LES QUESTIONS DU CANDIDE



LES CLÉS POUR AIMER LA MUSIQUE JAZZ (1re partie)

AVANT-PROPOS

Ce très long article est divisé en 4 parties. Il ne s’adresse pas aux fans de musique jazz, mais plutôt à celui ou celle qui fait la grimace simplement après quelques minutes de son écoute (ce qui est déjà énorme pour une personne réfractaire au jazz !). Pour que le sujet demeure ludique et le discours compréhensible par tous, celui-ci a été divisé en plusieurs étapes clés :

- ÉCOUTER LA MUSIQUE JAZZ
- LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE
- DÉFINIR LE JAZZ
- LA SONORITÉ JAZZ
- L'EFFET DE MÉMORISATION
- LES STYLES DE MUSIQUE JAZZ
- LES VALEURS DE LA MUSIQUE JAZZ
- L'ÉCOUTE DES STRUCTURES
- PREMIÈRE MÉTHODE D'APPRENTISSAGE
- SECONDE MÉTHODE D'APPRENTISSAGE
- LES 100 DISQUES INCONTOURNABLES


LE JAZZ ET SON MIROIR

Comme pour toute musique, pour accepter d’entendre du jazz et pour que vos oreilles disent ‘yes’, il ne faut pas juger trop vite, mais plutôt se mettre dans les conditions pour l’écouter sereinement. Pour un candide, aborder son mode de fonctionnement, c’est déjà se rapprocher de ses valeurs, c’est faciliter l’écoute de ses formes les plus exigeantes. Son langage, aux allures complexes, prendra alors pour vous un autre visage. Des moyens faciles à mettre œuvre existent. C’est ce que je vous propose de découvrir ici, en vous servant de guide.

Le jazz est considéré à tort ou à raison comme un langage obscur réservé aux initiés. Si, au fil du temps, son discours est devenu plus complexe et subtil, cela lui a permis en contrepartie de s’imposer comme un véritable art aux États-Unis ; n’hésitant pas à se mesurer à la ‘grande musique’ quand l’occasion lui a été donnée.

La musique jazz a imposé son idéal visionnaire, son label, grâce à des musiciens appliqués, faisant preuve d’intelligence et parfois de génie. Il serait bien dommage alors qu'une telle musique, aux contours quasi universels et qui s’est illustrée à de nombreuses reprises dans le cinéma, la littérature et même dans la peinture ou dans la mode, ne vous passent sous le nez !


ÉCOUTER DE LA MUSIQUE JAZZ

Le mot est lâché ! Pour mettre en lumière la question du chapitre : ‘Comment peut-on aimer la musique jazz ?’, il serait plus juste de dire : ‘Comment peut-on ARRIVER à aimer la musique jazz ?’…

C’est dans ce simple verbe ‘ARRIVER', qu'on pourrait traduire par 'ACCESSIBILITÉ', que se trouve généralement le nœud du problème. Ce genre de question provient de personnes qui éprouvent des difficultés à pénétrer au cœur de ses sonorités, jugées fréquemment agressives, à éduquer leurs oreilles pour tolérer les dissonances (mais oui !) ou à prendre plaisir en écoutant une improvisation.

Le jazz demanderait-il des connaissances musicales particulières pour être apprécié ?… Bien sûr que non ! Si le jazz possède des aspects théoriques, des règles, il ne demande pas que l'on s’appelle ‘Einstein’ pour être aimé. Heureusement ! Pour apprécier le jazz, il faut se mettre à sa portée, il faut aller vers lui, c’est-à-dire contrecarrer le projet du : ‘TOUT, TOUT DE SUITE’.


PARTIR À LA RENCONTRE DU JAZZ

En premier lieu, il faut trouver les moyens de l’écouter et aujourd'hui les 'outils' pour se cultiver ne manquent pas ! L’accession à la connaissance est plus aisée que par le passé. C’est un peu comme un simple coup de fil ou presque (d’ailleurs, peut-être avez-vous des amis bien informés sur la question ? Pourquoi ne pas demander leur avis ?)

