HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE ROCK



EMERSON, LAKE AND PALMER, BIOGRAPHIE/PORTRAIT DU GROUPE DE ROCK

Cette page fait suite à : KEITH EMERSON, BIOGRAPHIE/PORTRAIT DU PIANISTE DE ROCK

Emerson, Lake & Palmer est le supergroupe typique des années 1970. Le trio se compose de Keith Emerson, Greg Lake (bassiste, chanteur, producteur des disques du groupe et ex-musicien de King Crimson) et Carl Palmer (batteur, percussionniste et ex-musicien de Thunderbird et Atomic Rooster). Depuis la disparition des Nice en janvier 1970, Keith Emerson, le plus célèbre de tous les organistes pop anglais, désirait fonder un super groupe ; il fut même question qu'il se joigne un moment à Jimi Hendrix...


EMERSON LAKE & PALMER, PORTRAIT

C'est à l'issu d'un ultime gala au Fillmore East de San Francisco, qui réunissait au même programme les Nice et King Krimson, que Keith et Greg décident de fonder EL qui devient ELP après l'arrivée de Carl Palmer. Après une courte préparation en studio, ELP fait une entrée discrète et prudente au festival de L'Ile de Wight en août 1970 et surtout au Royal Albert Hall de Londres où le groupe "éclate" véritablement. Ils deviennent une attraction majeure des festivals d'été. Emerson, soliste extrêmement inventif et démonstratif, domine le show, tandis que Palmer possède le jeu carré et efficace nécessaire. Quant à Lake, il se charge d'apporter au groupe son côté pop.

La même année, ELP produit leur premier album , ELP, qui, malgré d'incontestables réussites (The Tank, Barbarian), ne reflète pas encore complètement la valeur et les idées avancées du trio malgré un son varié allant du hard (Knife Edge) aux ballades folk (Lucky Man), genre dans lequel Lake excelle.

Il faut attendre le second disque du groupe, Tarkus, pour que ELP s'impose comme l'un des grands groupes de la Pop Music anglo-saxonne. Le disque comporte quelques bons morceaux énergiques, notamment A Time And A Place et Bitches Crystal. Tarkus est classé en 1971 meilleur album de l'année et ELP premier groupe anglais. ELP enregistre ensuite Pictures at an Exhibition (variations sur le poème symphonique Tableaux d'une exposition de Moussorgsky), très influencé par le jazz où le trio démontre une capacité à swinguer sur n'importe quel thème et Trilogy (instantanément disque d'or aus États-Unis) et qui sort en France en juillet 1972 pour la première venue du groupe à l'Olympia.

ELP, dont la carrière internationale a vraiment commencé en 1972, est l'un des groupes charnières de la musique Pop ; utilisant les ressources de l'électronique d'avant-garde (Keith Emerson fut l'un des premiers musiciens à acquérir un Moog synthétiseur et Carl Palmer le premier à adopter un tel système pour la batterie). ELP est à l'origine d'une musique unique, sorte de fusion du rock, de la musique classique et même contemporaine et d'une recherche de son tout à fait rarissime à cette époque-là, le tout rehaussé par les interventions vocales "claires et pures" de Greg Lake.

Nombre de leurs morceaux sont des arrangements contenant des extraits de musique classique qui mélangent la virtuosité musicale et la théâtralité scénique. Leurs spectacles extravagants et souvent agressifs sont souvent l'objet de critiques, bien qu'ils fassent plutôt pâle figure en comparaison de spectacles rocks de l'époque... Un piano rotatif, quelques coups sur d'immenses cymbales chinoises et un orgue Hammond, model L100, maltraité sur scène... bousculé, renversé et réparé chaque nuit pour le show suivant, tel sont les affres que le public doivent subir les soirs de concert.

Fin 1973, l'album Brain Salad Surgery, devient l'album studio le plus connu du groupe. Les paroles sont en partie écrites par Peter Sinfield, qui était à la base du concept de King Crimson et le seul parolier de leurs 4 albums précédents. La tournée mondiale qui s'ensuit est illustrée par un autre live, Welcome Back my Friends to the Show that Never Ends.

© Island/ Atlantic - Pochette de l'album 'Trilogy'

Ils sont au sommet de leur carrière lors du festival California Jam en avril 1974, reléguant même Deep Purple en bas de l'affiche. Ce concert, diffusé à travers tous les États-Unis, est généralement considéré comme le point culminant de la carrière du groupe. Pourtant, celui-ci se trouve dans une impasse musicale à un moment où d'autres explorent avec succès le rock électronique, le jazz-rock ou le disco. ELP a du mal à se renouveler. Après leur "Tour du monde 1974", Emerson, Lake et Palmer décident de faire une pause. Keith fait de la plongée sous-marine, tandis que Greg et Carl retrouvent les joies de la vie familiale.

En 1977, les trois musiciens s'enferment en studio pour concocter Works 1 et Works 2, longue suite d'un travail d'autocomplaisance très significatif qui ennuie l'auditeur et démontre la mésentente grandissante du trio. Chacun écrit à son tour des compositions trop individualistes : Palmer écrit pour les batteurs, Emerson à des ambitions de grandeur académique et Lake se transforme peu à peu en chanteur crooner. L'intervention d'un orchestre symphonique n'arrange rien à l'affaire et donne au son de ELP une lourdeur musicale bien inutile.

L'album Love Beach, sorti pour des raisons d'obligations contractuelles avec la maison Atlantic, donnera un album médiocre aux couleurs commerciales évidentes et dont la photo est une véritable publicité ambulante (chemises ouvertes et larges sourire… du style "qu'est-ce qu'on est bien sous les tropiques !"). Ce disque marquera la fin du groupe en 1978.

