HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE JAZZ
Art Hodes a été toute sa vie un défenseur et un propagandiste du jazz traditionnel. Il était capable de jouer le blues, le boogie-woogie comme la musique de New Orleans avec la même aisance. Sa passion pour le jazz l'a conduit à écrire des articles et à animer des émissions de radio et de télévision. Influencé par James P. Johnson et Jelly Roll Morton, Art Hodes a joué jusqu'aux derniers instants de sa vie avec une fougue et une conviction sans égal.
© discogs.com - Art Hodes
Si son style est hérité du blues (James P. Johnson et Jelly Roll Morton sont les pianistes qui lui ont servi de source d'inspirations) Art Hodes possédait un style de jeu orchestral avec une main gauche puissante, héritée du piano stomp. Pianiste de swing épousant un style de jazz traditionnel, il commence ses études pianistiques au June Addams Hull House de Chicago. Il écoute les pionniers du jazz des années 20. À cette époque, Louis Armstrong, King Oliver ou Earl Hines sont les musiciens qu'il faut aller voir.
ART HODES'S CHICAGOANS : SLOW'EM DOWN BLUES (1944) (ext.)
Art Hodes devient rapidement un pianiste de style New Orleans et dixieland, même si le blues lui tend les bras (il considère la chanteuse de blues, Bessie Smith, comme une de ses sources d'inspiration majeures). Il se produit avec les meilleurs spécialistes de l'époque : Sidney Bechet, Albert Nicholas, Wild Bill Davison et Vic Dickenson. Pourtant, avant de déménager pour New York dans les années 30, Hodes est encore un pianiste confidentiel. À son arrivée dans la ville aux mille gratte-ciels, il se produit dans la célèbre 52e rue, mais surtout, il devient un brillant animateur de radio à la WNYC. Dans son émission de jazz, il présente les musiciens de passage et n'hésite pas à se produire à leur côté ou en solo.
En 1941, il monte sa propre formation et crée son label Solo Art. Cependant, ses enregistrements Dixieland pour Blue Note, durant les années 1944/1945, seront ceux qui donneront la plus forte impression.
Musicien très actif, il édite un magazine mensuel, Jazz Record (1943/1947), au moment où arrive, tel un météore lancé à toute vitesse, un nouveau langage jazz : le be-bop. Pour Art Hodes, comme pour d'autres musiciens ayant connu une certaine gloire d'avant-guerre, c'est la remise en question, le langage be-bop ne faisant pas partie de leur vocabulaire musical.
À partir de 1950, Hodes redevient un pianiste local parmi d'autres à Chicago. De temps en temps, il boucle les mois en réalisant des relevés de partition pour d'autres artistes. La décennie suivante, pour un temps, il devient l'animateur d'une émission éducative pour la télévision et écrit des articles pour Downbeat qui mettent en valeur ses qualités pédagogiques.
Bien des années plus tard, après un long passage à vide, lorsque le langage jazz redécouvre sa forme traditionnelle, c'est pour Art Hodes l'occasion de renouer avec le public. Il enregistre fréquemment durant les années 70 et 80 tandis que les offres d'engagements dans les clubs et dans les festivals de Jazz se multiplient. Toute cette activité artistique lui permettra à nouveau de vivre convenablement de son art, et ce, jusqu'à la fin de ses jours.
Durant toute sa vie, Art Hodes est demeuré un musicien discret dont la technique efficace servait aussi bien le pianiste accompagnateur que soliste. Il possédait une grande connaissance des différents courants qui ont conduit le jazz à devenir la musique populaire que nous connaissons tous : ragtime, blues, gospel. Cette compréhension, il l'a mise au service d'un jazz traditionnel, dont il est devenu l'un de ses principaux artisans. Ses nombreux écrits (articles et notes de pochette) ainsi que son travail d'animateur radio et ses émissions de télévision éducative ont contribué à servir la cause d'un jazz bâti sur ses racines, un jazz éternel, toujours vivant.