Les médias les plus populaires n'ouvrent qu'à de rares occasions leurs portes à la musique jazz... À la télévision et à la radio, Niet ou presque ! (pour écouter les radios spécialisés en jazz sur Internet, encore faut-il l’avoir sous la main et savoir quoi chercher !). Tout ceci ne facilite pas la tâche de celui qui souhaite découvrir le jazz de façon ludique !

Heureusement, d'autres alternatives existent. Par exemple, les médiathèques. La plupart des villes font de gros efforts pour apporter à leurs concitoyens ce genre de structure culturelle. Bien-sûr, dans une médiathèque, ne vous attendez pas à voir toute l’histoire du jazz et tous les grands noms défiler sous vos yeux, mais souvent l’essentiel est là ! Vous y trouverez des livres, des magazines, mais également des CD et parfois même des vidéos traitant du sujet.

Tous ces outils culturels, comment les utiliser et sont-ils toujours indispensables pour un candide ? C'est ce que je vous propose de découvrir à présent...

LE LIVRE : commencer par lire un livre sur le jazz de bout en bout et qui va parcourir son histoire, avec ses courants musicaux, son évolution et tous ses grands noms, n’est pas la bonne solution. Pour rendre efficace un tel ouvrage, vous devez l’utiliser à la façon d’une encyclopédie en piochant de temps en temps à la demande. Par exemple, suite à l’écoute d’un CD, vous rechercherez des informations que la pochette du CD n’apporte pas. Un détail précis peut avoir toute son importance quand on souhaite comprendre un style ou le parcours d’un musicien.

NB : dans les livres consacrés au jazz, vous pouvez trouver une liste de disques sélectionnée par l’auteur. Cette liste peut constituer pour vous un point de départ utile pour écouter vos premiers disques de jazz.

LES REVUES : en France, il existe quelques revues spécialisées en jazz. Les plus connues sont Jazz Hot, qui existe depuis 1935, et Jazz Magazine. À la différence du livre, la revue informe sur l’aspect ‘live’ du jazz. Outre des 'news' sur les derniers disques parues, la majorité des pages concernent généralement l’actualité des jazzmen : portraits, concerts, interviews à l’occasion d’une tournée, etc. Pour un candide, lire de tels articles peut lui permettre, à l’occasion, d'aborder et de découvrir la vie du musicien de jazz : sa philosophie, les difficultés du métier, ses projets, ses ambitions, etc. Lire des magazines de jazz, c’est déjà démontrer un réel intérêt pour cette musique.

LE CD : il possède de nombreux atouts. Il vous permet d’écouter le jazz à dose homéopathique à toute heure du jour ou de la nuit. Grâce à la pochette qui l’accompagne, outre les titres, vous aurez des renseignements sur le nom des musiciens, les dates d’enregistrement, etc. Ces renseignements sont souvent utiles aussi bien pour le fan de jazz que pour le candide.

NB : au cours de leur carrière, de nombreux jazzmen ont traversé plusieurs styles de jazz, qu’ils ont parfois adoptés. En prenant connaissance de leur biographie et à travers leur écoute, vous ouvrirez vos connaissances à des styles précis (swing, bop, funk, etc.) et à différents types d’orchestration allant du duo jusqu’au grand orchestre.

LA VIDÉO : en proposant l’image en plus du son, la vidéo permet de mieux comprendre les mécanismes de communication qui s'opèrent entre les musiciens. Son inconvénient majeur est l’indisponibilité de certains documents, rares ou introuvables. De plus, contrairement à d’autres musiques, le catalogue des vidéos traitant du jazz est assez réduit.

LE CONCERT : si le CD est une option pratique, il existe le concert. Il offre l’avantage de rentrer dans l’ambiance, d’aborder la musique au contact des musiciens, d'échanger des points de vue. Le concert permet de ressentir ce qu’un disque, à l’enregistrement cadré, oubliera de vous proposer en cadeau partagé. Vous pouvez également vous rapprocher des cafés-concert, des lieux festifs proposant des animations jazz.

L’INTERNET : quand on ne connaît pas la musique jazz, c’est l’aléatoire, le hasard qui peut vous faire découvrir une musique ou un musicien au talent original. Vous avez bien sûr l’option de sites d’information comme celui sur lequel vous vous trouvez actuellement. Cependant, sans objectif précis de votre part, sans un minimum de connaissances, l’Internet ne sera peut-être pas l’outil idéal… et surtout, il sera dans l’incapacité de choisir à votre place !

