DES BIOGRAPHIES AUX ANECDOTES
De Fats Waller à Thelonious Monk en passant par Bill Evans et Herbie Hancock, la famille des pianistes de jazz est fort riche. Cependant, elle est difficile à recenser avec précision tellement les influences, en se croisant ou en se superposant, ont joué un rôle plus ou moins important dans le développement de cette musique librement cadrée par de l’improvisation.
Si les trois figures majeures de l’histoire du piano jazz sont Art tatum, Bud Powell et Bill Evans, on aurait tort de minorer la place qu’occupe tous les autres, d’autant que ces trois pianistes de première importance possède un jeu suffisamment distinct pour entraîner à leur dépens des « suiveurs » revendiquant leur influence.
À la lecture des biographies sélectionnées, vous remarquerez aussi que la carrière de chaque pianiste évolue le plus souvent au fil du temps, passant par des épisodes qui font d’un Art Tatum un fidèle de Bill Evans, et d’un rythmicien à la Count Basie un harmoniste à la Lennie Tristano. La carrière des musiciens de jazz est rarement rectiligne.
LA CARRIÈRE DES PIANISTES DE JAZZ À TRAVERS L'HISTOIRE
Le jazz a plus de cent ans d'âge ; il est normal que depuis ses balbutiements il ait évolué considérablement. Suivant que vous avez des idées préconçues basées sur des impératives esthétiques délimitées par des critiques aux idées figées ou que vous êtes aussi libre que réceptif, votre idée peut être différente du tout au tout.
Des pianistes de jazz, il y en a eu beaucoup, mais ceux qui ont renouvelé ou fait évoluer le langage du jazz et du piano jazz ne sont pas nombreux. L'apanage du bon pianiste de jazz semble si riche que peu d'élus y parviennent : un sens raffiné du langage rythmique et harmonique, un sens de la mélodie, une bonne oreille, un esprit vif et inventif, et de la modestie, car le propre même du musicien de jazz est de repousser toujours ses propres limites.
Vous remarquerez que je ne cite pas la technique ; je devrais d'ailleurs plutôt parler "des techniques", puisque tous les grands pianistes et musiciens de jazz ont développé leur propre approche instrumentale, qu'ils soient des autodidactes ou non. La musique de jazz ne peut vivre si elle est formatée, conditionnée par des préceptes éducatifs. La musique de jazz est liée à la liberté.
Si de mauvaises langues disent "le jazz est mort", c'est aller bien vite en besogne. Le jazz n'a eu de cesse de se reconvertir, de se glisser dans d'autres formes musicales. Le jazz est aujourd'hui partout sous des formes et des couleurs bien différentes. C'est peut-être pour cela qu'on ne le distingue plus très bien aujourd'hui en tant que musique originale.