perfectionnent leur style, jouant parfois devant un public de passants médusés par ce qu'ils entendent.
Quelques années plus tard, les deux pianistes commencent sérieusement à travailler en équipe tout en ayant chacun leur carrière individuelle. De 1934 à 1936, Albert Ammons se produit avec son groupe au Delisa Club de Chicago. Le style "Ammons boogie-woogie" prend forme lorsqu'il enregistre en 1936 pour Decca Records son premier disque. Les musiciens Dalbert Clair, Jimmy Hoskins, Israel Crosby et Guy Kelly participent à l'aventure. Réunis sous le nom des "Rhythm Kings", ils enregistrent "Swanee River Boogie" et "Boogie Woogie Stomp".
Le disque se vend bien et Albert Ammons décide de partir à New York. Peu de temps après s'être installé, il rencontre le pianiste Pete Johnson qui, comme lui, pratique le boogie-woogie. Les deux musiciens sympathisent et décident de se produire ensemble au Cafe Society. Fort de leur succès, ils sont rejoints par Meade Lux Lewis et par Big Joe Turner, un spécialiste de blues et de rhythm and blues. Parfois, des musiciens comme Harry James et Benny Goodman viennent se joindre aux pianistes pour des bœufs improvisés.
"23 décembre 1938" est la date à retenir. Celle d'un concert qui a lancé l'engouement du boogie-woogie. Nous sommes au Carnegie Hall de New York. Le concert From spirituals to swing fait salle comble. Ammons, Johnson et Lewis enflamment la salle prestigieuse. À cette époque, tout le monde veut faire du boogie-woogie ; même les grands orchestres de jazz rentrent dans la danse.
Pendant les années qui suivent, Albert Ammons est très sollicité. De 1938 à 1939, il enregistre une série de titres en solo ("The Blues", "Boogie Woogie Stomp"), mais également en duo avec Meade "Lux" Lewis. Le 7 avril 1939, des blues et des boogie-woogies sont enregistrés en compagnie du guitariste Teddy Bunn, du contrebassiste Johnny Williams et du batteur Sidney Catlett. En 1941, il retrouve son ami Pete Johnson pour quelques enregistrements en duo pour la compagnie Victor.
Bien que l'engouement du boogie-woogie commence à s'éteindre à partir de 1945, le film Boogie-Woogie Dream (1944) met en valeur le musicien dans quelques scènes. Pete Johnson, la chanteuse Lena Horne et l'orchestre de Teddy Wilson sont aussi à l'affiche. Par la suite, et malgré la paralysie partielle de ses mains, Albert Ammons continuera à produire toujours un boogie-woogie éclatant et inventif.
De retour à Chicago en 1946 et jusqu'à l'année de sa mort en 1949, il enregistre pour Mercury Records, parfois sous son nom, en compagnie du contrebassiste Israel Crosby, parfois en tant qu'accompagnateur (il enregistrera quelques titres avec la chanteuse de blues Sippie Wallace, entouré des guitaristes Lonnie Johnson et Ike Perkins).
Peu de temps avant sa disparition, il aura l'occasion d'enregistrer avec son fils, le saxophoniste Gene Ammons, et celle de se produire à la Maison Blanche, face au président Harry S. Truman. Seulement âgé de 42 ans, Albert Ammons sera enterré au cimetière de Lincoln à Blue Island dans le comté de Cook en Illinois.
Pour le 100e anniversaire de sa naissance, en 2007, un hommage lui a été rendu à travers l'album intitulé "A Tribute To Albert Ammons".