LA RADIO : sur Internet, à part certaines radios comme France Musique, les programmes développant un thème précis autour d’un artiste sont rares. La plupart du temps, les radios sur Internet proposent des musiques s’enchaînant non-stop dans un style vaguement spécialisé : jazz swing, jazz "style Blue Note", etc. C’est donc au hasard d’une écoute prolongée que vous entendrez un artiste retenant votre attention. Utiliser ce genre de radio comme outil d’apprentissage n’est pas pratique et encore moins utile si vous souhaitez connaître un musicien en particulier, son parcours, son véritable style...


DÉCOUVRIR LE JAZZ À L’ÂGE ADULTE

Si vous découvrez la musique jazz à l’âge adulte, votre cerveau a déjà une certaine façon d’appréhender les sons, de les recevoir, d’aimer ou de ne pas aimer certains climats sonores. Le contact est très différent lorsqu’on côtoie et que l'on grandit avec un style de musique et certaines sonorités depuis l’enfance. Les influences musicales, comme l'écoute des disques appartenant aux parents, jouent parfois un rôle important dans le développement sensoriel de certaines sonorités.

PS : n'oublions pas que socialement, bien avant le rock'n'roll, le jazz a été une musique de rébellion qui venait contrecarrer l'autorité parentale.

Il est évident que pour un amateur de musique classique, sauter du Beau Danube Bleu de Strauss à Hot House de Charlie Parker, c’est faire le grand écart (bien qu’en écoutant Charlie Parker, vous n’êtes pas encore plongé dans l’univers du free jazz !). D’autre part, si vous êtes dans la capacité d’apprécier du jazz en ayant écouté seulement un ou deux morceaux, c’est du pur hasard (mais tant mieux si cela se produit !).

Fondamentalement, user du hasard pour apprécier le jazz n’est pas la bonne attitude à prendre, car cette position peut conduire à des contre-réactions très négatives. Il suffira d’écouter quelques morceaux de jazz jugés trop agressifs pour ses oreilles, pour condamner, dans son ensemble, tout un pan de l’histoire de la musique du 20e siècle !

Reconnaissez qu’une telle réaction, conduite dans une sorte de précipitation, sans réflexion et sans recul, ne peut être que nuisible à votre propre épanouissement culturel. Ce genre d’attitude est hélas très fréquent, car la musique écoutée n’a pas besoin d’être forcément analysée, disséquée, pour être aimée ou rejetée. Ceci est sa force, mais également sa faiblesse.

Pour franchir le pas des premières sensations négatives, vous devez faire preuve de curiosité et développer une méthode d’approche constructive, sinon vous passerez à côté de nombreuses musiques sensibles, intelligentes et novatrices. Comme déjà précisé quelques lignes plus haut, pour pénétrer au cœur du jazz, il faut se mettre à sa portée et contrecarrer les attitudes actuellement très répandues du ‘TOUT, TOUT DE SUITE’.

Aller vers – Écouter – Écouter encore et encore – Apprécier – Aimer, pourraient être les différentes graduations du baromètre du futur fan de jazz.

Si on positive (c’est d’ailleurs le but de cet article), qui sait, si le coup de foudre pour un musicien, pour un certain type de jazz, ne vous donnera pas l’envie de jouer d’un instrument. En musique jazz, qui peut le moins peut également le plus !… Mais dans le cas où votre cœur vous dit : ‘Stop ! J’arrête de rêver’, je ne vous en tiendrais pas rigueur. ;-)))


LES INSTRUMENTS DANS LA MUSIQUE JAZZ

En musique jazz, certains instruments ont une importance majeure. Si vous n’aimez pas la sonorité de la trompette ou du saxophone, mais qu’au contraire vous développez un goût immodéré pour le violoncelle, vous êtes mal parti pour aimer la musique jazz  ! (la présence du violoncelle dans la musique jazz étant rare).

Outre les instruments à vent (saxophone, trompette, trombone, tuba, flûte) qui font acte de présence durant presque toute l’histoire du jazz, d’autres instruments comme le vibraphone, le piano, l’orgue, la guitare, la basse ou contrebasse et la batterie sont également les accompagnateurs fidèles de cette musique.