Malgré une nouvelle réunion du trio en 1991, période durant laquelle il enregistre deux albums, Black Moon, The Hot Seat et part en tournée, notamment au Japon, ELP n'arrivera pas à renouer avec le succès et se contentera de petites salles pour se produire. Du trio, on retiendra donc un potentiel gâché, dans une époque trop prompte à la démesure.

Si Lake et Emerson continuent à composer en solo, de façon discrète, Carl Palmer est resté sur le devant de la scène, au sein du groupe Asia, formation spécialisée dans le hard FM et la pop synthétique.


EMERSON LAKE & PALMER : TRILOGY (1972)

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KEITH EMERSON ET LE ROCK PROGRESSIF

Salué comme un claviériste de légende, Keith Emerson a été l'une des figures les plus importantes qui se dégagent de la florissante scène rock britannique des années 1960 et 70. Il est connu comme l'un des plus éminents chefs de file dans le mouvement rock progressif, fusionnant sur différents tempos une multitude de styles musicaux allant du classique au jazz en passant par la world music. Il a fixé une norme par rapport à laquelle les autres pianistes sont jugés.

À l'époque des Nice, le musicien se veut anticonformiste. Il secoue son orgue dans tous les sens pour en extraire des sonorités "avant-gardistes", exécutant parfois l'instrument à la hache comme conclusion de son show. Les couleurs sonores qu'il extrait de ses claviers sont atonales, dissonantes, puis soudain deviennent plus consonantes avec des couleurs baroques ou remuantes comme un bon vieux boogie. Son jeu exploite les possibilités offertes par les synthétiseurs analogiques, parvenant quelquefois à susciter chez lui un état de transe.


KEITH EMERSON - IMPROVISATION (ext.)

En dehors de la scène, Keith Emerson est un musicien besogneux qui répète tous les jours, seul ou avec le groupe. Lors de la séparation de ELP, il reprochera publiquement à Greg Lake de ne plus travailler, de ne plus s'investir dans le groupe ; Greg, de son côté, estimait que les concerts lui suffisaient généralement pour être en forme et garder une bonne voix.

Le son puissant de l'orgue Hammond est omniprésent dans de nombreux titres de ELP. C'est l'instrument favori de Keith et les synthétiseurs, malgré leurs possibilités sonores, ne sont pas arrivés à détrôner cet instrument imposant. La fragilité des synthés de l'époque y est pour beaucoup, ce qui parfois, vu le comportement du musicien, s'avérait être un vrai cauchemar logistique pour les techniciens quand il fallait faire suivre de telles machines lors des tournées. Le piano, quant à lui, est utilisé comme un instrument sage et académique qu'il faut plutôt respecter. Les couleurs classiques, c'est sur ce dernier instrument qu'elles interviennent le plus souvent, tandis que les synthés sont fréquemment employés pour des lignes de basse ou pendant les chorus.

Chez ELP, le clavier a remplacé la guitare dans la forme du trio rock, avec une différence de taille, celui des possibilités sonores offertes par les différents claviers. Le piano et l'orgue sont mis en avant, tandis que la basse et la batterie suivent et servent de temps en temps de faire valoir au jeu d'Emerson, auteur de presque toutes les compositions… car la star du groupe, c'est lui !

Est-ce que ELP serait un cas d'école pour ce qui concerne l'Ego et l'individualisme ? La cohésion d'un groupe est en danger quand la personnalité d'un individu écrase celle des autres. Lors des concerts de ELP, les spectateurs assistaient à une réunion de trois musiciens avec chacun leur moment de gloire, donc sans véritable cohésion ou homogénéité. Les solos interminables donnaient lieu à des choses complètement folles, issues d'un compromis entre les 3 musiciens, pour le meilleur comme pour le pire.

Lake utilisait sa belle voix et sa guitare acoustique pour les ballades. Palmer jouait sur le plan de la technique par des interventions en solo. Tout un attirail de percussion entourait le musicien, allant des gongs ou tambours, et occupait une vaste place sur la scène comme pour en imposer. Quant à Emerson, c'était le magicien, celui qui produisait le spectacle avec des solos très techniques et démonstratifs et maniant son autel de claviers où pendait tout un tas de câbles mystérieux et qui appelait chez le spectateur une foule de question !

Les compositions d'Emerson plongent généralement l'auditeur dans un discours musical déconcertant. Les habitués des chansons, avec la structure couplet/refrain perdent totalement leurs repères. Le principe même du rock progressif est d'être basé sur des compositions évolutives sans structures préétablies. Aucun morceau n'est construit sur le même schéma et à l'intérieur de chacun le rythme et la sonorité changent, évoluent. La durée des 3 ou 4 minutes par morceau vole en éclat ! Il n'est pas rare d'entendre des morceaux dépassant les 10 minutes.

Certains d'entre eux sont construits en suite ou partie comme une symphonie ; un bon prétexte pour raconter une histoire. ELP n'est pas le seul groupe a utilisé cette approche musicale ; Yes, Genesis, Pink Floyd, font de même. Ainsi, les années 1970 voient naître tout un tas d'album concept : Tales of Mystery and Imagination, par Alan Parsons Project ou Tales From Topographic Oceans", de Yes. Emerson, Lake & Palmer, comme dans un rituel inscrit dans une sorte de tradition, finissait souvent leurs concerts par ce genre de morceau... à grand renfort de sifflets et d'applaudissements.

Par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 2007)


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