Et les autres instruments, me direz-vous ?

Citer l’harmonica n’a rien d’étonnant quand on songe à son utilisation dans le blues. Le modèle diatonique trouvera avec le jazz une nouvelle jeunesse en devenant chromatique. N'oublions pas le banjo qui s'illustre dans le jazz de Nouvelle-Orléans.

Le violon demeure l'instrument leader chez les instruments à cordes. Si l’on excepte quelques artistes de premier plan (en France, Stephane Grappelli, Didier Lockwood et Jean-Luc Ponty), le violon est souvent absent des disques de jazz et quand il y figure, c’est souvent comme instrument soliste. Quand les cordes sont utilisées en section, c'est soit pour soutenir des productions discographiques à connotation commerciale, soit dans un cadre expérimental, comme un quatuor à cordes venant en appoint pour donner une couleur sonore particulière. Pratiquement toutes les grandes figures du jazz ont utilisé des violons dans au moins un de leurs disques : Louis Armstrong, Duke Ellington, Dizzy Gillespie, Miles Davis, Ahmad Jamal, Keith Jarrett, etc.

Il faut souligner au passage le courage, la générosité de ces quelques musiciens qui ont vaincu les idées reçues concernant l’utilisation de certains instruments. Citons l’accordéon, qui a toujours beaucoup de mal à s’émanciper des bals populaires et le violon, qui conserve un enracinement profond dans la musique classique, tant du côté de son utilisation que du côté de son enseignement.


DÉFINIR LE JAZZ : UNE MISSION DÉLICATE

Que signifie le mot ‘Jazz’ lorsqu’on l’évoque ?

De nombreuses personnes s’accordent, en écoutant une musique, à proclamer si elle est ou n’est pas du jazz sans forcément en connaître ses origines ou son style. Nous avons donc la capacité de reconnaître un morceau de jazz lorsque nous en écoutons un, mais sans savoir dire pourquoi. Comment est-ce possible ?

Qui dit musique jazz, dit musique improvisée. Si l’improvisation est son nerf de guerre, d’autres éléments importants viennent s’y ajouter :

- L’enchevêtrement rythmique (aie, aie, aie, mes oreilles !)
- Les rythmes souvent syncopés (oups, je plonge !)
- La pulsion qui se résume généralement à travers le mot ‘swing’ (ça c’est vrai, alors !).

Le voici le maître mot : le ‘SWING’ ! Quand Duke Ellington compose It don’t mean a thing, if it ain’t got swing, nous sommes à l’âge d’or de la période swing. Avec son titre que l’on peut traduire approximativement par ‘Ça ne vaut rien, si ça ne swingue pas', Ellington résume très bien ce qu’est finalement la musique jazz. Cependant, l’interprétation du mot possède une réalité subjective. Musiciens, mais également critiques et amateurs de jazz, ne s’accordent pas toujours sur sa définition, ni sur les sensations qu’il procure (j’y reviendrai dans la page suivante ‘Comprendre la musique jazz'). Disons, pour l’instant, que c’est une sensation rythmique agréable qui donne une certaine vie au rythme. En revanche, on peut affirmer, sans crainte, que si cette notion/sensation n’avait pas vu le jour, le jazz, tel que l’on connaît aujourd’hui, n’aurait certainement pas eu la même destinée, culturelle et sociale !

Si ce qui différencie la musique jazz des autres musiques est la place qu’il attribue à l’improvisation, c'est que les autres genres musicaux ne l’expriment pas d’une façon aussi volontaire, aussi directe. Alors que la musique classique dissimule l’improvisation à travers ses écritures, le jazz prend le risque de revendiquer haut et fort son utilisation sans en faire tout un mystère, quitte à provoquer, à être incompris ou à être rejeté.

Par ELIAN JOUGLA



SOMMAIRE "LES CLÉS POUR AIMER LE JAZZ

1. COMMENT AIMER LA MUSIQUE JAZZ

2. COMPRENDRE LA MUSIQUE JAZZ

3. LES MÉTHODES POUR CONNAIRE LE JAZZ

4. LES CENT DISQUES DE JAZZ INDISPENSABLES

SOM. "LES QUESTIONS DU CANDIDE"
SOM. "ESPACE COURS"
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